Entrez dans l’étrange bunker rescapé de la guerre froide
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Entrez dans l’étrange bunker rescapé de la guerre froide
Correspondance, Stéphane DUBROMEL
À quelques encablures de la frontière française, en Belgique, se cache un quartier général qui aurait pu sauver le monde. Las, le bunker du mont Kemmel n’a jamais servi. Mais il se visite.
Le terrain de jeu est immense pour le premier caporal-chef Mathys, en charge des visites : 30 mètres par 30, deux étages de 1 000 mètres carrés chacun, 15 mètres de profondeur et des murs de plus d’un mètre d’épaisseur… Pourtant en surface, on ne voit rien, ou presque. Si ce n’est la grande clôture et les panneaux « terrain militaire », on jurerait voir une petite maison forestière et quelques abris de jardin.
Construit sur une colline
C’est en 1953 qu’est décidée au sommet des 156 mètres du mont Kemmel la construction d’un bunker de coordination pour la défense aérienne de la Belgique, du Luxembourg, des Pays-Bas, de la France et de la Grande-Bretagne. L’époque est à la guerre froide, entre les pays membres de l’Otan (Organisation du traité de l’Atlantique nord) et ceux du pacte de Varsovie, soit le monde communiste. Deux mondes qui se regardent en chiens de faïence.
« La Belgique est l’un des points les plus à l’ouest. Nous sommes dans une petite région avec quelques collines, où l’on peut cacher des choses. » C’est ici que les plus hauts gradés de la Défense devront organiser la riposte en cas d’attaque. C’est ici également que devront être reçus des renseignements de toute part des nombreux espions postés en Allemagne le long du rideau de fer, et au delà.
L’Otan jette l’éponge
En 1956 le bunker est prêt. Problème, l’Otan a construit sa propre défense aérienne. Le bunker de Kemmelberg ne sert plus à rien. « Il est considéré « no safe » car il n’a pas de portes blindées ni de sas sécurisés. Ce qui est aberrant avec ce bâtiment, c’est qu’il répond aux normes en cas d’attaque, mais on peut y entrer assez facilement. »
Les flancs du mont Kemmel en Belgique, abritent un bunker construit au début des années 1950. Celui-ci devait servir à organiser la défense de la France, Belgique, Grande-Bretagne, Luxembourg et Pays-Bas, face au bloc soviétique. Ce bunker ne servira jamais à l’Otan Il fut en revanche utilisé pour des exercices jusqu’a la chute du mur de Berlin en 1989. Il est depuis reconverti en musée, laissé en l’état. (Photo : Stéphane Dubromel)
La salle de radio. (Photo : Stéphane Dubromel)
Un des nombreux téléphones du bunker. Il est écrit « ce téléphone n’est pas sécurisé ». (Photo : Stéphane Dubromel)
Le premier niveau du bunker. Le téléphone servait à contrôler les identités de chaque soldat qui y venait en exercice. (Photo : Stéphane Dubromel)
La salle des JSC, des hauts gradés recevant les informations et devant gérer l’organisation en découlant. (Photo : Stéphane Dubromel)
Ce n’est qu’en 1963 que le haut commandement des forces armées belges s’y installe et s’y exerce en cas de conflit. Fantassins et para-commandos y venaient à 200, toutes les huit heures. On n’y dormait pas. On s’y exerçait surtout après la crise des missiles de Cuba en 1962, lorsque la tension internationale était à son paroxysme. Et encore après.
Ignoré par la population
Si sous terre cela chauffait, en surface c’était plus calme. « La population savait qu’il y avait ici quelque chose de secret, précise Frédéric Mathys. Une base de lancement de missiles ? On disait qu’il y avait une chambre pour le roi et la reine en cas de conflit. De manière générale, la population locale ne voulait pas savoir ce qu’il s’y passait exactement. Il y avait des gardes, cela intriguait. Surtout que le dernier est parti en 1994. »
Cela durera jusqu’à la chute du mur de Berlin en 1989. Le bunker est alors déclassé mais utilisé encore pour des manœuvres.
Le bunker se visite depuis la fin des années 2000. Y flotte un étrange parfum d’espions dans un mobilier vintage au milieu de machines de transmission préhistoriques. On y a tourné deux films, sans rapport avec l’espionnage.
Salle de production d’électricité assurée par deux moteurs diesels. (Photo : Stéphane Dubromel)
Conduite d’aération. L’air arrive de l’extérieur par des prises dissimuleées dans de petites cabanes de jardin visibles en surface. (Photo : Stéphane Dubromel)
En surface, on trouve trois petites cabanes qui servent à faire entrer de l’air frais dans le bunker et à assurer le système d’aération. (Photo : Stéphane Dubromel)
Au-dessus du bunker, on ne voit qu’une petite maison discrète. Sur la droite, se trouve un mât du système de communication. (Photo : Stéphane Dubromel)
ouest france
À quelques encablures de la frontière française, en Belgique, se cache un quartier général qui aurait pu sauver le monde. Las, le bunker du mont Kemmel n’a jamais servi. Mais il se visite.
