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Internet peut favoriser le dialogue social

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Message par Admin Lun 12 Déc - 16:39

Publié le 11/12/2016 à 18:37  

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Au boulot : « Internet peut favoriser le dialogue social »

Dans les entreprises, Internet change les règles du jeu. Cela peut être une chance pour les salariés, à condition que les syndicats parviennent à réinventer leur rôle.

Ce concours a été créé par Rue89 et Fabernovel Institute pour mettre en valeur de jeunes chercheurs dont les travaux permettent de mieux comprendre les transformations en cours dans notre société numérique. Y compris, donc, au travail. Entretien


Rue89
: Le rôle d’Internet dans nos vies est reconnu dans la loi Travail, qui prévoit notamment un droit à la déconnexion. Dans quel mesure considère-t-elle Internet comme un outil de dialogue social ?

Yann-Maël Larher : La loi Travail donne notamment accès aux syndicats aux intranets des entreprises. Ca change beaucoup de choses. Jusqu’à présent, ils pouvaient uniquement distribuer des tracts à l’entrée ou à la sortie des entreprises, ou poser des affiches sur les panneaux. Ils vont pouvoir réfléchir autrement aux tracts numériques.

Les salariés en télétravail vont pouvoir être informés. C’est un grand changement. Les salariés vont pouvoir consulter les informations syndicales au moment qui leur convient. Ils vont aussi pouvoir enrichir l’expression syndicale : jusqu’à présent, ils recevaient seulement des tracts ; là ils vont pouvoir donner leur avis. Le syndicat va aussi pouvoir recueillir plus facilement l’avis des salariés. Pour autant, on aurait tort de considérer que le dialogue social ne concerne que les syndicats en tant qu’institution. Le dialogue social sur Internet va beaucoup plus loin.

Y a-t-il une chance pour que ça change vraiment les choses ? N’est-ce pas un peu gadget ?

Pour l’instant, les intranets sont gadgets. Ils ont peu d’intérêt parce que les salariés n’y participent pas beaucoup. Ces derniers ne savent pas toujours s’ils ont le droit de s’exprimer dessus ; et quand ils savent qu’ils ont le droit, ils ne se sentent pas toujours légitimes à donner leur avis. Il faut faire de la pédagogie. Mais l’intervention des syndicats peut encourager les salariés à proposer des idées d’améliorations au fonctionnement de l’entreprise

Les représentants syndicaux sont-ils prêts à se saisir de cette nouvelle opportunité ?

Les représentants syndicaux avec qui j’ai pu discuter sont plutôt ouverts à ces nouveaux espaces. Leur difficulté, c’est qu’ils ne sont pas tous au fait des nouvelles technologies. Parfois les salariés sont mieux formés qu’eux à ces outils, ils ont alors un temps de retard. Les centrales syndicales comme les entreprises ont intérêt à former les représentants syndicaux à la compréhension de ces enjeux

Certains peuvent craindre d’être quelque peu court-circuités...


Je pense que les réseaux sociaux d’entreprise peuvent apaiser les relations sociales en interne. Plutôt que d’avoir des salariés qui se défoulent sur Facebook ou sur Twitter (où on peut être anonyme) si dans l’entreprise on peut avoir l’occasion de s’exprimer, on va dénouer beaucoup de choses. Quand des gens décident de raconter sur Twitter des choses qui se passent mal dans leur entreprise, c’est en général qu’ils sont en souffrance depuis longtemps et ne voyaient pas d’autre moyen de l’exprimer.

Mais beaucoup de salariés ont peur de s’exprimer à visage découvert. Avoir un intranet ne change rien à l’affaire...

C’est vrai. Les entreprises peuvent être attentives à ce qui relève du non dit. Par exemple, si l’entreprise met une nouvelle vidéo en ligne en disant que c’est sa nouvelle signature, rien qu’avec le nombre de likes on peut savoir si les salariés adhèrent ou pas.

Ensuite, beaucoup de salariés ont envie de s’exprimer. Seulement, on ne passe pas du jour au lendemain d’une culture où on dit « vous n’avez le droit de rien dire, et l’information descend » à « je fais remonter et je partage avec les autres ». Le temps d’adaptation varie selon les entreprises.

