Les Bretons au Canada
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Les Bretons au Canada
Les Bretons au Canada
Jacques Cartier est honoré à Saint-Malo comme au Québec pour avoir été l'un des premiers Européens à reconnaître l'est du Canada. . Photo Yves Loisel
La Bretagne a de tout temps été une terre d'émigration et la situation économique comme les rêves d'aventure ont souvent poussé les Bretons à explorer de nouvelles terres où s'exiler. C'est le cas en Amérique du Nord et particulièrement au Canada, où la présence bretonne est très ancienne. Si officiellement, c'est le Malouin Jacques Cartier qui a pris possession des « Terres neuves » du Canada au nom du roi de France en 1535, la présence bretonne sur le continent est plus ancienne et remonte sans doute à la fin du XVe siècle, ainsi que l'a montré l'historien Alain Boulaire. Au début du XVIe siècle, il existait déjà une petite ville de Brest, plébiscités par les marins et les pêcheurs bretons qui allaient assidûment fréquenter les bancs de morue de Terre-Neuve pendant plusieurs siècles. La colonie française de Québec peine cependant, à ses débuts, à se développer. Envahie par les Anglais, en 1629, il faut l'obstination de certains colons, et particulièrement de Guillaume Couillard, originaire de Saint-Servan, pour qu'elle ne disparaisse pas. Pour sa persévérance, il sera anobli par le roi après la reprise de Québec. Aux XVIe et XVIIe siècles, les Bretons constituent aux alentours de 10 % des colons qui font souche en Nouvelle-France. Parmi eux, on peut relever la présence d'un petit hobereau originaire d'Huelgoat, François Le Bihan de Kervoac.
Il est l'ancêtre du fameux écrivain de la « Beat generation », Jack Kerouac. Un curé breton pour l'Acadie Le Québec n'est pas la seule terre canadienne où s'installent des Bretons. Né en 1709, à Morlaix, Jean-Louis Le Loutre a profondément marqué l'histoire de cette terre francophone d'Amérique. En 1738, il est envoyé en Acadie, une colonie francophone contrôlée par les Anglais depuis quelques décennies, dans une partie de l'actuel État canadien du New Brunswick. Les tensions sont fortes avec les protestants d'origine britannique. Dans les années 1740, agglomérant les milices acadiennes aux Indiens Micmac, l'abbé Le Loutre mène une véritable guerre de guérilla et devient la bête noire des Anglais dans la région. Il échouera, mais son souvenir est demeuré vivace chez les Acadiens dont une partie sera déportée par les Britanniques. En 1760, Paris perd définitivement le Canada. La présence francophone se maintient, mais les rapports de force démographiques changent au XIXe siècle, du fait de l'arrivée régulière de migrants anglophones. Les migrants francophones sont moins nombreux. En France, les candidats au départ s'orientent vers un empire colonial en pleine expansion.
Néanmoins, de nombreux Bretons continuent d'aller chercher fortune outre-Atlantique. Saint-Brieux du Canada En 1903-1904, l'abbé Le Floch prêche dans les Côtes-d'Armor, en breton comme en français, pour recruter des volontaires pour le Canada. Il parvient à convaincre 300 familles qui embarquent à Saint-Malo. Les émigrés se divisent en plusieurs groupes. Seuls 77 suivent l'abbé Le Floch vers l'est, la Saskatchewan, une contrée encore très sauvage où on leur donne des terres. Ils défrichent la forêt, construisent des maisons et des fermes. La colonie se développe et attire de nouvelles familles bretonnes. Rapidement, une école et une poste seront construites, or, pour cette dernière, il faut trouver un nom au lieu. Comme nombre des colons sont originaires des Côtes-du-Nord, ils choisissent le nom de la préfecture du département. Mais l'émotion de l'abbé Le Floch, ou une erreur de retranscription par l'administration canadienne, transforme le « c » final en « x ». Saint-Brieux du Canada existe toujours, comme un « Gourin city » dans l'Alberta. « Maria Chapdelaine »
Impossible d'évoquer la présence bretonne au Canada sans évoquer l'un des écrivains les plus populaires au Québec : Louis Hémon. Né à Brest en 1880 et mort prématurément à l'âge de 32 ans, il ne connaîtra pas le succès phénoménal de son principal roman, « Maria Chapdelaine », paru en feuilleton dès 1912 et en livre, chez Grasset, en 1921. Si Louis Hémon n'a vécu que deux ans au Canada, il a su admirablement décrire la vie des humbles paysans défricheurs de l'immense forêt américaine. Pour les Canadiens francophones, ce récit devient le symbole de leurs modes de vie et de leur résistance aux anglophones. En raison de leurs riches traditions maritimes et historiques, les relations entre la Bretagne et les régions orientales du Canada n'ont jamais cessé. En 1985, l'anniversaire du voyage de Jacques Cartier a permis de redévelopper les liens entre Saint-Malo et le Québec. Quant au Festival interceltique de Lorient et Jean-Pierre Pichard, dans les années 1990, ils ont beaucoup fait pour la redécouverte de la culture et la musique acadiennes. Imprimer Télécharger Envoyer
