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Diaspora bretonne. En quête du rêve américain

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Message par Admin Ven 15 Mar - 21:47

Diaspora bretonne. En quête du rêve américain  Sans1677
Entre la fin du XIXe siècle et les années 80, on estime que près de 60 000 Bretons ont rejoint l’Amérique du Nord, pour fuir la pauvreté. Mais bien avant cette vague massive, des milliers d’Armoricains avaient déjà foulé le sol du nouveau contient.

De la découverte du Canada par le Malouin Jacques Cartier en 1534 à l’arrivée récente de jeunes cadres dynamiques à Manhattan, en passant par l’exode massif d’habitants du Centre-Bretagne vers New York, l’émigration bretonne en Amérique du Nord a connu plusieurs vagues. Avec un objectif : réaliser le rêve américain.

Moquette rouge piquetée de motifs dorés, boule à facettes, murs de miroirs, rampe d’ampoules diffusant une lumière jaune… En ce Noël 2017, l’association BZH New York réunit, comme chaque année, la diaspora bretonne de Big Apple pour son traditionnel lunch de Noël chez Riccardo’s by the bridge, dans le borough de Queens.

Le décor rappelle les films des années 80. Un lieu anachronique pour ne pas bousculer les habitudes des anciens, confie un jeune membre de l’association. Autour des tables recouvertes de nappes blanches, des Bretons aisés, génération Y (natifs de la fin des années 70 au début des années 90), souvent cadres à Manhattan, côtoient des personnes plus âgées, issues de la vague d’émigration économique partie du Centre-Bretagne tout au long du XXe siècle.

Entre la fin du XIXe siècle et les années 80, on estime que près de 60 000 Bretons ont rejoint l’Amérique du Nord pour fuir la pauvreté. Mais bien avant cette vague massive, des milliers d’Armoricains avaient déjà foulé le sol du nouveau continent, en quête de leur rêve américain.

Héros bretons de la guerre d’Indépendance

Le premier d’entre eux est un rêve de conquête. Il remonte à 1534, à l’époque où le corsaire malouin Jacques Cartier découvre l’actuel Canada. Soixante ans après, c’est un autre Malouin, moins connu, François Gravé, qui crée deux colonies permanentes, l’une à l’embouchure du Saint-Laurent, l’autre en Acadie. Selon Josette Jouas, coauteur du livre « Ces Bretons en Amérique du Nord », le premier noyau familial établi au Canada serait constitué en grande partie de Bretons.

Deux siècles plus tard, en 1776, 20 000 Bretons combattent au côté de Georges Washington pour une autre chimère : la naissance des États-Unis d’Amérique. 2 000 y perdront la vie. Des personnalités bretonnes comme Armand-Charles Tuffin de la Rouërie seront aussi mises en lumière. Le marquis, héros de la bataille de Yorktown, est même considéré comme le fondateur de la cavalerie américaine.

Ruée vers l’or californien

La ruée vers l’or au XIXe siècle apporte un nouveau flot de Bretons, en quête des pépites de Sutter’s Mill en Californie. Selon Olivier Le Dour (*), plus de 1 000 d’entre eux se seraient installés ou auraient transité par San Francisco.

Mais c’est la fin du XIXe siècle qui marque le début de la plus grosse vague d’émigration. Des dizaines de milliers de Bretons, surtout issus du Centre-Bretagne, désertent les campagnes pour rallier le nouveau monde. En cause, le manque de travail. « En Centre-Bretagne, il y a eu une paupérisation des populations, explique David Le Solliec, maire actuel de Gourin. Les gens disaient "on crève de faim". Mes grands-parents, avant de partir à New York, étaient journaliers, ils dormaient sur les bottes de foin ». Avec son accent traînant, coulé dans le granit des Montagnes Noires, François Hascouët, un « ancien » participant au lunch de Noël, confirme : « Je suis venu après mon service militaire, en 1960, il n’y avait pas de boulot dans le coin, fallait bien faire quelque chose. »

Arrivée de Michelin dans le New Jersey


Contrairement aux idées reçues, les premiers Bretons débarqués à Ellis Island ne restent pas tous à Big Apple. Beaucoup filent vers les campagnes pour être embauchés comme fermiers ou bûcherons. Mais l’arrivée de l’usine Michelin en 1907 à Milltown, dans le New Jersey, change la donne et séduit autant les Bretons déjà sur place que ceux restés au pays. Il faut dire que les patrons auvergnats, Édouard et André Michelin savent séduire les expatriés en leur offrant notamment une couverture sociale et un logement.