Ces derniers mois, des collectifs se sont créés sur Internet pour mener des luttes. Lesquels vous semblent les plus intéressants ?


On pourrait citer l’utilisation de l’application Periscope par les policiers en octobre dernier mais l’initiative la plus aboutie en France a été portée contre la loi Travail en février 2016. La pétition « Loi travail : non, merci ! », à l’initiative d’une seule personne a recueilli plus de 1,3 millions de signatures. Les tweets du hashtag #OnVautMieuxQueCa ont porté des plaintes et des slogans qu’on avait l’habitude de voir lors des manifestations physiques (entre une banderole rouge et un drapeau breton). Enfin, même Facebook a été mis à contribution pour organiser des évènements.

Ces initiatives ont pris de vitesse le gouvernement mais aussi les centrales syndicales, qui ont critiqué le texte mais n’ont pas réagi aussi vite que les internautes. Ce qui est intéressant c’est que le gouvernement s’est finalement mis au niveau des individus en créant, un peu maladroitement, un compte Twitter @LoiTravail pour expliquer sa réforme.

Est-ce que les syndicats ont tiré des leçons de ces expériences qui se sont déroulées hors de leur orbite ?

Certaines initiatives sont prises mais elles sont encore très isolées. Sur les réseaux sociaux, la CFDT a créé des comptes Twitter dans beaucoup d’entreprises. Mais quand on regarde les contenus d’une entreprise à une autre, ce n’est pas du tout géré de la même façon. c’est donc encore loin d’être mature.

Comment expliquez-vous ce relatif retard par rapport à la société ?

Je ne pense pas que ce soit un retard propre aux syndicats. Les entreprises sont elles-mêmes très en retard sur les consommateurs. Il n’y a qu’à regarder l’utilisation des réseaux sociaux des entreprises du Cac40, celle des patrons d’entreprises, ou encore celle des hommes politiques… Toute une partie de la société reste assez déconnectée, et les syndicats en font partie.

Est-ce qu’Internet permet de favoriser le dialogue social à l’intérieur d’une entreprise ?

Oui, je le crois.

Un vrai dialogue ou une apparence de dialogue ?

Avant, il n’y avait rien. C’est forcément mieux. Mais ça dépend encore une fois de la manière dont ça se passe. Si les salariés dialoguent entre eux ça ne sert à rien. Mais si, plutôt que de décider de l’organisation d’un séminaire tout en haut de l’entreprise, une fois que le budget est déterminé, on demande aux gens ce qu’ils ont envie de faire pendant le séminaire, on peut obtenir des réponses intéressantes. Et créer les conditions d’un échange direct.

Autre nouveauté de la loi Travail : la possibilité d’organiser des consultations électroniques des salariés. Que pensez-vous de cette disposition ?

Le vote des salariés n’arrive qu’en deuxième niveau, quand les syndicats l’ont décidé. Le vote du public arrive uniquement pour servir une stratégie syndicale et politique. Ce n’est donc pas la base d’une consultation sincère des salariés. On les instrumentalise quand on en a besoin. Les syndicats n’ont absolument pas envie qu’on fasse appel au « référendum d’entreprise » dans des thématiques spécifiques - ou alors ils n’ont plus le dernier mot.

Est-ce qu’ils n’ont pas raison de se méfier ?

Les syndicalistes ont tort parce qu’il s’agit d’abord d’une opportunité pour réinventer leur rôle et devenir des animateurs de la discussion. Les individus n’ont pas forcément le temps de s’informer sur les pour et les contre de chaque sujet, mais ils vont s’y intéresser quand on va leur donner le pouvoir de voter. Aujourd’hui les gens ne lisent pas parce qu’ils savent que de toute façon les syndicats vont voter à leur place.

La révolution numérique a créé de nouveaux types d’emplois. Des secteurs entiers se retrouvent aujourd’hui sans représentation syndicale. Comment peut-on représenter et défendre les travailleurs de l’économie collaborative ?

