Sécurité routière. Alcoolisme, téléphone au volant, piétons : de nouvelles mesures arrivent

Le téléphone au volant est impliqué dans un accident corporel sur dix | Photo Ouest-France / Stéphane Geufroi

Emmanuel Barbe est le délégué interministériel à la sécurité routière. Il fait le point sur de nouvelles mesures qui entreront en application dans quelques mois, d’ici à l’été pour certaines.

Développement des éthylotests antidémarrage dans les voitures ; rétention du permis de conduire pour téléphone au volant ; retrait de six points aux automobilistes ne respectant pas les piétons en train de traverser sur les passages protégés ; cape d’invisibilité pour les forces de l’ordre… Voici ce que prévoit la sécurité routière.

Emmanuel Barbe, quelle nouvelle mesure prévoyez-vous contre l’alcoolisme ?
Un éthylotest anti-démarrage | Photo Eddy LEMAISTRE / OUEST-FRANCE


Nous voulons développer massivement l’éthylotest antidémarrage dans les voitures et ce, dès le mois de juillet. Avant de pouvoir faire démarrer un véhicule, il faudra souffler. Et on ne pourra démarrer qu’avec un taux d’alcoolémie autorisé.

Depuis 2011, cet éthylotest antidémarrage est imposé aux personnes condamnées par la justice pour alcoolémie. Mais cela ne marche pas. On n’arrive pas à en poser suffisamment parce que la plupart du temps, les gens trouvent ça trop cher (1 000 € environ à la charge de l’usager).

Et puis, selon notre analyse, cette mesure intervient trop tardivement. Le permis a été retiré par les forces de l’ordre à la suite d’un contrôle, le préfet a pris un arrêté, et puis cinq ou six mois après, le tribunal rend un jugement. C’est trop tard. Les gens ont déjà perdu leur emploi puisqu’ils ne peuvent plus conduire. Du coup, on arrive à poser très peu d’éthylotests.




Que faire alors ?

Ce qu’on va faire, c’est une révolution. Quand la personne sera contrôlée par les forces de l’ordre avec un taux d’alcool compris entre 0,8 et 1,8 g, le préfet délivrera un arrêté interdisant à la personne de conduire, sauf si elle pose ce type d’appareil. Cette nouvelle mesure prendra donc en considération les impacts socio-économiques des interdictions de conduire. Cela visera en particulier les zones rurales où il est indispensable de se véhiculer.

Avec davantage de Français utilisant l’éthylotest, le prix de cet équipement baissera et on réussira à généraliser ce type d’appareil. Il a d’ailleurs donné de très bons résultats dans d’autres pays du monde. On espère ensuite, quand ces personnes passeront au tribunal, que le juge prolongera la mesure de quelques mois.

Dans le même temps, nous menons une autre expérimentation en Finistère. Pour les personnes devant passer devant une commission médicale pour récupérer leur permis, on peut leur donner une autorisation de conduire si elles installent ce type de système.

Comment lutter contre le téléphone au volant ?

C’est une plaie aujourd’hui. Le téléphone au volant est impliqué dans un accident corporel sur dix. Partout, on voit des gens téléphoner au volant, envoyer des SMS. Il faut donc renforcer les sanctions. Les messages de prévention que nous lançons régulièrement sont encore insuffisants.

Il faut donc arriver à une sanction plus forte. Si une personne téléphone et commet en même temps une infraction (oubli d’un clignotant ou d’un stop, droite non tenue…), les forces de l’ordre pourront retenir le permis de conduire pour quelques jours. Cette mesure devrait entrer en vigueur en juillet aussi.


Et pour les piétons, comment les sécuriser ?

Nous voulons mieux sécuriser les passages piétons, trop de gens y meurent encore. Nous allons donc proscrire en amont les parkings (en dehors de ceux dédiés aux vélos) pour une meilleure visibilité. Et puis, nous allons sanctionner également ceux qui ne respectent pas les piétons en train de traverser, via un retrait de six points au permis. Cette verbalisation se fera de visu ou à l’aide de caméras de surveillance.

Vous voulez aussi rendre invisibles les forces de l’ordre. Comment comptez-vous faire ?

Aujourd’hui, il y a une plaie : ce sont ces gens signalant aux autres la présence des forces de l’ordre au bord des routes, grâce à des systèmes communautaires embarqués. Avec ces applications, les appels de phares sont électroniques et automatiques. Les automobilistes sont ainsi informés de la présence des forces de l’ordre à cinq ou six kilomètres de distance. Conséquence : si vous avez bu ou si vous êtes drogué, vous changez de route. Les forces de l’ordre se plaignent énormément de ces systèmes. Elles disent qu’elles ne peuvent plus travailler au bout de cinq minutes.

D’ici à quelques mois donc, les forces de l’ordre pourront demander aux opérateurs de rendre inopérant leur système d’alerte dans une zone de contrôle. Ce sera une sorte de cape d’invisibilité. On transmettra une zone aux opérateurs qui seront tenus d’obéir. Sinon, ils auront une amende. Cela devrait être appliqué d’ici à la fin de cette année. Cela servira aux contrôles d’alcoolémie et de stupéfiants et à la lutte contre la criminalité (cambriolage, alerte terroriste, enlèvement…). Pas pour des contrôles de vitesse, ce type de système permettant déjà de faire ralentir les automobilistes.


https://www.ouest-france.fr/societe/securite-routiere/securite-routiere-alcoolisme-telephone-au-volant-pietons-de-nouvelles-mesures-arrivent-5652232?utm_source=neolane_of_newsletter-generale_mediego&utm_campaign=of_newsletter-generale&mediego_ruuid=8c5d6f25-f714-4828-bcbb-cc9ca2acf07c_2&mediego_euid=899462&mediego_campaign=20180330_email_html&utm_medium=email&utm_content=20180330&vid=899462