l'AVENTURE DE LA GRANDE PECHE
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l'AVENTURE DE LA GRANDE PECHE
L'aventure de la Grande Pêche
Séverine Breton - Publié le 15/01/2018 à 10:10, mis à jour le 15/01/2018 à 10:54
« Contre un panneau du fond, une sainte vierge était fixée (…), elle était un peu ancienne (…) et peinte avec un art naïf (…) mais les personnages en faïence se conservent beaucoup plus longtemps que les vrais hommes », écrit Pierre Loti dans « Pêcheur d’Islande ». Les personnages en faïence se conservent plus longtemps que les vrais hommes, en quelques mots, l’écrivain dit la rudesse du métier et la fragilité de la vie de ces marins qui partaient pêcher la morue dans les eaux glacées et tourmentées de Terre-Neuve ou d’Islande.
Cinq siècles de Grande Pêche à Terre Neuve et en Islande
Les bancs de morue de Terre Neuve ont été découverts à la fin du 15ème siècle. On dit qu’alors, les morues étaient si nombreuses qu’on pouvait les apercevoir, miroitant dans l’eau. La rumeur se répand très vite, de port en port. Paimpol, Binic, Saint-Malo, Fécamp, Bordeaux… en Bretagne, en Normandie, des bateaux sont armés pour partir chercher ce poisson que l’on appelle, Or Blanc.
Sur les voiliers, les goélettes, il faut alors des jours et des jours de mer pour atteindre le grand nord. Les marins partaient à la mi-février, pour ne rentrer qu’à l’automne, ils ne voyaient jamais les feuilles des arbres. Au 16ème siècle, 10 000 hommes embarquaient chaque hiver.
La pêche dans la brume, le froid et le vent
Mais si la morue chérit les eaux à deux degrés, les marins eux ne l’aime guère à cette température. Sur le pont, les températures étaient rarement positives, il fallait pourtant pêcher… à la ligne, à bord des goélettes islandaises. Les hommes tiraient leur place au sort, mais tous, quoi qu’il arrive, étaient face au vent, à la pluie, à la neige. A Terre Neuve, les hommes quittaient le voilier pour aller pêcher sur des doris, une sorte de petite barque. Ils partaient à deux pour la journée, espérant ne pas se perdre dans les brumes et les vagues.
« Quand la morue donne, il faut la prendre ! »
Et de retour à bord, les hommes nettoyaient la morue : les piqueurs la vidaient, les décolleurs lui coupaient la tête et les trancheurs la fendaient en deux, lui enlevaient l’arête dorsale et l’envoyaient en cale ou le saleur, salait et empilait.
Les journées de travail duraient souvent 16 ou 18h, mais à Terre Neuve, il n’y avait qu’une loi : « Quand la morue donne, il faut la prendre ! »
« Si tu embarques fainéant, tu débarqueras courageux » répète souvent Lionel Martin, un malouin embarqué à 15 ans. Les mousses étaient les chiens du bord ajoute Hyacinthe Chapron. C’est eux qui amenaient le repas à la bordée, puis qui lavaient les morues. Au travail, au froid, s’ajoutaient souvent la brume, les tempêtes, les icebergs. 120 goélettes et 2 000 marins du canton de Paimpol auraient péri entre 1852 et 1935 lors de la pêche en Islande.
La grande pêche nourrit l'imaginaire des hommes
Pendant cinq siècles, la morue a nourri le ventre des hommes mais aussi leur imaginaire. Des peintres comme Marin Marie, des compositeurs comme Théodore Botrel ont immortalisé les goélettes dans la tourmente, la Paimpolaise qui attend son marin au pays breton. En 1886, le roman de Pierre Loti, « Pêcheur d’Islande » raconte la tragique histoire d’amour entre Gaud, jeune fille de Paimpol et le Grand Yann. Les mots de l’écrivain touchent les lecteurs et font connaître le métier bien au-delà des côtes bretonnes. Pierre Loti en profite pour lancer une souscription pour venir en aide aux veuves d’islandais.
