Son bracelet connecté aide les femmes victimes de violences
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Son bracelet connecté aide les femmes victimes de violences
Par Arnaud Wajdzik 20.11.2018 ouest france
La Nantaise Diariata N’Diaye, 34 ans, aide les femmes victimes de violences. À travers sa musique, son engagement, mais aussi avec une appli pour smartphone et un bracelet connecté, capables de déclencher une alerte dans un temps très court.
« J’ai trouvé ma route. La musique, c’est ma thérapie. » Elle est née dans un quartier populaire de Saint-Dié-des-Vosges, dans une famille avec treize frères et sœurs. Diariata N’Diaye est tombée, toute petite, dans la musique.
À l’âge de 11 ans, elle devient slameuse. À 15 ans, elle forme un groupe de filles, VersaStyles. Première approche du sexisme : « Je voulais entrer dans le groupe de mon frère mais il m’a dit non. Pas de place pour les filles ! »
Mariage forcé
Victime de violences, dont elle refuse aujourd’hui de parler, elle subit un mariage forcé, à l’âge de 15 ans. « Mes parents m’ont emmenée dans mon pays d’origine, le Sénégal, et je me suis retrouvée invitée… à mon propre mariage ! J’étais assez énervée. Je ne connaissais pas ce gars, mais j’ai fait comme si j’étais d’accord. Il fallait que je rentre au plus vite en France. » Elle n’en veut pas à ses parents. « Ils n’ont fait que reproduire ce qu’ils avaient eux-mêmes vécu… »
De retour en France, Diariata passe un bac littéraire et quitte la maison familiale, à 19 ans. Elle poursuit son chemin, se retrouve à Paris et écrit une chanson, Française d’Afrique, autour du mariage forcé. « Je ne voulais pas stigmatiser cette pratique, mais au contraire, donner la parole à la fille, au père et à la mère. » Elle chante à un colloque et s’aperçoit qu’après, « tout le monde parlait de [ses] textes ».
Diariata N’Diaye, 34 ans, aide les victimes de violences faites aux femmes. (Photo : Jérôme Fouquet/Ouest-France)
Sous le charme, une responsable de l’Observatoire des violences faites aux femmes lui demande d’écrire un spectacle, Mots pour maux, autour de cette thématique. Énorme succès : le spectacle est joué 200 fois et Diariata participe à 160 ateliers. « Ils permettaient à des jeunes filles, à de jeunes garçons, de mettre des mots sur des violences qu’ils ou elles subissaient. »
Quand certaines se confient, la jeune artiste trouve des solutions. Comme cette gamine violée qui devait retourner dans son pays pour épouser son agresseur. Et qui, grâce à Diariata, a pu échapper à son destin…
Une appli pour les victimes
Comment aller plus loin ? Elle quitte Paris pour Nantes. Et décide en 2015, avec son entreprise Résonantes, de créer « App-elles ». Une appli téléchargeable sur le système Androïd. « On dit souvent aux victimes d’appeler la police après une violence, mais cela ne suffit pas à les aider. »
L’appli permet d’alerter rapidement trois contacts en leur envoyant instantanément un message d’alerte, sa position GPS et une photo prise automatiquement par le mobile. Et ce, toutes les 90 secondes jusqu’à l’arrêt manuel du bouton d’alerte. « Ce n’est pas seulement un système d’alerte, l’application met aussi en relation avec des associations d’écoute avec une liste de numéros à appeler », insiste Diariata
(Photo : capture d’écran Facebook / App-Elles)
« Ce n’est pas seulement un système d’alerte, l’appli vous met aussi en relation avec des associations d’écoute avec une liste de numéros à appeler », explique Diariata. (Photo : capture d’écran Facebook / App-Elles)
Avec plus de 5 600 téléchargements et 800 utilisatrices par mois, l’appli connaît un succès grandissant. À tel point que Diariata veut aller plus loin en créant un bracelet connecté, avec position GPS en temps réel. Il est même joli, de toutes les couleurs.
« Il suffit de le tapoter et l’alerte se déclenche. Cela enregistre aussi l’environnement sonore. Le tout est stocké durant sept jours sur un serveur. » Peut-être qu’un jour ces données pourront même servir de preuves à la justice. « Nous travaillons en ce sens auprès de ceux qui légifèrent. »
84 000 viols ou tentatives par an
En moyenne, indique le site du secrétariat d’État pour l’Égalité entre les femmes et les hommes, « le nombre de femmes âgées de 18 à 75 ans qui, au cours d’une année, sont victimes de viols et de tentatives de viol, est estimé à 84 000 ».
Dans 45 % des cas, c’est le conjoint ou l’ex-conjoint qui est l’auteur des faits. Des chiffres effarants qui montrent que ces violences sont exercées au coin de la rue, et trop souvent au sein des foyers. Il faut donc agir au plus près.
L’idée est que les collectivités locales s’approprient cet objet. La Région Pays de la Loire dit « regarder de près » l’opération liée au bracelet. Pour en distribuer dans des lycées ? Qui sait… Elle soutient déjà les activités de Résonantes. La Ville d’Orléans, elle, en a commandé 200. « J’espère que d’autres suivront, mais je ne veux pas me faire de l’argent sur le dos des femmes victimes de violence. Le sujet est grave, il faut respecter cela. »
La slameuse est devenue entrepreneuse. Diariata N’Diaye trace son sillon, continue d’écrire, de chanter, et surtout d’aider celles qu’on n’entend pas. Elle incarne l’idée que la musique adoucit les mœurs et peut faire des miracles. « J’ai toujours perçu l’art comme un moyen permettant de changer le monde… en influençant les personnes. » Une théorie qui pour l’instant lui réussit.
