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50 ans de mystère autour d’un crash dans la Manche

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Message par Admin Sam 5 Mai - 21:18

Fabrice BERNAY.

50 ans de mystère autour d’un crash dans la Manche Sans1284

En 1969 en Angleterre, ce mécanicien américain avait « emprunté » un avion de transport militaire pour rentrer à la maison. L’appareil disparaissait peu après dans la Manche, dans des circonstances mystérieuses. Une équipe de plongeurs va bientôt partir à la recherche de l’épave.

Depuis près de 50 ans, le mystère est toujours aussi épais. Pourquoi l’avion quadrimoteur C130, de 60 tonnes, du sergent Paul Meyer s’est-il abîmé en mer, le 23 mai 1969 ? A-t-il été abattu par ses frères d’armes ? Où par les Russes, en pleine guerre froide ? S’est-il crashé seul ?

Malgré le temps et l’acharnement de sa famille à trouver des réponses, personne n’a su ou voulu dire, depuis, ce qui s’est passé ce soir-là. Cela pourrait changer, avec le projet de l’équipe de plongeurs de Deeper Dorset, qui vient de boucler une campagne de financement participatif, pour aller à la recherche de l’épave.

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Le sergent Paul Meyer est décédé à l’âge de 23 ans, probablement aux commandes du transporteur C130. (Illustration : Deeper Dorset)

Il s’échappe par la fenêtre

À la fois tragique et romantique, l’histoire de cette incroyable soirée est relatée par Emma Jane Kirby, pour BBC News, ce mercredi. En mai 1969, le chef mécanicien et sergent de l’US Air Force, Paul Meyer, a le bourdon, du haut de ses 23 ans. Affecté à une base de la Royal Air Force, à Mildenhall, dans l’Est de l’Angleterre, il veut rentrer à la maison, de l’autre côté de l’Atlantique. À Langley, en Virginie (Côte est des États-Unis), vivent sa femme Jane Meyer (à laquelle il est marié depuis moins de deux mois), son beau-fils de 7 ans, Henri Ayer et deux autres enfants. Sa demande de permission est refusée par la hiérarchie militaire.

Le jeune vétéran du Vietnam ne s’en remet pas. Il va à une fête avec des collègues, s’enivre, commence à dérailler et devient agressif. Les autres militaires lui imposent d’aller se coucher, il s’échappe par une fenêtre. Il sera même arrêté par la police, un peu plus tard, errant ivre sur l’autoroute. Il est reconduit à son baraquement.

Dormir ? Non, il a beaucoup mieux en tête. Ce soir, il s’évade : il s’infiltre d’abord dans le bureau du capitaine Upton et vole les clés de son camion. Se présentant comme le « capitaine Epstein », il commande à l’opérateur de vol de la base de lui préparer l’avion 37 789 : un gros transporteur Hercules C130 de 60 tonnes et quatre moteurs, avec assez de fioul pour un voyage vers les USA. L’équipe obéit, il monte à bord et décolle dans la bruine, seul aux commandes du mastodonte.

« Chérie, je rentre à la maison ! »


Après quelques minutes, il appelle sa femme. Minuit vient de passer en Virginie, elle sort de son sommeil et décroche : « Allô ? » « Salut chérie ! Devine quoi, je rentre à la maison ! » Elle l’interroge, ravie : « Ah, quand est-ce que vous rentrez avec l’équipe exactement ? » « Maintenant ! J’ai un oiseau, dans le ciel, et je rentre à la maison. » « Tu ?… Oh mon Dieu ! »

La conversation durera près d’une heure, pendant laquelle elle tentera de le dissuader de poursuivre sa folle virée. Cinquante ans plus tard, elle se rappelle encore les derniers mots de son mari : « Chérie, je te rappelle dans cinq minutes. J’ai un problème. »

Une heure et 45 minutes après son décollage de la base anglaise, le chef mécanicien se crashe dans la Manche. Quelques jours plus tard, des pièces du Hercules s’échouent sur l’île d’Alderney, à Guernesey. « Pourquoi s’est il crashé ? interroge Jane Meyer, cinquante ans après. Personne ne m’a jamais dit qu’il s’était crashé. L’US Air Force m’a annoncé par télégramme que l’avion était « perdu »… Je suis sûre que l’on ne m’a pas dit toute la vérité. »

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Les recherches officielles sur le crash de Paul Meyer se sont passées « dans un climat de stress émotionnel intense ». (Photo : Deeper Dorset)

Que lui est-il arrivé ?

En pleine guerre froide, en 1969, a-t-il été abattu par les Russes ? Ou par ses propres compatriotes, pour éviter un crash catastrophique sur une zone habitée ? S’est-il crashé seul, maîtrisant mal les commandes ? Paul Meyer n’était pas habilité à piloter le transporteur de la CIA, mais il savait piloter des avions et connaissait chaque pièce du C130, en tant que chef mécanicien.

Peu après son décollage, un avion chasseur Jet F100 et un autre C130 avaient quitté la base, à sa recherche, « pour l’aider ». Selon la Royal Air Force, ils ne seraient pas parvenus à entrer en contact avec lui. Le mécanicien volait très bas, pour éviter d’être repéré par les radars.

Depuis plus de 30 ans, son beau-fils Henri Ayer attend des réponses. L’US Air Force le renvoie vers la CIA, qui reste muette. L’affaire reste gênante pour les forces armées. À l’époque, le ministre anglais de la défense et de l’équipement, John Morris, avait indiqué au Parlement que l’avion en fuite avait été détecté par les radars anglais trois minutes après son décollage.

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Dans une vidéo postée sur Youtube, le beau-fils de Paul Meyer, Henry Ayer, estime que « grâce à Deeper Dorset, nous avons l’opportunité de savoir, 50 ans après, ce qui est arrivé à Paul ». (Photo : capture d’écran Youtube / Emily Brown)

Pour la famille du défunt, le projet de l’équipe de plongeurs de Deeper Dorset relance l’espoir d’obtenir des réponses. Passionné par l’histoire, Grahame Knott s’est mis en tête de monter une expédition à la recherche de l’épave, quelque part au large du Cotentin. Grâce à une campagne de financement participatif sur Kickstarter, ils ont récolté plus de 7 000 €, de quoi payer le fuel et 25 jours de recherche en mer, soit une campagne d’environ un an.

« On veut juste retrouver l’avion, déclare-t-il à la journaliste de la BBC. On ne sait pas ce que cela nous apprendra. Mais le laisser perdu dans la Manche ne nous apprendra jamais rien non plus ». Pour Jane Meyer c’est peut-être le dernier espoir pour savoir ce qui est arrivé à l’homme qu’elle aimait : « Il faisait des cauchemars du Vietnam. On s’écrivait chaque jour, on cochait les jours avant son retour, sur un calendrier. Tout ce qu’il voulait, c’était rentrer à la maison ».

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