La fin de la Grande Pêche en 1992
Au vingtième siècle, les chalutiers, les bateaux usine remplacent les trois-mâts. Le froid est toujours le même, mais les marins pêchent autant de poissons en quelques jours que les ancêtres en capturaient en de longs mois. Les pêcheurs ne sont plus les seuls à souffrir. La morue est menacée de disparition. En 1992, le Canada impose un moratoire et met fin à cinq siècles de Grande Pêche.
Paimpol : la pêche en Islande de 1852 à 1935
Pendant cinq siècles, des marins bretons et normands sont partis pêcher la morue au large de Terre Neuve et de l'Islande. Si les eaux poissonneuses les attiraient, il y avait aussi une nécessité économique, les petites fermes bretonnes étaient souvent insuffisantes pour faire vivre les familles. Alors, ils quittaient le port au mois de février pour ne revenir qu'à l'automne, on dit qu'ils ne voyaient jamais les feuilles des arbres.
La vie des femmes des marins de la Grande Pêche
Elles restaient à terre, huit mois toutes seules, après avoir suivi longtemps de la pointe de la Trinité le départ des goélettes qui emmenaient leurs hommes vers les bancs de Terre Neuve et d'Islande. Ces femmes de marin, avaient pris l'habitude de s'habiller de noir en permanence, en deuil d'un père, d'un frère, d'un mari ou d'un fils...
Saint-Malo : la pêche sur les bancs de Terre Neuve
A Saint-Malo la Grande pêche s'est poursuivie jusque dans les années 1990. Les goélettes ont laissé place aux chalutiers et aux bateaux-usines, mais les conditions sont restées les mêmes... le froid, la glace, le vent et les brouillards...
La Grande Pêche à travers les arts
Si la morue a longtemps nourri les hommes, elle a aussi suscité leur imaginaire. Des peintres comme Marin Marie, des auteurs-compositeurs comme Théodore Botrel ont immortalisé les goélettes dans la tourmente ou les doris sur les bancs de Terre Neuve. Celui qui a le mieux décrit la vie de ces "Pêcheurs d'Islande", c'est l'écrivain Pierre Loti...
-20180116-[info-bouton7]]https://france3-regions.francetvinfo.fr/bretagne/aventure-grande-peche-1399839.html#xtor=EPR-521-[france3regions]-20180116-[info-bouton7]
Séverine Breton - Publié le 15/01/2018 à 10:10, mis à jour le 15/01/2018 à 10:54
« Contre un panneau du fond, une sainte vierge était fixée (…), elle était un peu ancienne (…) et peinte avec un art naïf (…) mais les personnages en faïence se conservent beaucoup plus longtemps que les vrais hommes », écrit Pierre Loti dans « Pêcheur d’Islande ». Les personnages en faïence se conservent plus longtemps que les vrais hommes, en quelques mots, l’écrivain dit la rudesse du métier et la fragilité de la vie de ces marins qui partaient pêcher la morue dans les eaux glacées et tourmentées de Terre-Neuve ou d’Islande.
Cinq siècles de Grande Pêche à Terre Neuve et en Islande
Les bancs de morue de Terre Neuve ont été découverts à la fin du 15ème siècle. On dit qu’alors, les morues étaient si nombreuses qu’on pouvait les apercevoir, miroitant dans l’eau. La rumeur se répand très vite, de port en port. Paimpol, Binic, Saint-Malo, Fécamp, Bordeaux… en Bretagne, en Normandie, des bateaux sont armés pour partir chercher ce poisson que l’on appelle, Or Blanc.
Sur les voiliers, les goélettes, il faut alors des jours et des jours de mer pour atteindre le grand nord. Les marins partaient à la mi-février, pour ne rentrer qu’à l’automne, ils ne voyaient jamais les feuilles des arbres. Au 16ème siècle, 10 000 hommes embarquaient chaque hiver.
La pêche dans la brume, le froid et le vent
Mais si la morue chérit les eaux à deux degrés, les marins eux ne l’aime guère à cette température. Sur le pont, les températures étaient rarement positives, il fallait pourtant pêcher… à la ligne, à bord des goélettes islandaises. Les hommes tiraient leur place au sort, mais tous, quoi qu’il arrive, étaient face au vent, à la pluie, à la neige. A Terre Neuve, les hommes quittaient le voilier pour aller pêcher sur des doris, une sorte de petite barque. Ils partaient à deux pour la journée, espérant ne pas se perdre dans les brumes et les vagues.
