"Fidelité Bretonne" par le Dr. Vourc'h
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"Fidelité Bretonne" par le Dr. Vourc'h
24 Mai 2011 , Rédigé par francaislibres.over-blog.com Publié dans #La France Libre
Paru dans SAO BREIZ - Evit ar vro Gallek- la revue des Bretons des Forces Françaises Libres
"POTIUS mori quam fœdari ". Plutôt la mort que la honte ! Telle est la devise de « Sao Breiz ».
Elle n'a pas été inventée par les Bretons rassemblés dans les Forces Françaises Libres d'Angleterre. Ils savaient qu'elle existe depuis bien des centenaires gravée dans leurs monuments, leurs églises, leurs vieux collèges.
L'histoire raconte que Marie Stuart, Reine d'Ecosse, débarquant à Roscoff, tomba à l'eau ; môles et passerelles ne présentaient sans doute pas les facilités ni la sécurité que l'on trouve aux débarcadères modernes ; la jeune et jolie Reine, très émue par la petite catastrophe, perdit la tête : « On me trahit ! » criait-elle. Un chevalier breton de sa suite la réprimanda avec hauteur : « Sachez, ô Reine, qu'oncques Breton ne trahit. »
Nous pourrions emprunter à l'Histoire bien des traits analogues.
Durant la Guerre de Cent ans la France connut un péril aussi grave que de nos jours. Les chevaliers du Combat des Trente étaient tous Bretons. C'est la Bretagne qui fournit au roi Charles V son grand, son vaillant et toujours fidèle Connétable, Duguesclin. Quelle était la compagne fidèle de Jeanne d'Arc, l'amie qui ne la quittait pas ? La petite histoire nous apprend que c'était une Bretonne, Périnaïc.
Entre cette Guerre de Cent Ans et les années que nous vivons bien des similitudes onfété relevées. Alors comme de nos jours c'est le Peuple qui vit clair et les notables qui trahirent. Les notables c'étaient les Bourgeois de Paris, c'étaient les Bourguignons. Le parti bourguignon acceptait la victoire de l'envahisseur ; tout comme les Vichystes il acceptait le collaborer avec le vainqueur. Le Parti des Armagnacs au contraire figurait les Résistants actuels. Et parmi eux l'un des plus marquants était un Breton, Tanneguy du Châtel. Les ruines de son château de Trémazan se voient encore près de Port-sall sur la côte du Léon. Tanneguy du Châtel un jour se décida à tuer le Duc de Bourgogne, le chef des collaborateurs. Cela se passa à Montereau. Or, coïncidence étrange, ce Tanneguy du Châtel avait pour compagnon un « sire de Gaule ». Il est sans doute curieux et flatteur pour le général de Gaulle de se trouver à plus de 500 ans d'intervalle du même et bon côté de la barricade que son ancêtre. Qu'il nous soit permis à nous Bretons du XXe siècle de mettre à l'actif de notre gloire notre option non moins éclatante que celle du seigneur Breton de Trémazan, Tanneguy du Châtel.
Je dis que l'option de la Bretagne fut éclatante.
En effet quelle Province, quelle région de France marqua si vigoureusement sa révolte spontanée contre l'Armistice, contre la honte de Vichy, contre Pétain serrant la main d'Hitler et souhaitant la victoire de l'Allemagne ?
Certes les Bretons ne réclament pas le monopole, l'exclusivité du dévouement à la Patrie. Chacun de nous a rencontré dans l'ancienne zone occupée des Français d'autres provinces qui les égalaient individuellement dans le sacrifice total, celui de leur vie, de leur fortune, de leurs enfants. Nous savons qu'il existe dans les Forces Françaises Libres des soldats venus de tous les coins de France, dont l'idéal était d'une'intensité égale.
Mais il est un fait connu de tous et dont il faut que compte soit tenu : dès l'origine nulle Province de France n'égala la Bretagne dans sa volonté de résistance au mal, c'est-à-dire au Boche et à ses partisans de Vichy.
