22 avril 1915. « Je suis empoisonné »
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22 avril 1915. « Je suis empoisonné »
20 avril 2015 à 07h50 / Alix Froissart avec A.M. /
Loisirs Histoire 22 avril 1915. « Je suis empoisonné » 20 avril 2015 à 07h50 / Alix Froissart avec A.M. / Un abri dans le parc de Boeshinge en 1915. En 1929, un calvaire en provenance... Un abri dans le parc de Boeshinge en 1915. En 1929, un calvaire en provenance de Louargat sera inauguré sur le lieu de l'attaque, en mémoire des poilus bretons. Lors de la première attaque au gaz de l'Histoire, au nord d'Ypres, en Belgique, le 22 avril 1915, les régiments d'infanterie territoriale de Guingamp (le 73e) et de Saint-Brieuc (74e) étaient en première ligne. Un siècle après l'hécatombe qui coûta la vie au maire de Guingamp de l'époque, retour sur un épisode meurtrier qui va marquer le premier conflit mondial comme la terre d'Argoat-Trégor. Temps clair et calme inhabituel sur Boesinghe, ce 22 avril 1915. Dans leurs tranchées, au nord d'Ypres, les « pépères » des régiments d'infanterie territoriale (RIT) de Guingamp (le 73e) et de Saint-Brieuc (74e) trompent l'ennui. Ils sont 6.000 hommes, âgés de 35 à 41 ans.
Loisirs Histoire 22 avril 1915. « Je suis empoisonné » 20 avril 2015 à 07h50 / Alix Froissart avec A.M. / Un abri dans le parc de Boeshinge en 1915. En 1929, un calvaire en provenance... Un abri dans le parc de Boeshinge en 1915. En 1929, un calvaire en provenance de Louargat sera inauguré sur le lieu de l'attaque, en mémoire des poilus bretons. Lors de la première attaque au gaz de l'Histoire, au nord d'Ypres, en Belgique, le 22 avril 1915, les régiments d'infanterie territoriale de Guingamp (le 73e) et de Saint-Brieuc (74e) étaient en première ligne. Un siècle après l'hécatombe qui coûta la vie au maire de Guingamp de l'époque, retour sur un épisode meurtrier qui va marquer le premier conflit mondial comme la terre d'Argoat-Trégor.
Temps clair et calme inhabituel sur Boesinghe, ce 22 avril 1915.
Dans leurs tranchées, au nord d'Ypres, les « pépères » des régiments d'infanterie territoriale (RIT) de Guingamp (le 73e) et de Saint-Brieuc (74e) trompent l'ennui. Ils sont 6.000 hommes, âgés de 35 à 41 ans. Brouillard infernal « Tout à coup, vers 17 h 40, un nuage verdâtre, lourd, étrange, s'échappe des lignes ennemies et s'avance vers Boesinghe », relate l'historique régimentaire du 73e RIT (*). « Presque aussitôt, nos postes de première ligne se sentent atteints d'un mal extraordinaire. C'est comme une vapeur suffocante qui arrête la respiration, donne la nausée, vous fait défaillir. Et cela pénètre partout, dans la tranchée, dans les abris. » « Les effets désastreux de ce brouillard infernal se font vite sentir », raconte Mathias Le Bras, un Plouarétain du régiment de Guingamp. « Nous pouvons à peine respirer. Ce sont des quintes douloureuses de toux et des larmoiements. » Devant ce nuage de chlore (l'ennemi ouvrira 5.730 bonbonnes, soit 168 t de gaz mortel), « les soldats ont été effrayés car ils ne savaient pas ce que c'était, indique Gabriel Le Mer, passionné d'histoire locale. Ils sont tous partis ; la plupart ont été rattrapés par les gaz. Les Allemands suivaient avec les masques à gaz. »
La plaine couverte de cadavres
