BD. Éva Le Hégarat veut lancer sa saga de science-fiction en ligne
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BD. Éva Le Hégarat veut lancer sa saga de science-fiction en ligne
26 ans, Éva Le Hégarat vient de se lancer à corps perdu dans la réalisation de son rêve : réaliser sa saga de bande dessinée. En solo, sans passer par des éditeurs et en mettant gratuitement ses planches en ligne sur internet. Un beau et ambitieux défi pour la jeune Briochine, débordante d’envie malgré l’incertitude des débuts.
Tout chez elle n’est que nuances. Sur son visage peuvent se lire, à quelques secondes d’intervalle, détermination de réussir et appréhension de ne pas aller au bout de sa passion, de son projet. Celui d’une vie, pourrait-on presque avancer, malgré le jeune âge d’Éva Le Hégarat. À 26 ans, l’illustratrice briochine veut concrétiser une idée qui l’accompagne depuis des années : coucher sur papier son univers. Soit une bande dessinée de science-fiction, déjà baptisée RES.0.
Cinq tomes, six personnages
XXIIe siècle. Dans une société où la technologie ne fait plus qu’un avec la réalité, à grands coups d’augmentations cybernétiques, une agence de sécurité résout toute affaire à l’aide d’une matrice où toutes les connexions sont liées. Jusqu’au jour où un virus s’attaque au réseau et affecte physiquement les personnes connectées. L’enquête prendra place durant minimum cinq tomes et mettra en scène six protagonistes principaux. L’entreprise est ambitieuse. Surtout pour une première dans le monde du phylactère. « Quitte à me lancer, je voulais le faire comme je l’entendais. Ne pas me restreindre, ne pas avoir de regrets », lance l’artiste, regard entendu, sourire convaincu.
Je voulais de la nuance. Je déteste le manichéisme
Blade Runner, Ghost in the Shell, Deus Ex, Matrix : dans la construction de son univers SF tendance cyberpunk et dystopique, les références sont là et elle assume. « Ce qui compte, c’est raconter mon histoire avec ma propre vision ». Et ses propres personnages. Robot froid, tête brûlée, hackeuse surdouée : Éva les décrit en les pointant sur son écran d’ordinateur, leur jetant sans cesse des regards, comme si elle présentait des amis. Ils en deviennent presque réels. « Je souhaitais creuser leurs profils psychologiques », insiste la jeune artiste. « Tout n’est pas noir ou blanc et c’est ce que je voulais pour eux : de la nuance. Je déteste le manichéisme ». Tous ont des caractères bien marqués et des dénominateurs communs, comme la recherche d’identité ou la solitude. Faut-il y voir un écho au réel ? « Je n’ai pas forcément voulu parler de mon vécu », estime-t-elle après un silence. Avant de lâcher : « Après, ce sont mes bébés. Il y a donc forcément un peu de moi chez eux ». Nuance, encore et toujours. Et sourire en coin.
Le dessin, vieux compagnon de route
Sur son parcours, la jeune femme porte le regard franc et sensible des personnes ayant pris du recul sur les épreuves passées. Elle ne s’étend pas sur sa vie personnelle, mentionnant pudiquement « un parcours compliqué, durant lequel ma mère, qui a toujours été là pour moi, et ma famille m’ont beaucoup soutenue ». Mais est plus diserte concernant sa scolarité : mauvaise expérience du collège, « les pires années de ma vie », libération du lycée. Et le dessin, vieux compagnon de route. « Je dessine depuis toute petite. Je créais mes propres BD que j’offrais à ma mère. Elle doit toujours les avoir », lance Éva, regardant par la fenêtre, sourire nostalgique aux lèvres. Une vraie passion, qui a subi une violente mise à l’épreuve. En cause, une année d’arts appliqués. « C’était tellement élitiste », s’exaspère l’illustratrice. « Ça m’a dégoûtée. J’ai eu un blocage, qui a duré un ou deux ans. Je ne pouvais plus prendre le crayon ». Les mots sont forts et le sourire, absent.
Si ça prend, j’irai voir les maisons d’édition, mon premier tome sous le bras
Après le lycée, Éva tente l’animation socioculturelle, dans les pas de sa mère. Une expérience mitigée. Face aux moments de doute ou de mal-être, la même échappatoire, salvatrice : la fenêtre ouverte sur l’imaginaire. Jeux vidéo, séries, films, mangas. « J’ai toujours aimé vivre des aventures à travers des personnages ou des ambiances. Avec ça, je m’évade ». Sourire rêveur. En 2013, l’envie de dessiner la rattrape. Elle devient illustratrice, est publiée, commence à exposer. Mais une frustration subsiste. « J’ai du mal à dessiner pour faire joli, j’ai besoin de créer un personnage et son histoire ». La tentation de la BD est déjà là. Elle se concrétisera en 2017, grâce à un auteur lors d’un salon. « Il m’a lancé : "Si tu ne t’y mets pas, tu ne le feras jamais". Ça a été l’ultime déclencheur ».
Créer une communauté
Le scénario de sa saga est bouclé depuis quelques semaines. Éva se donne désormais un an pour achever le premier tome. Seule maîtresse à bord : du découpage aux décors en passant par les dialogues et la mise en couleurs, elle se charge de tout. Sans support d’un éditeur mais pas sans soutien : cinq béta-lecteurs auront accès aux planches, qu’elle compte publier gratuitement sur internet, au fur et à mesure de son avancée. « Ça me permettra d’avoir des retours rapides et de voir si le public répond présent. Et si ça ne parle pas, je retravaillerai ».
Bien sûr que je suis stressée. Mais se lancer, enfin, qu’est-ce que c’est bien !
Un procédé qui se répand chez les auteurs : en plus de l’immédiateté des retours et de la facilité d’accès, il y a l’attrait de l’éventuelle formation d’une communauté autour d’une œuvre qui, même de taille modeste, constitue un argument non négligeable face aux éditeurs. « Si ça prend, j’irai voir les maisons d’édition, mon premier tome sous le bras », confirme Éva. Avec de l’espoir mais droite dans ses bottes. « Je suis prête à changer des choses mais sans compromettre mon univers. Sinon, je refuserai ». En attendant, elle navigue entre deux eaux, traversée par des sentiments contradictoires. Souhaitant de la stabilité et « une vie normale » tout en concédant, dans un sourire un peu triste : « Dans le monde du dessin, rien n’est jamais sûr ». Des plans B, elle en a. Mais ne veut pas y penser, malgré la pression. « Bien sûr que je suis stressée. Mais se lancer, enfin, qu’est-ce que c’est bien ! ». Le sourire, cette fois, est franc et massif.
telegramme soir
Valentin Boudet
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