Les timbres de grève
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Les timbres de grève
Mais il y a eu, aussi, l’affaire des grèves… Les événements de mai 1968 n’avaient pas eu de répercussions profondes sur la philatélie française. Après un obligatoire et net fléchissement, le marché avait retrouvé un cours normal. Or, il s’était trouvé que plusieurs chambres de commerce, pendant la période troublée, avaient émis des vignettes destinées à remplacer les timbres officiels sur le courrier et les colis à expédier.
Lorsque la situation redevint calme, les vignettes firent leur apparition et elles se vendirent à des prix réellement astronomiques, au point que le ministère des Postes et Télécommunications intervint. Dans un communiqué adressé à la presse, il déclara, notamment, que : « Ces étiquettes ne sauraient être considérées ni comme des timbres-poste ni comme des timbres de remplacement. » De plus, comme le bruit avait couru que le ministère avait autorisé l’émission de ces étiquettes, le communiqué opposait un démenti formel à cette assertion.
Mais le mal était fait, et ce d’autant plus que certains catalogues avaient déjà inscrit les timbres de grève à leur répertoire et en les cotant eux-mêmes de façon très élevée.
Les figurines émises à l’occasion des grèves postales intriguent et intéressent nombre de collectionneurs. Mais si certains les recherchent indistinctement, sans trop se soucier de la nature exacte de chacune d’entre elles, d’autres les excommunient en bloc, sans distinguer celles qui émanent de services ayant réellement fonctionné en temps de grève, de celles revêtant un caractère purement fictif.
Seule, dans le passé, une étude parue en 1983 dans l’Écho de la Timbrologie avait décortiqué chaque émission antérieure à cette date pour déterminer lesquelles de ces figurines méritaient réellement la qualification de timbres. Depuis, rien n’était paru sur la question jusqu’à de récents articles de Jean Louis Franceschi dans Timbre-Magazine et l’Écho de la Timbrologie, qui sont venus enfin donner, depuis décembre 2005, un inventaire critique et impartial de toutes les émissions de grève, sur la base de trois ans d’enquête approfondie.
Il s’est trouvé, par ailleurs, que, depuis 2006, les catalogues successifs Dallay de France, suivis depuis peu par le nouveau Maury 2009, ont présenté la nomenclature la plus étendue et la plus neutre publiée à ce jour des figurines de grève réelles ou prétendues parues en France depuis 1909, mais sans les distinguer entre elles. Puis enfin, le catalogue Yvert, après en être resté depuis un demi siècle à l’émission de 1953, vient enfin de se décider à mentionner, dans son édition 2010 les autres timbres de grève, mais seulement les véritables, c’est-à-dire ceux « émanant d’organismes auxiliaires de transport de courier ayant effectivement fonctionné », à deux exceptions près. On utilisera donc ici les numérotation ces catalogues pour préciser la désignation des différentes figurines évoquées.
Enfin le même Jean-Louis Franceschi a publié deux éditions de son Catalogue spécialisé des figurines et marques de grève françaises, dont la seconde, celle de 2007-2008 améliorée, fait suivre chaque numéro de figurine de la mention rouge sans équivoque de « timbre » ou de « vignette ».
C’est à partir de 1899, 1904 et 1906 que des grèves postales survinrent périodiquement en France. Si en ces occasions, les particuliers sans défense furent contraints à subir passivement le fardeau de ces mouvements sociaux, il n’en fut pas de même pour les négociants et producteurs : les grandes pertes provoquées par ces grèves risquaient parfois, en effet, de compromettre la survie de leurs entreprises. Ceux-ci eurent alors généralement recours à leurs chambres de commerce pour faire fonctionner des services postaux de substitution. Ainsi arriva-t-il que certaines de ces chambres utilisent, à cet effet, une ou deux figurines de grève. Ainsi arriva-t-il aussi, mais plus rarement, que d’autres services temporaires totalement improvisés, à la suite de celui des agents de change en 1909, s’instaurent eux aussi, et que certains d’entre eux s’avisent même par la suite d’émettre de tels timbres.
timbreTous ces timbres, certes, y compris ceux des chambres de commerce, étaient privés (cf.Timbre privé). Cependant, comme leurs émetteurs s’étaient substitués au service public défaillant de la poste, et comme la présence de ces figurines sur les plis était nécessaire pour que ceux-ci soient transportés, lesdits timbres de grève ont vocation à figurer dans les catalogues nationaux et dans les collections de timbres-poste, au même titre que ceux de la poste officielle.
Mais encore faut-il distinguer soigneusement ces timbres de grève des multiples vignettes pourvues de mentions mensongères, que d’aimables fantaisistes mettent en circulation comme « timbres de grève », alors qu’elle n’ont correspondu, en réalité, à aucun service de transport de courrier.
C’est pourquoi il convient de distinguer soigneusement :
•les véritables timbres de grève ;
•des « vignettes de grève », ou « pseudo-timbres de grève ».
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