Loisirs Histoire 22 avril 1915. « Je suis empoisonné » 20 avril 2015 à 07h50 / Alix Froissart avec A.M. / Un abri dans le parc de Boeshinge en 1915. En 1929, un calvaire en provenance... Un abri dans le parc de Boeshinge en 1915. En 1929, un calvaire en provenance de Louargat sera inauguré sur le lieu de l'attaque, en mémoire des poilus bretons. Lors de la première attaque au gaz de l'Histoire, au nord d'Ypres, en Belgique, le 22 avril 1915, les régiments d'infanterie territoriale de Guingamp (le 73e) et de Saint-Brieuc (74e) étaient en première ligne. Un siècle après l'hécatombe qui coûta la vie au maire de Guingamp de l'époque, retour sur un épisode meurtrier qui va marquer le premier conflit mondial comme la terre d'Argoat-Trégor. Temps clair et calme inhabituel sur Boesinghe, ce 22 avril 1915. Dans leurs tranchées, au nord d'Ypres, les « pépères » des régiments d'infanterie territoriale (RIT) de Guingamp (le 73e) et de Saint-Brieuc (74e) trompent l'ennui. Ils sont 6.000 hommes, âgés de 35 à 41 ans. Brouillard infernal « Tout à coup, vers 17 h 40, un nuage verdâtre, lourd, étrange, s'échappe des lignes ennemies et s'avance vers Boesinghe », relate l'historique régimentaire du 73e RIT (*). « Presque aussitôt, nos postes de première ligne se sentent atteints d'un mal extraordinaire. C'est comme une vapeur suffocante qui arrête la respiration, donne la nausée, vous fait défaillir. Et cela pénètre partout, dans la tranchée, dans les abris. » « Les effets désastreux de ce brouillard infernal se font vite sentir », raconte Mathias Le Bras, un Plouarétain du régiment de Guingamp. « Nous pouvons à peine respirer. Ce sont des quintes douloureuses de toux et des larmoiements. » Devant ce nuage de chlore (l'ennemi ouvrira 5.730 bonbonnes, soit 168 t de gaz mortel), « les soldats ont été effrayés car ils ne savaient pas ce que c'était, indique Gabriel Le Mer, passionné d'histoire locale. Ils sont tous partis ; la plupart ont été rattrapés par les gaz. Les Allemands suivaient avec les masques à gaz. » La plaine couverte de cadavres L'historique du régiment confirme : « C'est le premier essai d'attaque par les gaz asphyxiants. Surprise terrible ! En même temps, la fusillade éclate, nourrie, et les obus tombent de partout. Impossible de rester là. On essaie de se replier à travers champs. Beaucoup tombent anéantis au bout de centaines de mètres, de quelques pas ; les jambes fléchissent et le nuage implacable poursuit (...). Balles et obus achèvent ce que les gaz ont commencé. » « Je me faufile par de vieilles tranchées toutes remplies d'eau pour aller en arrière, raconte un soldat du régiment de Saint-Brieuc, Elie Préauchat, dans son carnet de guerre. Ayant fait une cinquantaine de mètres, je tombe, je suis empoisonné, le coeur bat très fort, les yeux crient et je suffoque malgré moi, je sens que je vais mourir. (...) Les arbres sont fauchés, la plaine est couverte de cadavres, je pense à mon heure dernière. » Les pertes sont immenses : 732 tués, blessés ou disparus, du 22 au 25 avril pour le régiment de Saint-Brieuc ; 924 au coeur de la seule après-midi du 22 pour celui de Guingamp (14 officiers, 70 sous-officiers, 842 caporaux et soldats).
Le maire de Guingamp fauché
Parmi eux, le commandant Henri Billot. Cet officier à la retraite était maire de Guingamp depuis trois ans. Le 2 août 1914, il a été mobilisé à presque 54 ans, puis affecté comme chef de bataillon en octobre 1914. Il est mort le jour de l'attaque au gaz (lire ci-contre).
