Travail de nuit, ces femmes qui font avec
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Travail de nuit, ces femmes qui font avec
Publié le 12/10/2016 à 17:52 article le figaro
Elles travaillent quand tout le monde dort et dorment quand tout le monde est au bureau. Témoignages de femmes en décalage avec le reste de la société.
Octavie, Émilie et Nariman travaillent de 20 heures à 7 heures le lendemain matin. Est-ce un choix délibéré ? Comment gèrent-elles leur vie de famille ? Témoignages.
Les chiffres parlent d'eux-mêmes. Les femmes ayant un emploi de nuit étaient 500.000 en 1991 contre un million en 2012. Un chiffre qui a doublé en une décennie. En 2012, le nombre de personnes travaillant de nuit, de manière occasionnelle ou habituelle, était de 3,5 millions, soit 15,4 % des salariés, selon une étude de DARES,http://travail-emploi.gouv.fr/IMG/pdf/2014-062.pdf
la Direction de l'Animation de la Recherche et des Statistiques. Parmi ces femmes, presque toutes ont commencé de nuit alors que c'était leur premier emploi. C'est le cas d'Octavie Danckaert, 25 ans, infirmière dans un service de pneumologie pédiatrique, et Émilie Chevé, 36 ans, aide-soignante dans une maison de retraite. Après un master en études européennes et internationales, Nariman Dine*, 32 ans, n'a pas trouvé de poste dans le milieu bancaire et a donc décidé de se réorienter dans l'hôtellerie après une formation de réceptionniste polyvalente.
Plus d'argent mais une vie en décalé
Pour Octavie Danckaert, « avec des jours de repos en semaine, j'ai l'impression de mieux profiter de ma journée, pour des rendez-vous ou faire les courses. La nuit, au boulot, ce sont des moments privilégiés avec les patients. On peut se permettre de prendre plus de temps pour les soins ». Et Nariman Dine* de renchérir « la nuit c'est bien aussi car l'hôtel est plus calme ». Mais pour cette jeune maman, même si le salaire un peu plus conséquent et le seul avantage à travailler en horaires décalés (elle gagne 150 euros de plus par mois), il ne faut pas faire abstraction des désagréments qui vont avec.
Difficile d'avoir une vie sociale normale quand on œuvre de 20 heures jusqu'au petit matin. Avec une fille de 14 ans en internat pour des questions d'organisation, Émilie Chevé travaille deux ou cinq nuits selon les semaines. « Je profite de mon compagnon les semaines calmes. Sinon, on se voit à peine. Lorsque je travaille cinq nuits, je ne vois personne », précise-t-elle, « je ne compte plus les dîners en famille ou entre amis que j'ai raté car je ne pouvais pas prendre ma soirée à la dernière minute ». Maman d'un bébé de 7 mois, Nariman Dine* est actuellement en congé parental. Avant, sa vie se résumait à « aller au travail, dormir et y retourner ». Octavie Danckaert fait des nuits depuis plus de trois ans et pense que cela se ressent sur sa santé. « Quand je suis en vacances, il me faut du temps pour récupérer un rythme normal. L'hiver, le manque de lumière est pesant, il fait noir tout le temps ! » Même constat pour la santé d'Émilie qui a pris une dizaine de kilos en deux ans. Et ce ne sont pas des cas isolés. En juin dernier, l'Agence Nationale de la Sécurité Sanitaire (Anses) sortait un rapport d'évaluation des risques sanitaires liés au travail de nuit, parlant d'effets sur le sommeil et la santé comme l'obésité, le diabète et les maladies coronariennes. https://www.anses.fr/fr/system/files/AP2011SA0088Ra.pdf
Un retour à la "vie" normale
Toutes trois aspirent à revenir à des horaires de jour. L'une pour s'occuper de son enfant. L'autre pour en faire un prochainement. Octavie Danckaert nuance : « Oui mais pas tout de suite. Le jour où je ne saurai plus dormir la journée. Je pense que cela peut être pratique avec des enfants : les conduire à l'école le matin, aller se coucher, se lever pour aller les récupérer et bosser quand ils dorment. Le fils d'une de mes collègues a dit à son école que le travail de sa maman c'était de dormir ». S'il savait...
