Novembre 1918. Enfin l’Armistice !
Page 1 sur 1
Novembre 1918. Enfin l’Armistice !
Publié le 01 novembre 2018 le telegramme
Il y a 100 ans, les communications étaient bien différentes d’aujourd’hui. C’est Charles Hognon, le maire par intérim, qui reçoit diffuse la nouvelle de l’Armistice.
(Archives Municipales de Vannes – Fonds Mme Frugier-Rech)
« Au 52e mois d’une guerre sans précédent dans l’histoire, l’armée française, avec l’aide de ses alliés, a consommé la défaite de l’ennemi », dit le dernier communiqué. Le 11 novembre, à 11 h, l’armistice est signé. Comment les Vannetais, dans leur ville ou au front, l’ont vécu ?
Entre 11 h et midi
« Nous attendions anxieusement lundi matin les nouvelles de l’armistice, à la mairie de Vannes, quand tout à coup M. Hognon, faisant fonction de maire, sortant de son cabinet, s’écrie : mes amis, ça y est ! Allez et répandez à tous et partout la bonne nouvelle ! » raconte le journaliste du Nouvelliste du Morbihan.
Parmi les premiers signes de liesse, un drapeau français est installé par de jeunes vannetais en haut du clocher de Saint-Patern. (Fonds Archives Municipales de Vannes)
Lyrique, la Semaine religieuse complète : « Sous le soleil de midi, les cloches sonnaient à toute volée. Au sommet du clocher de l’église Saint-Patern, un drapeau claqua au vent. Un « Korrigan » (NDLR : du nom du patronage fondé en 1905) agile l’y avait planté. Et, tout de suite, une fanfare éclata, hymne d’amour et de vénération : Au Drapeau ! D’autres Korrigans, de la plus haute plateforme de la tour, lançaient dans l’infini du ciel bleu le salut aux couleurs radieuses de la France embellie et vengée ».
Le Nouvelliste poursuit le récit : « Les fenêtres se garnissaient de drapeaux, le canon, installé sur la Garenne, tonnait lui aussi, annonçant que le long martyre de la France venait enfin de cesser. Des magasins, les études, bureaux d’administration, l’arsenal… donnaient congé à leur personnel en signe de réjouissance. La foule bientôt manifestait sa joie délirante en formant des cortèges, en chantant des hymnes patriotiques. On peut dire que tout Vannes était en fête, car tout le monde était dehors, jusqu’aux écoliers qui, profitant de la demi-journée de vacances, se répandaient en monômes, dans les rues, armés de drapeaux des alliés ». La radio du camp de Meucon ayant capté la nouvelle, quatre avions survolent la ville.
Vers 13 h
« Les grilles du quartier, occupé par le 28e d’artillerie, s’ouvrirent malgré la consigne. Une interminable théorie de tout petits enfants des écoles, porteurs de minuscules drapeaux et marchant alignés par rangs de quatre, s’engouffra dans la cour et en fit le tour en chantant. Entourée de ses servants et précédée de son capitaine, qui se mordillait la moustache pour ne pas pleurer, la pièce qui avait tiré les salves de la victoire les suivait. Aux fenêtres, des grappes de soldats émotionnés acclamaient les bambins. C’était vraiment beau », détaille la Semaine religieuse.
La caserne du 28 d’artillerie : elle sera investie par des enfants de la ville vers 13 h. (Fonds Archives Municipales de Vannes)
« Monseigneur, qu’aucune voix officielle n’avait daigné informer, voulut jouir du bonheur de son peuple. Il parcourut la ville avec ses vicaires généraux pour montrer à tous qu’il prenait part à leur joie, comme il avait pris part à leurs tristesses depuis quatre ans ».
Vers 19 h 30
« Le bourdon de la cathédrale retentit encore. La population si chrétienne de Vannes y reconnaît la voix de son évêque l’appelant à chanter l’hymne de la reconnaissance. Bien avant l’heure, on ne trouvait plus une place ». À 20 h, l’évêque monte en chaire : « C’est l’iniquité qui disparaît, la mort qui s’éloigne, les séparations qui vont prendre fin. C’est la renaissance de la famille et enfin, la France libre, victorieuse et bientôt plus grande que jamais (…). Mais il est aussi de toute nécessité de tourner nos âmes vers Dieu, n’est-ce pas à lui que nous devons cette victoire ? Car nos fiers et héroïques soldats n’ont été que les instruments de sa volonté (…). La tâche n’est pas finie et nos épreuves ne sont pas encore terminées, aussi faisons tous les sacrifices que Dieu nous impose et continuons notre œuvre par la prière et l’union ».
