Un cheval breton champion du monde 2015
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Un cheval breton champion du monde 2015
18/12/2015
Plusieurs chevaux de l’élevage de Coat Frity à Plourivo (22) ont déjà intégré l’équipe de France et gagné des titres. Depuis fin octobre, Poly, un cheval né et élevé sur l’exploitation, est champion du monde d’endurance. Cette victoire a propulsé l’élevage sur le devant de la scène mondiale.
« Notre premier métier est bien de cultiver et produire des tomates. Il y a quelques années encore le cheval était juste une passion exercée en loisirs », racontent Jean-Pierre et Annie Le Hégarat, de Plourivo (22). Ils pratiquaient alors la randonnée à cheval avec des amis. C’est d’ailleurs l’un d’eux, qui un jour, propose à Jean-Pierre de faire une course d’endurance équestre. « J’ai trouvé cela génial et j’ai voulu acquérir un cheval pour faire de la compétition. » Le couple était loin d’imaginer que quelques années plus tard un cheval né sur leur élevage allait terminer champion du monde d’endurance.
Jean-pierre et Annie Le Hégarat avec kalouga de kergoet, la mère de poly et son poulain foly de coat frity.
Une passion pour la course et l’élevage
« J’ai tout d’abord acheté un cheval de 4 ans de race AQPS (autre que pur-sang). Il avait été dressé pour la course de vitesse avec obstacles, ce qui est très loin de l’endurance. Je me suis fait un peu peur au début car ce cheval avait toujours besoin d’être devant. Mais, au final, il m’a beaucoup appris », déclare Jean-Pierre Le Hégarat. Il faut rappeler qu’il n’a jamais fait d’école d’équitation, c’est un autodidacte dans le milieu de la compétition équestre. « J’ai été jusqu’au National avec ce cheval, sur des courses de 120 km de distance. » Parallèlement à la compétition, Jean-Pierre et Annie Le Hégarat se lancent dans l’élevage de chevaux d’endurance en achetant 2 poulinières. « À l’époque, on voulait développer un petit élevage dans le but de vendre quelques poulains et d’en garder afin de poursuivre la compétition. » En 1999, naît Lubiana de Coat Frity, le premier produit de l’élevage. Pour un coup, d’essai, c’est un coup de maître puisque le cheval gravit les échelons petit à petit pour finir en équipe de France. « Nous avons choisi une bonne génétique et nos poulains nous paraissaient bien développés. Mais à l’époque, c’était juste un ressenti, on apprenait le métier et on se passionnait de plus en plus. »
Les règles de l’endurance
L’endurance est une course de fond pratiquée à cheval et en pleine nature. Le but est de parcourir une longue distance : de 20 km à 160 km en une journée, ou 2 × 100 km sur deux jours. Cette course chronométrée doit être réalisée le plus rapidement possible tout en conservant une monture en parfait état de santé. Des contrôles vétérinaires obligatoires sont effectués de façon régulière tout au long du parcours. Ils garantissent la bonne santé du cheval car, en cas de doute (épuisement, boiterie, déshydratation…), celui-ci est disqualifié. Tout au long de l’épreuve, l’effort de l’animal doit donc être maîtrisé. Le dicton : « Qui veut aller loin ménage sa monture », prend alors tout son sens.
Des chevaux loin des standards de l’endurance
Lubiana, est un Demi-sang arabe (DSA). « C’est un cheval avec un grand gabarit qui n’est pas dans les standards des autres chevaux d’endurance », indique Annie Le Hégarat. C’est un animal avec un gros mental, un caractère fonceur, dur au mal et très compétiteur. « Avec lui, il ne faut pas brûler les étapes, c’est là qu’est le gros travail de l’éleveur, il faut tout faire pour que l’animal ait confiance. » Lubiana a fait ses premières courses en 2004. « Les personnes du milieu ne le prédestinaient pas pour Florac, une course mythique en Lozère, réputée pour sa difficulté.
