Esnest Renan et la Bretagne
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Esnest Renan et la Bretagne
Ernest Renan et Tréguier
Dans sa vieillesse, le philosophe jette un regard sur ses jeunes années. Il a presque soixante ans quand, en 1883, il publie ses Souvenirs d’enfance et de jeunesse, l’ouvrage par lequel il est le plus connu à l’époque contemporaine. On y trouve cette note lyrique, ces confidences personnelles auxquelles le public attache une grande valeur chez un homme déjà célèbre. Le lecteur blasé de son temps découvre qu’il existe un monde non moins poétique, non moins primitif que celui des Origines du Christianisme et qu’il existe encore dans la mémoire des hommes sur la côte occidentale de la France. Ces souvenirs sont pénétrés de la magie celtique des vieux romans antiques tout en possédant la simplicité, le naturel et la véracité que le xixe siècle apprécie alors si fortement. Mais son Ecclésiaste, publié quelques mois plus tôt, ses Drames philosophiques, rassemblés en 1888, donnent une image plus juste de son esprit, même s’il se révèle minutieux, critique et désabusé. Ils montrent l’attitude qu’a envers un « socialisme instinctif » un philosophe libéral par conviction, en même temps qu’aristocrate par tempérament. Nous y apprenons que Caliban (la démocratie), est une brute stupide, mais qu’une fois qu’on lui apprend à se prendre en main, il fait après tout un dirigeant convenable ; que Prospero (le principe aristocratique, ou, si l’on veut, l’esprit) accepte de se voir déposé pour y gagner une liberté plus grande dans le monde intellectuel, puisque Caliban se révèle un policier efficace qui laisse à ses supérieurs toute liberté dans leurs recherches ; qu’Ariel (le principe religieux) acquiert un sentiment plus exact de la vie et ne renonce pas à la spiritualité sous le mauvais prétexte du changement. En effet, Ariel fleurit au service de Prospero sous le gouvernement apparent des rustres innombrables. La religion et la connaissance sont aussi impérissables que le monde qu’elles honorent. C’est ainsi que, venant du plus profond de lui-même, c’est l’idéalisme essentiel qui a vaincu chez Renan.
Renan était reconnu de son vivant, à la fois par les habitants de sa région trégorroise comme par toute la Bretagne, y compris par ses ennemis, comme un grand intellectuel breton. Il parlait le breton dans sa jeunesse et n’en perdit pas l’usage.
Quelques citations extraites de l’ouvrage de l’universitaire Jean Balcou, Renan et la Bretagne :
« Il est certes évident qu’un Renan breton n’est pas tout Renan. » (p. 9) ;
•« Qu’Ernest Renan soit un des auteurs les plus importants de la culture française, nul ne le contestera. Qu’il ait, avec deux autres Bretons, Chateaubriand et Lamennais, orienté le romantisme, un historien de la littérature comme Thibaudet l’avait déjà établi en démontrant que le xixe siècle tout entier reposait sur cette assise granitique. » (p. 10) ;
•« (…) il y a dans l’œuvre de Renan la permanence d’une musique bretonne et celtique. » ;
•« (…) à travers le destin d’un homme exceptionnel confronté à la modernité, et qui fait cette modernité, nous touchons, par-delà l’Histoire, à ce qu’il faut bien appeler une nouvelle matière de Bretagne. » ;
•« (…) j’étais, je suis patriote et je ne me désintéresserai jamais de la Grande patrie française ni de la Petite patrie bretonne. » (p. 27) ;
•« (…) nous autres Bretons, nous sommes tenaces… En cela, j’ai été vraiment breton. ».
Ernest Renan (1823-1892) est, à juste titre, l’écrivain breton le plus connu avec Chateaubriand. Maître à penser de son temps, il écrit deux des œuvres clés du 19ème siècle : LA VIE DE JESUS (1863) qui est une bombe, et l’AVENIR DE LA SCIENCE, rédigé dès 1848 mais publié en 1890. Il est aussi l’écrivain providentiel de Tréguier et de la Bretagne. Elève doué du collège ecclésiastique de Tréguier, il est attiré à Paris par l’abbé Dupanloup. Il passe sept ans au séminaire, où il traverse une effroyable crise spirituelle, intellectuelle et morale ; ses connaissances en hébreu, l’influence de la philosophie allemande, son impossibilité à croire et à obéir à une vérité imposée, sa difficulté à prier, l’arrêtent eu seuil d’un engagement définitif. Il consacre sa vie à l’histoire critique et rationnelle du christianisme. Dès lors il s’exile et, en 1883, publie les Souvenirs d’enfance et de jeunesse. Il revient au pays et, de 1885 à sa mort, passe l s mois d’été à Rosmapamon en Louannec, près de Perros Guirec, qui devient le lieu de rendez-vous de l’intelligentsia bretonne : Le Braz, Luzel, Le Goffic et Barrès qui en ramena ses HUIT JOURS CHEZ M.Renan, y séjournèrent.