À 20 h, Monseigneur Gouraud, dans une cathédrale bondée, entonne le « Te Deum ». (DR) ( voir dessous )
« La musique américaine, venue tout exprès du camp de Meucon, a donné sur la Rabine un concert au cours duquel furent chantés et applaudis Marseillaise et le Star Spangled Banner (NDLR : hymne des États-Unis). À l’issue du concert, une retraite aux flambeaux a parcouru la ville, suivie d’une foule immense, mêlant des clameurs à ses chants. Excellente soirée au Foyer du soldat où le Comité offrait le café », continue l’Union Morbihannaise.
Les bémols
Seul couac : « deux accidents occasionnés par l’automobile de M. A…, négociant rue du Mené. Il y a eu deux blessés, dont un soldat américain », rapporte le Nouvelliste. Le journaliste rappelle : « Si nous participons bien sincèrement à la joie populaire, nous devons aussi tourner nos regards vers les familles éprouvées par cette terrible guerre qui, en entendant les sons joyeux des cloches et du canon, ne pouvaient se défendre de verser, elles aussi, des larmes de douleur, à la pensée de ceux qui ne reviendront plus… et qui sont morts pour la Patrie, en versant leur sang au champ d’honneur… pour le salut de l’humanité ».
https://www.letelegramme.fr/tag/14-18-vannes
Il y a 100 ans, les communications étaient bien différentes d’aujourd’hui. C’est Charles Hognon, le maire par intérim, qui reçoit diffuse la nouvelle de l’Armistice.
(Archives Municipales de Vannes – Fonds Mme Frugier-Rech)
« Au 52e mois d’une guerre sans précédent dans l’histoire, l’armée française, avec l’aide de ses alliés, a consommé la défaite de l’ennemi », dit le dernier communiqué. Le 11 novembre, à 11 h, l’armistice est signé. Comment les Vannetais, dans leur ville ou au front, l’ont vécu ?
Entre 11 h et midi
« Nous attendions anxieusement lundi matin les nouvelles de l’armistice, à la mairie de Vannes, quand tout à coup M. Hognon, faisant fonction de maire, sortant de son cabinet, s’écrie : mes amis, ça y est ! Allez et répandez à tous et partout la bonne nouvelle ! » raconte le journaliste du Nouvelliste du Morbihan.
Parmi les premiers signes de liesse, un drapeau français est installé par de jeunes vannetais en haut du clocher de Saint-Patern. (Fonds Archives Municipales de Vannes)
Lyrique, la Semaine religieuse complète : « Sous le soleil de midi, les cloches sonnaient à toute volée. Au sommet du clocher de l’église Saint-Patern, un drapeau claqua au vent. Un « Korrigan » (NDLR : du nom du patronage fondé en 1905) agile l’y avait planté. Et, tout de suite, une fanfare éclata, hymne d’amour et de vénération : Au Drapeau ! D’autres Korrigans, de la plus haute plateforme de la tour, lançaient dans l’infini du ciel bleu le salut aux couleurs radieuses de la France embellie et vengée ».
On peut dire que tout Vannes était en fête
Le Nouvelliste poursuit le récit : « Les fenêtres se garnissaient de drapeaux, le canon, installé sur la Garenne, tonnait lui aussi, annonçant que le long martyre de la France venait enfin de cesser. Des magasins, les études, bureaux d’administration, l’arsenal… donnaient congé à leur personnel en signe de réjouissance. La foule bientôt manifestait sa joie délirante en formant des cortèges, en chantant des hymnes patriotiques. On peut dire que tout Vannes était en fête, car tout le monde était dehors, jusqu’aux écoliers qui, profitant de la demi-journée de vacances, se répandaient en monômes, dans les rues, armés de drapeaux des alliés ». La radio du camp de Meucon ayant capté la nouvelle, quatre avions survolent la ville.