Dès juin 40 et dans les mois qui suivirent l'exode des jeunes Bretons fut tel, ils furent si nombreux au ralliement, accourant de toutes les parties de l'Empire, que les troupes françaises de Lybie, celles de Bir-Hakeim, celles du Tchad étaient composées de plus de 50 % de Bretons. Ces jours derniers encore, en fin 1943, un caporal de la 2e Division, qui n'est pas Breton, me révélait que l'effectif de sa compagnie comportait 80 % de Bretons.
Comment expliquer cette prépondérance, cet afflux disproportionné dans les Forces Françaises Libres ?
On pourrait invoquer des raisons géographiques. Elles ne valent pas. Il n'est pas plus facile de s'échapper des côtes bretonnes que des autres côtes françaises.
L'explication est autre. Il faut la chercher dans la psychologie bretonne. La vieille terre, celtique nourrit un peuple qui est demeuré jeune. L'un des traits constitutifs de la jeunesse, c'est la générosité. Le Breton est généreux. Plutôt la mort que la honte ! dit la devise de notre association ; juste l'inverse de la position prise par Vichy.
Le Breton est fidèle. Il a voulu rester fidèle à l'honneur de la France. La Bretagne spontanément s'est écartée de celui qui trahissait cet honneur. Lors du procès de Bazaine, lorsque cet autre Maréchal de France tentait d'expliquer sa conduite, le Duc d'Aumale lui fit observer : « Mais, monsieur, vous avez oublié qu'il y avait la France ! » Les Bretons n'ont pas commis cet oubli. Par instinct ils renièrent le Maréchal Pétain. Les Bretons de Bretagne et de France n'ont pas trahi. Dès le premier jour ils ont suivi le sillage de l'honneur sur leurs barques fragiles pour répondre à l'appel de ralliement qui leur venait de Londres.
Un exemple concret de la Fidélité Bretonne !
Il s'est révélé à la journée historique du 8 novembre 1942, lors du putsch d'Alger. Un récit vient de nous parvenir qui a la prétention d'être un documentaire de valeur ; nous savons que sa lecture a suscité une grande surprise, beaucoup de sourires à Alger. La critique de ce document ne nous intéresse guère ; d'autres que moi s'en chargeront, je pense. Les Bretons sont répartis un peu partout dans le monde ; il eût été surprenant qu'on ne les trouvât pas à Alger dans cette nuit historique. Or, tenez-vous bien ! dans ce document, qui comporte une centaine de pages des « Cahiers Français », je note cette seule et bien brève mention : « Radio-Alger, Tilly et ses Bretons ». — C'est tout !
D'autre part il m'est advenu récemment, tout à fait par hasard, de me trouver mêlé à une conversation, où l'un des acteurs de cette journée du 8 novembre énonça ce propos : « Le Groupe des Bretons comprenait 50 membres ; au lieu de 50 on n'en trouva à l'heure de l'action qu'une douzaine ; tous les autres avaient flanché. »
II y a là un point d'histoire qu'il faut rétablir. Pour cela' je me suis dirigé vers la source. J'ai vu Tilly, l'un des nôtres. Il commandait le groupe des cinquante chargé d'occuper le Gouvernement Général et le Poste de Radio-Alger. Il m'a déclaré que sur les 50 hommes prévus 15 seulement restèrent. Parmi ces 15 il y avait 13 Bretons, un Parisien et un Algérien. Tilly tient les noms à la disposition de qui voudra. Je lui ai posé la question suivante :
--Parmi les 35 qui firent défaut, qui eurent peur, combien y avait-il de
Bretons ?
--AUCUN.
Est-il besoin de rappeler la fidélité, la générosité de la Bretagne envers la Mère-Patrie durant la guerre de 1914-18 ?
Un regard comparatif entre les Monuments aux Morts de nos villages et ceux des villages d'identique densité des autres provinces françaises est assez éloquent. Je vois encore la surprise de maints touristes devant les listes impressionnantes gravées sur la pierre de ces monuments dans nos petites bourgades bretonnes.
D'ailleurs le total est assez connu pour n'être pas réédité ici.
La Bretagne fut comme toujours généreuse envers la Patrie. La preuve par le feu de nos chansons de la Table Ronde. La preuve par le sang.
Etre fidèle ne veut pas dire être dupe.
