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Art religieux et enclos paroissiaux de la Bretagne

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Art religieux et enclos paroissiaux de la Bretagne Empty Art religieux et enclos paroissiaux de la Bretagne

Message par Admin Lun 21 Mar - 21:37

Non loin des plages et des sites géographiques les plus prisés, les villes et les campagnes protègent pieusement les témoignages artistiques de l’histoire bretonne. Profondément religieux, l’art a ici laissé des traces matérielles à la fois monumentales et originales, presque toujours taillées dans ce granit qui fait à la fois l’orgueil et la particularité de la Bretagne. Prendre le temps de s’intéresser à ces vestiges, c’est se donner toutes les chances de mieux comprendre cette « péninsule du bout du monde ».

Une architecture mystique

Neuf cathédrales, une vingtaine de sanctuaires importants, des milliers d’églises et de chapelles rurales forment un imposant ensemble de monuments religieux. La richesse et le réalisme de leurs détails traduisent encore toute la force de la foi qui animait le peuple breton.


Les cathédrales

Elles sont inspirées des grands édifices de Normandie ou d’Île-de-France, mais ne peuvent rivaliser, ni par les dimensions ni par l’ornementation, avec leurs modèles. Les ressources des bâtisseurs étaient limitées, et le granit local est une pierre dense et difficile à travailler. En outre, les difficultés de trésorerie ont prolongé les travaux de trois à cinq siècles, ce qui nous permet de repérer toutes les étapes du gothique, depuis l’arc dépouillé des débuts jusqu’à la folle exubérance du flamboyant. Enfin, la Renaissance est venue placer sa dernière touche au cœur de ces édifices dont les plus intéressants sont ceux de St-Pol-de-Léon, Tréguier, Quimper, Nantes et Dol.


Églises et chapelles rurales


À l’époque romane (11e et 12 e s.), la Bretagne n’était pas florissante. Les sanctuaires furent donc rares, et même transformés aux siècles suivants. Sous les ducs, et après la réunion à la France, le territoire se couvrit d’églises et de chapelles gothiques et Renaissance.

Jusqu’au 16 e s., le plan général est un rectangle, parfois un plan en « T ». La nef est souvent sans bas-côtés et sans fenêtres, et aboutit à un chœur flanqué de chapelles, dont il est séparé par un arc de pierre. Le chevet est plat et percé d’ouvertures. La voûte de pierre est très rare : on lui préfère une charpente lambrissée, souvent peinte et dont les entraits, les sablières et les têtes de blochets sont fréquemment sculptés. Or, voici qu’à partir du 16 e s., est adopté le plan en forme de croix latine, avec un transept dont la présence efface l’arc central. Le chevet devient à trois pans et des fenêtres percent les bas-côtés.

On est surpris aujourd’hui de découvrir, dans des solitudes désolées, des chapelles qui feraient l’orgueil de localités importantes. Des édifices comme ceux de N.-D.-du-Folgoët ou de Kernascléden illustrent bien la foi des petits pays bretons de l’époque. Cependant, il est malheureusement assez courant de voir des chapelles modestes plus ou moins à l’abandon.

Les clochers

On serait tenté de dire que la Bretagne a l’esprit de clocher… mais ce mauvais jeu de mots masquerait toute la réalité de ces bâtiments qui symbolisaient à la fois la vie religieuse et la vie municipale. Les populations y plaçaient toute leur fierté, et c’était un châtiment terrible de voir un souverain mécontent les abattre. Le type le plus fréquent est le clocher-pignon, plus léger et moins coûteux que le clocher classique. On y accède par des marches extérieures ou par des escaliers logés dans les tourelles qui le flanquent.

Les porches

Dans les églises bretonnes, un porche important s’ouvre sur le côté sud. Il a fréquemment servi de lieu de réunion pour les notables de la paroisse qui prenaient place sur les bancs de pierre garnissant les murs. Souvent, une double rangée d’apôtres le décore. On les reconnaît à leurs attributs : saint Pierre tient la clef du paradis ; saint Paul, un livre ou une épée ; saint Jean, un calice ; saint Thomas, une équerre ; saint Jacques le Majeur, un bâton de pèlerin ; saint Matthieu, une hachette ; saint Simon, une scie ; saint André, une croix ; saint Barthélemy, un couteau.


