De Brest à Narvik : La victoire franco-britannique oubliée de 1940 !

Il y a 80 ans jour pour jour, les troupes alliées débarquaient dans le Nord de la Norvège, près de Narvik. C'est la première opération de débarquement de la Seconde Guerre Mondiale. Mais voyons d'abord le contexte !

Début 1940, la guerre est d'ores et déjà débutée et alors que l'on parle de drôle de guerre en France, la situation en Scandinavie est tout à fait différente. En effet, la guerre d'Hiver confrontant la Finlande et l'Union Soviétique (suite à un désaccord stratégique concernant la région de la Carélie) bat son plein. Les franco-britanniques envisagent déjà l'envoi d'un corps expéditionnaire pour porter secours aux Finlandais, mais aussi dans un but purement stratégique : mettre la main sur le minerai de fer suédois qui représente... 50% des importations en fer allemandes, soit une ressource plus qu'essentielle pour l'effort de guerre ennemi. Ainsi, le CEFS ( Corps expéditionnaire français en Scandinavie ) est crée en février 1940 et est regroupé dans l'Ain : les Français interviendront en Scandinavie.

Mais alors que la Finlande signe la paix avec les soviétiques en mars, retardant l'intervention, l'Allemagne envahit le Danemark puis attaque la Norvège au matin du 9 avril pour sécuriser les lignes de ravitaillement en fer suédoises : c'est l'opération Weserübung. Le 12, les troupes françaises prennent le départ à Brest en Bretagne et plus de 16 000 hommes auxquels il faut ajouter les effectifs de marins vont aller combattre l'Allemagne d'Hitler sur le sol de la Norvège.

Les troupes terrestres françaises se composent de :

- la 1re DLCh (Division légère de chasseurs), crée le 15 avril 1940 et commandée par le général Béthouard. Cette division se compose elle-même de la 5e et de la 27e demi-brigade de chasseurs alpins (engagées respectivement à Namsos du 19 avril au 3 mai et à Narvik du 27 avril au 3 juin), mais aussi de troupes d'artillerie coloniale, d'une compagnie de chars, d'une compagnie anti-char, d'unités de ravitaillements et anti-aériennes.
- La 13e DBMLE (demi-brigade de marche de la légion étrangère)
- Une brigade autonome de chasseurs polonais (BACP)

La totalité du CEFS, soit environ 16 000 hommes, est placé sous le commandement du général Audet. Il faut rajouter à cela les forces navales, terrestres et aériennes britanniques , qui assurent le haut-commandement de l'intervention alliée, et bien entendu les forces norvégiennes sur place.

Le 16 avril 1940, alors que la seule action débutée est d'origine navale ou aérienne, Paul Reynaud, président du Conseil, s'exclame au Sénat "La route du fer suédois est coupée !". Elle le sera. Mais pas encore...

La campagne alliée commence dans le centre de la Norvège. Ici, ce sont surtout les britanniques qui sont à l'oeuvre. Ils débarquent le 17 avril à Namsos, puis le 18 avril à Åndalsnes. L'objectif est de faire une manœuvre en tenaille, les forces alliées de Namsos et d'Åndalsnes se rejoignant à Trondheim pour supporter les forces norvégiennes et empêcher l'occupation totale du pays.

Du côté français, le premier convoi débarque dans le port de Namsos dès le 19 avril, complètement vide de ses habitants. Mais dès le lendemain, l'aviation allemande, informée de la présence alliée bombarde sans relâche la ville et fait subir de sérieuses pertes matérielles au CEFS. La ville est pratiquement rasée. De plus les renforts ne peuvent être débarqués du fait de la menace de l'aviation allemande et du mauvais temps.
Du côté d'Åndalsnes, la situation n'est guère plus glorieuse, les britanniques sont mis en échec en de nombreux points par les allemands.
Le 27 avril, le commandement allié décide d'abandonner les opérations en Norvège centrale et de concentrer tous les efforts plus au Nord, dans la région de Narvik. Les forces alliées sont évacuées jusqu'au 3 mai, détruisant une importante quantité de matériel sur place.

