Il y a 100 ans, la grippe « espagnole » s’abattait sur le monde
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Il y a 100 ans, la grippe « espagnole » s’abattait sur le monde
Propos recueillis par Philippe RICHARD
À l’automne 1918, une grippe qui n’avait rien d’espagnole faisait des ravages alors que la Grande Guerre s’achevait. La pandémie aurait tué entre 50 et 100 millions de personnes et a influé sur le cours du monde. Entretien avec la journaliste scientifique Laura Spinney, auteure du livre La grande tueuse.
On n’a réévalué l’impact de la grippe espagnole que récemment ?
La recherche sur cet événement s’est beaucoup densifiée et diversifiée depuis la fin des années 1990. On estime maintenant qu’elle a causé 50 millions voire 100 millions de morts, entre 2,5 % et 5 % de la population mondiale. Pendant tout le XXe siècle, c’est plutôt le nombre de 20 millions de morts qui était reconnu. C’est énorme mais cela restait dans la même échelle que celle des morts de la Première Guerre mondiale (environ 18 millions).
Laura Spinney, auteure de La Grande tueuse. (Photo : Géraldine Aresteanu)
Est-ce parce que les principaux pays belligérants, qui dominaient le monde, ont été proportionnellement moins touchés ?
Les pays qui ont mieux géré cette catastrophe sanitaire sont ceux qui ont perdu le plus de monde à la guerre. En France, en Allemagne, en Angleterre, les décès liés à la grippe sont trois à quatre fois inférieurs à ceux causés par la guerre. L’Inde aurait été le pays le plus touché, avec une estimation, certes controversée, allant jusqu’à 18 millions de morts. Le pays était alors dans un état pitoyable, en raison de la sécheresse, de la famine endémique, d’une absence d’infrastructures de santé en dehors des grandes villes. Les îles Samoa occidentales, autre exemple extrême, ont perdu un quart de leur population.
Les populations ne savaient pas qu’elles avaient affaire à un virus ?
Non. Même la théorie des germes (des microbes pathogènes) développée par Louis Pasteur et d’autres au milieu du XIXe siècle n’était pas universellement reconnue. Le concept de virus était encore plus récent, les premiers n’ont été découverts qu’à la fin du XIXe siècle. Et ils ne sont pas observables au simple microscope. Presque tous les médecins du monde pensaient avoir affaire à des bactéries, d’autant que beaucoup de malades succombaient à des complications pulmonaires (et bactériennes) de la grippe. Il n’y avait pas de vaccins, pas d’antiviraux, pas d’antibiotiques : les médecins étaient démunis face à ce virus très virulent. Dans de nombreuses cultures, mais également en Europe, les épidémies étaient considérées comme une punition divine.
Victimes de la grippe espagnole enterrés. North River, Labrador, Canada, 1918. (Photo : Wikimédia / domaine public)
Il y a eu en fait trois vagues de grippe. La seconde, à l’automne, a été la plus mortelle ?
Qu’il y ait plusieurs vagues, avec une première pas trop grave, est caractéristique des pandémies de grippe. La première vague, au printemps 1918, s’apparentait à une grippe saisonnière. Le virus a dû muter pendant l’été, ou un autre virus s’est imposé. En tout cas, quand la seconde vague est arrivée en automne, il était beaucoup plus virulent. Le taux de létalité aurait été d’au moins 2,5 % contre 0,1 % pour une grippe saisonnière. Une troisième vague de grippe, début 2019, a été moins ravageuse, mais elle a lourdement touché des pays comme l’Australie, qui avaient relâché le blocus sanitaire qui l’avait jusque-là protégée.
La grippe aurait-elle vraiment contribué à abréger la Grande Guerre ?
Il y a un début de consensus sur ce point. Il y a eu tellement de malades parmi les soldats… Le point plus controversé est de savoir si la pandémie a joué un rôle dans l’issue de la guerre, et notamment dans l’échec des attaques allemandes au printemps 1918. Il est possible que l’Allemagne et l’Autriche aient été plus longtemps et plus durement touchés par la maladie, en raison de l’état général de la population, affecté par le blocus imposé par les Forces de l’Entente (les Alliés)… Mais c’est difficile à prouver.
Pourquoi l’a-t-on appelée grippe « espagnole », le nom qui est resté ?
L’Espagne étant neutre dans le conflit, elle n’a pas censuré sa presse, qui faisait état de l’importance de l’épidémie, puis des décès. Le roi Alphonse XIII lui-même a été malade en mai 1918. Tout le monde, y compris les Espagnols, s’est persuadé que la grippe avait une origine espagnole.