La réciprocité existe-t-elle ? La patrie française a-t-elle toujours été aussi généreuse envers la Bretagne ? La réponse négative est le principal argument des autonomistes, que les Bretons de la Résistance demeurés sur le sol de la Petite Patrie honnissent plus que le Boche, dont ils ont réduit l'action à néant.
Nous Bretons de la France Combattante, dont le loyalisme peut se mesurer avec les prétentions de quiconque, nous avons le droit et le devoir de dire : une faute grave vient d'être commise ; aux responsables de la réparer. Il n'est pas en effet acceptable que dans la première assemblée qui vient d'être constituée et qui prétend figurer la Résistance française, il ne se rencontre pas un seul Breton. C'est là une faute contre la Bretagne, contre la France.
Sur le plan du salut l'Evangile accorde aux ouvriers de la onzième heure la même considération qu'aux ouvriers de la première ; c'est là affaire à Dieu. Sur le plan de la Patrie il ne convient pas de renier ces ouvriers de fa première heure, lesquels au demeurant sont aussi les ouvriers de la onzième.
Bretons de la France Combattante, je vous adjure de demeurer fidèles à l'idéal qui vous animait en juin 40 lorsque vous optâtes pour la voie de l'honneur, de rester fidèles à la pureté de la Patrie.
Au cours des fouilles de l'antique Temple d'Epidaure un archéologue découvrit naguère une stèle sur laquelle on avait gravé l'inscription suivante :
« II faut être pur pour entrer dans le Temple parfumé « Etre pur c'est avoir des pensées pieuses et justes. »
Au moment où l'on voit déjà s'entr'ouvrir les portes du Temple de la Patrie une telle sentence m'apparaît parfaitement adéquate. Il faut être pur pour entrer dans le Temple Parfumé de « Notre-Dame la France ».
Etre pur c'est avoir des pensées pieuses. C'est-à-dire du respect pour la Patrie, comme on respecte une mère, une épouse chère. C'est avoir à cœur de demeurer fidèle à son passé de gloire, de générosité, d'honneur. D'instinct vous vous êtes écarté de ceux qui souhaitaient la victoire de l'Allemagne, de ceux qui ont collaboré à cette victoire, parce qu'ils ont manqué au devoir de piété envers la Patrie.
Etre pur c'est avoir des pensées justes. Ce n'était pas une pensée juste envers la France que d'accepter de la voir survivre esclave du Teuton. Soldats Bretons qui affluâtes en juin 40, qui avez constitué le gros des F.F.L., vous avez vu clair : vous avez estimé qu'une telle pensée est contraire à l'honneur et aux intérêts de la France.
A cette idée juste vous avez apporté le témoignage de votre sang.
Le dernier péché que Dieu pardonne est le Péché contre l'Esprit. Il est des gens qui ont péché contre l'Esprit de la Patrie .: vous ne leur pardonnerez pas.
Il faut être pur pour entrer dans le Temple Parfumé.
Le Sanctuaire de la France, qui a vu l'holocauste de tant des nôtres, devra être purifié de la souillure, par le sang. Par le sang du Boche d'abord auquel on imposera la loi implacable qu'il appliqua à nos héros de la Résistance ; il devra aussi être purifié par le sang des indignes qui ont terni notre honneur de Français.
Après cette lamentable éclipse de la gloire essentielle de notre Grande Patrie, il appartiendra aux hommes dont le cœur demeura ferme et pur de s'employer généreusement à la reconstruction du Temple de la Patrie.
A ce labeur, Bretons de la-France Combattante, demeurez fidèles. Soyez les bons ouvriers du redressement français.
Un Breton, Albert Samain, dans une poésie qu'il intitule « L'Idéal », a brossé un tableau de la multitude qui se met en route pour l'atteindre. Il montre les velleïtaires qui( au premier effort, s'arrêtent, d'autres qui se. détournent du chemin trop escarpé pour se reposer dans les vallons ombragés et plantureux, nombreux ceux qui trébuchent dans les ornières, qui se souillent dans la boue ; rares sont les persévérants. Dans la course vers l'Idéal actuel qu'est le Salut de la Patrie, nous Bretons de la France Combattante ne nous laissons pas dévoyer par la fatigue, par l'appât des auges pleines. Soyons les plus purs, les plus courageux, les plus tenaces, toujours fidèles à notre devise : Sao Breiz evit bro Gallek !
