Baie de Saint-Brieuc. « Un seul mégot pollue 500 litres d’eau »

Mathéo, en stage à la réserve naturelle, a traqué les déchets dans les dunes de Bon-Abri, à Hillion, durant un mois. Le résultat de son travail révèle le comportement paradoxal des usagers du site.

Mathéo Robichon vient de terminer un stage de quatre semaines à la réserve naturelle de la baie de Saint-Brieuc.

« Je suis en 1re gestion milieu naturel et faune (GMNF) à Saint-Aubin-du-Cormier, précise le jeune homme. C’est la troisième fois que je réalise un stage ici. »

Son objectif, cette année, était de dresser un état des lieux de la pollution sur un espace précis : les dunes de Bon-Abri. Pour cela, Mathéo a mis en place un protocole qui lui permet de quantifier et d’identifier les déchets, bien sûr, mais aussi de les localiser.

40 % de mégots

Le Département est au courant de cette démarche et intéressé par les résultats. « Avec les bénévoles de la réserve et les Brigades vertes, nous ramassons régulièrement les déchets, relate Cédric Jamet, garde technicien de la réserve naturelle. Mais c’est la première fois qu’on a un protocole pour faire ce travail. »

Mathéo n’a pas chômé en traquant les déchets sur les dunes et les chemins, et n’est malheureusement jamais rentré bredouille. « En quatorze jours, j’ai ramassé 183 déchets, dévoile Mathéo, dont 60 % sur les chemins. » Malgré tout, le jeune homme garde le sourire et ne semble pas se lasser de ce travail ingrat par lequel il tente de rendre ses droits à la nature.

Le triste butin de cet infatigable nettoyeur est constitué à 40 % de mégots ; pour le reste, ce sont essentiellement des emballages alimentaires et du plastique. « Il faut savoir qu’un mégot pollue 500 litres d’eau et met deux ans à se dégrader, précise Mathéo. C’est vraiment dommage de ne pas le mettre dans les cendriers ou les poubelles. »

De plus, Mathéo et Cédric constatent que ce ramassage ne s’est pas fait durant la période de fréquentation touristique. Si les usagers n’ont pas un peu plus de civilité, il faut donc craindre que les déchets soient d’autant plus nombreux sur les dunes en juillet et août.

De plus en plus fréquenté

« Les dunes de Bon-Abri sont un lieu de plus en plus fréquenté », indique Cédric Jamet. Un compteur installé à l’une des barrières d’entrée a compté 27 000 passages en 2017, contre 18 000 en 2018. « Les gens viennent ici pour trouver un site naturel, paisible, propre. Alors pourquoi ne font-ils pas attention à leurs déchets pour le préserver ? C’est paradoxal ! », souligne Cédric Jamet.Le travail de Mathéo n’est qu’un début et peut donner espoir : le protocole qu’il a créé pourra servir à nouveau et va être la base d’un panneau d’information qui incitera bientôt à plus de propreté.
Ouest-France