Des policiers britanniques portent des masques fabriqués par la Croix Rouge, en décembre 1918. (Photo : Wikimédia / domaine public)
Trois théories s’affrontent sur l’origine géographique de la grippe : la région du Shanxi en Chine, le Kansas aux États-Unis et le grand camp des forces britanniques d’Étaples (Pas-de-Calais). Laquelle est la bonne ?
Il est difficile de poser le diagnostic rétrospectivement. Il est possible que nous n’ayons jamais la réponse. La théorie du Kansas semble la plus probable. Les chercheurs peuvent construire des arbres généalogiques des souches de la grippe. Un virus grippal qui circulait chez les oiseaux d’Amérique du Nord semble très proche du virus de la pandémie tel qu’on l’a reconstitué. Ce n’est pas une preuve directe, mais il est tentant de penser qu’il est venu des oiseaux américains, a infecté des élevages avicoles du Kansas, s’est transmis aux fermiers puis aux soldats des camps d’entraînement de l’est du Kansas, qui ont été ensuite envoyés en Europe, débarquant à Brest et à Bordeaux.
Que connaît-on aujourd’hui du virus de la grippe espagnole ?
À partir d’ARN du virus, retrouvé dans des fragments de poumon conservés dans du formol et sur les restes conservés par le permafrost d’une femme morte en Alaska, le génome de la souche a été séquencé puis le virus réactivé en 2005. Depuis, il est étudié dans un labo de haute sécurité aux États-Unis (à Atlanta), afin de tenter de comprendre pourquoi cette souche était si virulente. Cela a été très controversé : recréer l’arme biologique la plus puissante du monde ? On sait que le virus avait une dangerosité intrinsèque, mais il a été si mortel parce qu’il est apparu dans le monde de 1918
On parle d’une grippe aviaire, qui est passée des oiseaux à l’homme. Les oiseaux ne sont pas les seuls réservoirs de la grippe…
Le porc est un autre réservoir important. Autrefois, les chevaux devaient être le réservoir principal. Le virus de la grippe espagnole pouvait également infecter les chevaux. Il y a eu une épidémie de grippe chevaline en 1918
À l’hôpital de Walter Reed, à Washington DC. (Photo : Wikimédia / domaine public)
Ce qui est troublant, c’est que le gros des décès l’a été chez des jeunes adultes, dans la force de l’âge.
Ce n’est toujours pas bien compris. Selon une théorie, notre système immunitaire serait formaté par la première souche grippale auquel il a été exposé. La précédente épidémie de grippe H1N1 datait des années 1880, et aurait pu partiellement immuniser les personnes plus âgées. Une autre théorie avance que la mortalité dans ces classes d’âge viendrait du fait que leur système immunitaire a surréagi à ce virus très agressif, entraînant des décès.
Plusieurs personnages célèbres ont succombé à la maladie. Vous débutez votre livre par l’image du poète Guillaume Apollinaire, décédé quelques jours avant l’Armistice.
Alors qu’il avait survécu à une blessure de guerre, oui. Edmond Rostand (l’auteur de Cyrano de Bergerac) était revenu à Paris pour l’Armistice et est décédé en décembre. Un autre symbole de cette pandémie est l’artiste autrichien Egon Schiele, mort à 28 ans quelques jours après avoir perdu sa femme enceinte (les femmes enceintes ont été particulièrement touchées). Il a laissé un tableau inachevé, La Famille, qui le représente aux côtés de sa femme et de l’enfant qu’il présente comme déjà âgé de quelques mois. Le peintre norvégien Edvard Much a eu plus de chance. Après avoir semble-t-il frôlé la mort, en 1919, il a peint Self Portrait, Spanish Flu qui le représente affaibli, dans un fauteuil, le teint jaune. Puis, cette année-là, il a peint de nombreuses toiles importantes, pleines de couleur et d’énergie, comme régénéré par le fait d’être en vie.
Le poète Guillaume Apollinaire est mort de la grippe espagnole à Paris le 9 novembre 1918. (Photo : Wikimédia / domaine public)
Bizarrement, on trouve peu de traces de cette pandémie dans la littérature…
Cela me trouble. Peut-être que la grippe était une maladie trop banale, comparée à la guerre qui venait de s’achever. Et même à la tuberculose, qui était la maladie célébrée par les « romantiques ». Mourir de la grippe n’est pas héroïque. Il n’y a pas de mémorial artistique à cette pandémie. En France, il y a plus de 36 000 monuments aux morts de la Première Guerre Mondiale et pas un seul qui rappelle le drame de la grippe espagnole.
La pandémie a contribué à la mise en place de systèmes de santé « socialisés » ?