Poly de Coat Frity au Chili avec son cavalier et son entraineur lors de la remise du prix de Champion du monde
Du coup, on s’est lancé le défi de la faire après plusieurs victoires qui nous avaient donné confiance en notre cheval », se rappelle Jean-Pierre. En 2009, ils participent à la course de Florac avec l’objectif de finir et se classent finalement 3e. L’année suivante, Lubiana termine 2e et en 2011, il décroche sa sélection en équipe de France pour le championnat d’Europe. Cette équipe de 5 chevaux remporte le championnat d’Europe. « Peu de temps après, Lubiana est devenu une référence pour beaucoup de monde. »
Un climat propice à l’élevage
Le climat breton est propice à l’élevage de très bons chevaux d’endurance. « Il ne fait ni trop chaud, ni trop froid. Les chevaux sont toujours actifs et ont de l’herbe toute l’année. Grâce à cette herbe les poulinières sont en bon état et ont beaucoup de lait à la naissance des poulains, ce qui donne des animaux en forme », explique Jean-Pierre Le Hégarat. Leurs bâtiments de l’élevage sont orientés comme il faut pour une bonne aération, une bonne luminosité. Tout est fait pour le confort des animaux. « C’est un métier de passion et de patience, la génétique est importante mais ne fait pas tout. C’est le savoir-faire de l’éleveur qui permet de révéler et d’exploiter le potentiel d’un cheval. »
Une performance énorme aux mondiaux
Dernièrement, c’est Poly de Coat Frity, un hongre issu de l’élevage de Jean-Pierre et Annie, qui a fait parler de lui. Après plusieurs victoires en compétition nationale, début mai 2015, il participe à l’épreuve de Rambouillet, fait sensation, gagne cette course et se qualifie pour le championnat d’Europe. « Nous avons ensuite été très sollicités, avec plusieurs propositions d’achat pour notre cheval. Après réflexion, nous avons accepté de le vendre à un propriétaire du Bahreïn, un petit pays insulaire d’Arabie. Nous sommes des éleveurs avant tout et la vente de nos produits fait partie du métier. Nous avons toujours peur que nos animaux partent dans de mauvaises mains, car il y a beaucoup d’affectif », confie l’éleveur. Il rappelle que leur but est d’amener leurs chevaux à haut niveau pour bien lancer leur carrière et ainsi évaluer le potentiel de leur élevage. C’est ce qui s’est passé le 23 octobre.
Quelques semaines après avoir vendu leur cheval, il gagne le championnat du monde au Chili. « Poly gagne avec 26 minutes d’avance sur le second. C’est une performance énorme, il réalise une moyenne de 22,4 km/h quand le 2e est à 20,7 km/h. En plus de remporter la médaille d’or individuelle et par équipe, le lendemain il remporte le prix de la meilleure condition. Une victoire comme celle-là propulse notre élevage sur le devant de la scène mondiale. » Les éleveurs sont très bien conseillés. Ils expliquent avoir beaucoup progressé sur l’élevage au contact de Jean-Pierre Allégret, organisateur de courses et connaissant parfaitement le monde de l’endurance. « Nous devons aussi beaucoup à notre entraîneur et cavalier Julien Goachet, de Hanvec (29), qui est exigeant, rigoureux, calme, animalier et très bien conseillé par sa femme Marie, vétérinaire. » Nicolas Goualan
http://www.paysan-breton.fr/
Plusieurs chevaux de l’élevage de Coat Frity à Plourivo (22) ont déjà intégré l’équipe de France et gagné des titres. Depuis fin octobre, Poly, un cheval né et élevé sur l’exploitation, est champion du monde d’endurance. Cette victoire a propulsé l’élevage sur le devant de la scène mondiale.
« Notre premier métier est bien de cultiver et produire des tomates. Il y a quelques années encore le cheval était juste une passion exercée en loisirs », racontent Jean-Pierre et Annie Le Hégarat, de Plourivo (22). Ils pratiquaient alors la randonnée à cheval avec des amis. C’est d’ailleurs l’un d’eux, qui un jour, propose à Jean-Pierre de faire une course d’endurance équestre. « J’ai trouvé cela génial et j’ai voulu acquérir un cheval pour faire de la compétition. » Le couple était loin d’imaginer que quelques années plus tard un cheval né sur leur élevage allait terminer champion du monde d’endurance.
Jean-pierre et Annie Le Hégarat avec kalouga de kergoet, la mère de poly et son poulain foly de coat frity.
Une passion pour la course et l’élevage
« J’ai tout d’abord acheté un cheval de 4 ans de race AQPS (autre que pur-sang). Il avait été dressé pour la course de vitesse avec obstacles, ce qui est très loin de l’endurance. Je me suis fait un peu peur au début car ce cheval avait toujours besoin d’être devant. Mais, au final, il m’a beaucoup appris », déclare Jean-Pierre Le Hégarat. Il faut rappeler qu’il n’a jamais fait d’école d’équitation, c’est un autodidacte dans le milieu de la compétition équestre. « J’ai été jusqu’au National avec ce cheval, sur des courses de 120 km de distance. » Parallèlement à la compétition, Jean-Pierre et Annie Le Hégarat se lancent dans l’élevage de chevaux d’endurance en achetant 2 poulinières. « À l’époque, on voulait développer un petit élevage dans le but de vendre quelques poulains et d’en garder afin de poursuivre la compétition. » En 1999, naît Lubiana de Coat Frity, le premier produit de l’élevage. Pour un coup, d’essai, c’est un coup de maître puisque le cheval gravit les échelons petit à petit pour finir en équipe de France. « Nous avons choisi une bonne génétique et nos poulains nous paraissaient bien développés. Mais à l’époque, c’était juste un ressenti, on apprenait le métier et on se passionnait de plus en plus. »
Les règles de l’endurance
L’endurance est une course de fond pratiquée à cheval et en pleine nature. Le but est de parcourir une longue distance : de 20 km à 160 km en une journée, ou 2 × 100 km sur deux jours. Cette course chronométrée doit être réalisée le plus rapidement possible tout en conservant une monture en parfait état de santé. Des contrôles vétérinaires obligatoires sont effectués de façon régulière tout au long du parcours. Ils garantissent la bonne santé du cheval car, en cas de doute (épuisement, boiterie, déshydratation…), celui-ci est disqualifié. Tout au long de l’épreuve, l’effort de l’animal doit donc être maîtrisé. Le dicton : « Qui veut aller loin ménage sa monture », prend alors tout son sens.