Le calvaire de Louargat À Boesinghe,
au Carrefour des Roses, un monument inauguré en 1929 se tient sur le lieu de l'attaque, détaille Jean-Pierre Cotte, membre de l'association Bretagne 14-18 : « Il est constitué d'un dolmen déménagé d'Hénanbihen, d'un calvaire du XVIe siècle déplacé de Louargat et de petits menhirs portant les noms des régiments. » Pendant de longues années, les familles des soldats bretons disparus s'y rendirent en pèlerinage. * Carnet où sont consignées les opérations militaires du régiment. La plupart des historiques régimentaires sont consultables sur http://www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr/article.php?laref=1 Sources Jean-Pierre Cotte, Roger Laouénan, Gabriel Le Mer, passionnés d'histoire, l'association Bretagne 14-18, l'historique du 73e RIT.
EN COMPLEMENT
« Un coup de traîtrise »
Avant que le nuage mortel n'enveloppe les lignes françaises, un aviateur allemand, fait prisonnier, laissait craindre le pire au Colonel de Plas, commandant du 73e RIT (Régiment d'infanterie territoriale) de Guingamp. C'est ce que l'on apprend à la lecture de l'historique régimentaire dont voici les premières lignes du chapitre intitulé « L'affaire des gaz ».
L'aviation en reconnaissance
« Les Allemands, soucieux peut-être de dégager leur front d'Artois très menacé, s'apprêtaient à tenter une démonstration sérieuse par Ypres, vers Calais. Le 73e, naturellement fut appelé à la rescousse. Le 9 avril, des autobus le ramenaient bien vite dans le secteur si connu aux environs de Steenstraat-Zuydsghoote. On prend les tranchées entre Steenstraat et Langemark. Dès le 14 avril, le capitaine Strickler, de la 3e compagnie, signale chez l'ennemi des mouvements de troupe anormaux et aussi un silence anormal. Cependant, le 16, le secteur confié au 73e est presque doublé et s'étend désormais jusque Boesinghe. Beaucoup ont donné l'impression qu'avant peu, il doit se passer quelque chose. Les avions ennemis ne cessent de survoler nos lignes et savent bien les repérer. L'un d'eux, le 17, vaincu dans un combat contre un avion anglais, est obligé d'atterrir dans nos lignes, près du bois 14. Le pilote a été tué, mais l'officier observateur qui a réussi à diriger la descente est indemne et tente de se sauver. Il est pris. C'est le lieutenant J. Breboth, un tout jeune homme, décoré de la Croix de fer, que le capitaine Allaire conduit au P.C. du colonel ».
« Le colonel de Plas
l'accueille courtoisement, de sorte que, après quelques moments d'une attitude raide, Breboth fond en larmes, demandant qu'on veuille bien prévenir sa mère ; puis vite, il se ressaisit, tandis qu'on le mène à la brigade. Dédaigneux, il déclare qu'avant peu, il y aura du nouveau pour nous. Un coup se prépare évidemment. Ce coup, c'est le coup de traîtrise du 22 avril, journée à jamais mémorable pour le 73e, pour la 87e division territoriale. C'était le jour de relève pour la 173e brigade, et, dès le début de l'après-midi, les éléments de l'arrière avaient commencé le mouvement. Beau temps clair, vent est nord-est. Bois et croupes se profilent nets aussi et les tranchées ennemies. Calme surprenant de l'ennemi qui inquiète fort le colonel de Plas, depuis plusieurs jours sur le qui-vive. Rien ne frappe, en effet comme le silence absolu qui règne sur la ligne dès qu'on cesse de tirer, le silence du désert ». Le maire et son fils morts au combat Le jardin public porte son nom. Henri Billot, 54 ans, maire de Guingamp à la mobilisation, est mort d'une balle en plein coeur, le jour de l'attaque au gaz de Boesinghe. Officier à la retraite, le commandant Billot, né à Bordeaux, avait été élu en 1912. Père de douze enfants demeurant au château de Cadolan (actuel lycée Pavie), il avait inauguré le jardin en 1913. Conservateur et patriote, il avait un fils capitaine qui tombera au champ d'honneur, dans l'Oise, le 12 juin 1918, à l'âge de 26 ans. Imprimer Télécharger Envoyer Abonnez-vous au Télégramme Lire aussi Histoire 14-18 Guingamp L’ESPACE DES LECTEURS