* Le prénom et le nom ont été modifiés
Elles travaillent quand tout le monde dort et dorment quand tout le monde est au bureau. Témoignages de femmes en décalage avec le reste de la société.
Octavie, Émilie et Nariman travaillent de 20 heures à 7 heures le lendemain matin. Est-ce un choix délibéré ? Comment gèrent-elles leur vie de famille ? Témoignages.
Les chiffres parlent d'eux-mêmes. Les femmes ayant un emploi de nuit étaient 500.000 en 1991 contre un million en 2012. Un chiffre qui a doublé en une décennie. En 2012, le nombre de personnes travaillant de nuit, de manière occasionnelle ou habituelle, était de 3,5 millions, soit 15,4 % des salariés, selon une étude de DARES,http://travail-emploi.gouv.fr/IMG/pdf/2014-062.pdf
la Direction de l'Animation de la Recherche et des Statistiques. Parmi ces femmes, presque toutes ont commencé de nuit alors que c'était leur premier emploi. C'est le cas d'Octavie Danckaert, 25 ans, infirmière dans un service de pneumologie pédiatrique, et Émilie Chevé, 36 ans, aide-soignante dans une maison de retraite. Après un master en études européennes et internationales, Nariman Dine*, 32 ans, n'a pas trouvé de poste dans le milieu bancaire et a donc décidé de se réorienter dans l'hôtellerie après une formation de réceptionniste polyvalente.
Plus d'argent mais une vie en décalé
Pour Octavie Danckaert, « avec des jours de repos en semaine, j'ai l'impression de mieux profiter de ma journée, pour des rendez-vous ou faire les courses. La nuit, au boulot, ce sont des moments privilégiés avec les patients. On peut se permettre de prendre plus de temps pour les soins ». Et Nariman Dine* de renchérir « la nuit c'est bien aussi car l'hôtel est plus calme ». Mais pour cette jeune maman, même si le salaire un peu plus conséquent et le seul avantage à travailler en horaires décalés (elle gagne 150 euros de plus par mois), il ne faut pas faire abstraction des désagréments qui vont avec.
Difficile d'avoir une vie sociale normale quand on œuvre de 20 heures jusqu'au petit matin. Avec une fille de 14 ans en internat pour des questions d'organisation, Émilie Chevé travaille deux ou cinq nuits selon les semaines. « Je profite de mon compagnon les semaines calmes. Sinon, on se voit à peine. Lorsque je travaille cinq nuits, je ne vois personne », précise-t-elle, « je ne compte plus les dîners en famille ou entre amis que j'ai raté car je ne pouvais pas prendre ma soirée à la dernière minute ». Maman d'un bébé de 7 mois, Nariman Dine* est actuellement en congé parental. Avant, sa vie se résumait à « aller au travail, dormir et y retourner ». Octavie Danckaert fait des nuits depuis plus de trois ans et pense que cela se ressent sur sa santé. « Quand je suis en vacances, il me faut du temps pour récupérer un rythme normal. L'hiver, le manque de lumière est pesant, il fait noir tout le temps ! » Même constat pour la santé d'Émilie qui a pris une dizaine de kilos en deux ans. Et ce ne sont pas des cas isolés. En juin dernier, l'Agence Nationale de la Sécurité Sanitaire (Anses) sortait un rapport d'évaluation des risques sanitaires liés au travail de nuit, parlant d'effets sur le sommeil et la santé comme l'obésité, le diabète et les maladies coronariennes. https://www.anses.fr/fr/system/files/AP2011SA0088Ra.pdf
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