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Paru dans SAO BREIZ - Evit ar vro Gallek- la revue des Bretons des Forces Françaises Libres
"POTIUS mori quam fœdari ". Plutôt la mort que la honte ! Telle est la devise de « Sao Breiz ».
Elle n'a pas été inventée par les Bretons rassemblés dans les Forces Françaises Libres d'Angleterre. Ils savaient qu'elle existe depuis bien des centenaires gravée dans leurs monuments, leurs églises, leurs vieux collèges.
L'histoire raconte que Marie Stuart, Reine d'Ecosse, débarquant à Roscoff, tomba à l'eau ; môles et passerelles ne présentaient sans doute pas les facilités ni la sécurité que l'on trouve aux débarcadères modernes ; la jeune et jolie Reine, très émue par la petite catastrophe, perdit la tête : « On me trahit ! » criait-elle. Un chevalier breton de sa suite la réprimanda avec hauteur : « Sachez, ô Reine, qu'oncques Breton ne trahit. »
Nous pourrions emprunter à l'Histoire bien des traits analogues.
Durant la Guerre de Cent ans la France connut un péril aussi grave que de nos jours. Les chevaliers du Combat des Trente étaient tous Bretons. C'est la Bretagne qui fournit au roi Charles V son grand, son vaillant et toujours fidèle Connétable, Duguesclin. Quelle était la compagne fidèle de Jeanne d'Arc, l'amie qui ne la quittait pas ? La petite histoire nous apprend que c'était une Bretonne, Périnaïc.
Entre cette Guerre de Cent Ans et les années que nous vivons bien des similitudes onfété relevées. Alors comme de nos jours c'est le Peuple qui vit clair et les notables qui trahirent. Les notables c'étaient les Bourgeois de Paris, c'étaient les Bourguignons. Le parti bourguignon acceptait la victoire de l'envahisseur ; tout comme les Vichystes il acceptait le collaborer avec le vainqueur. Le Parti des Armagnacs au contraire figurait les Résistants actuels. Et parmi eux l'un des plus marquants était un Breton, Tanneguy du Châtel. Les ruines de son château de Trémazan se voient encore près de Port-sall sur la côte du Léon. Tanneguy du Châtel un jour se décida à tuer le Duc de Bourgogne, le chef des collaborateurs. Cela se passa à Montereau. Or, coïncidence étrange, ce Tanneguy du Châtel avait pour compagnon un « sire de Gaule ». Il est sans doute curieux et flatteur pour le général de Gaulle de se trouver à plus de 500 ans d'intervalle du même et bon côté de la barricade que son ancêtre. Qu'il nous soit permis à nous Bretons du XXe siècle de mettre à l'actif de notre gloire notre option non moins éclatante que celle du seigneur Breton de Trémazan, Tanneguy du Châtel.
Je dis que l'option de la Bretagne fut éclatante.
En effet quelle Province, quelle région de France marqua si vigoureusement sa révolte spontanée contre l'Armistice, contre la honte de Vichy, contre Pétain serrant la main d'Hitler et souhaitant la victoire de l'Allemagne ?
Certes les Bretons ne réclament pas le monopole, l'exclusivité du dévouement à la Patrie. Chacun de nous a rencontré dans l'ancienne zone occupée des Français d'autres provinces qui les égalaient individuellement dans le sacrifice total, celui de leur vie, de leur fortune, de leurs enfants. Nous savons qu'il existe dans les Forces Françaises Libres des soldats venus de tous les coins de France, dont l'idéal était d'une'intensité égale.
Mais il est un fait connu de tous et dont il faut que compte soit tenu : dès l'origine nulle Province de France n'égala la Bretagne dans sa volonté de résistance au mal, c'est-à-dire au Boche et à ses partisans de Vichy.
Dès juin 40 et dans les mois qui suivirent l'exode des jeunes Bretons fut tel, ils furent si nombreux au ralliement, accourant de toutes les parties de l'Empire, que les troupes françaises de Lybie, celles de Bir-Hakeim, celles du Tchad étaient composées de plus de 50 % de Bretons. Ces jours derniers encore, en fin 1943, un caporal de la 2e Division, qui n'est pas Breton, me révélait que l'effectif de sa compagnie comportait 80 % de Bretons.