Voici un Extrait de SOUVENIR D’ENFANCE ET DE JEUNESSE de Esnest Renan – 1883 chez Gallimard :
« C’est dans ce milieu que se passa mon enfance, et j’y contractai un indestructibel pli. Cette cathédrale, chef d’œuvre de légèreté, fol essai pour réaliser en granit un idéal impossible, me faussa tout d’abord ; les longues heures que j’y passais ont été la cause de ma complète incapacité pratique. Ce paradoxe architectural a fait de moi un homme chimérique, disciple de Saint Tudwal, de saint Iltud et de Saint Cadoc, dans un siècle où l’enseignement de ces saints n’a plus aucune application. Quand j’allais à Guingamp, ville plus laïque, et où j’avais des parents dans la classe moyenne, j’éprouvais de l’ennui et de l’embarras. Là, je ne me plaisais qu’avec une pauvre servante, à qui je lisais des contes. J’aspirais à revenir à ma vieille ville sombre, écrasée par sa cathédrale, mais où l’on sentait vivre une forte protestation contre tout ce qui est plat et banal. Je me retrouvais moi-même, quand j’avais revu mon haut clocher, la nef aiguë, le cloître et les tombes du XVème siècle qui y sont couchées ; je n’étais à l’aise que dans la compagnie des morts, près de ces chevaliers, de ces nobles dames, dormant d’un sommeil calme, avec leur levrette à leurs pieds et un grand flambeau de pierre à la main […]. Le digne patron des avocats est né dans le minihi de Tréguier, et sa petite église y est entourée d’une grande vénération. Ce défenseur des pauvres, des veuves, des orphelins, est devenu dans le pays le grand justicier, le redresseur de torts. En l’adjurant avec certaines formules, dans sa mystérieuse chapelle de Saint Yves de la Vérité, contre un ennemi dont on est victime, en lui disant : « Tu étais juste de ton vivant, montre que tu l’es encore », on est sûr que l’ennemi mourra dans l’année ».
Dans sa vieillesse, le philosophe jette un regard sur ses jeunes années. Il a presque soixante ans quand, en 1883, il publie ses Souvenirs d’enfance et de jeunesse, l’ouvrage par lequel il est le plus connu à l’époque contemporaine. On y trouve cette note lyrique, ces confidences personnelles auxquelles le public attache une grande valeur chez un homme déjà célèbre. Le lecteur blasé de son temps découvre qu’il existe un monde non moins poétique, non moins primitif que celui des Origines du Christianisme et qu’il existe encore dans la mémoire des hommes sur la côte occidentale de la France. Ces souvenirs sont pénétrés de la magie celtique des vieux romans antiques tout en possédant la simplicité, le naturel et la véracité que le xixe siècle apprécie alors si fortement. Mais son Ecclésiaste, publié quelques mois plus tôt, ses Drames philosophiques, rassemblés en 1888, donnent une image plus juste de son esprit, même s’il se révèle minutieux, critique et désabusé. Ils montrent l’attitude qu’a envers un « socialisme instinctif » un philosophe libéral par conviction, en même temps qu’aristocrate par tempérament. Nous y apprenons que Caliban (la démocratie), est une brute stupide, mais qu’une fois qu’on lui apprend à se prendre en main, il fait après tout un dirigeant convenable ; que Prospero (le principe aristocratique, ou, si l’on veut, l’esprit) accepte de se voir déposé pour y gagner une liberté plus grande dans le monde intellectuel, puisque Caliban se révèle un policier efficace qui laisse à ses supérieurs toute liberté dans leurs recherches ; qu’Ariel (le principe religieux) acquiert un sentiment plus exact de la vie et ne renonce pas à la spiritualité sous le mauvais prétexte du changement. En effet, Ariel fleurit au service de Prospero sous le gouvernement apparent des rustres innombrables. La religion et la connaissance sont aussi impérissables que le monde qu’elles honorent. C’est ainsi que, venant du plus profond de lui-même, c’est l’idéalisme essentiel qui a vaincu chez Renan.
Renan était reconnu de son vivant, à la fois par les habitants de sa région trégorroise comme par toute la Bretagne, y compris par ses ennemis, comme un grand intellectuel breton. Il parlait le breton dans sa jeunesse et n’en perdit pas l’usage.