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Loisirs Histoire 22 avril 1915. « Je suis empoisonné » 20 avril 2015 à 07h50 / Alix Froissart avec A.M. / Un abri dans le parc de Boeshinge en 1915. En 1929, un calvaire en provenance... Un abri dans le parc de Boeshinge en 1915. En 1929, un calvaire en provenance de Louargat sera inauguré sur le lieu de l'attaque, en mémoire des poilus bretons. Lors de la première attaque au gaz de l'Histoire, au nord d'Ypres, en Belgique, le 22 avril 1915, les régiments d'infanterie territoriale de Guingamp (le 73e) et de Saint-Brieuc (74e) étaient en première ligne. Un siècle après l'hécatombe qui coûta la vie au maire de Guingamp de l'époque, retour sur un épisode meurtrier qui va marquer le premier conflit mondial comme la terre d'Argoat-Trégor. Temps clair et calme inhabituel sur Boesinghe, ce 22 avril 1915. Dans leurs tranchées, au nord d'Ypres, les « pépères » des régiments d'infanterie territoriale (RIT) de Guingamp (le 73e) et de Saint-Brieuc (74e) trompent l'ennui. Ils sont 6.000 hommes, âgés de 35 à 41 ans.
Loisirs Histoire 22 avril 1915. « Je suis empoisonné » 20 avril 2015 à 07h50 / Alix Froissart avec A.M. / Un abri dans le parc de Boeshinge en 1915. En 1929, un calvaire en provenance... Un abri dans le parc de Boeshinge en 1915. En 1929, un calvaire en provenance de Louargat sera inauguré sur le lieu de l'attaque, en mémoire des poilus bretons. Lors de la première attaque au gaz de l'Histoire, au nord d'Ypres, en Belgique, le 22 avril 1915, les régiments d'infanterie territoriale de Guingamp (le 73e) et de Saint-Brieuc (74e) étaient en première ligne. Un siècle après l'hécatombe qui coûta la vie au maire de Guingamp de l'époque, retour sur un épisode meurtrier qui va marquer le premier conflit mondial comme la terre d'Argoat-Trégor.
Temps clair et calme inhabituel sur Boesinghe, ce 22 avril 1915.
Dans leurs tranchées, au nord d'Ypres, les « pépères » des régiments d'infanterie territoriale (RIT) de Guingamp (le 73e) et de Saint-Brieuc (74e) trompent l'ennui. Ils sont 6.000 hommes, âgés de 35 à 41 ans. Brouillard infernal « Tout à coup, vers 17 h 40, un nuage verdâtre, lourd, étrange, s'échappe des lignes ennemies et s'avance vers Boesinghe », relate l'historique régimentaire du 73e RIT (*). « Presque aussitôt, nos postes de première ligne se sentent atteints d'un mal extraordinaire. C'est comme une vapeur suffocante qui arrête la respiration, donne la nausée, vous fait défaillir. Et cela pénètre partout, dans la tranchée, dans les abris. » « Les effets désastreux de ce brouillard infernal se font vite sentir », raconte Mathias Le Bras, un Plouarétain du régiment de Guingamp. « Nous pouvons à peine respirer. Ce sont des quintes douloureuses de toux et des larmoiements. » Devant ce nuage de chlore (l'ennemi ouvrira 5.730 bonbonnes, soit 168 t de gaz mortel), « les soldats ont été effrayés car ils ne savaient pas ce que c'était, indique Gabriel Le Mer, passionné d'histoire locale. Ils sont tous partis ; la plupart ont été rattrapés par les gaz. Les Allemands suivaient avec les masques à gaz. »