Comment expliquer cette prépondérance, cet afflux disproportionné dans les Forces Françaises Libres ?
On pourrait invoquer des raisons géographiques. Elles ne valent pas. Il n'est pas plus facile de s'échapper des côtes bretonnes que des autres côtes françaises.
L'explication est autre. Il faut la chercher dans la psychologie bretonne. La vieille terre, celtique nourrit un peuple qui est demeuré jeune. L'un des traits constitutifs de la jeunesse, c'est la générosité. Le Breton est généreux. Plutôt la mort que la honte ! dit la devise de notre association ; juste l'inverse de la position prise par Vichy.
Le Breton est fidèle. Il a voulu rester fidèle à l'honneur de la France. La Bretagne spontanément s'est écartée de celui qui trahissait cet honneur. Lors du procès de Bazaine, lorsque cet autre Maréchal de France tentait d'expliquer sa conduite, le Duc d'Aumale lui fit observer : « Mais, monsieur, vous avez oublié qu'il y avait la France ! » Les Bretons n'ont pas commis cet oubli. Par instinct ils renièrent le Maréchal Pétain. Les Bretons de Bretagne et de France n'ont pas trahi. Dès le premier jour ils ont suivi le sillage de l'honneur sur leurs barques fragiles pour répondre à l'appel de ralliement qui leur venait de Londres.
Un exemple concret de la Fidélité Bretonne !
Il s'est révélé à la journée historique du 8 novembre 1942, lors du putsch d'Alger. Un récit vient de nous parvenir qui a la prétention d'être un documentaire de valeur ; nous savons que sa lecture a suscité une grande surprise, beaucoup de sourires à Alger. La critique de ce document ne nous intéresse guère ; d'autres que moi s'en chargeront, je pense. Les Bretons sont répartis un peu partout dans le monde ; il eût été surprenant qu'on ne les trouvât pas à Alger dans cette nuit historique. Or, tenez-vous bien ! dans ce document, qui comporte une centaine de pages des « Cahiers Français », je note cette seule et bien brève mention : « Radio-Alger, Tilly et ses Bretons ». — C'est tout !
D'autre part il m'est advenu récemment, tout à fait par hasard, de me trouver mêlé à une conversation, où l'un des acteurs de cette journée du 8 novembre énonça ce propos : « Le Groupe des Bretons comprenait 50 membres ; au lieu de 50 on n'en trouva à l'heure de l'action qu'une douzaine ; tous les autres avaient flanché. »
II y a là un point d'histoire qu'il faut rétablir. Pour cela' je me suis dirigé vers la source. J'ai vu Tilly, l'un des nôtres. Il commandait le groupe des cinquante chargé d'occuper le Gouvernement Général et le Poste de Radio-Alger. Il m'a déclaré que sur les 50 hommes prévus 15 seulement restèrent. Parmi ces 15 il y avait 13 Bretons, un Parisien et un Algérien. Tilly tient les noms à la disposition de qui voudra. Je lui ai posé la question suivante :
--Parmi les 35 qui firent défaut, qui eurent peur, combien y avait-il de
Bretons ?
--AUCUN.
Est-il besoin de rappeler la fidélité, la générosité de la Bretagne envers la Mère-Patrie durant la guerre de 1914-18 ?
Un regard comparatif entre les Monuments aux Morts de nos villages et ceux des villages d'identique densité des autres provinces françaises est assez éloquent. Je vois encore la surprise de maints touristes devant les listes impressionnantes gravées sur la pierre de ces monuments dans nos petites bourgades bretonnes.
D'ailleurs le total est assez connu pour n'être pas réédité ici.
La Bretagne fut comme toujours généreuse envers la Patrie. La preuve par le feu de nos chansons de la Table Ronde. La preuve par le sang.
Etre fidèle ne veut pas dire être dupe.
La réciprocité existe-t-elle ? La patrie française a-t-elle toujours été aussi généreuse envers la Bretagne ? La réponse négative est le principal argument des autonomistes, que les Bretons de la Résistance demeurés sur le sol de la Petite Patrie honnissent plus que le Boche, dont ils ont réduit l'action à néant.
