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Trains spéciaux pour safaris bretons

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Message par Admin Mer 25 Juil - 21:36

Publié le 09 avril 2017 à 15h00

Trains spéciaux pour safaris bretons  Sans_213
Louis Magaud d’Aubusson, ornithologue et premier président de la LPO, posant avec des macareux-moines de l’archipel des Sept-Îles, à Pleumeur-Bodou. Photo DR/LPO


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Une chasse aux macareux moines, appelés aussi calculots, dans l’archipel des Sept-îles, à Pleumeur-Bodou. Illustration DR/La chasse illustrée


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En 1960, La Poste a émis un timbre célébrant la protection de la nature, représentant le macareux-moine sur la réserve des Sept-Îles. Il fut lancé officiellement en présence du Président de la République, René Coty, et de Paul Murat, co-président de la LPO de l’époque. Collection privée/DR


C’est l’une des conséquences inattendues de l’arrivée du train en Bretagne : la création de la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO). L’association est née en 1912 en réaction aux massacres d’oiseaux dans l’archipel des Sept-Îles, où la Compagnie des chemins de fer de l’Ouest organisait des parties de chasse pour ses clients.

Dès leurs créations, les compagnies de chemin de fer ont joué un rôle primordial dans le développement du tourisme en Bretagne, attirant notamment les Parisiens, première cible de cette nouvelle clientèle. Ainsi, les stations balnéaires se développent et rivalisent d’arguments pour attirer les touristes. Le côté sauvage et naturel attire les badauds, en recherche de dépaysement.

Parmi ce nouveau public, on trouve des chasseurs, comme Henri Tissier, qui raconte dans un article de La chasse illustrée du 7 mai 1881 : « Grands amateurs de chasse en mer, nous projetions depuis longtemps, mon ami et moi, d’aller visiter les côtes de Bretagne » pour chasser le macareux, un oiseau local aussi appelé calculot ou oiseau clown. « Nous nous adressâmes à Delasalle, le naturaliste de la rue des Saints-Pères, qui nous avait donné l’idée de cette chasse.

Il nous apprit qu’il avait reçu, dix ans auparavant, d’un de ses clients, quantité de macareux qui lui étaient expédiés de Perros-Guirec, petit port des Côtes-du-Nord, et que la chasse avait eu lieu dans un îlot du groupe des Sept-Iles, situé à quelques milles au large. Forts de ces renseignements et bien munis de cartouches, nous quittions Paris le soir du 15 mai 1880, veille de la Pentecôte, et nous nous dirigions sur Plouaret, station de la ligne de Brest. Le lendemain matin, nous montions en voiture, nous allions déjeuner à Lannion et nous arrivions à deux heures au port de Perros… »


Un argument touristique

Quelques années après ces précurseurs, qui organisèrent eux-mêmes leur virée dans les Sept-Îles, la chasse devient un argument touristique, repris à partir de 1900 par les affiches que la Compagnie des chemins de fer de l’Ouest placarde dans les gares parisiennes. On peut lire sur ces dernières que Perros-Guirec est notamment réputée pour « la pêche à la crevette et la chasse aux oiseaux de mer (calculots, perroquets de mer terrant comme les lapins) ». De véritables « safaris bretons » sont même organisés pour les clients, au départ de Paris. « Les Sept-Îles comptaient à l’époque la plus importante colonie de macareux-moines en France métropolitaine.

Elle était estimée à 15.000 couples au début du siècle dernier. Mais l’afflux de chasseurs a entraîné une baisse très rapide de la population de ces oiseaux, et en 1912, il ne restait plus que 400 couples… », explique Gilles Bentz, responsable de la station LPO de l’Île-Grande. En 1908, l’ingénieur-agronome Albert Chappellier, réalisant un premier voyage dans l’archipel, constate le mauvais état de la colonie de macareux moines et se convainc de la nécessité d’une association de protection. Il soumet l’idée à Louis Magaud d’Aubusson, président de la section d’ornithologie de la Société d’acclimatation.


Une prise de conscience

Mais c’est le témoignage d’un ornithologue amateur, le lieutenant Hémery, qui fait réellement bouger les choses. Ce dernier écrit au directeur du Muséum de Nantes en juin1911 : « L’île offre l’aspect d’un véritable champ de carnage ; au bord des trous où nichaient des mouches de cadavres, des silpha, une odeur infecte. Par place, des centaines de douilles vides en tas sur le sol comme les étuis d’une mitrailleuse après un combat. Nous extrayons des trous des poussins morts, des œufs abandonnés et pourris [...]. Nous apprenons alors par nos matelots que huit jours avant, deux ou trois individus sont venus de Paris et se sont fait débarquer dans l’île avec une caisse de 60 kg de cartouches.

Ils n’ont quitté l’île qu’après avoir tout brûlé sur ces inoffensifs oiseaux, tués au moment où ils venaient au nid apporter la nourriture à leurs petits. Les cadavres des victimes (près de trois cents, nous a-t-on dit) ont été ramenés à Perros, et là, jetés sur la grève. Ces messieurs les chasseurs (!), fiers de leur tableau, n’en ont emporté qu’un ou deux exemplaires. Il paraît que ces vandales répètent presque tous les ans ces inutiles et stupides massacres. On peut estimer, dans ces conditions, que la colonie de macareux de l’île Rouzic aura, dans trois ou quatre ans, complètement abandonné ces parages ».
La création de la LPO

C’est ainsi que, quelques mois plus tard, la Ligue de protection des oiseaux (LPO) voit le jour, précise Antoine Reille, président d’honneur de l’association : « C’est suite à cette affaire qu’est officiellement créée la LPO, en janvier1912, avec Louis Magaud d’Aubusson comme président. Albert Chappellier en devient le premier secrétaire général ». Ils alertent le préfet des Côtes-du-Nord qui interdit, à la fin du mois d’août1912, la chasse, la destruction et la vente des macareux dans l’archipel. Quelques semaines plus tard, les Sept-Îles deviendront la première réserve naturelle protégée, gérée par la LPO.

Pour en savoir plus

Le site de la Ligue de Protection des Oiseaux : www.lpo.fr

« Protéger les oiseaux, un siècle de LPO », Antoine Cadi, éditions Ouest-France, 2012.

La maison de la réserve, station LPO de l’Île-Grande, à Pleumeur-Bodou. Site : sept-iles.lpo.fr

©️ Le Télégramme


en complément


Le macareux-moine, emblème de la LPO


Le combat remporté par la Ligue de protection des oiseaux en 1912 dans l’archipel des Sept-Îles a fait du macareux-moine l’emblème de de l’association. Aujourd’hui plus que centenaire, l’ONG compte près de 45.000 adhérents, 5.000 bénévoles actifs et 450 salariés répartis dans l’Hexagone. Présente dans 74 départements, la LPO reste la première structure de protection de la nature dédiée à la biodiversité en France.

À l’origine, la Ligue avait pour but de faire appliquer la Convention internationale sur la protection des oiseaux utiles à l’agriculture, qui s’était tenue en 1902 à Paris, mais que la France n’avait pas ratifiée. Mais, au fil des années, les missions de l’association se sont diversifiées. Elle gère notamment plusieurs réserves naturelles nationales, statut créé en 1976. « L’archipel des Sept-Îles a été la première réserve classée », explique Gilles Bentz. Elle existait déjà - de fait - depuis 1912, et abritait la plus importante population d’oiseaux marins : « Elle regroupe à elle seule douze espèces, entre 23 à 25.000 couples selon les années », précise le responsable de la station LPO de l’Île-Grande.


De nos jours, la LPO assure le gardiennage et le suivi scientifique de l’archipel, au niveau des oiseaux mais aussi de l’ensemble de cet écosystème exceptionnel. Un centre de soin recueille chaque année près d’un millier d’animaux en détresse. « Nous avons aussi des actions de sensibilisation auprès du public, avec de l’animation et des expositions au sein de la station LPO de l’Île-Grande, située à Pleumeur-Bodou, à une quinzaine de kilomètres de Perros-Guirec, où nous accueillons chaque année 45.000 visiteurs », poursuit-il. Des visiteurs qui peuvent participer à des sorties d’observation de la faune et de la flore du littoral, mais aussi à des virées en bateau dans la réserve des Sept-Îles. Sans fusil cette fois !

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