60 ans après le crash, ils se souviennent
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60 ans après le crash, ils se souviennent
Le 21 février 1948, l’hydravion Laté 631-7 F-BDRD s’abîmait au large de Saint-Martin-de-Varreville (Manche) avec 19 personnes à bord. Christian Levaufre, normand d’origine devenu collaborateur du Musée de l’hydraviation de Biscarrosse (Landes), veut profiter du 70e anniversaire de cette catastrophe pour la sortir de l’oubli. En Normandie, des anciens se souviennent et ont accepté de témoigner.
Le 21 février 1948, l’hydravion Laté 631-7 F-BDRD, effectuant un vol entre l’aéroport du Havre et l’aérodrome de Biscarrosse, s’abîmait en mer. Aucune des 19 personnes embarquées n’a survécu.
Alors que Christian Levaufre, normand d’origine et collaborateur du musée de l’hydraviation à Biscarrosse, dans les Landes, veut profiter du 70e anniversaire de cette catastrophe « pour qu’elle sorte de ce quasi-oubli », certains anciens se souviennent. C’est le cas de Geneviève Lemasson, âgée de 18 ans en 1948.
Elle se rappelle parfaitement ce funeste 21 février : « Ce devait être un vendredi. Maman faisait des galettes dans la cheminée et je l’aidais dans la cuisine. C’était en fin de matinée, vers 12 h 30. On a d’abord entendu un bruit de moteur d’avion puis un bruit sourd du côté de la mer. Ça s’est passé entre la brèche de Saint-Martin-de-Varreville et Audouville-la-Hubert, à hauteur du taret, au large. Je me souviens qu’il faisait mauvais temps, il y avait de la neige et du givre. Quelques jours après, ils ont retrouvé des corps, la mer les avait ramenés au bord. Ils étaient dans leur combinaison de vol. »
Au large, entre la brèche de Saint-Martin-de-Varreville et Audouville-la-Hubert, à hauteur de l’écluse : le lieu supposé du crash. (Photo : Ouest-France)
Geneviève Lemasson ne se souvient pas de l’organisation d’une cérémonie au fil des soixante-dix ans passés. Cet oubli sera réparé le 21 février, à 11 h 30, grâce au musée d’Utah Beach. Avec une rose déposée sur la plage pour chacune des 19 victimes.
Tempête de neige et grand vent
Bienaimé Lefèvre, âgé de 84 ans, se souvient lui aussi du crash et des jours qui ont suivi l’accident : « En 1948, nous habitions Ravenoville-Plage, au grand hameau des Dunes, maintenant appelé rue des Alliés. J’avais alors 14 ans. Mon père était pêcheur et ma mère vendait le poisson, ils avaient également quelques vaches. »
Ce 21 février 1948, à 11 h, il était avec son père. « Il y avait une tempête de neige et un grand vent d’est. On ne voyait pas à plus de 4-5 m, la mer était très mauvaise avec des creux de 5 m. » Il se souvient avoir entendu un ronronnement d’avion « qui essayait d’amerrir ». « Puis l’hydravion a réaccéléré pendant une durée de 10 minutes. Nous avons entendu une explosion, comme une bombe, puis plus rien. »
En cette nuit du 21 avril 1948, Bienaimé Lefèvre était avec son père. Il se souvient avoir entendu l’hydravion chercher à amerrir, suivi d’un bruit d’explosion. (Photo : Ouest-France)
Bienaimé Lefèvre estime que l’hydravion s’est abîmé entre les îles Saint-Marcouf et la terre, « peut-être un peu plus a droite, vers Saint-Germain-de-Varreville. Le 22 février au matin, le premier corps a été retrouvé. Le 23 février, à midi, sur la grève, j’ai retrouvé le corps du chef mécanicien. Entre sept et huit hommes ont été retrouvés sans aucune marque sur eux. Dans l’avion se trouvait que des techniciens et des directeurs de la base de Biscarrosse. Avec mon père, nous avons supposé que ces hommes avaient sauté après plusieurs tentatives d’amerrissage. »
Bienaimé Lefèvre se souvient encore du transport des corps, par voiture à cheval, jusqu’à l’hôtel de la Maison Blanche, à Ravenoville-plage, où une chapelle ardente a été installée. « Les jours suivants, quand la mer était calme, nous sommes repartis avec une dizaine de bateaux de Ravenoville, Saint-Marcouf et des environs pensant trouver le point de chute du Latécoère. Mais rien n’a été trouvé. Ce qui est très rare, d’autant plus que l’hydravion possédait six moteurs de 1 900 CV, qui sont sûrement sous l’eau », conclut-il.
