Que deviennent les savons usagés des hôtels ?
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Que deviennent les savons usagés des hôtels ?
Par Coline Paistel
Les savons miniatures des hôtels qui finissent à la poubelle ? C’est fini ! Lorsqu’ils ne sont pas tout bonnement supprimés, les savons peuvent être recyclés par des associations et redistribués aux plus démunis.
Les petits savons des hôtels… Ces miniatures – lorsqu’elles ne viennent pas compléter une vaste collection dans nos salles de bain – sont laissées sur les bords des lavabos. Chaque année, 949 millions de savonnettes seraient jetées dans les hôtels du monde. Un gaspillage monumental voué à disparaître.
« Traditionnellement, les miniatures étaient un cadeau que l’on faisait aux clients. Un souvenir mignon qu’ils embarquaient, rappelle Karim Khan, président de l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie (Umih) Bretagne. Désormais, nous recommandons aux responsables d’établissements de supprimer ces miniatures et de proposer des produits en vrac, en distributeur rechargeable, pour éviter le gaspillage. »
Une tendance verte stimulée par l’obtention d’un label écologique comme Clef Verte, Green Globe, Ecolabel européen… Pour obtenir ce dernier, le plus exigeant, les établissements doivent remplir 67 critères sur la gestion générale, l’énergie, l’eau, les déchets et eaux usées. Et dans ces critères, on trouve la suppression des miniatures : « Aucun accessoire jetable de toilette, de restauration ou de literie ne doit être mis à disposition des clients sauf en cas de demande explicite. » Ils sont aujourd’hui 348 hôtels sur 18 000 en France, à avoir obtenu ce précieux label.
« Ce sont les clients qui nous poussent »
« Les mentalités évoluent doucement, assure Karim Khan, aussi président de la commission développement durable de l’Umih. Au début, l’écologie ne concernait que les personnes qui en étaient intimement convaincues. Aujourd’hui, il y a une pression faite par les clients. Ce sont eux qui nous poussent. » Et ça bouge aussi du côté des fournisseurs : « Ils savent que les établissements deviennent développement durable et ils suivent le mouvement. »
Mais dans cette vague verte, il reste des irréductibles. Ceux qui ne veulent pas lâcher les petits savons. Ils représenteraient aujourd’hui, selon l’Umih, « entre 70 et 75 % des hôtels en France ».
Alors, pour eux, des associations ont imaginé des solutions. Comme SapoCycle, une fondation à but non-lucratif crée en 2015. « Le savon c’est un produit incroyable, promet la Suissesse Dorothée Schiesser, fondatrice de SapoCycle. C’est un autovaccin qui empêche de nombreuses maladies. »
À partir de 10 tonnes de savons usagés des hôtels suisses, SapoCycle a redistribué 7 tonnes de nouveaux savons. (Photo : SapoCycle)
Pour ne pas perdre ces précieux pains, SapoCycle les recycle. En Suisse d’abord, la fondation a noué un partenariat avec une centaine d’hôtels, collectant, depuis sa création, 10 tonnes de savons partiellement utilisés. Puis en France, où elle a noué un partenariat avec 70 hôtels depuis la fin 2017, récupérant déjà deux tonnes de savons. Durs uniquement : « Ils ne gardent pas les bactéries et virus qui disparaissent avec la première eau. Ce serait plus compliqué avec les savons liquides qui sont plus facilement contaminés. »
Une visée humanitaire
Ces savons, SapoCycle leur offre une seconde vie. Une fois collectés, ils sont envoyés vers deux Esat (Établissements et service d’aide par le travail) près de Mulhouse et Bâle. « Là, douze travailleurs en situation de handicap ont développé avec l’université de Bâle, un processus de transformation du savon très simple. »
Le savon est trié : « Il faut 20 kg d’un même savon pour faire un lot. » Puis râpé pour enlever les saletés. Il est ensuite écrasé dans un ancien broyeur à légumes : « Nous n’utilisons que des machines de seconde main. »
Avec la poudre obtenue, les travailleurs fabriquent un nouveau savon. Après une batterie de tests bactériologiques, il est envoyé, via la Croix Rouge suisse, au Cameroun et en Europe de l’Est dans les camps de réfugiés. « Nous le distribuerons bientôt dans les associations suisses et françaises qui aident les personnes en grande précarité », annonce la fondatrice.
Pour l’heure, le recyclage de ces savons ne coûte presque rien aux hôtels : « Ils ne payent que les frais de port vers les ESAT », les Établissements et Services d’aide par le travail, assure la fondation.
En France, Unisoap, une association lyonnaise, vient de se lancer, sur le modèle de SapoCycle, dans le recyclage des savons usagés. C’est avec cette jeune association que l’Umih a choisi de nouer un partenariat, basé sur le volontariat des hôtels. Preuve que la pratique change.
« Le développement durable est un combat passionnant, reconnaît Karim Khan. Mais il ne faut plus attendre des autres. Il faut commencer par soi. »
ouest france
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