Dans de nombreuses régions du monde, on s’est rendu compte qu’il ne servait à rien de rendre responsables les catégories les plus fragiles de la société pour leurs maladies. Qu’il fallait traiter les maladies au niveau de toute la population et avoir des collaborations sanitaires internationales : les virus ne connaissent pas les frontières. Scientifiquement, la pandémie a stimulé la recherche en épidémiologie et en virologie. Beaucoup de progrès sont arrivés dans la décennie suivante. Le premier vaccin antigrippal est arrivé dans les années 1930.
On ne sait pas quand une autre pandémie se déclenchera, mais elle arrivera ?
Le XXe siècle a aussi connu la grippe asiatique de 1957 (a priori 2 millions de morts dont 100 000 dans l’Hexagone) et la grippe de Hong Kong en 1968. En 2009, le sous-type de grippe H1N1 avait des gènes de virus d’origine porcine, aviaire et humaine. Parfois, une souche de virus saute entre les espèces et peut devenir très contagieuse. En 2018, les chercheurs ne peuvent ni prédire ni où ni quand, ni quelle sera la sévérité d’une prochaine pandémie. Il faut juste préparer les populations à ces possibilités. Il faut encourager les gens à se vacciner, même si le vaccin contre la grippe saisonnière n’offrira pas toute la protection face à un virus pandémique.
En 2009, un vaccin a été mis rapidement au point mais la campagne de vaccination très volontariste du gouvernement français a été mal vécue…
La grippe de 2009 a été une vraie pandémie. Le virus a fait le tour du monde. Mais il s’est révélé peu virulent. Il a moins tué que la grippe saisonnière habituelle qui fait environ 600 000 victimes dans le monde. Il ne faut pourtant pas s’habituer à l’idée qu’une pandémie n’est pas grave. C’est le défi des autorités de santé publique.
En finira-t-on un jour avec les vaccinations annuelles ?
Plusieurs groupes de chercheurs tentent de créer un vaccin universel, nous protégeant contre toutes les souches de grippe. En ne visant plus la partie variable du virus, mais ses parties fixe. Des vaccins candidats sont en essai clinique. On aura peut-être un vaccin universel dans dix ans. Peut-être.
À l’automne 1918, une grippe qui n’avait rien d’espagnole faisait des ravages alors que la Grande Guerre s’achevait. La pandémie aurait tué entre 50 et 100 millions de personnes et a influé sur le cours du monde. Entretien avec la journaliste scientifique Laura Spinney, auteure du livre La grande tueuse.
On n’a réévalué l’impact de la grippe espagnole que récemment ?
La recherche sur cet événement s’est beaucoup densifiée et diversifiée depuis la fin des années 1990. On estime maintenant qu’elle a causé 50 millions voire 100 millions de morts, entre 2,5 % et 5 % de la population mondiale. Pendant tout le XXe siècle, c’est plutôt le nombre de 20 millions de morts qui était reconnu. C’est énorme mais cela restait dans la même échelle que celle des morts de la Première Guerre mondiale (environ 18 millions).
Laura Spinney, auteure de La Grande tueuse. (Photo : Géraldine Aresteanu)
Est-ce parce que les principaux pays belligérants, qui dominaient le monde, ont été proportionnellement moins touchés ?
Les pays qui ont mieux géré cette catastrophe sanitaire sont ceux qui ont perdu le plus de monde à la guerre. En France, en Allemagne, en Angleterre, les décès liés à la grippe sont trois à quatre fois inférieurs à ceux causés par la guerre. L’Inde aurait été le pays le plus touché, avec une estimation, certes controversée, allant jusqu’à 18 millions de morts. Le pays était alors dans un état pitoyable, en raison de la sécheresse, de la famine endémique, d’une absence d’infrastructures de santé en dehors des grandes villes. Les îles Samoa occidentales, autre exemple extrême, ont perdu un quart de leur population.
Les populations ne savaient pas qu’elles avaient affaire à un virus ?
Non. Même la théorie des germes (des microbes pathogènes) développée par Louis Pasteur et d’autres au milieu du XIXe siècle n’était pas universellement reconnue. Le concept de virus était encore plus récent, les premiers n’ont été découverts qu’à la fin du XIXe siècle. Et ils ne sont pas observables au simple microscope. Presque tous les médecins du monde pensaient avoir affaire à des bactéries, d’autant que beaucoup de malades succombaient à des complications pulmonaires (et bactériennes) de la grippe. Il n’y avait pas de vaccins, pas d’antiviraux, pas d’antibiotiques : les médecins étaient démunis face à ce virus très virulent. Dans de nombreuses cultures, mais également en Europe, les épidémies étaient considérées comme une punition divine.