Le mobilier religieux


Du 15 e au 18 e s., une armée de sculpteurs bretons a fourni aux églises divers éléments : chaires, stalles, buffets d’orgues, baptistères, clôtures de chœur, jubés, poutres de gloire, retables, niches à volets, confessionnaux, saints sépulcres et statues… images (18)On ne s’étonnera pas de constater au cours des visites que ces œuvres présentent un caractère plus abouti que les figures des calvaires. Il est en effet beaucoup plus aisé de travailler le chêne, le châtaignier ou l’albâtre que le granit.

Jubés et poutres de gloire

Nombreux dans les églises bretonnes, les jubés sont souvent d’une richesse inouïe, qui surprendra plus d’un amateur. Quelques-uns sont sculptés dans le granit, mais la plupart, et c’est une des originalités de la Bretagne, sont en bois. Variée, la décoration diffère sur leurs deux faces, car le jubé sépare le chœur de la partie de l’église réservée aux fidèles et complète les clôtures latérales du chœur. Par ailleurs, il sert à la prédication et à la lecture des prières, qui sont faites du haut de sa galerie supérieure. En général, il est surmonté d’un crucifix, entouré des statues de la Vierge et de saint Jean, qui font face à la foule. La poutre de gloire, ou tref, est à l’origine du jubé. Afin de l’empêcher de fléchir, on fut amené à la soutenir par des supports qui firent place à une clôture plus ou moins ouvragée. Décorée habituellement de scènes de la Passion (elle porte toujours le groupe du Christ entouré de la Vierge et de saint Jean), on la trouve surtout dans les petites églises et les chapelles.

Les retables


Nombreuses, surchargées, les œuvres Renaissance se retrouvent dans les fonts baptismaux et les chaires à prêcher, transformés en vrais petits monuments. Mais le cas le plus intéressant est celui des retables. À l’origine, l’autel primitif n’est qu’une table. Petit à petit, il va perdre en simplicité et atteindre des dimensions étonnantes. Du 12e au 14 e s., les autels s’ornent d’un gradin peu élevé, le retable est de même longueur que l’autel, puis, la sculpture s’en empare et on voit apparaître des scènes extraites de la Passion. À partir du 15 e s., l’autel est envahi de colonnes torses, de frontons et de niches ornées de statues et de panneaux sculptés, qui trouvent leur plein épanouissement au 17 e s. Le retable, dont le sujet principal s’est perdu parmi les angelots et les guirlandes, en arrive à occuper la totalité de la chapelle réservée à l’autel. Le paroxysme ornemental est même atteint lorsque, ne faisant qu’un avec les retables des autels voisins, il orne toute la muraille du chevet, comme c’est le cas à Ste-Marie-du-Ménez-Hom .

La dévotion au Rosaire, que l’on doit au dominicain breton Alain de La Roche (15 e s.), donna lieu, à partir de 1640, à l’érection de maints retables dans lesquels la Vierge est représentée remettant le chapelet à saint Dominique et à sainte Catherine de Sienne.


Arbre de Jessé et Mise au tombeau


Un grand nombre de niches à volets renferment un Arbre de Jessé. Jessé, qui appartenait à la tribu de Juda, eut un fils, David, de qui descend la Vierge Marie. Il est généralement représenté couché. Dans son cœur, ses entrailles ou ses reins plongent les racines de l’arbre dont les rameaux portent, dans l’ordre chronologique, les rois et les prophètes, ancêtres du Christ. La Vierge, au centre, figure la tige qui porte la fleur : Jésus. Voyez l’arbre de La Trinité-Porhoët, non loin de Ploërmel.

La Mise au tombeau, ou Saint-Sépulcre, groupe généralement sept personnages autour du Christ mort. Si elle est souvent traitée sur les calvaires, elle est rarement présente dans les églises, sauf à Lampaul-Guimiliau et à St-Thégonnec, où elles sont remarquables.

