Mais qu’est-ce qui a tué l’équipage de l’expédition Franklin ?
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Mais qu’est-ce qui a tué l’équipage de l’expédition Franklin ?
Par Coline Paistel
Tous pensaient que c’était la faute du plomb. Une équipe de chercheurs canadiens vient de remettre en cause cette théorie sur ce qui a provoqué la mort des membres de l’expédition Franklin en 1848.
Ils étaient partis chercher le passage du Nord-Ouest, qui relie l’Atlantique au Pacifique au Nord du Canada. Les 129 membres d’équipage de l’expédition Franklin ne sont jamais revenus. Et leur histoire est devenue légende.
Les deux navires, le HMS Terror et le HMS Erebus avaient quitté Greenhithe en Angleterre en mai 1845. Direction le grand Nord. L’expédition, menée par le célèbre John Franklin, est vue pour la dernière fois par des Européens, début août 1845, en mer de Baffin. Puis ils disparaissent pendant 150 ans. Malgré les recherches menées par onze navires britanniques et quatre américains, l’équipage comme les navires restent introuvables.
150 ans de recherches
Dans les années 1990, des expéditions scientifiques, des explorateurs et les légendes inuits permettent de retracer leur histoire. Ainsi, Franklin et son équipage auraient passé l’hiver 1845-1846 sur l’île Beechey (au nord du Canada), perdant trois de leurs hommes, avant de se diriger vers l’île du Roi-Guillaume. C’est sur cette route, qu’ils restent piégés dans la glace en septembre 1846. Incapables d’avancer.
D’après une note datée du 25 avril 1848 et laissée sur l’île, Franklin meurt le 11 juin 1847. L’équipage reste sur l’île du Roi-Guillaume encore deux hivers avant de partir à pied, le 26 avril 1848, vers la rivière Back dans l’actuel Nunavut au Canada. Neuf officiers et quinze hommes sont alors déjà morts. Le reste meurt sur la route, à des centaines de kilomètres de la civilisation.
Après plus d’un siècle de recherches, l’Erebus est retrouvé en 2014, à 11 mètres sous la surface dans le golfe de la Reine-Maud. Le Terror est lui découvert dans 24 mètres d’eau en septembre 2016 à Terror Bay, sur l’île du Roi-Guillaume.
La cloche de l’Erebus, retrouvée sur le pont du navire, en 2014. (Photo : Parcs Canada)
La thèse du plomb contestée
Mais de quoi sont morts tous ces hommes ? Les restes des matelots, retrouvés entre 1859 et 1992, laissent penser qu’un empoisonnement au plomb est en cause. En effet, les tuyaux des réservoirs d’eau des deux navires étaient faits de plomb, et presque toute la nourriture des membres d’équipage se trouvait dans des boîtes de conserve en fer-blanc fermées avec des soudures au plomb. De plus, les médicaments distribués aux explorateurs contenaient également du plomb.
Le plomb, seul responsable de la mort de l’équipage de l’expédition Franklin ? L’anthropologue Lori d’Ortenzio de l’Université canadienne de McMaster et son équipe réfutent cette thèse. Et pour cela, ils s’appuient sur leur récente découverte.
En analysant les cheveux du médecin de l’expédition, le Dr Goodsir – dont les restes ont été identifiés à partir d’une reconstruction faciale – les chercheurs ont conclu que oui, le docteur avait été exposé au plomb dans les derniers mois de sa vie.
Mais en étudiant les ossements des hommes morts pendant le premier hiver de l’expédition, sur l’île Beechey, l’équipe a déduit qu’ils étaient exposés au plomb depuis au moins une décennie avant de prendre le navire. « Les charges de plomb provenaient probablement de la contamination de l’atmosphère, de l’eau, des sources alimentaires, de la vaisselle, des récipients et des médicaments, omniprésente dans la Grande-Bretagne du XIXe siècle », affirment Lori d’Ortenzio et ses collègues dans un communiqué.
« La fin fatale était inévitable »
En comparant les cheveux du Dr Goodsir, et les os des morts de l’île Beechey, les scientifiques ont confirmé que ces hommes avaient tous été exposés aux mêmes sources de plomb, bien avant l’expédition. Et qu’ils ont continué d’être exposés, de manière constante en arrivant sur le bateau. Les cheveux de Goodsir en disent même plus. Ce médecin, mort environ un an après les hommes de l’île Beechey, avait une concentration en plomb plus faible à la racine de ses cheveux. Cela signifie que son exposition au plomb a en fait légèrement diminué au cours des dernières semaines de sa vie, ce qui, selon Lori d’Ortenzio et ses collègues, pourrait être un indice sur la façon dont il est mort.
Ainsi, les équipages du HMS Erebus et du HMS Terror ingéraient une quantité stupéfiante de plomb, mais apparemment pas plus que leurs familles au pays. Il est donc très improbable que ce soit l’empoisonnement au plomb qui les ait tués. « Ils étaient aussi affamés, probablement en train de se battre et souffraient d’hypothermie sévère, avancent les chercheurs. Le plomb a peut-être exacerbé le déclin physique des hommes dans les derniers mois de l’expédition, mais à ce moment-là, la fin fatale était inévitable. » La vérité est donc encore à trouver. La légende, elle, reste intacte.
ouest france
Tous pensaient que c’était la faute du plomb. Une équipe de chercheurs canadiens vient de remettre en cause cette théorie sur ce qui a provoqué la mort des membres de l’expédition Franklin en 1848.