Le terrain de jeu est immense pour le premier caporal-chef Mathys, en charge des visites : 30 mètres par 30, deux étages de 1 000 mètres carrés chacun, 15 mètres de profondeur et des murs de plus d’un mètre d’épaisseur… Pourtant en surface, on ne voit rien, ou presque. Si ce n’est la grande clôture et les panneaux « terrain militaire », on jurerait voir une petite maison forestière et quelques abris de jardin.
Construit sur une colline
C’est en 1953 qu’est décidée au sommet des 156 mètres du mont Kemmel la construction d’un bunker de coordination pour la défense aérienne de la Belgique, du Luxembourg, des Pays-Bas, de la France et de la Grande-Bretagne. L’époque est à la guerre froide, entre les pays membres de l’Otan (Organisation du traité de l’Atlantique nord) et ceux du pacte de Varsovie, soit le monde communiste. Deux mondes qui se regardent en chiens de faïence.
« La Belgique est l’un des points les plus à l’ouest. Nous sommes dans une petite région avec quelques collines, où l’on peut cacher des choses. » C’est ici que les plus hauts gradés de la Défense devront organiser la riposte en cas d’attaque. C’est ici également que devront être reçus des renseignements de toute part des nombreux espions postés en Allemagne le long du rideau de fer, et au delà.
L’Otan jette l’éponge
En 1956 le bunker est prêt. Problème, l’Otan a construit sa propre défense aérienne. Le bunker de Kemmelberg ne sert plus à rien. « Il est considéré « no safe » car il n’a pas de portes blindées ni de sas sécurisés. Ce qui est aberrant avec ce bâtiment, c’est qu’il répond aux normes en cas d’attaque, mais on peut y entrer assez facilement. »
Les flancs du mont Kemmel en Belgique, abritent un bunker construit au début des années 1950. Celui-ci devait servir à organiser la défense de la France, Belgique, Grande-Bretagne, Luxembourg et Pays-Bas, face au bloc soviétique. Ce bunker ne servira jamais à l’Otan Il fut en revanche utilisé pour des exercices jusqu’a la chute du mur de Berlin en 1989. Il est depuis reconverti en musée, laissé en l’état. (Photo : Stéphane Dubromel)
La salle de radio. (Photo : Stéphane Dubromel)
Un des nombreux téléphones du bunker. Il est écrit « ce téléphone n’est pas sécurisé ». (Photo : Stéphane Dubromel)
Le premier niveau du bunker. Le téléphone servait à contrôler les identités de chaque soldat qui y venait en exercice. (Photo : Stéphane Dubromel)
La salle des JSC, des hauts gradés recevant les informations et devant gérer l’organisation en découlant. (Photo : Stéphane Dubromel)
Ce n’est qu’en 1963 que le haut commandement des forces armées belges s’y installe et s’y exerce en cas de conflit. Fantassins et para-commandos y venaient à 200, toutes les huit heures. On n’y dormait pas. On s’y exerçait surtout après la crise des missiles de Cuba en 1962, lorsque la tension internationale était à son paroxysme. Et encore après.
Ignoré par la population
Si sous terre cela chauffait, en surface c’était plus calme. « La population savait qu’il y avait ici quelque chose de secret, précise Frédéric Mathys. Une base de lancement de missiles ? On disait qu’il y avait une chambre pour le roi et la reine en cas de conflit. De manière générale, la population locale ne voulait pas savoir ce qu’il s’y passait exactement. Il y avait des gardes, cela intriguait. Surtout que le dernier est parti en 1994. »
Cela durera jusqu’à la chute du mur de Berlin en 1989. Le bunker est alors déclassé mais utilisé encore pour des manœuvres.
Le bunker se visite depuis la fin des années 2000. Y flotte un étrange parfum d’espions dans un mobilier vintage au milieu de machines de transmission préhistoriques. On y a tourné deux films, sans rapport avec l’espionnage.
Salle de production d’électricité assurée par deux moteurs diesels. (Photo : Stéphane Dubromel)
Conduite d’aération. L’air arrive de l’extérieur par des prises dissimuleées dans de petites cabanes de jardin visibles en surface. (Photo : Stéphane Dubromel)
En surface, on trouve trois petites cabanes qui servent à faire entrer de l’air frais dans le bunker et à assurer le système d’aération. (Photo : Stéphane Dubromel)
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