Quelques citations extraites de l’ouvrage de l’universitaire Jean Balcou, Renan et la Bretagne :
« Il est certes évident qu’un Renan breton n’est pas tout Renan. » (p. 9) ;
•« Qu’Ernest Renan soit un des auteurs les plus importants de la culture française, nul ne le contestera. Qu’il ait, avec deux autres Bretons, Chateaubriand et Lamennais, orienté le romantisme, un historien de la littérature comme Thibaudet l’avait déjà établi en démontrant que le xixe siècle tout entier reposait sur cette assise granitique. » (p. 10) ;
•« (…) il y a dans l’œuvre de Renan la permanence d’une musique bretonne et celtique. » ;
•« (…) à travers le destin d’un homme exceptionnel confronté à la modernité, et qui fait cette modernité, nous touchons, par-delà l’Histoire, à ce qu’il faut bien appeler une nouvelle matière de Bretagne. » ;
•« (…) j’étais, je suis patriote et je ne me désintéresserai jamais de la Grande patrie française ni de la Petite patrie bretonne. » (p. 27) ;
•« (…) nous autres Bretons, nous sommes tenaces… En cela, j’ai été vraiment breton. ».
Ernest Renan (1823-1892) est, à juste titre, l’écrivain breton le plus connu avec Chateaubriand. Maître à penser de son temps, il écrit deux des œuvres clés du 19ème siècle : LA VIE DE JESUS (1863) qui est une bombe, et l’AVENIR DE LA SCIENCE, rédigé dès 1848 mais publié en 1890. Il est aussi l’écrivain providentiel de Tréguier et de la Bretagne. Elève doué du collège ecclésiastique de Tréguier, il est attiré à Paris par l’abbé Dupanloup. Il passe sept ans au séminaire, où il traverse une effroyable crise spirituelle, intellectuelle et morale ; ses connaissances en hébreu, l’influence de la philosophie allemande, son impossibilité à croire et à obéir à une vérité imposée, sa difficulté à prier, l’arrêtent eu seuil d’un engagement définitif. Il consacre sa vie à l’histoire critique et rationnelle du christianisme. Dès lors il s’exile et, en 1883, publie les Souvenirs d’enfance et de jeunesse. Il revient au pays et, de 1885 à sa mort, passe l s mois d’été à Rosmapamon en Louannec, près de Perros Guirec, qui devient le lieu de rendez-vous de l’intelligentsia bretonne : Le Braz, Luzel, Le Goffic et Barrès qui en ramena ses HUIT JOURS CHEZ M.Renan, y séjournèrent.
Voici un Extrait de SOUVENIR D’ENFANCE ET DE JEUNESSE de Esnest Renan – 1883 chez Gallimard :
« C’est dans ce milieu que se passa mon enfance, et j’y contractai un indestructibel pli. Cette cathédrale, chef d’œuvre de légèreté, fol essai pour réaliser en granit un idéal impossible, me faussa tout d’abord ; les longues heures que j’y passais ont été la cause de ma complète incapacité pratique. Ce paradoxe architectural a fait de moi un homme chimérique, disciple de Saint Tudwal, de saint Iltud et de Saint Cadoc, dans un siècle où l’enseignement de ces saints n’a plus aucune application. Quand j’allais à Guingamp, ville plus laïque, et où j’avais des parents dans la classe moyenne, j’éprouvais de l’ennui et de l’embarras. Là, je ne me plaisais qu’avec une pauvre servante, à qui je lisais des contes. J’aspirais à revenir à ma vieille ville sombre, écrasée par sa cathédrale, mais où l’on sentait vivre une forte protestation contre tout ce qui est plat et banal. Je me retrouvais moi-même, quand j’avais revu mon haut clocher, la nef aiguë, le cloître et les tombes du XVème siècle qui y sont couchées ; je n’étais à l’aise que dans la compagnie des morts, près de ces chevaliers, de ces nobles dames, dormant d’un sommeil calme, avec leur levrette à leurs pieds et un grand flambeau de pierre à la main […]. Le digne patron des avocats est né dans le minihi de Tréguier, et sa petite église y est entourée d’une grande vénération. Ce défenseur des pauvres, des veuves, des orphelins, est devenu dans le pays le grand justicier, le redresseur de torts. En l’adjurant avec certaines formules, dans sa mystérieuse chapelle de Saint Yves de la Vérité, contre un ennemi dont on est victime, en lui disant : « Tu étais juste de ton vivant, montre que tu l’es encore », on est sûr que l’ennemi mourra dans l’année ».
