Peut-on délibérément détruire un site historique, véritable charnier où ont péri plus de 30 000 prisonniers entre 1940 et 1945 ?
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Peut-on délibérément détruire un site historique, véritable charnier où ont péri plus de 30 000 prisonniers entre 1940 et 1945 ?
C'est en tout cas ce qui semble se produire au camp du Ban Saint-Jean, en Moselle, près de la commune de Denting... pour la construction d'un parc éolien. Mais passons d'abord en revue son histoire tourmenté.
Faisant partie de la ligne Maginot, le camp du Ban Saint-Jean est construit au début des années 1930 dans le secteur fortifié de Boulay. C'est un casernement de sureté, il héberge les troupes du 146e Régiment d'Infanterie de Forteresse, et permet, comme tous les camps de ce type, de rapidement garnir les ouvrages de la ligne Maginot environnants en cas de crise.
En 1938, le programme de "La rose à la ligne Maginot" est lancé pour fleurir ces camps qui étaient souvent neufs, mais austères. Le camp du Ban Saint-Jean est fleuri avec 3500 plants de rose et obtient même le label de "cité-jardin".
Après la Bataille de France, le camp sert de lieu de détention pour les soldats français jusqu'à fin 1941. On notera au passage que l'ancien président François Mitterrand y fut prisonnier, et parviendra à s'échapper et à rejoindre la zone libre.
Mais son utilisation pendant le reste de la guerre va changer à tout jamais sa face. Après l'invasion de l'URSS, les allemands font des milliers de prisonniers sans savoir qu'en faire.
En tant que "peuple slave", les ukrainiens, tout comme les russes, les biolérusses, etc... sont, pour la propagande nazie, des "sous-hommes" voués à disparaître. Mais face aux besoins de main d'œuvre croissant, ils seront envoyés à l'Ouest, en France, en Moselle, pour du travail forcé notamment dans les mines de fer et de charbon.
Plus de 300 000 prisonniers soviétiques transitent par le camp du Ban Saint-Jean, devenu le "Stalag XII F", arrivés par wagons à bestiaux, avant d'être dispatchés dans des Kommandos (annexe de camp de concentration) ou à des travaux agricoles locaux. De 1941 à 1945, on estime qu'entre 20 et 30 000 prisonniers soviétiques ont péris et furent enterrés dans un charnier.
Après-guerre, le site est utilisé par l'armée française jusque dans les années 1980. Parallèlement, les ukrainiens obtiennent les autorisations nécessaires à la création d'un cimetière, et organisent de nombreuses commémorations.
Dans les années 1980, l'URSS, se sentant lésée par ces commémorations qui sont seulement faite en l'honneur d'une seule nation, fait pression pour que le site ferme. Les corps seront exhumés et transférés dans une nécropole soviétique commune à Noyers Saint-Martin (Oise). On en compte alors 2879, mais tous ne furent pas exhumés. Entre 3000 et 5000 par exemple reposent toujours dans un autre cimetière situé à quelques kilomètres, tandis que tout le site ne fut pas fouillé. En 1993, l'armée détruit les toitures des maisons du camp pour en récupérer les tuiles, et le camp sera alors définitivement abandonné.
En 2000, un projet de construction d'un centre d'incinération des boues usées dans le camp fait grand bruit, et la mobilisation de nombreuses personnes et d'élus parviendra à mettre un terme au projet.
Il faut attendre 2004 pour qu'une association soit crée (L'AFU) pour la réhabilitation du charnier du Ban Saint-Jean. Un nouveau monument sera crée et une stèle inaugurée en 2012, complétée par un chemin accessible avec des explications en 2014.
En 2015, le site est cédé à la commune de Denting qui projette depuis d'en faire un parc éolien.
🪓 En 2020, le projet s'accélère, et le site est presque entièrement déboisé. Il semble qu'il ne reste que peu de temps avant la démolition des bâtiments, même si le projet des éoliennes est loin d'être accepté....
Seule une mobilisation des esprits, qu'elle soit physique ou virtuelle, peut peut-être réussir à faire pencher la balance en faveur de l'histoire ?
Faire relayer ce sujet sur les réseaux sociaux en fait partie, à vous de jouer
Le site des Carnets de Moselle-Est, qui a réalisé de superbes photos : https://www.les-carnets-de-moselle.com/.../une-nouvelle...
Plus d'infos sur le projet éolien : https://ban-saint-jean.projet-eolien.com/
Le site de l'association ukrainienne : http://www.ban-saint-jean.fr/
Faisant partie de la ligne Maginot, le camp du Ban Saint-Jean est construit au début des années 1930 dans le secteur fortifié de Boulay. C'est un casernement de sureté, il héberge les troupes du 146e Régiment d'Infanterie de Forteresse, et permet, comme tous les camps de ce type, de rapidement garnir les ouvrages de la ligne Maginot environnants en cas de crise.