La plaine couverte de cadavres
Loisirs Histoire 22 avril 1915. « Je suis empoisonné » 20 avril 2015 à 07h50 / Alix Froissart avec A.M. / Un abri dans le parc de Boeshinge en 1915. En 1929, un calvaire en provenance... Un abri dans le parc de Boeshinge en 1915. En 1929, un calvaire en provenance de Louargat sera inauguré sur le lieu de l'attaque, en mémoire des poilus bretons. Lors de la première attaque au gaz de l'Histoire, au nord d'Ypres, en Belgique, le 22 avril 1915, les régiments d'infanterie territoriale de Guingamp (le 73e) et de Saint-Brieuc (74e) étaient en première ligne. Un siècle après l'hécatombe qui coûta la vie au maire de Guingamp de l'époque, retour sur un épisode meurtrier qui va marquer le premier conflit mondial comme la terre d'Argoat-Trégor. Temps clair et calme inhabituel sur Boesinghe, ce 22 avril 1915. Dans leurs tranchées, au nord d'Ypres, les « pépères » des régiments d'infanterie territoriale (RIT) de Guingamp (le 73e) et de Saint-Brieuc (74e) trompent l'ennui. Ils sont 6.000 hommes, âgés de 35 à 41 ans. Brouillard infernal « Tout à coup, vers 17 h 40, un nuage verdâtre, lourd, étrange, s'échappe des lignes ennemies et s'avance vers Boesinghe », relate l'historique régimentaire du 73e RIT (*). « Presque aussitôt, nos postes de première ligne se sentent atteints d'un mal extraordinaire. C'est comme une vapeur suffocante qui arrête la respiration, donne la nausée, vous fait défaillir. Et cela pénètre partout, dans la tranchée, dans les abris. » « Les effets désastreux de ce brouillard infernal se font vite sentir », raconte Mathias Le Bras, un Plouarétain du régiment de Guingamp. « Nous pouvons à peine respirer. Ce sont des quintes douloureuses de toux et des larmoiements. » Devant ce nuage de chlore (l'ennemi ouvrira 5.730 bonbonnes, soit 168 t de gaz mortel), « les soldats ont été effrayés car ils ne savaient pas ce que c'était, indique Gabriel Le Mer, passionné d'histoire locale. Ils sont tous partis ; la plupart ont été rattrapés par les gaz. Les Allemands suivaient avec les masques à gaz. » La plaine couverte de cadavres L'historique du régiment confirme : « C'est le premier essai d'attaque par les gaz asphyxiants. Surprise terrible ! En même temps, la fusillade éclate, nourrie, et les obus tombent de partout. Impossible de rester là. On essaie de se replier à travers champs. Beaucoup tombent anéantis au bout de centaines de mètres, de quelques pas ; les jambes fléchissent et le nuage implacable poursuit (...). Balles et obus achèvent ce que les gaz ont commencé. » « Je me faufile par de vieilles tranchées toutes remplies d'eau pour aller en arrière, raconte un soldat du régiment de Saint-Brieuc, Elie Préauchat, dans son carnet de guerre. Ayant fait une cinquantaine de mètres, je tombe, je suis empoisonné, le coeur bat très fort, les yeux crient et je suffoque malgré moi, je sens que je vais mourir. (...) Les arbres sont fauchés, la plaine est couverte de cadavres, je pense à mon heure dernière. » Les pertes sont immenses : 732 tués, blessés ou disparus, du 22 au 25 avril pour le régiment de Saint-Brieuc ; 924 au coeur de la seule après-midi du 22 pour celui de Guingamp (14 officiers, 70 sous-officiers, 842 caporaux et soldats).
Le maire de Guingamp fauché
Parmi eux, le commandant Henri Billot. Cet officier à la retraite était maire de Guingamp depuis trois ans. Le 2 août 1914, il a été mobilisé à presque 54 ans, puis affecté comme chef de bataillon en octobre 1914. Il est mort le jour de l'attaque au gaz (lire ci-contre).
