Crise agricole. « On gagne 500 € par mois »
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Crise agricole. « On gagne 500 € par mois »
février 2016
/ Maëlle Ausias
Si ça continue comme ça, les supermarchés vont racheter nos fermes, comme ça se fait ailleurs. Et eux, les normes, ils s'en fichent. Les gens deviendront des salariés, feront du 8 h ? 17 h... », s'émeut Zoé Prual, ici en compagnie de son conjoint, Pierrick Galardon.
Zoé Prual a rejoint, en 2003, son conjoint, Pierrick Galardon, sur la ferme familiale de 90 vaches laitières à Pabu (22). Elle a ensuite ouvert son poulailler en 2013, pour faire des oeufs et ramener un peu de fonds au Gaec. Aujourd'hui, la jeune femme, âgée de 33 ans, évoque sa présence dans les manifestations et pose un regard critique sur le système comme sur le syndicat FNSEA.
Quelle est l'ambiance lors des blocages ?
On se rend compte qu'on a beau avoir un salaire de 500 € et 800.000 € à rembourser, on n'est pas les plus démunis. Et puis ceux qui sont vraiment à bout n'ont pas les moyens de venir. Nous, nous avons de la chance parce qu'il y a des gens pour s'occuper de nos fermes : les parents, les voisins... On n'est pas allés manifester la première semaine parce qu'on n'avait pas le temps. Les semaines qui ont suivi, on est allés le soir. C'était calme. Ça fait du bien de voir qu'on n'est pas les seuls. Parce qu'à force, on s'enferme dans notre travail, on ne voit plus personne. Mais je trouve que l'amiante déversé, les petits cochons et tout, c'est dégueulasse. On ne sait pas qui c'est, ce n'est pas important, ça relève de la responsabilité de chacun. Nous, on a amené des souches d'arbres et s'il en reste sur les ronds-points, les gens n'ont qu'à venir se servir au lieu de râler.
Vous êtes syndiquée à la FDSEA ?
Non, pour des raisons économiques et politiques. La FNSEA lance des appels à bloquer pour faire du nombre, mais après, ils ne nous couvrent pas pour les dégâts. Il n'y a pas beaucoup de gens syndiqués sur les barrages. Xavier Beulin, le président de la FNSEA, qui négocie à Paris avec François Hollande, pour moi, c'est un gag. Je n'aime pas que Beulin dise s'il faut continuer ou non les blocages, parce que, du coup, on passe pour des idiots. Quand on est allés en tracteur à Paris, ce qu'a déclaré Beulin après son entretien à l'Élysée, ce n'était pas du tout ce que les gens voulaient entendre. Ce qu'il a accepté avec le gouvernement ne menait à rien. Je connais même des gens de la FNSEA qui savaient d'avance que le syndicat allait au casse-pipe et ne sont pas venus. Nous, des subventions, on n'en veut pas. Quand on voit par ferme, que les subventions sont si minimes, on s'en passerait, c'est pas ça la solution.
À votre échelle, quelle est la source du problème ?
Le prix du lait. Les coopératives nous rachètent le lait à un prix dérisoire. Mais entre le consommateur et le producteur, il y a les coopératives, les industriels et les supermarchés. Et nous, on n'a rien. Alors on se demande bien qui touche l'argent ! Les coopératives nous poussent à produire plus mais quelques années après, le prix chute. Quand on s'est installés en hors-sol, la coopérative nous a fait une rallonge de 100.000 l par an à un bon prix. Et maintenant, on nous dit qu'il y a trop de lait. Or, ils sont censés prévoir la conjoncture économique, ils doivent savoir ce qui va se passer dans les années qui viennent. Et ils ne nous ont pas dit que le prix du lait serait si bas. Les banquiers, c'est pareil. Nous, on investit parce qu'on n'a pas le choix d'investir pour continuer à travailler.
Vous avez eu des contacts avec les coopératives ?
On est allés à Sodiaal, jeudi 28 janvier, et on a été reçus par David Chevance, administrateur, qui nous a déclaré qu'ils étaient pieds et poings liés avec les industriels et les supermarchés. Après négociations avec les grandes surfaces, exceptée Carrefour, ils ont réussi à avoir un prix du lait d'une moyenne de 280 € les 1.000 l, mais seulement pour le mois de janvier. Par exemple, pour nous, le prix d'équilibre doit être à 350 € si on veut garder notre petit salaire de 500 €. On ne contrôle pas du tout le prix de notre production et c'est un grand problème. On ne sait pas à quel prix les coopératives revendent notre lait. On ne sait pas quelle marge ils se font. On sait que les dirigeants des coopératives, les industriels, Xavier Beulin ont de très gros salaires. Il faut imposer un prix minimum aux coopératives. Je ne sais pas comment le faire, mais il y a des gens qui sont payés pour y réfléchir. Les magasins n'ont pas le droit de vendre à perte, et nous, si !
http://www.letelegramme.fr/cotes-darmor/guingamp/crise-agricole-on-gagne-500-eur-par-mois-08-02-2016-10950114.php
/ Maëlle Ausias
Si ça continue comme ça, les supermarchés vont racheter nos fermes, comme ça se fait ailleurs. Et eux, les normes, ils s'en fichent. Les gens deviendront des salariés, feront du 8 h ? 17 h... », s'émeut Zoé Prual, ici en compagnie de son conjoint, Pierrick Galardon.