En 1938, le programme de "La rose à la ligne Maginot" est lancé pour fleurir ces camps qui étaient souvent neufs, mais austères. Le camp du Ban Saint-Jean est fleuri avec 3500 plants de rose et obtient même le label de "cité-jardin".
Après la Bataille de France, le camp sert de lieu de détention pour les soldats français jusqu'à fin 1941. On notera au passage que l'ancien président François Mitterrand y fut prisonnier, et parviendra à s'échapper et à rejoindre la zone libre.
Mais son utilisation pendant le reste de la guerre va changer à tout jamais sa face. Après l'invasion de l'URSS, les allemands font des milliers de prisonniers sans savoir qu'en faire.
En tant que "peuple slave", les ukrainiens, tout comme les russes, les biolérusses, etc... sont, pour la propagande nazie, des "sous-hommes" voués à disparaître. Mais face aux besoins de main d'œuvre croissant, ils seront envoyés à l'Ouest, en France, en Moselle, pour du travail forcé notamment dans les mines de fer et de charbon.
Plus de 300 000 prisonniers soviétiques transitent par le camp du Ban Saint-Jean, devenu le "Stalag XII F", arrivés par wagons à bestiaux, avant d'être dispatchés dans des Kommandos (annexe de camp de concentration) ou à des travaux agricoles locaux. De 1941 à 1945, on estime qu'entre 20 et 30 000 prisonniers soviétiques ont péris et furent enterrés dans un charnier.
Après-guerre, le site est utilisé par l'armée française jusque dans les années 1980. Parallèlement, les ukrainiens obtiennent les autorisations nécessaires à la création d'un cimetière, et organisent de nombreuses commémorations.
Dans les années 1980, l'URSS, se sentant lésée par ces commémorations qui sont seulement faite en l'honneur d'une seule nation, fait pression pour que le site ferme. Les corps seront exhumés et transférés dans une nécropole soviétique commune à Noyers Saint-Martin (Oise). On en compte alors 2879, mais tous ne furent pas exhumés. Entre 3000 et 5000 par exemple reposent toujours dans un autre cimetière situé à quelques kilomètres, tandis que tout le site ne fut pas fouillé. En 1993, l'armée détruit les toitures des maisons du camp pour en récupérer les tuiles, et le camp sera alors définitivement abandonné.
En 2000, un projet de construction d'un centre d'incinération des boues usées dans le camp fait grand bruit, et la mobilisation de nombreuses personnes et d'élus parviendra à mettre un terme au projet.
Il faut attendre 2004 pour qu'une association soit crée (L'AFU) pour la réhabilitation du charnier du Ban Saint-Jean. Un nouveau monument sera crée et une stèle inaugurée en 2012, complétée par un chemin accessible avec des explications en 2014.
En 2015, le site est cédé à la commune de Denting qui projette depuis d'en faire un parc éolien.
🪓 En 2020, le projet s'accélère, et le site est presque entièrement déboisé. Il semble qu'il ne reste que peu de temps avant la démolition des bâtiments, même si le projet des éoliennes est loin d'être accepté....
Seule une mobilisation des esprits, qu'elle soit physique ou virtuelle, peut peut-être réussir à faire pencher la balance en faveur de l'histoire ?
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Le site des Carnets de Moselle-Est, qui a réalisé de superbes photos : https://www.les-carnets-de-moselle.com/.../une-nouvelle...
Plus d'infos sur le projet éolien : https://ban-saint-jean.projet-eolien.com/
Le site de l'association ukrainienne : http://www.ban-saint-jean.fr/
Re: Peut-on délibérément détruire un site historique, véritable charnier où ont péri plus de 30 000 prisonniers entre 1940 et 1945 ?
Les pavillons du Ban Saint-Jean refont surface après le défrichage.... Les bâtiments risquent-ils d'être démolis pour la construction d'un parc éolien sur ce haut-lieu de mémoire ?
En novembre 1945, les français invitent une commission soviétique examiner le charnier du Ban Saint-Jean récemment découvert. Entre 20 000 et 30 000 victimes sont comptabilisées.
L'odeur était telle qu'une solution a du rapidement être trouvée pour recouvrir tout le site.
Livre "Le Camp du Ban Saint-Jean" de Gabriel Becker.
Le camp du Ban Saint-Jean devient le Stalag XII F sous l'occupation, servant de camp par lequel transitèrent d'abord des milliers de prisonniers français, puis à partir de 1941 , 300 000 prisonniers soviétiques dont entre 20 et 30 000 périrent sur place.
http://www.ban-saint-jean.fr/
Les pavillons pour les officiers du camp du Ban Saint-Jean, dans les années 1930.
Wikimaginot, archives
Autre vue des ruines restantes du camp du Ban Saint-Jean, qui possède un si lourd passé...
https://www.facebook.com/historateurs/photos/pcb.726362991423525/726305998095891
https://www.facebook.com/historateurs/photos/pcb.726362991423525/727032881356536
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