Toutefois, les chefs-d’œuvre de la sculpture funéraire sont visibles à Nantes, avec le tombeau de François II, et à Josselin, avec le mausolée d’Olivier de Clisson.

Vitraux


Si les peintures et les fresques sont rares (Kernascléden reste une exception), les verrières sont en revanche assez nombreuses. Souvent inspirées par l’art italien ou flamand, elles se caractérisent toujours par une facture bretonne.

La cathédrale de Dol en possède une très belle du 13 e s. Les plus beaux exemples datent des 14 e , 15 e et 16e s. et sortent des ateliers de Rennes, Tréguier et Quimper ; on peut en voir à N.-D.-du-Crann et à St-Fiacre du Faouët.

Au 20 e s., la restauration ou la création de nombreuses églises et chapelles a permis de parer ces édifices de nouveaux vitraux éclatants, souvent non figuratifs.

Une myriade de fontaines

Les fontaines liées au culte de l’eau sont innombrables en basse Bretagne. La plupart d’entre elles sont desfontaines guérisseuses . Presque tous les lieux de pardons possèdent une fontaine où vont boire les fidèles. Elle est placée sous la protection d’un saint ou de la Vierge, dont les statues s’abritent dans de petits sanctuaires, tantôt frustes, tantôt ornés. Dans les lieux de pèlerinage importants, comme Ste-Anne-d’Auray , la fontaine a été aménagée de façon moderne, avec vasques, bassins et escaliers.

Les enclos paroissiaux

Une particularité bretonne : l’enclos paroissial est l’ensemble monumental le plus typique que l’on rencontre dans les bourgs. Il s’ouvre habituellement par une porte triomphale donnant accès à l’église, au calvaire et à l’ossuaire, et permettait à la vie paroissiale de rester étroitement attachée à la communauté des morts, puisque l’enclos avait le cimetière pour centre. L’émulation qui existait entre villages voisins explique la richesse des enclos qui ont surgi en basse Bretagne à la Renaissance et au 17 e s.

Portes triomphales et ossuaires


La porte monumentale ou porte des Morts, généralement très décorée, est traitée en arc de triomphe pour symboliser l’entrée du Juste dans l’immortalité. Les portes latérales voient leur passage barré par une pierre haute, l’échalier ; cette clôture est symbolique car elle n’en empêche pas le franchissement.

Dans les minuscules cimetières bretons d’autrefois, les corps devaient être exhumés pour laisser la place aux nouveaux défunts. On entassait les ossements dans des réduits que l’on élevait contre l’église ou le mur du cimetière. Ces ossuaires sont ensuite devenus des bâtiments isolés, et leur exécution devint plus soignée. Ils ont pris la forme de reliquaires et ont servi de chapelles funéraires.


Les calvaires

Foncièrement bretons, ces petits monuments de granit groupent autour du Christ en croix des épisodes de la Passion. Bon nombre d’entre eux furent érigés pour conjurer la peste de 1598 ou, après sa disparition, en tant qu’action de grâces. Ils servaient à l’instruction religieuse : tout en prêchant, le prêtre désignait les scènes qu’il racontait. Le plus ancien des calvaires existants est celui de Tronoën (fin 15 e s.) ; les plus célèbres sont ceux de Guimiliau (200 personnages), Plougastel-Daoulas et Pleyben.

Si la sculpture est généralement fruste et naïve, c’est qu’il s’agit essentiellement d’un art de tailleurs de pierre villageois. Mais quel sens admirable de l’observation avaient ces artistes anonymes ! L’expression de la vie y est souvent saisissante. Ils choisissaient les scènes au gré de leur inspiration, sans les grouper de façon chronologique. Certaines se reconnaissent au premier coup d’œil, d’autres, plus ou moins abîmées, sont traitées plus sommairement.

Les calvaires ont eu pour prédécesseurs immédiats les croix de chemin. Il y en eut des dizaines de mille, mais beaucoup ont été détruites.



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