Na Na Hey Hey Kiss Him Goodbye, le tube planétaire que vous n'auriez jamais dû entendre

Par Philippe MATHÉ

En 1969, trois musiciens américains enregistrent la chanson Na Na Hey Hey Kiss Him Goodbye, destinée à rester cantonnée en face B d’un 45-tours. Ils ne se doutent pas que le titre va devenir numéro 1. Et, surtout, qu’il passera à la postérité, devenant un hymne des événements sportifs et même politiques, notamment aux États-Unis.

Paul Leka, Gary DeCarlo et Dale Frashuer sont bien embêtés. Ces trois musiciens américains, habitués à évoluer dans l’ombre des studios, viennent de finir d’enregistrer Sweet Laura Lee, une ballade dont ils sont plutôt fiers. Mais il faut lui trouver une face B pour la publier en 45 tours.

À l’époque, dans les années 1960, les DJ de radio n’en font parfois qu’à leur tête et préfèrent passer la face B plutôt que la face A s’ils la trouvent plus à leur goût. Pour ne prendre aucun risque, les trois musiciens décident de composer la chanson la plus énervante possible.

Ils fouillent dans leurs fonds de tiroir et en exhument un couplet d’une vieille chanson écrite en 1961 avec leur ancien groupe, The Glenwoods : Kiss Him Goobye, l’histoire d’un gars qui invite une fille à embrasser une dernière fois son petit ami pour le rejoindre, lui.

Il faut lui ajouter un refrain, avec une mélodie bien agaçante, histoire que la chanson soit un vrai repoussoir. En manque d’inspiration, ils ajoutent des na, na et des hey, hey, pour rallonger la sauce. L’affaire est pliée, les chansons envoyées au label.

La pochette de « Na Na Hey Hey Kiss Him Goodbye » par Steam en 1969. Les musiciens sur la pochette ont été recrutés sur casting, aucun ne joue le morceau orignal. (Photo : DR)

Numéro 1 à la place des Beatles

Pliée ? Pas vraiment : le label adore la face B et décide de la sortir… en face A. Les programmateurs de radio accrochent. Sweet Laura Lee part aux oubliettes, elle n’apparaîtra même pas sur le 45 tours. Il n’y en a plus que pour Na Na Hey Hey… qu’il faut promouvoir.

Mais ses auteurs n’assument pas et créent le nom de Steam pour se cacher. Les musiciens qui apparaissent sur la pochette du 45 tours sont recrutés pour interpréter le morceau lors des émissions télés ou clips de promotion, souvent en play-back.

Cela n’empêche pas le titre de grimper numéro 1 dans le Billboard Hot 100, en décembre 1969, détrônant, excusez du peu, Come Together des Beatles (avec Something en face B). Il y restera deux semaines.

Cette histoire de groupe fantoche plaît moyennement aux auteurs de la chanson, Gary DeCarlo en tête qui doit, sur l’insistance de son label, cacher que c’est lui qui chante sur le disque. Mais bon, la messe est dite, la chanson a eu son petit succès. Bientôt, plus personne n’en entendra parler.

Elle devient une chanson de stade

Encore raté. La vie de Na Na Hey Hey Kiss Him Goodbye ne fait que commencer. « J’ai entendu parler du phénomène en lisant un article dans le New Yorker, raconte le journaliste Bertrand Dicale, spécialiste des musiques populaires. Il racontait l’histoire d’un organiste de patinoire de hockey à New York qui avait joué au moins 22 000 fois Na Na Hey Hey. En écoutant la chanson, je me suis dit : « Ah mais oui, c’est ça ! » »

Réaction classique quand le refrain retentit. Mais oui, c’est donc ça, cet air qui colle aux oreilles et que l’on reconnaît sans vraiment le connaître. Na Na Hey Hey devient une chanson de stade, une chanson de supporteurs. Dans le hockey, donc, « où elle est jouée à chaque fois qu’un joueur est exclu, et cela peut arriver une dizaine de fois dans un match », note Bertrand Dicale.

Dans le basket aussi : une équipe de basket du Minnesota l’utilise rapidement comme un hymne pour se motiver avant qu’elle gagne le reste des équipes de NBA.