Las, en 1930, l’usine ferme, laissant des centaines de salariés sur le carreau. Si certains retournent au pays, beaucoup préfèrent rester aux États-Unis pour travailler dans les restaurants des grandes villes. « Ils lavent les gamelles, épluchent les légumes, deviennent sauciers avant de passer "second cook" et "chefs" », raconte Josette Jouas. Les plus motivés ouvrent des affaires sur place et réussissent leur rêve américain. De quoi faire saliver ceux restés en Bretagne.

L’effet boule de neige

De nouvelles vagues partent ainsi de Gourin et des environs jusqu’au début des années 80. Un effet boule de neige selon l’abbé Elie Gautier, sociologue et ecclésiastique : « Si l’émigration prend des proportions grandissantes dans la région de Gourin, c’est qu’une autre cause intervient : la contagion, ou ce que j’ai appelé un cas de psychose collective ». À Gourin, plus de 10 000 habitants ont émigré aux États-Unis et Roudouallec a même abrité une agence Air France jusqu’en 1985.

De l’autre côté de l’Atlantique, lorsque les derniers anciens s’éteindront, les lunchs de Noël quitteront peut-être les lumières clinquantes de chez Riccardo pour les ors des lofts tendance de Soho. Et la mémoire de ces Centre-Bretons partis à la conquête de l’Amérique ne subsistera alors plus que dans les livres d’histoire… Et dans la réplique de la statue de la Liberté qui trône toujours sur la place de la Victoire de Gourin.

Pour en savoir plus


« Les Bretons dans la ruée vers l’or de Californie », Olivier Le Dour, Grégoire Le Clech, éditions Les portes du large, 2006, 24 €.« L’émigration bretonne », Marcel Le Moal, éditions Coop Breizh, 2013, 24,90 €.« La Bretagne et la guerre d’indépendance américaine », Philippe Carrer, éditions Les portes du large, 2005, 22 €.Site officiel de BZH New York : http://bzh-ny.org
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Message par Admin Ven 15 Mar - 21:48



Des filières d’antan aux réseaux sociaux

Il était âgé de 52 ans. Il avait été élu meilleur sommelier de New York en 2003. Il est décédé subitement peu avant Noël 2017. Le caviste Jean-Luc Le Du, originaire de Gourin, faisait partie de la dernière vague d’émigration centre-bretonne aux États-Unis. Parti en 1985 pour faire carrière dans la musique, l’ex-animateur de Radio Montagnes Noires (RMN) a trouvé une autre voie : la restauration. À l’instar de la majorité de ses compatriotes, il a pu compter sur des soutiens déjà sur place. Nous l’avions rencontré quelques jours avant sa disparition dans sa boutique de Manhattan.

« Quand je suis arrivé, on m’a tout de suite envoyé une personne pour m’orienter, trouver du travail, m’organiser. Il y avait une cellule importante de gens de Gourin », confiait-il. Logements, boulots, démarches… Historiquement, les nouveaux arrivants ont toujours été couvés par la diaspora. Au point que les anciens parlaient de « mafia bretonne », bien avant les propos d’Emmanuel Macron en juin dernier. Tout en plaisantant sur ladite mafia, Louis Kergaravat, débarqué à New York en 1969, préfère parler de « réseau ».

D’hier à aujourd’hui, les Bretons de l’étranger se sont, en effet, toujours fédérés. Au départ, une organisation informelle. Puis, peu à peu, la naissance de réseaux structurés d’émigration en Bretagne, et d’intégration outre-Atlantique. À New York, le Stade breton, créé en 1955, est allé au-delà de sa vocation sportive en devenant un véritable outil d’intégration. D’autres organisations ont ensuite rejoint la nébuleuse bretonne, dont l’association BZH New York, elle-même intégrée au réseau transnational BZH network, très actif sur Facebook.

Et même si les millenials n’ont plus grand-chose à voir avec les anciens, ces nouvelles organisations permettent de garder le lien entre les générations. Par exemple, au cours du lunch de Noël.



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