« J’ai fraudé Pôle emploi et je me suis fait prendre »
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« J’ai fraudé Pôle emploi et je me suis fait prendre »
le 8 juillet 2015 16H44 | par Nathalie Samson
Fin 2013, suite à une rupture conventionnelle, Charlotte s’inscrit à Pôle emploi. Alors qu’elle percevait un salaire de 2400 euros lors de son dernier poste de journaliste, l’allocation chômage qu’elle touche est de 1800 euros. Insuffisant pour « couvrir [son] rythme de vie ». Après « trois mois de glandouille », elle reprend une « petite activité » début 2014 pour retrouver son précédent salaire, mais ne déclare rien à Pôle emploi. Charlotte songe à se reconvertir et entame un bilan de compétences pour dessiner un nouveau projet. Le temps passe.
Mais il y a quelques mois… « Pôle emploi m’est tombé dessus en me disant que je devais une grosse somme d’argent », raconte-t-elle avec émotion. Un « simple courrier » l’avise d’une « somme due pour trop perçu » et « [l]’invite à payer [sa] dette ». « C’était dit assez gentiment, détaille la jeune femme. Mais je me suis pris une grosse claque ! J’ai fraudé et je me suis fait prendre : je n’ai pas eu de chance. »
Le montant demandé équivaut à l’année de petits boulots effectués, soit un peu plus de 4000 euros. Paniquée, elle les appelle aussitôt, car aucune date limite pour le remboursement n’est précisée. « Ils ne m’ont rien dit de particulier, simplement qu’ils reprendraient contact avec moi. »
« Je m’attendais à me faire taper dessus »
Deux jours plus tard, elle est convoquée par mail par le responsable de « l’agence qui s’occupe des trop perçus ». Son interlocuteur reprend tout son dossier depuis 2013. « Je m’attendais à me faire taper dessus mais il a été charmant… Enfin, il m’a quand même dit que mon dossier était une catastrophe. J’avais accumulé beaucoup de CDD avant ma période de chômage: je faisais parfois trois jobs à temps partiels en même temps. Il n’y comprenait rien… Je n’ai pas joué la maline. Je lui ai dit : « J’ai triché, mais j’avais besoin de cet argent… J’ai perdu, mais j’ai besoin que vous m’aidiez.’’ »
La pression monte. Ses droits sont suspendus et le conseiller évoque une radiation. Il lui demande de fournir rapidement tous les documents pour attester qu’elle était bien en fin de contrat et vérifier les sommes perçues. Un mois et demi plus tard, la situation semble s’éclaircir. Charlotte a réuni toutes les pièces demandées et son interlocuteur « a réussi à faire diminuer [sa] dette de plus de 1000 euros. Il a été super ! J’étais ravie. »
« Si vous n’avez pas de preuves, débrouillez-vous ! »
Patatras ! Alors qu’elle pensait l’affaire close, un autre service la contacte. Elle en informe l’agent avec qui elle a traité jusqu’ici mais ce dernier lui dit ne pouvoir rien faire ; son dossier lui a été retiré. Une deuxième lettre du service des fraudes arrive dans la foulée, plus menaçante encore. « Il me disait que si je ne payais pas, je serais assignée en justice. » Seulement voilà. Ce courrier ne tient pas compte de la “ristourne” obtenue à laquelle Charlotte n’entend pas renoncer. Elle appelle donc le cabinet d’huissier pour leur expliquer qu’elle est prête à payer « mais pas cette somme-là ». « La personne a été odieuse, s’insurge Charlotte. Elle m’a demandé si j’avais une confirmation de ce que j’avançais. Comme je n’ai qu’un appel téléphonique, elle m’a répondu : si vous n’avez pas de preuve, c’est non. Débrouillez-vous !»
Sur le banc des accusés
Depuis, Charlotte a obtenu une attestation de Pôle emploi sur la baisse du montant à rembourser. Et la situation semble être rentrée dans l’ordre. « Quand je consulte mon compte personnel pour voir où j’en suis, l’inscription ‘’droits suspendus’’ a disparu. Je fais à nouveau ma déclaration, je continue donc à être inscrite au chômage… »
Désormais, elle aimerait échelonner sa dette de 3000 euros envers l’opérateur public. Las. Malgré trois courriers à l’huissier, rien n’y fait. « Je n’ai plus de nouvelles, soupire-t-elle. Ca va car je n’ai pas de peine à écrire, je sais me défendre mais quand même… »
Lorsqu’elle se remémore cette mésaventure, l’angoisse refait vite surface. « Je ne pensais pas que psychologiquement, ce serait aussi difficile à vivre. C’est très violent. Les termes fraudes, mises en demeure… sont difficiles à entendre. Pour le moral, c’est dur. » Depuis, Charlotte a tout de même repris du poil de la bête… « On se sent sur le banc des accusés alors que ce n’est pas de la vraie fraude à mon sens. Ca reste 4000 euros sur un an! Je ne recommencerai pas mais il y a des fois où l’on fait ce que l’on peut. Je vais payer ma dette. Je suis quand même de bonne foi. »
http://blogs.lexpress.fr/courbe-du-chomage/2015/07/08/jai-fraude-pole-emploi-et-je-me-suis-fait-prendre/?utm_campaign=Echobox&utm_medium=Social&utm_source=Facebook#xtor=CS3-5075
Fin 2013, suite à une rupture conventionnelle, Charlotte s’inscrit à Pôle emploi. Alors qu’elle percevait un salaire de 2400 euros lors de son dernier poste de journaliste, l’allocation chômage qu’elle touche est de 1800 euros. Insuffisant pour « couvrir [son] rythme de vie ». Après « trois mois de glandouille », elle reprend une « petite activité » début 2014 pour retrouver son précédent salaire, mais ne déclare rien à Pôle emploi. Charlotte songe à se reconvertir et entame un bilan de compétences pour dessiner un nouveau projet. Le temps passe.
