Christine Le Tennier. L'avocate de l'algue bretonne
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Christine Le Tennier. L'avocate de l'algue bretonne
Elle a un sacré bagout, la dirigeante de Globe Export à Rosporden. Il y a 23 ans, cette Franco-Canadienne originaire de Gourin, a décidé de convertir toute la Bretagne à sa passion de l'algue alimentaire. Une forte tête qui a de la suite dans les idées.
Passez deux heures avec Christine Le Tennier, vous aurez du mal à l'arrêter. Elle parle, sans à peine reprendre son souffle. Il y a vingt-trois ans déjà, elle est partie en guerre pour convertir toute la Bretagne à sa passion des végétaux marins. Car quand elle croit à quelque chose, elle n'est pas vraiment du genre à renoncer. Pour faire connaître son produit fétiche, elle vient de faire publier un livre de recettes de cuisine aux algues avec des grands chefs bretons.
L'avocate des algues
Rien ne prédisposait cette Franco-Canadienne, petite-fille d'agriculteur du Centre Bretagne, à devenir une militante de l'algue alimentaire. De cette «mine d'or pour la Bretagne» qui a tant de mal à s'imposer dans les assiettes françaises, elle s'est fait l'avocate. Avec le soutien de son amie Christine Bodeau présidente de la chambre syndicale des algues et patronne de Sciences et Mer, cette quinquagénaire plaide inlassablement pour la naissance d'une filière d'algoculture (voir ci-contre). Née en 1959 dans l'Ontario, à Sudbury, d'un père originaire de Gourin (Morbihan) et d'une mère pied-noir, Christine Le Tennier a toujours eu le goût de l'international. Son histoire est marquée par la diaspora gourinoise en Amérique du Nord. Au Canada, où s'étaient exilés ses parents, Christine Le Tennier vécut les trois premières années de sa vie.
Un caractère de dirigeant
L'envie d'entreprendre est arrivée tôt. Une mère hôtelière-restauratrice, un père chauffagiste, des aïeux paysans bretons, pour qui le travail est une valeur morale, ça forge un caractère de dirigeant. «Je ne sais pas ce que j'aurais pu faire d'autre que chef d'entreprise!» À 19 ans, un IUT commercial en poche, ce pigeon voyageur élevé à Gourin au couvent de Saint-Joseph-de-Cluny, s'envole à Montréal pour finir ses études. Elle y restera sept ans. Et c'est dans la restauration que cet électron libre fait ses premières armes, en montant un restaurant français à Montréal, avec un chef mexicain dans un motel tenu par des Siciliens. «Une incroyable expérience multiculturelle».
Du Hilton à Globe Export
Les différences de mentalités entre l'Amérique et l'Europe la surprennent encore. Son jugement sur l'accueil touristique breton est resté sévère. «On n'est pas assez professionnels!» En travaillant au début des années 80 au Hilton comme barmaid puis au service commercial, Christine Le Tennier a mis la barre haute. «J'avais en charge la clientèle d'affaires pour des congrès et séminaires de cinq propriétés hôtelières dans l'Ontario, au Québec et l'État de New York. Un super job de cadre à 22 ans seulement.» En 1985, Christine Le Tennier rentre en France. Le Hilton lui propose la Côte d'Ivoire, elle décline pour vivre en Bretagne où elle vient de rencontrer son futur mari. Ses «deux petites princesses», Charlotte et Chloé, naissent quelques années plus tard.
Une forte tête
La découverte des algues, ce fut un hasard, lors d'une visite d'usine à Pleubian. «Je connaissais les sushis au Nori de New York. J'ai immédiatement compris qu'il y avait un potentiel en Bretagne.» La suite ce sera une formation en commerce international à Lorient puis la création de Globe Export à Rosporden en 1986. Cette société d'import-export (dix salariés aujourd'hui) est spécialisée dans la fabrication et le négoce de produits transformés à base d'algues. Passionnée de commerce international, Christine Le Tennier s'est aussi investie dans le monde de l'enseignement. Ancienne présidente de l'école Isuga à Quimper, cette élue de la CCI a démissionné de la commission internationale et formation en 2008, quand il fut envisagé de ne plus recruter les élèves en Asie. Le bagout et le côté provoc' «forgés par des convictions acquises au cours de la vie», font de Christine Le Tennier une forte tête capable de faire son «show» pour défendre son point de vue. Une femme impulsive et entière donc.
«Nous, Bretons, nous sommes complètement à côté de la plaque»
Vous venez de publier un livre de cuisines aux algues*
avec des recettes de grands chefs bretons. Quel est le message pour les industries bretonnes?