De la même manière que les travailleurs de l’ancienne économie. Notamment à travers l’e-réputation, ce qu’on appelle le « name and shame ». Ca peut être organisé par des ONG, par l’Etat, par des consommateurs ou les salariés eux-mêmes. On assiste aujourd’hui à une multiplication des plateformes participatives de notation d’entreprises comme Glassdoor ou maintenant Viadeo qui s’est mis à faire la même chose, toutes ces plateformes où on donne son salaire, ses avantages, où on évalue l’environnement de travail … Du coup l’entreprise, si elle veut continuer à attirer des talents, est obligée de veiller à sa notation, et donc d’améliorer in fine les conditions de travail des salariés.

Est-ce que les sites de notation produisent des effets concrets ?

En France, pas encore. Les salariés ne participent pas massivement à ces plateformes de notation contrairement à ce qu’ils font déjà pour les restaurants. Mais aux Etats-Unis, des plateformes de pétition ont déjà permis à des collectifs éphémères d’obtenir gain de cause – chez Walmart notamment.

Autre catégorie de travailleurs qui n’est pas protégée : ceux qui accomplissent des micro-tâches qui relèvent du « Digital Labor ». Comment peut-on faire pour obliger les donneurs d’ordre à être un peu responsables du sort de ces travailleurs-là ?

Ces travailleurs-là ont le sort le moins enviable qui soit. S’ils choisissent ces micro-tâches, c’est qu’ils n’ont pas d’autre choix. Et comme ce sont de toutes petites tâches un peu invisibles, personne ne s’intéresse vraiment à eux, et ils ne peuvent pas non plus expliquer exactement ce qu’ils font. Ils se retrouvent donc dans une situation très compliquée…

Comment peut-on peut les protéger ?

La difficulté, c’est qu’ils ne savent pas précisément pour qui ou quoi ils travaillent. Quand je fais un reCaptcha pour Orange, je ne sais pas pourquoi je le fais. Peut-être que la législation pourrait demander que la finalité de ces tâches invisibles mais réelles soit explicite. Si on savait qui en bénéficie, ce serait déjà un grand pas en avant.

Cela permettrait d’exiger une forme de rémunération ?


C’est ce qu’explique à longueur d’articles Antonio Casilli. Je pense que ça pourrait être une forme de contrepartie au revenu universel. Ce dispositif pourrait rémunérer ces millions de tâches invisibles, difficiles à mesurer, mais bien réelles. On pourrait donc baser le financement du revenu universel sur la valeur générée par l’économie de la donnée .

Pourquoi les syndicats français s’intéressent-ils si peu en apparence à cette question ?

Le syndicalisme est victime des barrières à l’entrée dans le monde syndical. Aujourd’hui pour être syndicaliste il faut avoir quelques années dans l’entreprise ; je ne connais pas beaucoup de syndicalistes en CDD ou en alternance, or les jeunes ne sont pas majoritairement en CDI dans les entreprises ; enfin le syndicalisme est historiquement fort dans l’industrie, qui est un peu le dernier des dinosaures pour intégrer les logiques d’Internet. Je pense que toutes ces raisons expliquent une partie du retard syndical.

Certains considèrent que le numérique accroît l’asservissement des travailleurs. D’autres que c’est un incroyable outil d’émancipation. Et vous ?

C’est souvent l’un et l’autre à la fois. Si l’on prend des cadres qui travaillent à La Défense, ils peuvent maîtriser facilement les codes des réseaux sociaux, le travail à distance va leur économiser des temps de trajet et les plateformes comme Glassdoor sont créées pour eux… On peut y voir la création d’un rééquilibrage de la relation de travail où le salarié est historiquement considéré comme la partie faible au contrat. Mais la logique est inversée pour les nouveaux indépendants.

Si on prend un chauffeur Uber qui a pris un crédit et qui est obligé de travailler pour rembourser sa voiture, c’est l’algorithme qui définit le montant des courses qui va dicter sa journée de travail. Glassdoor ne lui servira à rien et il ne bénéficie pas non plus des anciens réseaux de syndicats...

Mais là encore, le numérique peut faire évoluer les choses, à l’instar de la plateforme « Union » lancée par la CFDT le 29 novembre dernier à destination des travailleurs indépendants.



PDF   LE TRAVAIL À L’ÉPREUVE
DE LA SOCIÉTÉ NUMÉRIQUE

Internet peut favoriser le dialogue social  Sans_299

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