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Re: 60 ans après le crash, ils se souviennent
70 ans après, ce crash de Normandie sort de l’oubli
Le 21 février 1948, l’hydravion Laté 631-7 F-BDRD se crashait au large de Saint-Martin-de-Varreville, dans la Manche, avec dix-neuf personnes à bord. Un accident tombé dans l’oubli.
Si la mémoire collective a oublié cet accident qui a fait 19 victimes, un passionné d’aviation, Christian Levaufre, normand d’origine et collaborateur du musée de l’hydraviation à Biscarosse dans les Landes, veut profiter du 70e anniversaire de cette catastrophe « pour qu’elle sorte de ce quasi-oubli ».
Ce 21 février 1948, fraîchement sorti des usines Bréguet- SNCAM au Havre et après trois semaines d’essais en Baie de Seine, l’hydravion Laté 631-7 F-BDRD décolle pour rejoindre la base Latécoère à Biscarosse et recevoir son équipement commercial. « La route la plus courte est de couper à la base du Cotentin, mais dès la Baie des Veys, l’équipage a dû faire face à une terrible tempête, avec des vents forts et des bourrasques de neige », raconte Christian Levaufre.
La veille, le vol a dû être annulé pour cause de météo. Le 21, « les conditions ne sont guère plus idéales. De plus l’appareil n’est pas équipé de radio, pas plus que les systèmes de dégivrage ».
Massif avec ses 72 tonnes en pleine charge, impressionnant avec ses 57,43 m d’envergure, le navire volant n’est pas facile à piloter et ce jour-là. « Le pilote, bien qu’ancien pilote d’essais, a moins de douze heures de vol sur ce type d’hydravion lourd. Et surtout, il n’est pas qualifié pour les vols sans visibilité. » Il décide tout de même de décoller : « Cette décision sera fatale. Pourtant, rien ne pressait puisque la date limite de livraison était fixée au 1er mars. A-t-il eu des pressions ? »
Pris au piège de la tempête et sans visibilité, l’équipage décide de contourner la presqu’île par le nord. « Mais l’horizon au niveau de Cherbourg est également bouché. L’appareil prend alors la direction du sud-est pour rejoindre les plages à hauteur de Saint-Martin-de-Varreville. »
A-t-il voulu amerrir ? « C’était sans doute la bonne décision, mais nous n’avons aucune réponse. Quelques rares témoins diront avoir entendu l’avion passer au-dessus de Sainte-Mère-Eglise. »
Désintégré
D’autres ont vu un homme en combinaison de survie à la porte de l’avion. On ne saura jamais non plus pourquoi l’appareil s’est désintégré vers 14 h 30. « Ont-ils heurté un bloc de béton du port artificiel ? Le mystère reste entier. » La mer finira par rendre treize des dix-neuf corps, dont le dernier, le 11 juin : sept membres d’équipage, cinq représentants du ministère de l’Air et sept techniciens.
Cette catastrophe aérienne fera jurisprudence : « Le 13 décembre 1948, le tribunal du Havre se déclare incompétent, car l’accusé principal, le directeur de la SNCAM, ne réside pas au Havre. Mais c’est la première fois qu’un constructeur d’avion est mis en cause. »
La série noire qui jalonne l’histoire du Laté 631 ne se résume pas au seul crash du numéro 7. Un exemplaire exploité par Air France se perd en vol vers les Antilles le 1er août 1948 avec 52 personnes à bord. En 1950, l’appareil immatriculé F-BANU disparaît en vol d’essai au large du Cap Ferret, en Gironde. Douze victimes sont comptabilisées. En septembre 1955, l’appareil F-BRDE, numéro 8, exploité par une compagnie de transport de coton au Cameroun disparaît : seize victimes.