Vers 13 h
« Les grilles du quartier, occupé par le 28e d’artillerie, s’ouvrirent malgré la consigne. Une interminable théorie de tout petits enfants des écoles, porteurs de minuscules drapeaux et marchant alignés par rangs de quatre, s’engouffra dans la cour et en fit le tour en chantant. Entourée de ses servants et précédée de son capitaine, qui se mordillait la moustache pour ne pas pleurer, la pièce qui avait tiré les salves de la victoire les suivait. Aux fenêtres, des grappes de soldats émotionnés acclamaient les bambins. C’était vraiment beau », détaille la Semaine religieuse.
La caserne du 28 d’artillerie : elle sera investie par des enfants de la ville vers 13 h. (Fonds Archives Municipales de Vannes)
« Monseigneur, qu’aucune voix officielle n’avait daigné informer, voulut jouir du bonheur de son peuple. Il parcourut la ville avec ses vicaires généraux pour montrer à tous qu’il prenait part à leur joie, comme il avait pris part à leurs tristesses depuis quatre ans ».
Vers 19 h 30
« Le bourdon de la cathédrale retentit encore. La population si chrétienne de Vannes y reconnaît la voix de son évêque l’appelant à chanter l’hymne de la reconnaissance. Bien avant l’heure, on ne trouvait plus une place ». À 20 h, l’évêque monte en chaire : « C’est l’iniquité qui disparaît, la mort qui s’éloigne, les séparations qui vont prendre fin. C’est la renaissance de la famille et enfin, la France libre, victorieuse et bientôt plus grande que jamais (…). Mais il est aussi de toute nécessité de tourner nos âmes vers Dieu, n’est-ce pas à lui que nous devons cette victoire ? Car nos fiers et héroïques soldats n’ont été que les instruments de sa volonté (…). La tâche n’est pas finie et nos épreuves ne sont pas encore terminées, aussi faisons tous les sacrifices que Dieu nous impose et continuons notre œuvre par la prière et l’union ».
À 20 h, Monseigneur Gouraud, dans une cathédrale bondée, entonne le « Te Deum ». (DR) ( voir dessous )
« La musique américaine, venue tout exprès du camp de Meucon, a donné sur la Rabine un concert au cours duquel furent chantés et applaudis Marseillaise et le Star Spangled Banner (NDLR : hymne des États-Unis). À l’issue du concert, une retraite aux flambeaux a parcouru la ville, suivie d’une foule immense, mêlant des clameurs à ses chants. Excellente soirée au Foyer du soldat où le Comité offrait le café », continue l’Union Morbihannaise.
Les bémols
Seul couac : « deux accidents occasionnés par l’automobile de M. A…, négociant rue du Mené. Il y a eu deux blessés, dont un soldat américain », rapporte le Nouvelliste. Le journaliste rappelle : « Si nous participons bien sincèrement à la joie populaire, nous devons aussi tourner nos regards vers les familles éprouvées par cette terrible guerre qui, en entendant les sons joyeux des cloches et du canon, ne pouvaient se défendre de verser, elles aussi, des larmes de douleur, à la pensée de ceux qui ne reviendront plus… et qui sont morts pour la Patrie, en versant leur sang au champ d’honneur… pour le salut de l’humanité ».
https://www.letelegramme.fr/tag/14-18-vannes
Dernière édition par Admin le Ven 2 Nov - 21:07, édité 1 fois
Re: Novembre 1918. Enfin l’Armistice !
Sujets similaires
» Centenaire du 11 novembre 1918: l’histoire mouvementée du wagon de l'armistice
» Le 11 novembre 1918 en Bretagne
» SOUVENIR du LUNDI 11 NOVEMBRE 1918
» Comment Clemenceau a vécu le 11 novembre 1918
» LAMBALLE 14-18. Ils reproduisent le wagon de l'armistice
» Le 11 novembre 1918 en Bretagne
» SOUVENIR du LUNDI 11 NOVEMBRE 1918
» Comment Clemenceau a vécu le 11 novembre 1918
» LAMBALLE 14-18. Ils reproduisent le wagon de l'armistice
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum