14-18. Jeanne ou le rêve américain
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14-18. Jeanne ou le rêve américain
ouest france
14-18. Jeanne ou le rêve américain
En 1918, la jeune Jeanne-Claudine Merrand décide de quitter son Plouigneau natal (nord-Finistère) pour aller vivre à Brest. À l’époque, de nombreux soldats américains sont postés dans la cité du Ponant. L'Ignacienne rencontre John, son futur mari, qu'elle suivra aux États-Unis à la fin de la guerre pour bâtir son rêve américain. Ce vendredi, sa petite-fille, Jeannette, est revenue sur les traces de sa grand-mère.
« Il y a deux choses que je veux voir en Bretagne : le Mont-Saint-Michel et la ferme de Kerliezec, à Plouigneau ! ». Mais pourquoi donc Jeannette Colvin a-t-elle fait tout ce chemin depuis le Maryland, aux États-Unis, pour venir voir une ferme dans la campagne ignacienne ? « C’est là qu’est née sa grand-mère, Jeanne », explique Daniel Picart, qui l’a accueillie, ce vendredi, dans la commune. Il faut dire que ce passionné d’histoire - et tout spécialement de 14-18 - est en contact avec elle depuis plusieurs mois. Ensemble, avec une petite équipe de bénévoles de Plouigneau (nord-Finistère), ils ont réussi à retracer le parcours hors du commun de Jeanne-Claudine Merrand, la fameuse grand-mère
Parmi les 500 Bretonnes mariées à des soldats américains
Tout est parti d’un petit article dans la Revue de généalogie du Finistère, paru en 2016. Il évoquait les 500 Bretonnes qui se sont mariées à des soldats américains entre 1918 et 1920. « Il faut savoir que 1,2 million de soldats américains sont passés par Brest pour rentrer ! », rappelle Daniel Picart. « Dans l’article, on a vu la photo d’une fille de Plouigneau avec son nom et son prénom. Une pépite ! Ça nous a titillés alors on a creusé ! », lance le passionné aux côtés de son acolyte, Daniel Sannier. Il faut dire que les deux hommes et la trentaine de bénévoles qui travaillent avec l’association des anciens combattants n’en sont pas à leurs débuts question recherches sur la Grande Guerre. En 2014, ils avaient déjà mis au jour l’histoire de soldats de Plouigneau. Cette année, ils remettent ça, avec l’expo "Histoire d’hommes" (*). Et donc celle d’une femme.
Grâce à la petite-nièce de Jeanne Merrand, qui habite Pornic, auteure de l’article, on a eu plein de photos et on a réussi à contacter sa famille, dans le Maryland », expliquent les deux hommes. « Ça a réveillé des choses des deux côtés de l’Atlantique. On a reconstruit l’histoire de Jeanne ensemble ! ». Et réussi à savoir ce qui a poussé cette jeune fille de 18 ans, benjamine de dix enfants, à quitter son Plouigneau natal pour Brest, en 1917.
Elle voulait vivre en ville
« Elle ne voulait pas d’un destin agricole, raconte Daniel Picart. Alors, elle est allée à Brest où elle est devenue serveuse. Elle voulait vivre en ville ». C’est là qu’elle rencontre John Lyubanovich, un soldat américain d’origine croate. Blessé sur le front, il est venu à Brest pour être soigné. Ils se marient le 4 novembre 1919, à Lambézellec. Et embarquent, quelques jours après, à bord de l’USS Sibonney, direction les États-Unis. John s’engage dans l’armée. Jeanne le suit dans ses différentes affectations. C’est dans le Maryland qu’ils resteront le plus longtemps, près du camp de Mead.
Patronne de la Jean's Tavern
« Chose exceptionnelle, Jeanne a pu revenir en France, à Plouigneau, dès 1923. Elle est venue présenter sa première fille, Suzanne, à ses parents. C’était le prénom de sa mère. Et la preuve qu’elle n’avait pas oublié la France… », raconte Daniel. Deux enfants suivront. Mais en 1930, le couple divorce. « Là, pour pouvoir vivre, Jeanne sera obligée de faire ce qu’elle avait fui : des travaux agricoles. Mais très vite, elle se fait remarquer pour ses talents de cuisinière. Elle a toujours voulu être patronne. Elle vend des petits plats et ce sont ses clients qui l’aident à ouvrir son restaurant : la Jean’s Tavern, à Odenton, à la fin des années 30 ! ». Un véritable rêve américain en quelque sorte. « C’est une histoire qui nous a émus mais qui nous parle aussi, résument Daniel Picart et Daniel Sannier. Et c’est sûr, son côté têtu et l’héritage du matriarcat trégorois ne sont pas pour rien dans sa réussite ! ».
Au total, Jeanne ne sera revenue en France que trois fois dans sa vie : en 1923, 1969 et 1974. Alors que John est mort en 1960 (il est enterré au cimetière d’Arlington), Jeanne, elle, décède en 1988. Ce vendredi, sa petite-fille est venue marcher sur ses traces et découvrir la ferme familiale de Kerliézec à Plouigneau. Avec son mari, ils ont été accueillis chaleureusement par M. et Mme Le Bihan, actuels propriétaires des lieux. « I feel at home ! » ("Je me sens comme à la maison") a déclaré Jeannette, très émue. C'est la première fois qu'elle venait en Bretagne. Elle a promis de revenir l'an prochain. En 2019. Cent ans après le grand voyage de sa grand-mère vers le rêve américain.
(*) L’écomusée de Plouigneau commémorera le centenaire de la fin de la Première Guerre mondiale, du 22 au 30 septembre, à travers une exposition exceptionnelle racontant l’histoire des Poilus, illustrée par de nombreux objets, documents et uniformes, la présence d’un taxi de la Marne et d’une ambulance américaine de 1916
Monique Kéromnès
14-18. Jeanne ou le rêve américain
En 1918, la jeune Jeanne-Claudine Merrand décide de quitter son Plouigneau natal (nord-Finistère) pour aller vivre à Brest. À l’époque, de nombreux soldats américains sont postés dans la cité du Ponant. L'Ignacienne rencontre John, son futur mari, qu'elle suivra aux États-Unis à la fin de la guerre pour bâtir son rêve américain. Ce vendredi, sa petite-fille, Jeannette, est revenue sur les traces de sa grand-mère.
« Il y a deux choses que je veux voir en Bretagne : le Mont-Saint-Michel et la ferme de Kerliezec, à Plouigneau ! ». Mais pourquoi donc Jeannette Colvin a-t-elle fait tout ce chemin depuis le Maryland, aux États-Unis, pour venir voir une ferme dans la campagne ignacienne ? « C’est là qu’est née sa grand-mère, Jeanne », explique Daniel Picart, qui l’a accueillie, ce vendredi, dans la commune. Il faut dire que ce passionné d’histoire - et tout spécialement de 14-18 - est en contact avec elle depuis plusieurs mois. Ensemble, avec une petite équipe de bénévoles de Plouigneau (nord-Finistère), ils ont réussi à retracer le parcours hors du commun de Jeanne-Claudine Merrand, la fameuse grand-mère
Parmi les 500 Bretonnes mariées à des soldats américains
Tout est parti d’un petit article dans la Revue de généalogie du Finistère, paru en 2016. Il évoquait les 500 Bretonnes qui se sont mariées à des soldats américains entre 1918 et 1920. « Il faut savoir que 1,2 million de soldats américains sont passés par Brest pour rentrer ! », rappelle Daniel Picart. « Dans l’article, on a vu la photo d’une fille de Plouigneau avec son nom et son prénom. Une pépite ! Ça nous a titillés alors on a creusé ! », lance le passionné aux côtés de son acolyte, Daniel Sannier. Il faut dire que les deux hommes et la trentaine de bénévoles qui travaillent avec l’association des anciens combattants n’en sont pas à leurs débuts question recherches sur la Grande Guerre. En 2014, ils avaient déjà mis au jour l’histoire de soldats de Plouigneau. Cette année, ils remettent ça, avec l’expo "Histoire d’hommes" (*). Et donc celle d’une femme.
Grâce à la petite-nièce de Jeanne Merrand, qui habite Pornic, auteure de l’article, on a eu plein de photos et on a réussi à contacter sa famille, dans le Maryland », expliquent les deux hommes. « Ça a réveillé des choses des deux côtés de l’Atlantique. On a reconstruit l’histoire de Jeanne ensemble ! ». Et réussi à savoir ce qui a poussé cette jeune fille de 18 ans, benjamine de dix enfants, à quitter son Plouigneau natal pour Brest, en 1917.
Elle voulait vivre en ville
« Elle ne voulait pas d’un destin agricole, raconte Daniel Picart. Alors, elle est allée à Brest où elle est devenue serveuse. Elle voulait vivre en ville ». C’est là qu’elle rencontre John Lyubanovich, un soldat américain d’origine croate. Blessé sur le front, il est venu à Brest pour être soigné. Ils se marient le 4 novembre 1919, à Lambézellec. Et embarquent, quelques jours après, à bord de l’USS Sibonney, direction les États-Unis. John s’engage dans l’armée. Jeanne le suit dans ses différentes affectations. C’est dans le Maryland qu’ils resteront le plus longtemps, près du camp de Mead.
Patronne de la Jean's Tavern
« Chose exceptionnelle, Jeanne a pu revenir en France, à Plouigneau, dès 1923. Elle est venue présenter sa première fille, Suzanne, à ses parents. C’était le prénom de sa mère. Et la preuve qu’elle n’avait pas oublié la France… », raconte Daniel. Deux enfants suivront. Mais en 1930, le couple divorce. « Là, pour pouvoir vivre, Jeanne sera obligée de faire ce qu’elle avait fui : des travaux agricoles. Mais très vite, elle se fait remarquer pour ses talents de cuisinière. Elle a toujours voulu être patronne. Elle vend des petits plats et ce sont ses clients qui l’aident à ouvrir son restaurant : la Jean’s Tavern, à Odenton, à la fin des années 30 ! ». Un véritable rêve américain en quelque sorte. « C’est une histoire qui nous a émus mais qui nous parle aussi, résument Daniel Picart et Daniel Sannier. Et c’est sûr, son côté têtu et l’héritage du matriarcat trégorois ne sont pas pour rien dans sa réussite ! ».
Au total, Jeanne ne sera revenue en France que trois fois dans sa vie : en 1923, 1969 et 1974. Alors que John est mort en 1960 (il est enterré au cimetière d’Arlington), Jeanne, elle, décède en 1988. Ce vendredi, sa petite-fille est venue marcher sur ses traces et découvrir la ferme familiale de Kerliézec à Plouigneau. Avec son mari, ils ont été accueillis chaleureusement par M. et Mme Le Bihan, actuels propriétaires des lieux. « I feel at home ! » ("Je me sens comme à la maison") a déclaré Jeannette, très émue. C'est la première fois qu'elle venait en Bretagne. Elle a promis de revenir l'an prochain. En 2019. Cent ans après le grand voyage de sa grand-mère vers le rêve américain.
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