Ils étaient partis chercher le passage du Nord-Ouest, qui relie l’Atlantique au Pacifique au Nord du Canada. Les 129 membres d’équipage de l’expédition Franklin ne sont jamais revenus. Et leur histoire est devenue légende.
Les deux navires, le HMS Terror et le HMS Erebus avaient quitté Greenhithe en Angleterre en mai 1845. Direction le grand Nord. L’expédition, menée par le célèbre John Franklin, est vue pour la dernière fois par des Européens, début août 1845, en mer de Baffin. Puis ils disparaissent pendant 150 ans. Malgré les recherches menées par onze navires britanniques et quatre américains, l’équipage comme les navires restent introuvables.
150 ans de recherches
Dans les années 1990, des expéditions scientifiques, des explorateurs et les légendes inuits permettent de retracer leur histoire. Ainsi, Franklin et son équipage auraient passé l’hiver 1845-1846 sur l’île Beechey (au nord du Canada), perdant trois de leurs hommes, avant de se diriger vers l’île du Roi-Guillaume. C’est sur cette route, qu’ils restent piégés dans la glace en septembre 1846. Incapables d’avancer.
D’après une note datée du 25 avril 1848 et laissée sur l’île, Franklin meurt le 11 juin 1847. L’équipage reste sur l’île du Roi-Guillaume encore deux hivers avant de partir à pied, le 26 avril 1848, vers la rivière Back dans l’actuel Nunavut au Canada. Neuf officiers et quinze hommes sont alors déjà morts. Le reste meurt sur la route, à des centaines de kilomètres de la civilisation.
Après plus d’un siècle de recherches, l’Erebus est retrouvé en 2014, à 11 mètres sous la surface dans le golfe de la Reine-Maud. Le Terror est lui découvert dans 24 mètres d’eau en septembre 2016 à Terror Bay, sur l’île du Roi-Guillaume.
La cloche de l’Erebus, retrouvée sur le pont du navire, en 2014. (Photo : Parcs Canada)
La thèse du plomb contestée
Mais de quoi sont morts tous ces hommes ? Les restes des matelots, retrouvés entre 1859 et 1992, laissent penser qu’un empoisonnement au plomb est en cause. En effet, les tuyaux des réservoirs d’eau des deux navires étaient faits de plomb, et presque toute la nourriture des membres d’équipage se trouvait dans des boîtes de conserve en fer-blanc fermées avec des soudures au plomb. De plus, les médicaments distribués aux explorateurs contenaient également du plomb.
Le plomb, seul responsable de la mort de l’équipage de l’expédition Franklin ? L’anthropologue Lori d’Ortenzio de l’Université canadienne de McMaster et son équipe réfutent cette thèse. Et pour cela, ils s’appuient sur leur récente découverte.
En analysant les cheveux du médecin de l’expédition, le Dr Goodsir – dont les restes ont été identifiés à partir d’une reconstruction faciale – les chercheurs ont conclu que oui, le docteur avait été exposé au plomb dans les derniers mois de sa vie.
Mais en étudiant les ossements des hommes morts pendant le premier hiver de l’expédition, sur l’île Beechey, l’équipe a déduit qu’ils étaient exposés au plomb depuis au moins une décennie avant de prendre le navire. « Les charges de plomb provenaient probablement de la contamination de l’atmosphère, de l’eau, des sources alimentaires, de la vaisselle, des récipients et des médicaments, omniprésente dans la Grande-Bretagne du XIXe siècle », affirment Lori d’Ortenzio et ses collègues dans un communiqué.
« La fin fatale était inévitable »
En comparant les cheveux du Dr Goodsir, et les os des morts de l’île Beechey, les scientifiques ont confirmé que ces hommes avaient tous été exposés aux mêmes sources de plomb, bien avant l’expédition. Et qu’ils ont continué d’être exposés, de manière constante en arrivant sur le bateau. Les cheveux de Goodsir en disent même plus. Ce médecin, mort environ un an après les hommes de l’île Beechey, avait une concentration en plomb plus faible à la racine de ses cheveux. Cela signifie que son exposition au plomb a en fait légèrement diminué au cours des dernières semaines de sa vie, ce qui, selon Lori d’Ortenzio et ses collègues, pourrait être un indice sur la façon dont il est mort.
Ainsi, les équipages du HMS Erebus et du HMS Terror ingéraient une quantité stupéfiante de plomb, mais apparemment pas plus que leurs familles au pays. Il est donc très improbable que ce soit l’empoisonnement au plomb qui les ait tués. « Ils étaient aussi affamés, probablement en train de se battre et souffraient d’hypothermie sévère, avancent les chercheurs. Le plomb a peut-être exacerbé le déclin physique des hommes dans les derniers mois de l’expédition, mais à ce moment-là, la fin fatale était inévitable. » La vérité est donc encore à trouver. La légende, elle, reste intacte.
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