Paule. De la ferme celte à la forteresse gauloise ( Paule, dans les Côtes-d’Armor. )
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Paule. De la ferme celte à la forteresse gauloise ( Paule, dans les Côtes-d’Armor. )
Publié le 23 septembre 2018 à 09h00 erwan chartier-le-floch telegramme
En 2009 et 2010, des fouilles archéologiques ont eu lieu sur le site de la forteresse gauloise de Paule, dans les Côtes-d’Armor.
En Centre-Bretagne, les archéologues ont fouillé pendant plus d’une décennie le site exceptionnel de Paule dans les Côtes-d’Armor. Durant l’âge du fer, pendant six siècles, il n’a cessé d’évoluer. L’importante ferme celte des débuts est devenue une forteresse, puis une petite agglomération prospère. Célèbre pour ses statuettes, Paule a permis de renouveler nos connaissances sur l’Armorique gauloise.
Au VIe siècle avant notre ère, dans les débuts de l’âge du fer, un groupe d’hommes et de femmes s’installe sur une hauteur non loin de l’actuel village de Paule dans les Côtes-d’Armor. Situé sur la ligne de crêtes des montagnes Noires, l’endroit offre un beau panorama sur les collines du Centre-Bretagne. Il est basé à proximité de grands axes qui traversent la péninsule armoricaine et qui, durant l’antiquité gauloise, vont assurer de substantiels revenus et taxes de passage à ses occupants.
Les fondateurs de Paule défrichent des terrains et bâtissent une importante demeure. Dès l’origine, c’est un établissement agricole important par rapport aux autres fermes connues dans les environs. Une nécropole se développe, avec notamment deux grands tumulus qui seront conservés jusqu’à l’époque romaine. Le site n’est pas encore fortifié, mais comprend plusieurs grands souterrains, caractéristiques du premier âge du fer en Armorique. Il s’agissait d’espaces de stockage pour les denrées agricoles, peut-être aussi de cachettes.
Quatre statuettes
C’est dans ces souterrains qu’ont été découvertes les fameuses statuettes de Paule, quatre au total, qui constituent un témoignage exceptionnel sur l’art celtique antique. L’une d’elles présente une lyre, l’une des rares représentations d’instrument celtique. « Il s’agit probablement de personnages importants du site, indique Yves Menez, conservateur en chef du Service régional de l’archéologie qui a supervisé les fouilles du site. Sans doute des ancêtres divinisés ». Les statues étaient exposées dans un bâtiment détruit par un incendie au IVe siècle avant notre ère. Elles sont ensuite jetées sans plus de ménagement dans les anciens souterrains.
À partir du IIIe siècle avant notre ère et pendant tout le second âge du fer, Paule s’accroît considérablement. Dans une société celtique réputée guerrière, il se fortifie. Un vaste bâtiment central - un véritable château - est édifié à la place de la ferme des origines. Il est défendu par des tours et une enceinte terroyée. Puis, tout autour se crée également une petite agglomération elle-même entourée de fortifications. Au début du Ier siècle avant notre ère, le site occupe plusieurs hectares.
De puissants propriétaires
On y trouve de vastes bâtiments publics, sans doute des greniers où étaient stockés des aliments. On peut imaginer que Paule était le centre d’activités commerciales conséquentes et que ses propriétaires possédaient de nombreuses terres alentour. Les archéologues ont également mis au jour des traces d’activités métallurgiques. « Les Gaulois, explique Yves Menez, ont exploité des filons aurifères dans les environs. L’or a ensuite été travaillé sur place. »
Il estime que Paule comptait alors entre 1 500 à 2 000 habitants. Les dirigeants du site avaient forcément un statut social élevé, « leur influence devait s’étendre bien plus loin que les frontières armoricaines ». De grands aristocrates gaulois de la tribu des Osismes, dont on ne connaît que peu l’organisation sociale et politique. On sait cependant que les Osismes contrôlaient et captaient une partie du commerce entre les îles Britanniques et le monde méditerranéen, les fameuses routes de l’étain. La découverte de nombreuses amphores - de quoi remplir un navire -, témoigne de la richesse du lieu. Il s’agissait de vin importé de Méditerranée et, à l’époque, une seule amphore pouvait valoir le prix d’un esclave. Ce vin était consommé lors de grands banquets, des occasions, là encore, de montrer le prestige des maîtres de Paule.
