Contrôle technique : la sécurité routière s’énerve
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Contrôle technique : la sécurité routière s’énerve
Par Pierre Orluc, le 15/04/2016
A la veille des grandes manifestations nationales contre l’instauration d’un contrôle technique à la revente des motos, la Sécurité routière réitère son attachement au « bien-fondé de cette mesure ». Avec toujours les mêmes arguments… discutables.
Contrôle technique et moto, ça se tend ! La Sécurité routière n’en pince pas vraiment pour les manifestations anti-contrôle technique prévues les 16 et 17 avril 2016 partout en France à l’appel de la Fédération française des motards en colère. Et elle le dit, accroché à son dogme comme la moule sur un rocher.
Dans un communiqué daté du 15 avril, elle tient même « à apporter des précisions sur le bien fondé de cette mesure prise par le gouvernement dans le cadre du Comité interministériel de la sécurité routière du 2 octobre 2015. »
Après avoir enfilé les classiques du genre – « le risque d’être tué pour un motocycliste est 23 fois plus élevé que pour un conducteur de véhicule de tourisme », écrit-elle – elle énumère les cinq mesures « visant à réduire l’accidentalité des usagers vulnérables ». Dont le contrôle technique des motos et autres deux et trois-roues motorisés à la revente qui entrera en vigueur en France « au second semestre 2017 » et qui, écrit-elle encore, « est déjà en vigueur dans 17 États de l’Union européenne sur 28 ».
D’après la Sécurité routière, cette mesure « élémentaire de protection du consommateur » concernera « environ 600 000 transactions annuelles, soit un cinquième du parc circulant en France » – parc que les pros du secteur, dont Moto Journal, estiment sensiblement supérieur, sans doute une fois et demie, au minimum, que le chiffre avancé classiquement par le gouvernement…
Sans doute pour tenter de dégonfler le mouvement motard anti-contrôle technique, la Sécurité routière estime encore que, « contrairement aux affirmations de la FFMC, il n’a jamais été question d’un contrôle périodique, mais d’un contrôle, effectué par un organisme agréé, uniquement au moment de la revente d’un véhicule. L’objectif est de renseigner l’acheteur, mais aussi de le rassurer, sur l’état du véhicule qu’il souhaite acquérir ».
Contrôle technique : les motards n’ont rien compris…
Pour appuyer ses dires, la Sécurité routière démonte l’argument repris par la FFMC, mais également par Moto Journal et les bons connaisseurs du dossier, celui de l’étude européenne Maids sur les accidents de moto qui conclut que seulement 0,3 des accidents de moto sont dûs à un problème technique.
« La FFMC en conclut qu’une mise en place d’un contrôle technique serait « sans effet » sur l’accidentalité des deux-roues motorisés, écrit la Sécurité routière. Les statistiques de l’ONISR (l’Observatoire national interministériel de la sécurité routière) démontrent que ce chiffre doit être mis en perspective d’une accidentalité routière très largement multifactorielle. En réalité, si l’anomalie technique est seule responsable de l’accident mortel dans 0,3 % des cas, elle est en cause, associée à d’autres facteurs, dans 5 % des accidents mortels. Ce chiffre est sous-évalué, car, dans beaucoup de cas, l’état des véhicules après un accident permet rarement de déceler l’anomalie technique responsable. »
Bref, circulez, vous avez mal compris, et la grande majorité des motards avec vous…
Pire, les pouvoirs publics donnent des exemples dont on ne comprend pas bien, pour la grande majorité d’entre eux, le rapport avec son argumentaire sur un contrôle technique utile pour renforcer la sécurité physique des motards : « Feux stop et clignotants défectueux, bruit excessif, échappement non conforme. Le bilan des procès verbaux délivrés lors des contrôles des forces de l’ordre centré sur la conformité technique des deux-roues motorisés sont édifiants. Dans le projet du gouvernement, les points de contrôle porteront principalement sur la signalisation, le freinage, la vitesse (pour les cyclomoteurs) et les émissions polluantes, l’état général du véhicule (comme l’usure des pneus), ainsi que sur la bonne conformité du certificat d’immatriculation en relation avec le véhicule examiné. »
« Un prix contenu » ? A voir !
Quant au prix, il est annoncé « contenu ».
Un terme qui amène deux réflexions :
1) la notion de « prix contenu » est à géométrie variable – dans un rapport de 2007, le Conseil général des Ponts et chaussées estimait que le prix du contrôle technique moto devrait être « socialement acceptable », autour de 30 euros. Sera-ce le cas ? On peut en douter car la Sécurité routière précise que « ce contrôle ne sera pas uniquement visuel comme l’affirme la FFMC. Il nécessitera, au contraire, un équipement technique commun à tous les centres de contrôle en matière de vérification de l’éclairage et de la pollution […]. » En cas de problème, une contre-visite sera obligatoire.
2) la notion de « prix contenu » ne garantit aucunement contre les augmentations (fortes) dans le temps, comme on l’a vu avec le contrôle technique automobile !
Enfin, histoire sans doute de tenter de faire culpabiliser les adeptes de la motos et autres engins à deux-roues motorisés, la Sécurité routière rappelle que, « pour mémoire, le contrôle technique a été instauré pour les véhicules à quatre-roues le 1er janvier 1992 ». Les motards, qui, dans leur très grande majorité, sont aussi des automobilistes, le savent bien, merci.
