Dans les carrières d’Arras, 20 km de tunnels creusés en 14‑18 pour surprendre l’ennemi
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Dans les carrières d’Arras, 20 km de tunnels creusés en 14‑18 pour surprendre l’ennemi
Correspondance, Nicolas MONTARD
Arras n’a pas que de jolies places. La préfecture du Pas-de-Calais possède aussi d’étonnants sous-sols : 20 kilomètres de galeries et tunnels, dans des carrières utilisées pendant la Première Guerre mondiale pour surprendre l’ennemi. Ce sont des sapeurs néo-zélandais, engagés volontaires, qui ont creusé cet immense réseau. On peut aujourd’hui en visiter une partie.
5 h 30, le 9 avril 1917. C’est le printemps, mais il a neigé sur Arras et la ligne de front allemande positionnée à 2 km du beffroi. Alors qu’elles se réveillent à peine, les troupes ennemies sont surprises. Il y a de quoi. Tout autour d’eux, parfois à seulement 20 ou 30 mètres de leurs positions, 24 000 soldats surgissent d’une quinzaine de tunnels creusés sous la terre !
Cette attaque est le fruit d’une opération mûrement préparée. Les forces sous commandement britannique cherchaient un moyen de percer le front. À Arras, ville martyre de la Première Guerre mondiale – la Préfecture du Pas-de-Calais sera détruite à 80 % – elles apprennent l’existence d’anciennes carrières de craie, qui avaient servi à bâtir la cité atrébate au Moyen-Âge.
Elles sont indépendantes l’une de l’autre, donc inexploitables en l’état pour une manœuvre militaire. D’où le plan de les relier entre elles pour former un réseau labyrinthique de 20 kilomètres sous Arras, avec des sorties directement sous le feu des lignes ennemies. Et éviter par la même occasion un bain de sang s’il avait fallu attaquer directement en surface par le no man’s land, comme tant de fois déjà pendant le conflit.
Malgré l’ingéniosité et la réussite du plan, le résultat de la Bataille d’Arras, conçue comme une diversion à l’offensive du Chemin des Dames dans l’Aisne, reste cependant modéré : le front recule de 10 kilomètres seulement.
De l’art de la Première Guerre sur les parois
Ce sont des sapeurs néo-zélandais, engagés volontaires, qui ont notamment été chargés de creuser cet immense réseau. Chercheurs d’or à l’autre bout du monde, ils sont 500 à se relayer en trois équipes, jour et nuit. Les travaux de creusement et de renforcement des galeries durent six mois !
Les sapeurs néo-zélandais ont creusé des tunnels entre les différentes carrières sous Arras, formant ainsi un réseau de 20 kilomètres. (Photo : Nicolas Montard)
Si les tunnels permettent de gagner quelques kilomètres par rapport à la ligne de front, ils ne seront pas décisifs dans le tournant des batailles. (Photo : Nicolas Montard)
Pour passer le temps, certains soldats décident d’immortaliser leur passage. Sur les parois, certains ont dessiné ou sculpté des visages. (Photo : Nicolas Montard)
En mars, tout est prêt. Huit jours avant la bataille, 24 000 combattants descendent donc dans ces carrières pour cantonner en attendant l’attaque. Ils ne sont pas dans de simples cavités. Ici, on a aménagé des dortoirs, des cuisines, des latrines, même un hôpital… Il y a l’électricité et des rails pour acheminer le matériel. Chaque carrière porte le nom d’une ville néo-zélandaise (Wellington, Blenheim, Nelson), tandis que les carrières réaménagées par les Anglais s’appellent Liverpool ou Manchester.
Pour passer le temps, certains soldats décident, à l’instar des sapeurs néo-zélandais quelques semaines plus tôt, d’immortaliser leur passage. Sur les parois, ils dessinent des silhouettes de femmes ou des chats au crayon de papier, sculptent des visages sur les arêtes, etc. On trouve aussi une inscription en tahitien et même des traces canadiennes, comme une feuille d’érable, car les soldats d’Amérique du Nord réinvestiront les carrières un temps en 1918.
Le réalisateur du Seigneur des Anneaux adore !
Un siècle plus tard, quelques-unes de ces traces sont encore visibles. Si les carrières n’ont jamais été complètement oubliées – elles ont notamment servi pour la Seconde Guerre mondiale pour la population civile pendant les bombardements – elles étaient sorties des mémoires.
Redécouverte dans les années 1990, l’une d’entre elles, sous un ancien camping municipal, sera réaménagée. Une idée judicieuse : la carrière Wellington a accueilli l’an dernier 85 000 visiteurs qui ont encore pu, 20 mètres sous terre, avoir un aperçu de la vie des soldats et de l’ampleur de la tâche de ceux qui ont creusé les galeries.
Dans la partie de la carrière Wellington, accessible au public, des projections rappellent l’histoire de la guerre ici. (Photo : Nicolas Montard)
On voit encore quelques indications pour se repérer sous terre. Ici, les latrines. (Photo : Nicolas Montard)
Une bonne moitié de ces visiteurs vient d’ailleurs de l’étranger. Ces Britanniques et Néo-Zélandais marchent ainsi sur les traces demeures ancêtres, confie Pascal Loosfelt, l’un des guides-conférenciers : « Parfois, certains sont très émus et en pleurent, c’est très particulier. On a aussi un visiteur célèbre : Peter Jackson. » Le réalisateur du Seigneur des Anneaux est en effet un fervent ambassadeur de la Carrière Wellington depuis qu’il y a retrouvé la trace d’un grand-oncle. Si Arras est française, ses souterrains resteront à tout jamais un peu néo-zélandais.
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