Insolite. Laurent a testé la vie sur Mars
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Insolite. Laurent a testé la vie sur Mars
Nager en baie de Douarnenez peut mener loin, même sur Mars. Enfin presque... À 21 ans, le Douarneniste Laurent Bizien, élève ingénieur à Isae-Supaéro à Toulouse, revient de l'Ouest américain où il a participé à une expérience de simulation de vie sur Mars. Une aventure exceptionnelle.
Il y a ceux qui rêvent de devenir spationaute, comme Thomas Pesquet. Laurent Bizien, lui, s'imagine en astrophysicien et il a déjà franchi une étape vers son rêve. Il a réussi à entrer à Supaéro, comme Thomas Pesquet. Leader mondial de l'enseignement supérieur dans le domaine de l'ingénierie aérospatiale, c'est une grande école très sélective, basée à Toulouse. Actuellement en 2e année, Laurent prépare sa « césure », une échappée d'un an entre la 2e et la 3e année, que l'école encourage.
Sept étudiants dans 35 m²
Le jeune Douarneniste a choisi de partir étudier six mois à l'université d'État Lomonossov de Moscou. Il a commencé à apprendre le russe. Pour le second semestre, il vise un stage à l'Agence spatiale européenne des Pays-Bas ou alors le CERN et son célèbre accélérateur de particules géant en Suisse. Le jeune homme raconte tout cela avec la même jubilation que d'autres auraient à parler surf ou musique. Et l'écouter raconter l'expérience exceptionnelle qu'il a vécue entre février et mars au fin fond de l'Ouest américain, c'est se replonger dans des films de science-fiction. Or, là encore, il a fallu bosser dur pour séjourner dans La Mars Desert Research Station, implantée dans le désert de l'Utah par Mars Society, une organisation internationale à but non lucratif.
Je sais maintenant prendre une douche avec six litres d'eau, soit dix fois moins que la douche classique
Laurent a fait partie de l'équipage de sept étudiants de Supaéro sélectionnés pour séjourner trois semaines ensemble dans ce qui ressemble à un engin spatial qui se serait posé sur la planète rouge. Un cylindre de 7 m de diamètre, soit 35 m². Au premier niveau, des locaux techniques et des sanitaires, et au second, la pièce de vie. 35 m² pour manger et dormir. Et travailler. Comme dans les vaisseaux spatiaux, chaque équipier avait une fonction précise et une mission scientifique.
Pendant ces trois semaines, Laurent a testé un système d'entretien de panneaux solaires de son invention. « Sur Mars, il n'y a pas d'eau et très peu de vent. Les poussières sont donc très abrasives. L'auto-nettoyage, qui fonctionne avec la pluie pour les panneaux solaires sur Terre, ne peut pas marcher sur Mars. J'ai donc imaginé un système qui nettoie avec des rouleaux, comme pour les voitures. C'était plutôt concluant », se réjouit le futur ingénieur. Car l'enjeu de ce séjour est bien là : simuler le quotidien d'astronautes sur Mars et imaginer des solutions scientifiques pour rendre ce quotidien acceptable.
Une combinaison et 20 kg sur le dos
« Comme nous devions économiser l'eau, ce que j'appréhendais, c'était l'hygiène », avoue Laurent. « En fait, je sais maintenant prendre une douche avec six litres d'eau, soit dix fois moins que la douche classique. La nourriture lyophilisée, ce n'était pas ça le pire non plus », considère celui qui est pourtant fils de cuisinier. « La promiscuité, même s'il a fallu gérer de légères tensions, ça allait aussi. D'autant qu'il y avait Gabriel et Jérémy qui sont mes colocs à Toulouse ! Non, au final, le plus dur, c'était le manque de mobilité », convient celui qui pratique le baseball, le volley et le parachutisme. Et qui a joué au rugby au Drac (Douarnenez Rugby Athletic Club) !
« Il fallait tout faire dans un espace réduit et quand nous sortions de la base, c'était avec une combinaison et 20 kg sur le dos ». C'est pourtant avec ses qualités de sportif que l'ancien élève de Saint-Jean et Saint-Blaise a décroché sa sélection. Grâce au brevet de nageur-sauveteur obtenu avec l'Association des nageurs-sauveteurs de la baie (ANSB), école de sauvetage douarneniste qu'il a fréquentée dès l'âge de 10 ans. Il a aussi été pompier volontaire et sauveteur l'été au Ris et aux Sables-Blancs. Cette expérience lui a valu d'endosser le rôle, indispensable, de responsable santé et sécurité de l'équipage de la mission.
Marie-Line Quéau
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