Le site de Paule est abandonné au milieu du Ier siècle avant notre ère, pendant ou peu après la guerre des Gaules, sans que l’on sache s’il a fait l’objet de combats. Quelques années plus tard, un chantier de démolition est mis en place afin de récupérer le bois et les éléments métalliques des bâtiments. « On peut imaginer, note Yves Menez, que les propriétaires et les habitants sont allés s’installer dans la nouvelle ville bâtie par les Romains : Carhaix-Vorgium ». La source de l’aqueduc qui alimente l’agglomération romaine est d’ailleurs située en contrebas de Paule, ce qui devait avoir une certaine importance symbolique. Les archéologues ont aussi découvert que la nécropole des origines a été visitée jusque vers 270-280. Régulièrement, on venait donc y vénérer des ancêtres enterrés ici de nombreux siècles auparavant ; le témoignage d’une pérennité étonnante - plus de huit siècles - pour ce site exceptionnel.
Une Armorique densément peuplée
La sécheresse de 1976 aura eu un effet inattendu, celle de permettre aux archéologues de repérer des centaines de sites dans les campagnes lors de prospection aérienne. Depuis une quarantaine d’années, avec le développement de l’archéologie préventive, nombre d’entre eux ont pu être fouillés. Nos connaissances sur la civilisation celtique et gauloise ont fortement progressé. Premier constat, les campagnes d’Armorique étaient déjà densément peuplées avec le développement de fermes d’importance diverse à partir du Ve siècle. La diffusion du fer a permis une amélioration de l’outillage et donc une amélioration de la production agricole. L’habitat semble dispersé, mais le territoire est déjà largement occupé aux IIe et Ier siècles.
Les Gaulois ont développé un réseau important de voies qui quadrillent la péninsule. Des domaines plus importants et fortifiés apparaissent comme à Laniscat. Plusieurs dizaines de grandes forteresses, comme à Paule, appartiennent à une puissante aristocratie guerrière. Un autre site d’importance a ainsi été fouillé à Trémuson, près de Saint-Brieuc. Ces dernières années, les archéologues ont aussi mis au jour des traces d’urbanisation qui apparaissent dans les décennies précédant la conquête romaine. On voit de petits villages se constituer comme au Moulin Vert, à Quimper, ou de véritables petites villes comme à Paule et Trémuson.
La fonction des grands sites fortifiés, les Oppida, comme celui du camp d’Artus, à Huelgoat, reste plus obscure. Plus que des villes fortifiées, ils étaient sans doute des espaces commerciaux protégés et des lieux pour les rassemblements politiques, religieux et guerriers. Le camp d’Artus était sans doute l’un des grands centres politiques des Osismes, le peuple qui occupait l’actuel Finistère et l’ouest des Côtes-d’Armor.
En 2009 et 2010, des fouilles archéologiques ont eu lieu sur le site de la forteresse gauloise de Paule, dans les Côtes-d’Armor.
En Centre-Bretagne, les archéologues ont fouillé pendant plus d’une décennie le site exceptionnel de Paule dans les Côtes-d’Armor. Durant l’âge du fer, pendant six siècles, il n’a cessé d’évoluer. L’importante ferme celte des débuts est devenue une forteresse, puis une petite agglomération prospère. Célèbre pour ses statuettes, Paule a permis de renouveler nos connaissances sur l’Armorique gauloise.
Au VIe siècle avant notre ère, dans les débuts de l’âge du fer, un groupe d’hommes et de femmes s’installe sur une hauteur non loin de l’actuel village de Paule dans les Côtes-d’Armor. Situé sur la ligne de crêtes des montagnes Noires, l’endroit offre un beau panorama sur les collines du Centre-Bretagne. Il est basé à proximité de grands axes qui traversent la péninsule armoricaine et qui, durant l’antiquité gauloise, vont assurer de substantiels revenus et taxes de passage à ses occupants.
Les fondateurs de Paule défrichent des terrains et bâtissent une importante demeure. Dès l’origine, c’est un établissement agricole important par rapport aux autres fermes connues dans les environs. Une nécropole se développe, avec notamment deux grands tumulus qui seront conservés jusqu’à l’époque romaine. Le site n’est pas encore fortifié, mais comprend plusieurs grands souterrains, caractéristiques du premier âge du fer en Armorique. Il s’agissait d’espaces de stockage pour les denrées agricoles, peut-être aussi de cachettes.
Quatre statuettes
C’est dans ces souterrains qu’ont été découvertes les fameuses statuettes de Paule, quatre au total, qui constituent un témoignage exceptionnel sur l’art celtique antique. L’une d’elles présente une lyre, l’une des rares représentations d’instrument celtique. « Il s’agit probablement de personnages importants du site, indique Yves Menez, conservateur en chef du Service régional de l’archéologie qui a supervisé les fouilles du site. Sans doute des ancêtres divinisés ». Les statues étaient exposées dans un bâtiment détruit par un incendie au IVe siècle avant notre ère. Elles sont ensuite jetées sans plus de ménagement dans les anciens souterrains.