Re: Esnest Renan et la Bretagne
Inauguration de la statue de Renan
Les incidents de Tréguier
Les incidents de Tréguier
Qu'eût-il pensé, s' il eût vécu, de ces hurlements, de ces quolibets, de ces menaces, de ces discours enflammés, de ces provocations à une partie de l' Opinion publique et de tous ces désordres, le paisible philosophe Renan qui, promu à l' un des plus hauts grades de la Légion d' honneur, s' écriait avec un désespoir comique : - Alors ! il y aura de l' artillerie à mon enterrement ? Qu' eût-il dit, le doux penseur, s' il avait vu, au pied de sa statue, le président du conseil, entouré d' une puissante escorte de soldats acclamé par des églantinards embrigadés à Paris et amenés par trains spéciaux ? Et s' il avait entendu, lui, le styliste le plus pur de notre temps, la Carmagnole, l ' Internationale et le Ca ira hurlés par les apaches du gouvernement, lui qui fut toujours si respectueux des croyances des autres, comme il voulait qu' on le fût des siennes. Et pourtant, derrière l' image pensive de Renan, on a dressé celle de Minerve, déesse de sagesse ! Renan le sait, après s' être destiné à l' état ecclésiastique, sentit sa foi s' évanouir et, loyalement, après bien des heures douloureuses de lutte, exprima ses doutes. Sa conviction fut sincère. Il fut, assurément, l' adversaire des catholiques et de l' Église, mais non point leur ennemi. Il fut toujours loyal. Au pied de sa statue, plus que partout ailleurs, le langage de ses protecteurs imprévus à parfaitement détonné ; ce fut toutes une catégorie d' arguments et de quolibets dont il eût mieux valu s' abstenir, quel que soit l' adversaire que l' on veuille attaquer. Avec un vocabulaire restreint, huit cents mots environ - dont pas un gros mot - Renan a su non seulement peindre les nuances les plus délicates et les plus fines de la pensée, mais graver en nos cerveaux du trait le plus profond et le plus pénétrant les vérités directrices que son esprit avait reconnues après des luttes déchirantes. Dès lors, quel besoin de recourir, devant son image, comme l' ont fait M. Combes et M. Brisson, dans leur zèle imprudent, à une certaine qualité de raisonnements qui ne relèvent guère la cause dont ils se font les apôtres ? Pourquoi ne pas les laisser aux pamphlets électoraux ? Que gagne-t-on à présenter des arguments sur un ton de polémique un peu subalterne, qui n' est pas le ton d' un chef de gouvernement ? Des catholiques bretons, après les récentes persécutions, ont considéré l' érection de la statue de Renan en face de leur église comme une provocation. Ils ont sifflé consciemment M. Combes et hué le funèbre M. Brisson, dont un gamin loustic constata qu' il n' avait pas l' air "tréguier". A ces protestations partisans de M. Combes, les admirateurs de sa politique antireligieuse, ont répandu par des coups, et le sang a coulé devant la statue de bronze du doux philosophe et devant Pallas, déesse de la Sagesse. Le soir, sous la pluie, un feu d' artifice fut tiré qui ne fit qu' accroître l' enthousiasme démocratique. On acclama l' image lumineuse de Renan et la pièce portant la devise des Bleus de Bretagne : Araok ! ce qui correspond à En avant ! Comme il faisait du vent, le mot n' apparut pas très nettement. Un spectateur lut Apache et demeura rêveur. Quand la dernière fusée eut été tirée, les cabarets furent envahis. Dans le café voisin, un baryton chanta jusqu' au milieu de la nuit des chansons anticléricales, mais obscènes : le public reprenait en coeur les refrains. Entre deux chansons, on hurlait des hymnes révolutionnaires. M. de Kerguezec monta sur une table et prononça une harangue qui fut applaudie. Dans les rues, les ivrognes chancelaient. D' une fête de l' esprit, le gouvernement a fait, volontairement, une manifestation de la Libre-Pensée. Ce fut une journée de triomphe pour les révolutionnaires et les internationalistes. Un des membres les plus modérés du cabinet, M. Chaumié, ministre de l' instruction publique, semble l' avoir fort bien compris, ce dont il nous faut le féliciter. Comme il allait, le lendemain de l' inauguration, déposer, avec quelques amis, des fleurs au pied du monument, des églantinards hurlèrent : - A bas la calotte ! - Ne dites pas cela, répondit M. Chaumié, mais bien plutôt : " Vive la raison ! Vive la tolérance ! " Et comme s' élevaient des cris : - Vive Chaumié ! - Non pas " Vive Chaumié !" mais : " Vive la République !" Je ne sais si ces louables paroles de libéralisme tolérant ne mettront pas celui qui eut le courage de les prononcer dans une posture délicate vis-à-vis de M. Combes et de ses protecteurs: mais un poète affirme que tandis que M. Chaumié les prononçait, la figure de bronze de Renan s' éclaira d' un sourire d' approbation, et que Minerve, déesse de la Sagesse, inclina la tête en signe d' assentiment.
Le Petit Journal du 27 Septembre 1903 http://cent.ans.free.fr/menu1903.htm
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