Le calvaire de Louargat À Boesinghe,
au Carrefour des Roses, un monument inauguré en 1929 se tient sur le lieu de l'attaque, détaille Jean-Pierre Cotte, membre de l'association Bretagne 14-18 : « Il est constitué d'un dolmen déménagé d'Hénanbihen, d'un calvaire du XVIe siècle déplacé de Louargat et de petits menhirs portant les noms des régiments. » Pendant de longues années, les familles des soldats bretons disparus s'y rendirent en pèlerinage. * Carnet où sont consignées les opérations militaires du régiment. La plupart des historiques régimentaires sont consultables sur http://www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr/article.php?laref=1 Sources Jean-Pierre Cotte, Roger Laouénan, Gabriel Le Mer, passionnés d'histoire, l'association Bretagne 14-18, l'historique du 73e RIT.
EN COMPLEMENT
« Un coup de traîtrise »
Avant que le nuage mortel n'enveloppe les lignes françaises, un aviateur allemand, fait prisonnier, laissait craindre le pire au Colonel de Plas, commandant du 73e RIT (Régiment d'infanterie territoriale) de Guingamp. C'est ce que l'on apprend à la lecture de l'historique régimentaire dont voici les premières lignes du chapitre intitulé « L'affaire des gaz ».
L'aviation en reconnaissance
« Les Allemands, soucieux peut-être de dégager leur front d'Artois très menacé, s'apprêtaient à tenter une démonstration sérieuse par Ypres, vers Calais. Le 73e, naturellement fut appelé à la rescousse. Le 9 avril, des autobus le ramenaient bien vite dans le secteur si connu aux environs de Steenstraat-Zuydsghoote. On prend les tranchées entre Steenstraat et Langemark. Dès le 14 avril, le capitaine Strickler, de la 3e compagnie, signale chez l'ennemi des mouvements de troupe anormaux et aussi un silence anormal. Cependant, le 16, le secteur confié au 73e est presque doublé et s'étend désormais jusque Boesinghe. Beaucoup ont donné l'impression qu'avant peu, il doit se passer quelque chose. Les avions ennemis ne cessent de survoler nos lignes et savent bien les repérer. L'un d'eux, le 17, vaincu dans un combat contre un avion anglais, est obligé d'atterrir dans nos lignes, près du bois 14. Le pilote a été tué, mais l'officier observateur qui a réussi à diriger la descente est indemne et tente de se sauver. Il est pris. C'est le lieutenant J. Breboth, un tout jeune homme, décoré de la Croix de fer, que le capitaine Allaire conduit au P.C. du colonel ».
« Le colonel de Plas
l'accueille courtoisement, de sorte que, après quelques moments d'une attitude raide, Breboth fond en larmes, demandant qu'on veuille bien prévenir sa mère ; puis vite, il se ressaisit, tandis qu'on le mène à la brigade. Dédaigneux, il déclare qu'avant peu, il y aura du nouveau pour nous. Un coup se prépare évidemment. Ce coup, c'est le coup de traîtrise du 22 avril, journée à jamais mémorable pour le 73e, pour la 87e division territoriale. C'était le jour de relève pour la 173e brigade, et, dès le début de l'après-midi, les éléments de l'arrière avaient commencé le mouvement. Beau temps clair, vent est nord-est. Bois et croupes se profilent nets aussi et les tranchées ennemies. Calme surprenant de l'ennemi qui inquiète fort le colonel de Plas, depuis plusieurs jours sur le qui-vive. Rien ne frappe, en effet comme le silence absolu qui règne sur la ligne dès qu'on cesse de tirer, le silence du désert ». Le maire et son fils morts au combat Le jardin public porte son nom. Henri Billot, 54 ans, maire de Guingamp à la mobilisation, est mort d'une balle en plein coeur, le jour de l'attaque au gaz de Boesinghe. Officier à la retraite, le commandant Billot, né à Bordeaux, avait été élu en 1912. Père de douze enfants demeurant au château de Cadolan (actuel lycée Pavie), il avait inauguré le jardin en 1913. Conservateur et patriote, il avait un fils capitaine qui tombera au champ d'honneur, dans l'Oise, le 12 juin 1918, à l'âge de 26 ans. Imprimer Télécharger Envoyer Abonnez-vous au Télégramme Lire aussi Histoire 14-18 Guingamp L’ESPACE DES LECTEURS
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