À partir du IIIe siècle avant notre ère et pendant tout le second âge du fer, Paule s’accroît considérablement. Dans une société celtique réputée guerrière, il se fortifie. Un vaste bâtiment central - un véritable château - est édifié à la place de la ferme des origines. Il est défendu par des tours et une enceinte terroyée. Puis, tout autour se crée également une petite agglomération elle-même entourée de fortifications. Au début du Ier siècle avant notre ère, le site occupe plusieurs hectares.
De puissants propriétaires
On y trouve de vastes bâtiments publics, sans doute des greniers où étaient stockés des aliments. On peut imaginer que Paule était le centre d’activités commerciales conséquentes et que ses propriétaires possédaient de nombreuses terres alentour. Les archéologues ont également mis au jour des traces d’activités métallurgiques. « Les Gaulois, explique Yves Menez, ont exploité des filons aurifères dans les environs. L’or a ensuite été travaillé sur place. »
Il estime que Paule comptait alors entre 1 500 à 2 000 habitants. Les dirigeants du site avaient forcément un statut social élevé, « leur influence devait s’étendre bien plus loin que les frontières armoricaines ». De grands aristocrates gaulois de la tribu des Osismes, dont on ne connaît que peu l’organisation sociale et politique. On sait cependant que les Osismes contrôlaient et captaient une partie du commerce entre les îles Britanniques et le monde méditerranéen, les fameuses routes de l’étain. La découverte de nombreuses amphores - de quoi remplir un navire -, témoigne de la richesse du lieu. Il s’agissait de vin importé de Méditerranée et, à l’époque, une seule amphore pouvait valoir le prix d’un esclave. Ce vin était consommé lors de grands banquets, des occasions, là encore, de montrer le prestige des maîtres de Paule.
Le site de Paule est abandonné au milieu du Ier siècle avant notre ère, pendant ou peu après la guerre des Gaules, sans que l’on sache s’il a fait l’objet de combats. Quelques années plus tard, un chantier de démolition est mis en place afin de récupérer le bois et les éléments métalliques des bâtiments. « On peut imaginer, note Yves Menez, que les propriétaires et les habitants sont allés s’installer dans la nouvelle ville bâtie par les Romains : Carhaix-Vorgium ». La source de l’aqueduc qui alimente l’agglomération romaine est d’ailleurs située en contrebas de Paule, ce qui devait avoir une certaine importance symbolique. Les archéologues ont aussi découvert que la nécropole des origines a été visitée jusque vers 270-280. Régulièrement, on venait donc y vénérer des ancêtres enterrés ici de nombreux siècles auparavant ; le témoignage d’une pérennité étonnante - plus de huit siècles - pour ce site exceptionnel.
Une Armorique densément peuplée
La sécheresse de 1976 aura eu un effet inattendu, celle de permettre aux archéologues de repérer des centaines de sites dans les campagnes lors de prospection aérienne. Depuis une quarantaine d’années, avec le développement de l’archéologie préventive, nombre d’entre eux ont pu être fouillés. Nos connaissances sur la civilisation celtique et gauloise ont fortement progressé. Premier constat, les campagnes d’Armorique étaient déjà densément peuplées avec le développement de fermes d’importance diverse à partir du Ve siècle. La diffusion du fer a permis une amélioration de l’outillage et donc une amélioration de la production agricole. L’habitat semble dispersé, mais le territoire est déjà largement occupé aux IIe et Ier siècles.
Les Gaulois ont développé un réseau important de voies qui quadrillent la péninsule. Des domaines plus importants et fortifiés apparaissent comme à Laniscat. Plusieurs dizaines de grandes forteresses, comme à Paule, appartiennent à une puissante aristocratie guerrière. Un autre site d’importance a ainsi été fouillé à Trémuson, près de Saint-Brieuc. Ces dernières années, les archéologues ont aussi mis au jour des traces d’urbanisation qui apparaissent dans les décennies précédant la conquête romaine. On voit de petits villages se constituer comme au Moulin Vert, à Quimper, ou de véritables petites villes comme à Paule et Trémuson.
La fonction des grands sites fortifiés, les Oppida, comme celui du camp d’Artus, à Huelgoat, reste plus obscure. Plus que des villes fortifiées, ils étaient sans doute des espaces commerciaux protégés et des lieux pour les rassemblements politiques, religieux et guerriers. Le camp d’Artus était sans doute l’un des grands centres politiques des Osismes, le peuple qui occupait l’actuel Finistère et l’ouest des Côtes-d’Armor.
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