La construction de l’appareil, qui souffrait de vibrations dans le moteur, est arrêtée, l’usine du Havre ferme ses portes. Du géant des airs, il reste la légende « d’un avion conçu trop tôt, exploité trop tard », disent les initiés.
Le 21 février, pour la première fois, un hommage symbolique aux victimes est organisé par le musée du Débarquement d’Utah beach.
Le 21 février 1948, l’hydravion Laté 631-7 F-BDRD se crashait au large de Saint-Martin-de-Varreville, dans la Manche, avec dix-neuf personnes à bord. Un accident tombé dans l’oubli.
Si la mémoire collective a oublié cet accident qui a fait 19 victimes, un passionné d’aviation, Christian Levaufre, normand d’origine et collaborateur du musée de l’hydraviation à Biscarosse dans les Landes, veut profiter du 70e anniversaire de cette catastrophe « pour qu’elle sorte de ce quasi-oubli ».
Ce 21 février 1948, fraîchement sorti des usines Bréguet- SNCAM au Havre et après trois semaines d’essais en Baie de Seine, l’hydravion Laté 631-7 F-BDRD décolle pour rejoindre la base Latécoère à Biscarosse et recevoir son équipement commercial. « La route la plus courte est de couper à la base du Cotentin, mais dès la Baie des Veys, l’équipage a dû faire face à une terrible tempête, avec des vents forts et des bourrasques de neige », raconte Christian Levaufre.
La veille, le vol a dû être annulé pour cause de météo. Le 21, « les conditions ne sont guère plus idéales. De plus l’appareil n’est pas équipé de radio, pas plus que les systèmes de dégivrage ».
Massif avec ses 72 tonnes en pleine charge, impressionnant avec ses 57,43 m d’envergure, le navire volant n’est pas facile à piloter et ce jour-là. « Le pilote, bien qu’ancien pilote d’essais, a moins de douze heures de vol sur ce type d’hydravion lourd. Et surtout, il n’est pas qualifié pour les vols sans visibilité. » Il décide tout de même de décoller : « Cette décision sera fatale. Pourtant, rien ne pressait puisque la date limite de livraison était fixée au 1er mars. A-t-il eu des pressions ? »
Pris au piège de la tempête et sans visibilité, l’équipage décide de contourner la presqu’île par le nord. « Mais l’horizon au niveau de Cherbourg est également bouché. L’appareil prend alors la direction du sud-est pour rejoindre les plages à hauteur de Saint-Martin-de-Varreville. »
A-t-il voulu amerrir ? « C’était sans doute la bonne décision, mais nous n’avons aucune réponse. Quelques rares témoins diront avoir entendu l’avion passer au-dessus de Sainte-Mère-Eglise. »
Désintégré
D’autres ont vu un homme en combinaison de survie à la porte de l’avion. On ne saura jamais non plus pourquoi l’appareil s’est désintégré vers 14 h 30. « Ont-ils heurté un bloc de béton du port artificiel ? Le mystère reste entier. » La mer finira par rendre treize des dix-neuf corps, dont le dernier, le 11 juin : sept membres d’équipage, cinq représentants du ministère de l’Air et sept techniciens.
Cette catastrophe aérienne fera jurisprudence : « Le 13 décembre 1948, le tribunal du Havre se déclare incompétent, car l’accusé principal, le directeur de la SNCAM, ne réside pas au Havre. Mais c’est la première fois qu’un constructeur d’avion est mis en cause. »
La série noire qui jalonne l’histoire du Laté 631 ne se résume pas au seul crash du numéro 7. Un exemplaire exploité par Air France se perd en vol vers les Antilles le 1er août 1948 avec 52 personnes à bord. En 1950, l’appareil immatriculé F-BANU disparaît en vol d’essai au large du Cap Ferret, en Gironde. Douze victimes sont comptabilisées. En septembre 1955, l’appareil F-BRDE, numéro 8, exploité par une compagnie de transport de coton au Cameroun disparaît : seize victimes.
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