Mais il y a quelques mois… « Pôle emploi m’est tombé dessus en me disant que je devais une grosse somme d’argent », raconte-t-elle avec émotion. Un « simple courrier » l’avise d’une « somme due pour trop perçu » et « [l]’invite à payer [sa] dette ». « C’était dit assez gentiment, détaille la jeune femme. Mais je me suis pris une grosse claque ! J’ai fraudé et je me suis fait prendre : je n’ai pas eu de chance. »
Le montant demandé équivaut à l’année de petits boulots effectués, soit un peu plus de 4000 euros. Paniquée, elle les appelle aussitôt, car aucune date limite pour le remboursement n’est précisée. « Ils ne m’ont rien dit de particulier, simplement qu’ils reprendraient contact avec moi. »
« Je m’attendais à me faire taper dessus »
Deux jours plus tard, elle est convoquée par mail par le responsable de « l’agence qui s’occupe des trop perçus ». Son interlocuteur reprend tout son dossier depuis 2013. « Je m’attendais à me faire taper dessus mais il a été charmant… Enfin, il m’a quand même dit que mon dossier était une catastrophe. J’avais accumulé beaucoup de CDD avant ma période de chômage: je faisais parfois trois jobs à temps partiels en même temps. Il n’y comprenait rien… Je n’ai pas joué la maline. Je lui ai dit : « J’ai triché, mais j’avais besoin de cet argent… J’ai perdu, mais j’ai besoin que vous m’aidiez.’’ »
La pression monte. Ses droits sont suspendus et le conseiller évoque une radiation. Il lui demande de fournir rapidement tous les documents pour attester qu’elle était bien en fin de contrat et vérifier les sommes perçues. Un mois et demi plus tard, la situation semble s’éclaircir. Charlotte a réuni toutes les pièces demandées et son interlocuteur « a réussi à faire diminuer [sa] dette de plus de 1000 euros. Il a été super ! J’étais ravie. »
« Si vous n’avez pas de preuves, débrouillez-vous ! »
Patatras ! Alors qu’elle pensait l’affaire close, un autre service la contacte. Elle en informe l’agent avec qui elle a traité jusqu’ici mais ce dernier lui dit ne pouvoir rien faire ; son dossier lui a été retiré. Une deuxième lettre du service des fraudes arrive dans la foulée, plus menaçante encore. « Il me disait que si je ne payais pas, je serais assignée en justice. » Seulement voilà. Ce courrier ne tient pas compte de la “ristourne” obtenue à laquelle Charlotte n’entend pas renoncer. Elle appelle donc le cabinet d’huissier pour leur expliquer qu’elle est prête à payer « mais pas cette somme-là ». « La personne a été odieuse, s’insurge Charlotte. Elle m’a demandé si j’avais une confirmation de ce que j’avançais. Comme je n’ai qu’un appel téléphonique, elle m’a répondu : si vous n’avez pas de preuve, c’est non. Débrouillez-vous !»
Sur le banc des accusés
Depuis, Charlotte a obtenu une attestation de Pôle emploi sur la baisse du montant à rembourser. Et la situation semble être rentrée dans l’ordre. « Quand je consulte mon compte personnel pour voir où j’en suis, l’inscription ‘’droits suspendus’’ a disparu. Je fais à nouveau ma déclaration, je continue donc à être inscrite au chômage… »
Désormais, elle aimerait échelonner sa dette de 3000 euros envers l’opérateur public. Las. Malgré trois courriers à l’huissier, rien n’y fait. « Je n’ai plus de nouvelles, soupire-t-elle. Ca va car je n’ai pas de peine à écrire, je sais me défendre mais quand même… »
Lorsqu’elle se remémore cette mésaventure, l’angoisse refait vite surface. « Je ne pensais pas que psychologiquement, ce serait aussi difficile à vivre. C’est très violent. Les termes fraudes, mises en demeure… sont difficiles à entendre. Pour le moral, c’est dur. » Depuis, Charlotte a tout de même repris du poil de la bête… « On se sent sur le banc des accusés alors que ce n’est pas de la vraie fraude à mon sens. Ca reste 4000 euros sur un an! Je ne recommencerai pas mais il y a des fois où l’on fait ce que l’on peut. Je vais payer ma dette. Je suis quand même de bonne foi. »
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