: La Campagne en Norvège Centrale se solde donc par un échec pour les alliés et particulièrement pour les britanniques, qui ont été mis en déroute à plusieurs endroits. Cela entraînera un débat houleux à la Chambre des Communes, et conduira à la démission du premier ministre Neville Chamberlain, puis son remplacement par Winston Churchill.

À Narvik, port stratégique dans le Nord de la Norvège, les allemands sont présents dès le premier jour de l'invasion, tandis que les britanniques leur donneront peu de répit et attaqueront avec une flotte de plus de 10 destroyers le lendemain, 10 avril. Et alors que le 27 avril, les alliés commencent un débarquement terrestre, celui ci se complique de part la présence des troupes allemandes et il devient évident que la prise de la ville ne sera fera pas immédiatement. Il est donc choisi de débarquer sur la ville de Bjervik plutôt que de continuer les opérations de débarquement à Narvik, Bjervik étant proche de l'objectif initial, où débarqueront notamment des chasseurs alpins français de la 5ème demi brigade et des chars Hotchkiss H39 de la 342ème CACC. Les britanniques laissent l'honneur au général Bethouard d'ordonner l'ouverture du feu de la Royal Navy sur les positions allemandes . La ville sera prise le 13 mai, jour même du débarquement, au même moment où la France subissait de plein fouet l'offensive allemande en métropole.

Maintenant les objectifs secondaires sécurisés depuis le débarquement à Bjervik, il devient crucial de s'emparer de Narvik au plus vite afin de pouvoir stopper le ravitaillement allemand. Tandis que les chars de Guderian percent à Sedan le même jour, la situation devient réellement préoccupante en métropole, et l'évacuation de toutes les troupes alliées en Norvège est annoncée et fixée à début juin. Malgré tout, le général Bethouard décide de lancer l'assaut le 28 mai, pour donner le change, et masquer les préparatifs de repli.

Légionnaires et Norvégiens débarquent sur la plage d'Orneset, tandis qu'au sud, des troupes polonaises, faisant partie du corps expéditionnaire français avancent vers la ville. Cramponnés à un plateau qui domine la ville de Narvik, les Allemands ripostent, soutenus par le feu aérien. Mais malgré les bombardements, les forces alliées se regroupent, occupent les crêtes et forcent l'ennemi à reculer. Français et Norvégiens entrent victorieux dans Narvik, (les français laissant d'ailleurs l'honneur aux forces norvégiennes d'entrer en premier dans la ville). C'est la victoire : les Allemands sont peu à peu repoussés vers la frontière suédoise les jours suivants.

Mais la situation en France étant devenue catastrophique avec le corps expéditionnaire anglais notamment encerclé à Dunkerque, l'évacuation est ordonnée. La ville de Narvik est reprise par les allemands dix jours plus tard sans tirer un seul coup de feu, le 9 juin, tandis que les troupes alliés avaient complètement évacué la ville depuis la veille, le 8 juin, en ayant pris soin de détruire toutes les installations industrielles et portuaires. Le port de Narvik ne put être utilisée par les allemands pendant près de 6 mois.

Ainsi, Narvik sera la première réelle victoire alliée face aux allemands en 1939-1940. Une victoire de très courte durée du fait de la débâcle de la campagne de France mais pas inutile puisque l'immobilisation d'une partie de la Kriegsmarine et certaines pertes imposées aux allemands contribueront à avantager les britanniques sur les mers et dans les airs pour la future bataille d'Angleterre.

Au total, environ 350 alpins, légionnaires, soldats polonais, artilleurs, sapeurs et marin du CEFS sont perdus dans cette expédition.

Si vous avez tout lu jusqu'au bout, dites-le nous dans les commentaires ! :)

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Sources :

http://archives.ecpad.fr/wp-content/uploads/2010/06/norvege.pdf?fbclid=IwAR0PVpUDcmj67ye9omyoQb3TaycHQZyT7SBV2_b5Fvfk9S9RLJoE5hMPrcE
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https://www.secondeguerre.net/articles/evenements/ou/40/ev_narvik.html?fbclid=IwAR1FFK2-H4NyHSRyUbTtwE1RHmwoepy4iYeR4-aqU7DBVtFzq3QmZ_9-Jp0

http://www.memoire-des-alpins.com/historique-des-troupes-alpines/1939-1940-2/expedition-de-norvege/historique/?fbclid=IwAR3ksfxLdNk3shcTuxJQzFLQQl9SBctyrWJnnafxU_-uYmQ0qMQt6cN46Wg

- Collection "Mémoire et citoyenneté", campagne de Norvège, du ministère de la défense.

http://archives.ecpad.fr/narvik-premiere-operation-de-debarquement/?fbclid=IwAR3zIMfMZaabnMX22qao1x-iYBSoNifYmSmme9ABS9CXQ7yHNZQZIIRi-f4
Avril 1940. Vue de Namsos (Norvège) avec un soldat français au premier plan (ECPAD)

LES PHOTOS suivantes : https://www.facebook.com/historateurs/photos/pcb.607214286671730/608499546543204/?type=3&theater

Fin avril 1940, bombardement de Bjerkvik par la Royal Navy et la marine française. (http://www.memoire-des-alpins.com/)

Chasseurs alpins sur le HMS York au retour de Namsos (Mai 1940) (http://www.memoire-des-alpins.com/)

Soldats britanniques autour du Hotchkiss H39 40 686 de la 342e CCAC, Steinsland, 1er juin 1940. (Wikipédia)
Chasseurs alpins du 6e BCA en Norvège (http://www.memoire-des-alpins.com/)

Carte des opérations durant la Campagne de Norvège, du 9 avril au 10 juin 1940.
23 avril 1940. Embarquement de légionnaires de la 13e DBMLE à bord du paquebot « Général Metzinger » dans le port de Brest. (ECPAD)


25 - 27 avril 1940. Le général Audet, à la tête du CEFS (Corps Expéditionnaire Français en Scandinavie) et le général Béthouart, commandant la 1re Division légère de chasseurs à Namsos.

Avril 1940. Chasseurs alpins transbordés sur un chalutier armé à Scapa Flow (Ecosse) à destination de la Norvège. (ECPAD)


Avril 1940. Un marin français dans les ruines du port de Namsos (Norvège). (ECPAD)

Vue de Narvik (Norvège) en mai 1940.
(ECPAD)

Avril 1940. Deux soldats britanniques quittent Namsos alors que le port vient de subir un bombardement allemand. (ECPAD)

Mai 1940. Bombardement naval des positions allemandes de Bjervik par la Royal Navy et la Marine française avant le débarquement d’éléments du CEFS. (ECPAD)

Avril 1940. Des marins français subissent une attaque aérienne allemande dans un bois dans le secteur de Namsos (Norvège). (ECPAD)

10 Avril 1940. À Bergen, le croiseur léger "Königsberg" est coulé par une attaque de la Royal Air Force. (ECPAD)

Avril 1940. Chasseurs alpins franchissant la voie ferrée qui sert au transport du minerai de fer suédois (Norvège). (ECPAD)
Avril 1940. Avion de la Fleet Air Arm britannique posé dans le fjord de Trondheim (Norvège). (ECPAD)
Avril 1940. Officier allemand de la Kriegsmarine fait prisonnier, gardé par un légionnaire dans le secteur de Namsos. (ECPAD)

Commémoration du 79ème anniversaire de la bataille de Narvik, le 28 mai 2019, dans le carré français du cimetière de Narvik, où se trouvent les tombes des soldats Français, morts au combat. Après un discours émouvant en présence de marins de l’Aquitaine, de vétérans et de représentants militaires Norvégiens, Monsieur l’Ambassadeur de France et le Capitaine de Vaisseau Jean-Marc Bordier, commandant de la frégate, ont déposé une gerbe de fleurs et une couronne au pied du monument du carré.

https://no.ambafrance.org/Commemoration-du-79eme-anniversaire-de-la-bataille-de-Narvik