© Le Télégramme - Plus d’information sur http://www.letelegramme.fr/histoire/les-bretons-au-canada-06-04-2014-10111102.php
Jacques Cartier est honoré à Saint-Malo comme au Québec pour avoir été l'un des premiers Européens à reconnaître l'est du Canada. . Photo Yves Loisel
La Bretagne a de tout temps été une terre d'émigration et la situation économique comme les rêves d'aventure ont souvent poussé les Bretons à explorer de nouvelles terres où s'exiler. C'est le cas en Amérique du Nord et particulièrement au Canada, où la présence bretonne est très ancienne. Si officiellement, c'est le Malouin Jacques Cartier qui a pris possession des « Terres neuves » du Canada au nom du roi de France en 1535, la présence bretonne sur le continent est plus ancienne et remonte sans doute à la fin du XVe siècle, ainsi que l'a montré l'historien Alain Boulaire. Au début du XVIe siècle, il existait déjà une petite ville de Brest, plébiscités par les marins et les pêcheurs bretons qui allaient assidûment fréquenter les bancs de morue de Terre-Neuve pendant plusieurs siècles. La colonie française de Québec peine cependant, à ses débuts, à se développer. Envahie par les Anglais, en 1629, il faut l'obstination de certains colons, et particulièrement de Guillaume Couillard, originaire de Saint-Servan, pour qu'elle ne disparaisse pas. Pour sa persévérance, il sera anobli par le roi après la reprise de Québec. Aux XVIe et XVIIe siècles, les Bretons constituent aux alentours de 10 % des colons qui font souche en Nouvelle-France. Parmi eux, on peut relever la présence d'un petit hobereau originaire d'Huelgoat, François Le Bihan de Kervoac.
Il est l'ancêtre du fameux écrivain de la « Beat generation », Jack Kerouac. Un curé breton pour l'Acadie Le Québec n'est pas la seule terre canadienne où s'installent des Bretons. Né en 1709, à Morlaix, Jean-Louis Le Loutre a profondément marqué l'histoire de cette terre francophone d'Amérique. En 1738, il est envoyé en Acadie, une colonie francophone contrôlée par les Anglais depuis quelques décennies, dans une partie de l'actuel État canadien du New Brunswick. Les tensions sont fortes avec les protestants d'origine britannique. Dans les années 1740, agglomérant les milices acadiennes aux Indiens Micmac, l'abbé Le Loutre mène une véritable guerre de guérilla et devient la bête noire des Anglais dans la région. Il échouera, mais son souvenir est demeuré vivace chez les Acadiens dont une partie sera déportée par les Britanniques. En 1760, Paris perd définitivement le Canada. La présence francophone se maintient, mais les rapports de force démographiques changent au XIXe siècle, du fait de l'arrivée régulière de migrants anglophones. Les migrants francophones sont moins nombreux. En France, les candidats au départ s'orientent vers un empire colonial en pleine expansion.
Néanmoins, de nombreux Bretons continuent d'aller chercher fortune outre-Atlantique. Saint-Brieux du Canada En 1903-1904, l'abbé Le Floch prêche dans les Côtes-d'Armor, en breton comme en français, pour recruter des volontaires pour le Canada. Il parvient à convaincre 300 familles qui embarquent à Saint-Malo. Les émigrés se divisent en plusieurs groupes. Seuls 77 suivent l'abbé Le Floch vers l'est, la Saskatchewan, une contrée encore très sauvage où on leur donne des terres. Ils défrichent la forêt, construisent des maisons et des fermes. La colonie se développe et attire de nouvelles familles bretonnes. Rapidement, une école et une poste seront construites, or, pour cette dernière, il faut trouver un nom au lieu. Comme nombre des colons sont originaires des Côtes-du-Nord, ils choisissent le nom de la préfecture du département. Mais l'émotion de l'abbé Le Floch, ou une erreur de retranscription par l'administration canadienne, transforme le « c » final en « x ». Saint-Brieux du Canada existe toujours, comme un « Gourin city » dans l'Alberta. « Maria Chapdelaine »
Impossible d'évoquer la présence bretonne au Canada sans évoquer l'un des écrivains les plus populaires au Québec : Louis Hémon. Né à Brest en 1880 et mort prématurément à l'âge de 32 ans, il ne connaîtra pas le succès phénoménal de son principal roman, « Maria Chapdelaine », paru en feuilleton dès 1912 et en livre, chez Grasset, en 1921. Si Louis Hémon n'a vécu que deux ans au Canada, il a su admirablement décrire la vie des humbles paysans défricheurs de l'immense forêt américaine. Pour les Canadiens francophones, ce récit devient le symbole de leurs modes de vie et de leur résistance aux anglophones. En raison de leurs riches traditions maritimes et historiques, les relations entre la Bretagne et les régions orientales du Canada n'ont jamais cessé. En 1985, l'anniversaire du voyage de Jacques Cartier a permis de redévelopper les liens entre Saint-Malo et le Québec. Quant au Festival interceltique de Lorient et Jean-Pierre Pichard, dans les années 1990, ils ont beaucoup fait pour la redécouverte de la culture et la musique acadiennes. Imprimer Télécharger Envoyer
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