Victimes de la grippe espagnole enterrés. North River, Labrador, Canada, 1918. (Photo : Wikimédia / domaine public)
Il y a eu en fait trois vagues de grippe. La seconde, à l’automne, a été la plus mortelle ?
Qu’il y ait plusieurs vagues, avec une première pas trop grave, est caractéristique des pandémies de grippe. La première vague, au printemps 1918, s’apparentait à une grippe saisonnière. Le virus a dû muter pendant l’été, ou un autre virus s’est imposé. En tout cas, quand la seconde vague est arrivée en automne, il était beaucoup plus virulent. Le taux de létalité aurait été d’au moins 2,5 % contre 0,1 % pour une grippe saisonnière. Une troisième vague de grippe, début 2019, a été moins ravageuse, mais elle a lourdement touché des pays comme l’Australie, qui avaient relâché le blocus sanitaire qui l’avait jusque-là protégée.
La grippe aurait-elle vraiment contribué à abréger la Grande Guerre ?
Il y a un début de consensus sur ce point. Il y a eu tellement de malades parmi les soldats… Le point plus controversé est de savoir si la pandémie a joué un rôle dans l’issue de la guerre, et notamment dans l’échec des attaques allemandes au printemps 1918. Il est possible que l’Allemagne et l’Autriche aient été plus longtemps et plus durement touchés par la maladie, en raison de l’état général de la population, affecté par le blocus imposé par les Forces de l’Entente (les Alliés)… Mais c’est difficile à prouver.
Pourquoi l’a-t-on appelée grippe « espagnole », le nom qui est resté ?
L’Espagne étant neutre dans le conflit, elle n’a pas censuré sa presse, qui faisait état de l’importance de l’épidémie, puis des décès. Le roi Alphonse XIII lui-même a été malade en mai 1918. Tout le monde, y compris les Espagnols, s’est persuadé que la grippe avait une origine espagnole.
Des policiers britanniques portent des masques fabriqués par la Croix Rouge, en décembre 1918. (Photo : Wikimédia / domaine public)
Trois théories s’affrontent sur l’origine géographique de la grippe : la région du Shanxi en Chine, le Kansas aux États-Unis et le grand camp des forces britanniques d’Étaples (Pas-de-Calais). Laquelle est la bonne ?
Il est difficile de poser le diagnostic rétrospectivement. Il est possible que nous n’ayons jamais la réponse. La théorie du Kansas semble la plus probable. Les chercheurs peuvent construire des arbres généalogiques des souches de la grippe. Un virus grippal qui circulait chez les oiseaux d’Amérique du Nord semble très proche du virus de la pandémie tel qu’on l’a reconstitué. Ce n’est pas une preuve directe, mais il est tentant de penser qu’il est venu des oiseaux américains, a infecté des élevages avicoles du Kansas, s’est transmis aux fermiers puis aux soldats des camps d’entraînement de l’est du Kansas, qui ont été ensuite envoyés en Europe, débarquant à Brest et à Bordeaux.
Que connaît-on aujourd’hui du virus de la grippe espagnole ?
À partir d’ARN du virus, retrouvé dans des fragments de poumon conservés dans du formol et sur les restes conservés par le permafrost d’une femme morte en Alaska, le génome de la souche a été séquencé puis le virus réactivé en 2005. Depuis, il est étudié dans un labo de haute sécurité aux États-Unis (à Atlanta), afin de tenter de comprendre pourquoi cette souche était si virulente. Cela a été très controversé : recréer l’arme biologique la plus puissante du monde ? On sait que le virus avait une dangerosité intrinsèque, mais il a été si mortel parce qu’il est apparu dans le monde de 1918
On parle d’une grippe aviaire, qui est passée des oiseaux à l’homme. Les oiseaux ne sont pas les seuls réservoirs de la grippe…
Le porc est un autre réservoir important. Autrefois, les chevaux devaient être le réservoir principal. Le virus de la grippe espagnole pouvait également infecter les chevaux. Il y a eu une épidémie de grippe chevaline en 1918
À l’hôpital de Walter Reed, à Washington DC. (Photo : Wikimédia / domaine public)
Ce qui est troublant, c’est que le gros des décès l’a été chez des jeunes adultes, dans la force de l’âge.
Ce n’est toujours pas bien compris. Selon une théorie, notre système immunitaire serait formaté par la première souche grippale auquel il a été exposé. La précédente épidémie de grippe H1N1 datait des années 1880, et aurait pu partiellement immuniser les personnes plus âgées. Une autre théorie avance que la mortalité dans ces classes d’âge viendrait du fait que leur système immunitaire a surréagi à ce virus très agressif, entraînant des décès.
