Une école d'art s'ouvrira à Paimpol en septembre 2015

Recueilli par Philippe PÉRON.




L'école Schlum proposera aux jeunes talents bretons une préparation aux grandes écoles d'art. Installé au Mans depuis 20 ans, l'atelier déplacera ici ses enseignants et son savoir-faire innovant.

Entretien

Gaspard Schlum, directeur de l'école supérieure d'arts plastiques au Mans

Le site internet (1) de votre établissement annonce l'ouverture prochaine d'une école supérieure d'arts plastiques à Paimpol. Le projet est-il très engagé ?

Oui. On est prêt. Nous travaillons à une ouverture pour septembre 2015. Depuis 20 ans, nous avons une école au Mans qui accueille 150 élèves et prépare aux grandes écoles d'art de France et de l'étranger. On va dupliquer ce que l'on fait déjà et s'adapter à un autre environnement. À Paimpol, par petites classes d'une dizaine, nous accueillerons une trentaine d'élèves et quatre enseignants. Nous utilisons le système des masters class à savoir peu d'élèves autour d'un maître. Une équipe pédagogique très forte va rejoindre Paimpol. Tous les enseignants ont un niveau national ou international, à l'image d'un professeur de BD lauréat du festival d'Angoulême à deux reprises (NDLR : Patrice Larcenet).

Vous annoncez du haut niveau ?

Dessin, BD, peinture, sculpture... Oui, nous sommes pointus pour préparer à l'entrée des plus grandes écoles. Nous sommes pragmatiques pour qu'ils trouvent un métier. Le monde est en mutation. Des écoles forment des plasticiens. Nous formons des graphistes, des infographistes et de très bons dessinateurs. Certains métiers sont en plein essor comme ceux qui conduisent à produire des images pour les jeux vidéo. On prépare à ça parce que les débouchés sont très importants.

Où avez-vous prévu d'installer l'école ?

Ce sera rue Bécot, dans le bâtiment qui accueille actuellement l'atelier de poterie. Le projet est aussi d'ouvrir une classe de dessin, une autre de peinture et une autre d'infographie dans le bâtiment situé derrière la villa Labenne.

Cela va sans doute surprendre. Qu'est-ce qui vous a dirigé vers Paimpol ?

Au contraire. Je suis persuadé que d'autres écoles pilotes vont prendre le même chemin que nous. Et pourquoi pas également vers Paimpol car le monde attire le monde ? Je pense que la Bretagne a un grand avenir devant elle parce qu'elle est à part et qu'elle a su s'adapter autrement. À Paimpol, il y a l'environnement maritime exceptionnel bien sûr, mais on a aussi senti que les connexions se faisaient tout de suite avec les élus. Il y a de l'intelligence politique et humaine. Vous verrez que cela va séduire d'autres que nous parce que dans les grandes villes, c'est différent. Si l'envie n'est pas des deux côtés, ça coince.

Comment est intervenu le déclic sur un tel projet ?

C'est arrivé en 2012 avec une promotion très talentueuse d'élèves âgés de 17 à 21 ans (post-bac). Plusieurs d'entre eux étaient bretons et nous ont dit : « C'est une école de rêve mais la ville n'est pas une ville de rêve. Il vous faudrait trouver un endroit de rêve. Tous ses élèves ont réussi derrière. Ils ne sont plus là mais m'ont convaincu. Depuis, la réfléxion était engagée. Pour offrir aux jeunes bretons cette préparation privée aux grandes écoles, on n'allait pas s'installer à nouveau dans une grande ville comme Nantes ou Rennes. En revanche, il y avait notamment un grand vide au Nord-Ouest...

Paimpol a fait la différence sur quoi, par exemple ?

On voulait un cadre de vie, près de la mer. Un cadre magique et beau, c'est le cas à Paimpol. C'est fondamental dans un travail pédagogique et créatif comme le nôtre où envie de bosser et cadre de vie sont liés. C'est une ruche. On prépare des gens solides qui sortent de chez nous avec beaucoup de méthode ce qui leur permet de résister à la pression. Parmi les autres facteurs de choix, il y a aussi l'aspect économique. Je parle du coût de la scolarité pour les parents. Le prix des loyers pose problème dans les grandes villes. On va payer un loyer 800 € à Paris mais 200 € à Paimpol dans une ville pourtant très agréable et touristique. Ça change tout.

Vous semblez connaître déjà bien la région ?

C'est aussi un élément majeur d'explication de mon choix. Depuis plusieurs années, j'ai un pied à terre à Plouha. En réalité je ne peux plus me passer de la Bretagne...

(1) http://ecole-schlum-art-bretagne.com

http://www.ouest-france.fr/une-ecole-dart-souvrira-paimpol-en-septembre-2015-3032452