Nous Bretons de la France Combattante, dont le loyalisme peut se mesurer avec les prétentions de quiconque, nous avons le droit et le devoir de dire : une faute grave vient d'être commise ; aux responsables de la réparer. Il n'est pas en effet acceptable que dans la première assemblée qui vient d'être constituée et qui prétend figurer la Résistance française, il ne se rencontre pas un seul Breton. C'est là une faute contre la Bretagne, contre la France.
Sur le plan du salut l'Evangile accorde aux ouvriers de la onzième heure la même considération qu'aux ouvriers de la première ; c'est là affaire à Dieu. Sur le plan de la Patrie il ne convient pas de renier ces ouvriers de fa première heure, lesquels au demeurant sont aussi les ouvriers de la onzième.
Bretons de la France Combattante, je vous adjure de demeurer fidèles à l'idéal qui vous animait en juin 40 lorsque vous optâtes pour la voie de l'honneur, de rester fidèles à la pureté de la Patrie.
Au cours des fouilles de l'antique Temple d'Epidaure un archéologue découvrit naguère une stèle sur laquelle on avait gravé l'inscription suivante :
« II faut être pur pour entrer dans le Temple parfumé « Etre pur c'est avoir des pensées pieuses et justes. »
Au moment où l'on voit déjà s'entr'ouvrir les portes du Temple de la Patrie une telle sentence m'apparaît parfaitement adéquate. Il faut être pur pour entrer dans le Temple Parfumé de « Notre-Dame la France ».
Etre pur c'est avoir des pensées pieuses. C'est-à-dire du respect pour la Patrie, comme on respecte une mère, une épouse chère. C'est avoir à cœur de demeurer fidèle à son passé de gloire, de générosité, d'honneur. D'instinct vous vous êtes écarté de ceux qui souhaitaient la victoire de l'Allemagne, de ceux qui ont collaboré à cette victoire, parce qu'ils ont manqué au devoir de piété envers la Patrie.
Etre pur c'est avoir des pensées justes. Ce n'était pas une pensée juste envers la France que d'accepter de la voir survivre esclave du Teuton. Soldats Bretons qui affluâtes en juin 40, qui avez constitué le gros des F.F.L., vous avez vu clair : vous avez estimé qu'une telle pensée est contraire à l'honneur et aux intérêts de la France.
A cette idée juste vous avez apporté le témoignage de votre sang.
Le dernier péché que Dieu pardonne est le Péché contre l'Esprit. Il est des gens qui ont péché contre l'Esprit de la Patrie .: vous ne leur pardonnerez pas.
Il faut être pur pour entrer dans le Temple Parfumé.
Le Sanctuaire de la France, qui a vu l'holocauste de tant des nôtres, devra être purifié de la souillure, par le sang. Par le sang du Boche d'abord auquel on imposera la loi implacable qu'il appliqua à nos héros de la Résistance ; il devra aussi être purifié par le sang des indignes qui ont terni notre honneur de Français.
Après cette lamentable éclipse de la gloire essentielle de notre Grande Patrie, il appartiendra aux hommes dont le cœur demeura ferme et pur de s'employer généreusement à la reconstruction du Temple de la Patrie.
A ce labeur, Bretons de la-France Combattante, demeurez fidèles. Soyez les bons ouvriers du redressement français.
Un Breton, Albert Samain, dans une poésie qu'il intitule « L'Idéal », a brossé un tableau de la multitude qui se met en route pour l'atteindre. Il montre les velleïtaires qui( au premier effort, s'arrêtent, d'autres qui se. détournent du chemin trop escarpé pour se reposer dans les vallons ombragés et plantureux, nombreux ceux qui trébuchent dans les ornières, qui se souillent dans la boue ; rares sont les persévérants. Dans la course vers l'Idéal actuel qu'est le Salut de la Patrie, nous Bretons de la France Combattante ne nous laissons pas dévoyer par la fatigue, par l'appât des auges pleines. Soyons les plus purs, les plus courageux, les plus tenaces, toujours fidèles à notre devise : Sao Breiz evit bro Gallek !
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Récit de M. Attieh Nseir, ancien cavalier des escadrons Tcherkesses
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