Des chevaux loin des standards de l’endurance
Lubiana, est un Demi-sang arabe (DSA). « C’est un cheval avec un grand gabarit qui n’est pas dans les standards des autres chevaux d’endurance », indique Annie Le Hégarat. C’est un animal avec un gros mental, un caractère fonceur, dur au mal et très compétiteur. « Avec lui, il ne faut pas brûler les étapes, c’est là qu’est le gros travail de l’éleveur, il faut tout faire pour que l’animal ait confiance. » Lubiana a fait ses premières courses en 2004. « Les personnes du milieu ne le prédestinaient pas pour Florac, une course mythique en Lozère, réputée pour sa difficulté.
Poly de Coat Frity au Chili avec son cavalier et son entraineur lors de la remise du prix de Champion du monde
Du coup, on s’est lancé le défi de la faire après plusieurs victoires qui nous avaient donné confiance en notre cheval », se rappelle Jean-Pierre. En 2009, ils participent à la course de Florac avec l’objectif de finir et se classent finalement 3e. L’année suivante, Lubiana termine 2e et en 2011, il décroche sa sélection en équipe de France pour le championnat d’Europe. Cette équipe de 5 chevaux remporte le championnat d’Europe. « Peu de temps après, Lubiana est devenu une référence pour beaucoup de monde. »
Un climat propice à l’élevage
Le climat breton est propice à l’élevage de très bons chevaux d’endurance. « Il ne fait ni trop chaud, ni trop froid. Les chevaux sont toujours actifs et ont de l’herbe toute l’année. Grâce à cette herbe les poulinières sont en bon état et ont beaucoup de lait à la naissance des poulains, ce qui donne des animaux en forme », explique Jean-Pierre Le Hégarat. Leurs bâtiments de l’élevage sont orientés comme il faut pour une bonne aération, une bonne luminosité. Tout est fait pour le confort des animaux. « C’est un métier de passion et de patience, la génétique est importante mais ne fait pas tout. C’est le savoir-faire de l’éleveur qui permet de révéler et d’exploiter le potentiel d’un cheval. »
Une performance énorme aux mondiaux
Dernièrement, c’est Poly de Coat Frity, un hongre issu de l’élevage de Jean-Pierre et Annie, qui a fait parler de lui. Après plusieurs victoires en compétition nationale, début mai 2015, il participe à l’épreuve de Rambouillet, fait sensation, gagne cette course et se qualifie pour le championnat d’Europe. « Nous avons ensuite été très sollicités, avec plusieurs propositions d’achat pour notre cheval. Après réflexion, nous avons accepté de le vendre à un propriétaire du Bahreïn, un petit pays insulaire d’Arabie. Nous sommes des éleveurs avant tout et la vente de nos produits fait partie du métier. Nous avons toujours peur que nos animaux partent dans de mauvaises mains, car il y a beaucoup d’affectif », confie l’éleveur. Il rappelle que leur but est d’amener leurs chevaux à haut niveau pour bien lancer leur carrière et ainsi évaluer le potentiel de leur élevage. C’est ce qui s’est passé le 23 octobre.
Quelques semaines après avoir vendu leur cheval, il gagne le championnat du monde au Chili. « Poly gagne avec 26 minutes d’avance sur le second. C’est une performance énorme, il réalise une moyenne de 22,4 km/h quand le 2e est à 20,7 km/h. En plus de remporter la médaille d’or individuelle et par équipe, le lendemain il remporte le prix de la meilleure condition. Une victoire comme celle-là propulse notre élevage sur le devant de la scène mondiale. » Les éleveurs sont très bien conseillés. Ils expliquent avoir beaucoup progressé sur l’élevage au contact de Jean-Pierre Allégret, organisateur de courses et connaissant parfaitement le monde de l’endurance. « Nous devons aussi beaucoup à notre entraîneur et cavalier Julien Goachet, de Hanvec (29), qui est exigeant, rigoureux, calme, animalier et très bien conseillé par sa femme Marie, vétérinaire. » Nicolas Goualan
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