Contact : diata@resonantes.fr. Site web : www.app-elles.fr
Facebook : facebook.com/application.AppElles
La Nantaise Diariata N’Diaye, 34 ans, aide les femmes victimes de violences. À travers sa musique, son engagement, mais aussi avec une appli pour smartphone et un bracelet connecté, capables de déclencher une alerte dans un temps très court.
« J’ai trouvé ma route. La musique, c’est ma thérapie. » Elle est née dans un quartier populaire de Saint-Dié-des-Vosges, dans une famille avec treize frères et sœurs. Diariata N’Diaye est tombée, toute petite, dans la musique.
À l’âge de 11 ans, elle devient slameuse. À 15 ans, elle forme un groupe de filles, VersaStyles. Première approche du sexisme : « Je voulais entrer dans le groupe de mon frère mais il m’a dit non. Pas de place pour les filles ! »
Mariage forcé
Victime de violences, dont elle refuse aujourd’hui de parler, elle subit un mariage forcé, à l’âge de 15 ans. « Mes parents m’ont emmenée dans mon pays d’origine, le Sénégal, et je me suis retrouvée invitée… à mon propre mariage ! J’étais assez énervée. Je ne connaissais pas ce gars, mais j’ai fait comme si j’étais d’accord. Il fallait que je rentre au plus vite en France. » Elle n’en veut pas à ses parents. « Ils n’ont fait que reproduire ce qu’ils avaient eux-mêmes vécu… »
De retour en France, Diariata passe un bac littéraire et quitte la maison familiale, à 19 ans. Elle poursuit son chemin, se retrouve à Paris et écrit une chanson, Française d’Afrique, autour du mariage forcé. « Je ne voulais pas stigmatiser cette pratique, mais au contraire, donner la parole à la fille, au père et à la mère. » Elle chante à un colloque et s’aperçoit qu’après, « tout le monde parlait de [ses] textes ».
Diariata N’Diaye, 34 ans, aide les victimes de violences faites aux femmes. (Photo : Jérôme Fouquet/Ouest-France)
Sous le charme, une responsable de l’Observatoire des violences faites aux femmes lui demande d’écrire un spectacle, Mots pour maux, autour de cette thématique. Énorme succès : le spectacle est joué 200 fois et Diariata participe à 160 ateliers. « Ils permettaient à des jeunes filles, à de jeunes garçons, de mettre des mots sur des violences qu’ils ou elles subissaient. »
Quand certaines se confient, la jeune artiste trouve des solutions. Comme cette gamine violée qui devait retourner dans son pays pour épouser son agresseur. Et qui, grâce à Diariata, a pu échapper à son destin…
Une appli pour les victimes
Comment aller plus loin ? Elle quitte Paris pour Nantes. Et décide en 2015, avec son entreprise Résonantes, de créer « App-elles ». Une appli téléchargeable sur le système Androïd. « On dit souvent aux victimes d’appeler la police après une violence, mais cela ne suffit pas à les aider. »
L’appli permet d’alerter rapidement trois contacts en leur envoyant instantanément un message d’alerte, sa position GPS et une photo prise automatiquement par le mobile. Et ce, toutes les 90 secondes jusqu’à l’arrêt manuel du bouton d’alerte. « Ce n’est pas seulement un système d’alerte, l’application met aussi en relation avec des associations d’écoute avec une liste de numéros à appeler », insiste Diariata
(Photo : capture d’écran Facebook / App-Elles)
« Ce n’est pas seulement un système d’alerte, l’appli vous met aussi en relation avec des associations d’écoute avec une liste de numéros à appeler », explique Diariata. (Photo : capture d’écran Facebook / App-Elles)
Avec plus de 5 600 téléchargements et 800 utilisatrices par mois, l’appli connaît un succès grandissant. À tel point que Diariata veut aller plus loin en créant un bracelet connecté, avec position GPS en temps réel. Il est même joli, de toutes les couleurs.
« Il suffit de le tapoter et l’alerte se déclenche. Cela enregistre aussi l’environnement sonore. Le tout est stocké durant sept jours sur un serveur. » Peut-être qu’un jour ces données pourront même servir de preuves à la justice. « Nous travaillons en ce sens auprès de ceux qui légifèrent. »
84 000 viols ou tentatives par an
En moyenne, indique le site du secrétariat d’État pour l’Égalité entre les femmes et les hommes, « le nombre de femmes âgées de 18 à 75 ans qui, au cours d’une année, sont victimes de viols et de tentatives de viol, est estimé à 84 000 ».
Dans 45 % des cas, c’est le conjoint ou l’ex-conjoint qui est l’auteur des faits. Des chiffres effarants qui montrent que ces violences sont exercées au coin de la rue, et trop souvent au sein des foyers. Il faut donc agir au plus près.
L’idée est que les collectivités locales s’approprient cet objet. La Région Pays de la Loire dit « regarder de près » l’opération liée au bracelet. Pour en distribuer dans des lycées ? Qui sait… Elle soutient déjà les activités de Résonantes. La Ville d’Orléans, elle, en a commandé 200. « J’espère que d’autres suivront, mais je ne veux pas me faire de l’argent sur le dos des femmes victimes de violence. Le sujet est grave, il faut respecter cela. »
La slameuse est devenue entrepreneuse. Diariata N’Diaye trace son sillon, continue d’écrire, de chanter, et surtout d’aider celles qu’on n’entend pas. Elle incarne l’idée que la musique adoucit les mœurs et peut faire des miracles. « J’ai toujours perçu l’art comme un moyen permettant de changer le monde… en influençant les personnes. » Une théorie qui pour l’instant lui réussit.
Contact : diata@resonantes.fr. Site web : www.app-elles.fr
Facebook : facebook.com/application.AppElles
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