À Lorient, une forteresse pour sous-marins construite par l’Allemagne nazie
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À Lorient, une forteresse pour sous-marins construite par l’Allemagne nazie
Le KIII en 2018 à Lorient. | CLAIRE DUHAMEL / OUEST-FRANCE
Pendant la Deuxième Guerre mondiale, les Allemands ont construit, à la vitesse de l’éclair, trois énormes bunkers dans la rade. Ils y ont abrité de nombreux U Boote.
Un fier trois-mâts passe devant leurs alvéoles béantes. Des estivants baguenaudent au pied des géants de béton ou se désaltèrent à deux pas, sur un transat au soleil au bar de la Cité de la Voile. Entre les bunkers de la base de sous-marins, la vie va, dans la rade de Lorient.
Ont-ils conscience, ces dizaines de milliers de touristes qui passent chaque année par la presqu’île de Kéroman, qu’ils se trouvent sur ce qui fut, entre 1940 et 1944, « le plus important chantier d’Europe pour l’Allemagne nazie » ? Vingt-six hectares bucoliques qui se transformèrent en « forteresse infranchissable », protégeant les sous-marins allemands des raids britanniques.
Daniel Guyader, guide conférencier, fait visiter la base et ses trois bunkers, Kéroman I, II et III, depuis vingt et un ans. Il explique comment l’amiral Doenitz, commandant en chef de l’arme sous-marine allemande, a vu, dès le lendemain de l’armistice avec la France, le 23 juin 1940, l’intérêt d’implanter à Lorient « le centre stratégique de ses forces sous-marines ».
« Base des as »
Un vaste espace collé au premier port de pêche industriel français, les ateliers de l’arsenal non loin, une rade protectrice et, au large, l’île de Groix et Quiberon comme des « bastions avancés pour arrêter une attaque » : les atouts sont nombreux. Plus que Brest, Saint-Nazaire, La Rochelle et Bordeaux, construites à la même époque, Kéroman va devenir « la base des as » pour les Allemands.
Les travaux sont dantesques. Des milliers de tonnes de béton sont coulées sur un ferraillage serré. Un toit épais de 3,50 m recouvre les alvéoles. Des portes blindées de 50 tonnes sont acheminées d’Allemagne.
Le KIII pendant les travaux de construction. | Collection Archives de Lorient
Sur ordre d’Hitler, le ministre Todt, en charge de la construction et de l’armement, mais aussi d’une vaste organisation paramilitaire appelée l’Organisation Todt, gère l’édification de la base de Lorient. C’est l’organisation qui recrute, directement ou à travers d’entreprises françaises sous-traitantes. « 15 000 à 20 000 ouvriers, rémunérés et volontaires, vont travailler, de jour comme de nuit, alternant douze heures de travail et douze heures de repos », raconte Daniel Guyader. Des Français, plus nombreux que les Allemands, mais aussi des Belges, des Hollandais, des Espagnols, des Italiens…
Les deux premiers bunkers, KI et KII, sont construits en un an, au-dessus du sol « pour éviter des travaux de terrassement trop longs », note l’écrivain Luc Braeuer dans La base de sous-marins de Lorient. « La nouveauté est là, c’est le sous-marin qui sera sorti de l’eau par un système de slip-way, selon le même principe que celui utilisé au port de pêche. » Le slip-way se présente comme un plan incliné équipé d’un chariot métallique et d’un treuil.
Un seul chenal d’entrée, dans le KI, dessert les douze alvéoles des deux bâtiments. Entre le chenal protégé et les alvéoles, les sous-marins restent à découvert une demi-heure, le temps d’être acheminés. Pas le temps d’être bombardés.
La base sort de sa case
Avec le KIII, en 1943, la base passe à la puissance supérieure. Le seul des bunkers que l’on visite aujourd’hui est le plus grand (168 m sur 142 m, 24 000 m2). Ses sept alvéoles plongent dans la mer : il a fallu creuser dans le sol pour les construire, après avoir mis le chantier hors d’eau. Contrairement aux deux autres, il peut accueillir tous types de sous-marins. Il dispose d’ateliers de maintenance. Et possède une particularité : un « surtoit » de poutrelles bétonnées destinées à faire éclater les bombes avant qu’elles n’atteignent le toit
Un sous-marin U-67 sort d'une alvéole du KIII. | Collection Archives de Lorient
Sur cette base décidément « florissante » avait même été commencé un quatrième bunker dont on voit encore les murs. Destiné à des sous-marins d’un nouveau type, il n’a jamais vu le jour, arrêté dans son élan par la capitulation, en mai 1945.
Plus de deux cents sous-marins allemands ont fait escale à Kéroman. Ces U Bootede triste réputation étaient engagés dans la bataille de l’Atlantique, bataille centrale de la Deuxième Guerre mondiale contre la Grande-Bretagne, dernier adversaire des Nazis en Europe de l’Ouest.
Après la guerre, les infrastructures de la base, « en parfait état », ont été utilisées par l’armée française jusqu’en 1998. Puis elles ont été reconverties en chantiers navals (Lorima, Plastimo…) tandis que des hangars ont poussé autour pour la préparation de multicoques de compétition. Cette année, le KII accueillera un studio d’enregistrement, puis une salle de spectacles. La base sort de sa case
ouest france 03.09.2018
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