Zoé Prual a rejoint, en 2003, son conjoint, Pierrick Galardon, sur la ferme familiale de 90 vaches laitières à Pabu (22). Elle a ensuite ouvert son poulailler en 2013, pour faire des oeufs et ramener un peu de fonds au Gaec. Aujourd'hui, la jeune femme, âgée de 33 ans, évoque sa présence dans les manifestations et pose un regard critique sur le système comme sur le syndicat FNSEA.
Quelle est l'ambiance lors des blocages ?
On se rend compte qu'on a beau avoir un salaire de 500 € et 800.000 € à rembourser, on n'est pas les plus démunis. Et puis ceux qui sont vraiment à bout n'ont pas les moyens de venir. Nous, nous avons de la chance parce qu'il y a des gens pour s'occuper de nos fermes : les parents, les voisins... On n'est pas allés manifester la première semaine parce qu'on n'avait pas le temps. Les semaines qui ont suivi, on est allés le soir. C'était calme. Ça fait du bien de voir qu'on n'est pas les seuls. Parce qu'à force, on s'enferme dans notre travail, on ne voit plus personne. Mais je trouve que l'amiante déversé, les petits cochons et tout, c'est dégueulasse. On ne sait pas qui c'est, ce n'est pas important, ça relève de la responsabilité de chacun. Nous, on a amené des souches d'arbres et s'il en reste sur les ronds-points, les gens n'ont qu'à venir se servir au lieu de râler.
Vous êtes syndiquée à la FDSEA ?
Non, pour des raisons économiques et politiques. La FNSEA lance des appels à bloquer pour faire du nombre, mais après, ils ne nous couvrent pas pour les dégâts. Il n'y a pas beaucoup de gens syndiqués sur les barrages. Xavier Beulin, le président de la FNSEA, qui négocie à Paris avec François Hollande, pour moi, c'est un gag. Je n'aime pas que Beulin dise s'il faut continuer ou non les blocages, parce que, du coup, on passe pour des idiots. Quand on est allés en tracteur à Paris, ce qu'a déclaré Beulin après son entretien à l'Élysée, ce n'était pas du tout ce que les gens voulaient entendre. Ce qu'il a accepté avec le gouvernement ne menait à rien. Je connais même des gens de la FNSEA qui savaient d'avance que le syndicat allait au casse-pipe et ne sont pas venus. Nous, des subventions, on n'en veut pas. Quand on voit par ferme, que les subventions sont si minimes, on s'en passerait, c'est pas ça la solution.
À votre échelle, quelle est la source du problème ?
Le prix du lait. Les coopératives nous rachètent le lait à un prix dérisoire. Mais entre le consommateur et le producteur, il y a les coopératives, les industriels et les supermarchés. Et nous, on n'a rien. Alors on se demande bien qui touche l'argent ! Les coopératives nous poussent à produire plus mais quelques années après, le prix chute. Quand on s'est installés en hors-sol, la coopérative nous a fait une rallonge de 100.000 l par an à un bon prix. Et maintenant, on nous dit qu'il y a trop de lait. Or, ils sont censés prévoir la conjoncture économique, ils doivent savoir ce qui va se passer dans les années qui viennent. Et ils ne nous ont pas dit que le prix du lait serait si bas. Les banquiers, c'est pareil. Nous, on investit parce qu'on n'a pas le choix d'investir pour continuer à travailler.
Vous avez eu des contacts avec les coopératives ?
On est allés à Sodiaal, jeudi 28 janvier, et on a été reçus par David Chevance, administrateur, qui nous a déclaré qu'ils étaient pieds et poings liés avec les industriels et les supermarchés. Après négociations avec les grandes surfaces, exceptée Carrefour, ils ont réussi à avoir un prix du lait d'une moyenne de 280 € les 1.000 l, mais seulement pour le mois de janvier. Par exemple, pour nous, le prix d'équilibre doit être à 350 € si on veut garder notre petit salaire de 500 €. On ne contrôle pas du tout le prix de notre production et c'est un grand problème. On ne sait pas à quel prix les coopératives revendent notre lait. On ne sait pas quelle marge ils se font. On sait que les dirigeants des coopératives, les industriels, Xavier Beulin ont de très gros salaires. Il faut imposer un prix minimum aux coopératives. Je ne sais pas comment le faire, mais il y a des gens qui sont payés pour y réfléchir. Les magasins n'ont pas le droit de vendre à perte, et nous, si !
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