Plusieurs personnages célèbres ont succombé à la maladie. Vous débutez votre livre par l’image du poète Guillaume Apollinaire, décédé quelques jours avant l’Armistice.
Alors qu’il avait survécu à une blessure de guerre, oui. Edmond Rostand (l’auteur de Cyrano de Bergerac) était revenu à Paris pour l’Armistice et est décédé en décembre. Un autre symbole de cette pandémie est l’artiste autrichien Egon Schiele, mort à 28 ans quelques jours après avoir perdu sa femme enceinte (les femmes enceintes ont été particulièrement touchées). Il a laissé un tableau inachevé, La Famille, qui le représente aux côtés de sa femme et de l’enfant qu’il présente comme déjà âgé de quelques mois. Le peintre norvégien Edvard Much a eu plus de chance. Après avoir semble-t-il frôlé la mort, en 1919, il a peint Self Portrait, Spanish Flu qui le représente affaibli, dans un fauteuil, le teint jaune. Puis, cette année-là, il a peint de nombreuses toiles importantes, pleines de couleur et d’énergie, comme régénéré par le fait d’être en vie.
Le poète Guillaume Apollinaire est mort de la grippe espagnole à Paris le 9 novembre 1918. (Photo : Wikimédia / domaine public)
Bizarrement, on trouve peu de traces de cette pandémie dans la littérature…
Cela me trouble. Peut-être que la grippe était une maladie trop banale, comparée à la guerre qui venait de s’achever. Et même à la tuberculose, qui était la maladie célébrée par les « romantiques ». Mourir de la grippe n’est pas héroïque. Il n’y a pas de mémorial artistique à cette pandémie. En France, il y a plus de 36 000 monuments aux morts de la Première Guerre Mondiale et pas un seul qui rappelle le drame de la grippe espagnole.
La pandémie a contribué à la mise en place de systèmes de santé « socialisés » ?
Dans de nombreuses régions du monde, on s’est rendu compte qu’il ne servait à rien de rendre responsables les catégories les plus fragiles de la société pour leurs maladies. Qu’il fallait traiter les maladies au niveau de toute la population et avoir des collaborations sanitaires internationales : les virus ne connaissent pas les frontières. Scientifiquement, la pandémie a stimulé la recherche en épidémiologie et en virologie. Beaucoup de progrès sont arrivés dans la décennie suivante. Le premier vaccin antigrippal est arrivé dans les années 1930.
On ne sait pas quand une autre pandémie se déclenchera, mais elle arrivera ?
Le XXe siècle a aussi connu la grippe asiatique de 1957 (a priori 2 millions de morts dont 100 000 dans l’Hexagone) et la grippe de Hong Kong en 1968. En 2009, le sous-type de grippe H1N1 avait des gènes de virus d’origine porcine, aviaire et humaine. Parfois, une souche de virus saute entre les espèces et peut devenir très contagieuse. En 2018, les chercheurs ne peuvent ni prédire ni où ni quand, ni quelle sera la sévérité d’une prochaine pandémie. Il faut juste préparer les populations à ces possibilités. Il faut encourager les gens à se vacciner, même si le vaccin contre la grippe saisonnière n’offrira pas toute la protection face à un virus pandémique.
En 2009, un vaccin a été mis rapidement au point mais la campagne de vaccination très volontariste du gouvernement français a été mal vécue…
La grippe de 2009 a été une vraie pandémie. Le virus a fait le tour du monde. Mais il s’est révélé peu virulent. Il a moins tué que la grippe saisonnière habituelle qui fait environ 600 000 victimes dans le monde. Il ne faut pourtant pas s’habituer à l’idée qu’une pandémie n’est pas grave. C’est le défi des autorités de santé publique.
En finira-t-on un jour avec les vaccinations annuelles ?
Plusieurs groupes de chercheurs tentent de créer un vaccin universel, nous protégeant contre toutes les souches de grippe. En ne visant plus la partie variable du virus, mais ses parties fixe. Des vaccins candidats sont en essai clinique. On aura peut-être un vaccin universel dans dix ans. Peut-être.
Re: Il y a 100 ans, la grippe « espagnole » s’abattait sur le monde
La pandémie de grippe espagnole de 1918, la plus meurtrière de l'histoire, a infecté environ 500 millions de personnes dans le monde, un tiers de la population de la planète, et les estimations disent qu'elle a causé la Les premières épidémies ont été trouvées en Europe, aux États-Unis et dans certaines régions d'Asie, mais le virus s'est propagé rapidement à travers la france
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