Pierre Orluc
http://www.moto-journal.fr/news/controle-technique-securite-routiere-senerve/
A la veille des grandes manifestations nationales contre l’instauration d’un contrôle technique à la revente des motos, la Sécurité routière réitère son attachement au « bien-fondé de cette mesure ». Avec toujours les mêmes arguments… discutables.
Contrôle technique et moto, ça se tend ! La Sécurité routière n’en pince pas vraiment pour les manifestations anti-contrôle technique prévues les 16 et 17 avril 2016 partout en France à l’appel de la Fédération française des motards en colère. Et elle le dit, accroché à son dogme comme la moule sur un rocher.
Dans un communiqué daté du 15 avril, elle tient même « à apporter des précisions sur le bien fondé de cette mesure prise par le gouvernement dans le cadre du Comité interministériel de la sécurité routière du 2 octobre 2015. »
Après avoir enfilé les classiques du genre – « le risque d’être tué pour un motocycliste est 23 fois plus élevé que pour un conducteur de véhicule de tourisme », écrit-elle – elle énumère les cinq mesures « visant à réduire l’accidentalité des usagers vulnérables ». Dont le contrôle technique des motos et autres deux et trois-roues motorisés à la revente qui entrera en vigueur en France « au second semestre 2017 » et qui, écrit-elle encore, « est déjà en vigueur dans 17 États de l’Union européenne sur 28 ».
D’après la Sécurité routière, cette mesure « élémentaire de protection du consommateur » concernera « environ 600 000 transactions annuelles, soit un cinquième du parc circulant en France » – parc que les pros du secteur, dont Moto Journal, estiment sensiblement supérieur, sans doute une fois et demie, au minimum, que le chiffre avancé classiquement par le gouvernement…
Sans doute pour tenter de dégonfler le mouvement motard anti-contrôle technique, la Sécurité routière estime encore que, « contrairement aux affirmations de la FFMC, il n’a jamais été question d’un contrôle périodique, mais d’un contrôle, effectué par un organisme agréé, uniquement au moment de la revente d’un véhicule. L’objectif est de renseigner l’acheteur, mais aussi de le rassurer, sur l’état du véhicule qu’il souhaite acquérir ».
Contrôle technique : les motards n’ont rien compris…
Pour appuyer ses dires, la Sécurité routière démonte l’argument repris par la FFMC, mais également par Moto Journal et les bons connaisseurs du dossier, celui de l’étude européenne Maids sur les accidents de moto qui conclut que seulement 0,3 des accidents de moto sont dûs à un problème technique.
« La FFMC en conclut qu’une mise en place d’un contrôle technique serait « sans effet » sur l’accidentalité des deux-roues motorisés, écrit la Sécurité routière. Les statistiques de l’ONISR (l’Observatoire national interministériel de la sécurité routière) démontrent que ce chiffre doit être mis en perspective d’une accidentalité routière très largement multifactorielle. En réalité, si l’anomalie technique est seule responsable de l’accident mortel dans 0,3 % des cas, elle est en cause, associée à d’autres facteurs, dans 5 % des accidents mortels. Ce chiffre est sous-évalué, car, dans beaucoup de cas, l’état des véhicules après un accident permet rarement de déceler l’anomalie technique responsable. »
Bref, circulez, vous avez mal compris, et la grande majorité des motards avec vous…
Pire, les pouvoirs publics donnent des exemples dont on ne comprend pas bien, pour la grande majorité d’entre eux, le rapport avec son argumentaire sur un contrôle technique utile pour renforcer la sécurité physique des motards : « Feux stop et clignotants défectueux, bruit excessif, échappement non conforme. Le bilan des procès verbaux délivrés lors des contrôles des forces de l’ordre centré sur la conformité technique des deux-roues motorisés sont édifiants. Dans le projet du gouvernement, les points de contrôle porteront principalement sur la signalisation, le freinage, la vitesse (pour les cyclomoteurs) et les émissions polluantes, l’état général du véhicule (comme l’usure des pneus), ainsi que sur la bonne conformité du certificat d’immatriculation en relation avec le véhicule examiné. »
« Un prix contenu » ? A voir !
Quant au prix, il est annoncé « contenu ».
Un terme qui amène deux réflexions :
1) la notion de « prix contenu » est à géométrie variable – dans un rapport de 2007, le Conseil général des Ponts et chaussées estimait que le prix du contrôle technique moto devrait être « socialement acceptable », autour de 30 euros. Sera-ce le cas ? On peut en douter car la Sécurité routière précise que « ce contrôle ne sera pas uniquement visuel comme l’affirme la FFMC. Il nécessitera, au contraire, un équipement technique commun à tous les centres de contrôle en matière de vérification de l’éclairage et de la pollution […]. » En cas de problème, une contre-visite sera obligatoire.
2) la notion de « prix contenu » ne garantit aucunement contre les augmentations (fortes) dans le temps, comme on l’a vu avec le contrôle technique automobile !
Enfin, histoire sans doute de tenter de faire culpabiliser les adeptes de la motos et autres engins à deux-roues motorisés, la Sécurité routière rappelle que, « pour mémoire, le contrôle technique a été instauré pour les véhicules à quatre-roues le 1er janvier 1992 ». Les motards, qui, dans leur très grande majorité, sont aussi des automobilistes, le savent bien, merci.
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