Du base-ball à la politique

Mais surtout dans le base-ball. L’organiste des Chicago White Sox, Nancy Faust, interprète pour la première fois Na Na Hey Hey en 1977. Elle ne connaît d’ailleurs pas vraiment le titre de la chanson (elle pense qu’elle s’intitule Sha Na Na, Goodbye) mais le refrain court et accrocheur lui convient parfaitement pour rythmer les matchs.

Elle devient la bande-son des matchs des Sox, rendant le public hystérique à chaque interprétation. D’autres clubs de base-ball viendront s’en inspirer.

« C’est une chanson triomphante, remarque Bertrand Dicale. Il y a un côté gna gna, bien fait pour toi. Elle est l’expression sardonique de la supériorité sur l’adversaire dans le sport. »

Dans le sport mais aussi… en politique. Elle a ainsi été entonnée lors des investitures de présidents américains, notamment pour saluer le départ de George W. Bush et Barack Obama.

L’air a même été repris par des élus démocrates pour narguer des républicains en 2017 : une manière de leur dire qu’ils pouvaient dire adieu à leur poste après un vote à la chambre des représentants sur l’abrogation de l’Obamacare. On pourrait la traduire par un sarcastique : na na, hé hé, salut les losers…

Vendue à 6,5 millions d’exemplaires

Si elle fait partie de l’imaginaire collectif aux États-Unis, elle s’est aussi exportée dans les stades en Europe, principalement dans les années 1980. Peut-être grâce à la reprise signée par Bananarama, groupe anglais new wave, en 1983. Avec toujours un côté sportif (les trois musiciennes font de la boxe dans le clip), la chanson monte à la cinquième place des hit-parades en Angleterre

Des reprises de Na Na Hey Hey, il y en a eu à la pelle, dès les années 1970 avec Diana Ross et The Supremes, en version a cappella par The Belmonts jusqu’à plus récemment, ambiance discothèque ou fin de banquet, avec Crazy Frog et Hermes House Band, les spécialistes des reprises d’hymnes de stade.

Au final, Na Na Hey Hey Kiss Him Goodbye se sera vendu à plus de 6,5 millions d’exemplaires. Et elle aura permis à ses auteurs, Paul Leka, mort en 2011, Gary DeCarlo, décédé en 2017, et Dale Frashuer, de passer à la postérité, en plus de confortables royalties. Pas si mal pour une mélodie énervante et un peu bâclée.

https://youtu.be/jsaTElBljOE

Paroles
Na na na na, na na na na, hey hey, goodbye
He'll never love you, the way that I love you
'Cause if he did, no no, he wouldn't make you cry
He might be thrillin' baby but a-my love
(My love, my love)
So dog-gone willin', so kiss him
(I wanna see you kiss him, wanna see you kiss him)
Go on and kiss him goodbye, now
Na na na na, hey hey, goodbye
Na na na na, na na na na, hey hey, goodbye
Listen to me now
He's never near you to comfort and cheer you
When all those sad tears are fallin' baby from your eyes
He might be thrillin' baby but a-my love
(My love, my love)
So dog-gone willin', so kiss him
(I wanna see you kiss him, I wanna see you kiss him)
Go on and kiss him goodbye, na na na na, na na na
Na na na na, hey hey, goodbye
Hey hey, goodbye
Na na na na, na na na na, hey hey, goodbye
Na na na na, na na na na, hey hey, goodbye
Na na na na, na na na na, hey hey, goodbye
Hey hey, goodbye
Na na na na, na na na na, hey hey, goodbye
Na na na na, na na na na, hey hey, goodbye
Na na na na, na na na na, hey hey, goodbye
Hey hey, goodbye
Na na na na, na na na na, hey hey, goodbye
Na na na na, na na na na, hey hey, goodbye
Na na na na, na na na na, hey hey, goodbye
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Source : LyricFind
Paroliers : Dale Frashuer / Gary De Carlo / Paul Leka
Paroles de Na Na Hey Hey Kiss Him Goodbye Universal Music Publishing Group, Warner Chappell Music Inc

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