Licenciée par la Poste pour 26 €, elle gagne ...

Licenciée par la Poste pour 26 €, elle gagne devant les prud'hommes
La Montagne
Publié le 28/09/2016 à 19:48



Après trente-deux ans de carrière, la postière a été licenciée pour un détournement de 26,32 €, qu'elle a toujours nié. La Puydômoise a finalement gagné son combat devant les prud'hommes



Il est 15h30, ce 24 octobre 2013, lorsque Christelle (*) est convoquée dans le bureau de son responsable, à Saint-Germain-Lembron, commune de moins de 2.000 habitants au sud du Puy-de-Dôme. Elle en sort une demi-heure plus tard et appelle Agnès, une collègue et amie : « Elle hurlait de désespoir », se souvient celle-ci. Christelle vient d’être accusée de vol par sa hiérarchie.



La Poste doit lui rembourser 66.000 €



L'accusation ? Avoir détourné des 26,32 € en deux ans, destinés aux facteurs. Christelle a toujours nié, expliquant avoir commis une erreur informatique en utilisant un logiciel sur lequel elle n’a pas été formée correctement. Le 6 décembre 2013, elle est licenciée pour faute grave. « Être foutue à la porte avec violence par une entreprise dans laquelle j’ai travaillé si longtemps, ça laisse des séquelles terribles », témoigne cette femme d’une voix tremblante.


Avec le soutien de la CFDT, Christelle saisit les prud’hommes. « J’ai vécu des années horribles. Jusqu’au bout, je n’y croyais pas ». Le 29 mai 2016, La Poste est lourdement condamnée pour « licenciement ne reposant sur aucune cause réelle et sérieuse ».
Elle doit verser près de 66.000 € à son ex-salariée, en plus d’un remboursement des indemnités de chômage.


« C’est une revanche, un immense soulagement, souffle-t-elle. Bien plus que l’argent, je voulais prouver que je n’étais pas une voleuse ». Quatre mois après le jugement des prud'hommes, la direction de La Poste a laconiquement fait savoir à La Montagne qu’elle « prenait note » de la décision du tribunal.


"Un syndicaliste : La Poste cherche tous les prétextes pour mettre les gens dehors"

En trente-deux ans de carrière dans l’entreprise, la Puydômoise n’a obtenu que des mentions « excellent » ou « bien ». Deux ans auparavant, en 2011, la direction lui a proposé de partir à la retraite. Elle a refusé, souhaitant travailler jusqu’à 65 ans. Commence alors ce que Christelle décrit comme un « véritable acharnement » de son encadrant et de quelques collègues. L’ambiance au travail devient délétère. « On me disait : tu ne sais rien faire, pars à la retraite ! », se remémore-t-elle.


Sa convocation en conseil de discipline est l’aboutissement de ce qui est vécu comme une période d’intimidation. « La Poste cherche tous les prétextes pour mettre les gens dehors, tranche Jean-Philippe Lèbre, responsable du pôle Poste à la CFDT-3C Auvergne. Le vol présumé n’était qu’un pis-aller pour la direction, forcée de “restructurer” pour faire des économies. »



Hadrien Mathoux