« Quand la morue donne, il faut la prendre ! »
Et de retour à bord, les hommes nettoyaient la morue : les piqueurs la vidaient, les décolleurs lui coupaient la tête et les trancheurs la fendaient en deux, lui enlevaient l’arête dorsale et l’envoyaient en cale ou le saleur, salait et empilait.
Les journées de travail duraient souvent 16 ou 18h, mais à Terre Neuve, il n’y avait qu’une loi : « Quand la morue donne, il faut la prendre ! »
« Si tu embarques fainéant, tu débarqueras courageux » répète souvent Lionel Martin, un malouin embarqué à 15 ans. Les mousses étaient les chiens du bord ajoute Hyacinthe Chapron. C’est eux qui amenaient le repas à la bordée, puis qui lavaient les morues. Au travail, au froid, s’ajoutaient souvent la brume, les tempêtes, les icebergs. 120 goélettes et 2 000 marins du canton de Paimpol auraient péri entre 1852 et 1935 lors de la pêche en Islande.
La grande pêche nourrit l'imaginaire des hommes
Pendant cinq siècles, la morue a nourri le ventre des hommes mais aussi leur imaginaire. Des peintres comme Marin Marie, des compositeurs comme Théodore Botrel ont immortalisé les goélettes dans la tourmente, la Paimpolaise qui attend son marin au pays breton. En 1886, le roman de Pierre Loti, « Pêcheur d’Islande » raconte la tragique histoire d’amour entre Gaud, jeune fille de Paimpol et le Grand Yann. Les mots de l’écrivain touchent les lecteurs et font connaître le métier bien au-delà des côtes bretonnes. Pierre Loti en profite pour lancer une souscription pour venir en aide aux veuves d’islandais.
La fin de la Grande Pêche en 1992
Au vingtième siècle, les chalutiers, les bateaux usine remplacent les trois-mâts. Le froid est toujours le même, mais les marins pêchent autant de poissons en quelques jours que les ancêtres en capturaient en de longs mois. Les pêcheurs ne sont plus les seuls à souffrir. La morue est menacée de disparition. En 1992, le Canada impose un moratoire et met fin à cinq siècles de Grande Pêche.
Paimpol : la pêche en Islande de 1852 à 1935
Pendant cinq siècles, des marins bretons et normands sont partis pêcher la morue au large de Terre Neuve et de l'Islande. Si les eaux poissonneuses les attiraient, il y avait aussi une nécessité économique, les petites fermes bretonnes étaient souvent insuffisantes pour faire vivre les familles. Alors, ils quittaient le port au mois de février pour ne revenir qu'à l'automne, on dit qu'ils ne voyaient jamais les feuilles des arbres.
La vie des femmes des marins de la Grande Pêche
Elles restaient à terre, huit mois toutes seules, après avoir suivi longtemps de la pointe de la Trinité le départ des goélettes qui emmenaient leurs hommes vers les bancs de Terre Neuve et d'Islande. Ces femmes de marin, avaient pris l'habitude de s'habiller de noir en permanence, en deuil d'un père, d'un frère, d'un mari ou d'un fils...
Saint-Malo : la pêche sur les bancs de Terre Neuve
A Saint-Malo la Grande pêche s'est poursuivie jusque dans les années 1990. Les goélettes ont laissé place aux chalutiers et aux bateaux-usines, mais les conditions sont restées les mêmes... le froid, la glace, le vent et les brouillards...
La Grande Pêche à travers les arts
Si la morue a longtemps nourri les hommes, elle a aussi suscité leur imaginaire. Des peintres comme Marin Marie, des auteurs-compositeurs comme Théodore Botrel ont immortalisé les goélettes dans la tourmente ou les doris sur les bancs de Terre Neuve. Celui qui a le mieux décrit la vie de ces "Pêcheurs d'Islande", c'est l'écrivain Pierre Loti...
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