Si le fleuron de notre gastronomie conçoit de petites oeuvres d'art avec des algues de cueillette, donc sauvages, quelles merveilles pourraient faire notre industrie agroalimentaire si elle disposait d'une matière première de qualité, obligatoirement tracée donc cultivée! C'est ce que je voudrais expliquer aux Bretons.
Vous répétez inlassablement que les Bretons scient la branche sur laquelle ils sont assis...
Ce discours je le tiens pour la dernière fois. On sait que les algues se plaisent très bien en Bretagne mais la biomasse est limitée. On est en train de scier la branche sur laquelle on est assis. En Asie, 95% du tonnage est issu de l'algoculture. En Bretagne, c'est l'inverse. Près de 100% des algues proviennent de la cueillette, donc elles sont non tracées et de qualité irrégulière. Et avec la réglementation sur les allégations, il devient impossible de les industrialiser. Moi, j'ai commencé à importer. Nous, Bretons, nous sommes complètement à côté de la plaque. Des conteneurs entiers d'algues transitent entre l'Amérique Latine, l'Israël, l'Amérique du Nord, la Chine, le Japon et l'Europe du Nord. Ici, on n'a même pas réussi à clairement définir le statut du goémonier.
Vous avez écrit au président de la Région. Que lui avez-vous demandé?
J'ai proposé à Jean-Yves Le Drian dans un courrier de mener cette étude réelle des besoins en algues dans l'agroalimentaire, la pharmacie, la thalassothérapie, la chimie, les alginates... Il nous faut une étude de marché, un état des lieux précis sur la possibilité technique de développer l'algoculture. C'est extrêmement urgent. J'ai trop le sentiment de faire le Don Quichotte. Que faut-il faire? Parler en breton, parler en américain? Je suis prête à le reconnaître si je me suis trompée. Mais il n'y a jamais eu d'étude sérieuse avec des gens de terrain. Qu'on fasse appel à des experts asiatiques et qu'on arrête de payer des études qui ne servent à rien!
La Région a initié un cluster algues. De quoi s'agit-il?
C'est un cluster produits de la mer, algues nutrition santé. Il regroupe une vingtaine d'entreprises dont un grand groupe d'agroalimentaire. L'objectif est de développer le business ensemble.
Vous venez de créer Algues et Saveurs, un atelier de cuisine moléculaire. Que fabriquez-vous?
Nous fabriquons des gammes de billes d'alginates. "Les perles de l'océan" sont de petites perles au vinaigre et à l'échalote ou au citron et au poivre pour mettre dans les huîtres. "Les perles de saveurs" est une gamme sucrée pour les professionnels, au caramel, menthe glaciale, rose et paillettes d'or... On sera bientôt référencés chez Métro.
La cuisine moléculaire a ses défenseurs et ses pourfendeurs. Vous pensez qu'elle a du potentiel?
Oui. Le marché arrive à maturité. Cette cuisine nouvelle est prônée par le meilleur chef au monde Ferran Adrià. Elle offre un nouveau potentiel de valorisation pour les algues bretonnes.
Parcours
1955 Émigration des parents de Christine Le Tennier à Montréal
27mars 1959
Naissance à Sudbury en Ontario
1962
Retour de la famille à Gourin
1978
Départ de Christine Le Tennier pour Montréal
1979
Création du restaurant "Le Grand-duc" à Montréal dans un motel tenu par des Siciliens.
1985-1986
Retour en Bretagne puis création de Globe Export
1990-1991
Naissance de Charlotte puis de Chloé
1994
Création de l'activité " Algues de Bretagne "
2008
Démarrage de la production de pâtes hyperprotéinées
2009
Création d'Algues et Saveurs, atelier de cuisine moléculaire
Re: Christine Le Tennier. L'avocate de l'algue bretonne
VOICI LE LIVRE EN VERSION PDF
http://www.algues.fr/files/livre_algues_gastronomie.pdf
PREFACE
C’était surtout une nouvelle approche alimentaire, légère et bénéfique, fondée sur la qualité
des végétaux marins récoltés dans nos zones côtières et leur valorisation par la recherche
de solutions culinaires novatrices, respectant la finesse de leur texture et la subtilité
de leurs saveurs.
Ce défi à la créativité de nos artistes culinaires a été bellement relevé. De grands noms
de la gastronomie bretonne ont ouvert leur carte aux charmes et vertus de la cuisine aux
algues et plantes marines “de chez nous”. Ils viennent vous confier leurs recettes pour qu’à
votre tour vous appreniez à les réaliser parfaitement et à les faire apprécier.
Nous avons souvent rêvé d’un tel ouvrage Christine Le Tennier et moi-même, à l’occasion
de nos nombreux voyages de démonstration en France comme à l’étranger. Cet espoir,
elle a su le réaliser, elle qui fit aussi partie des pionniers. Elle n’a jamais cessé d’oeuvrer
en faveur des végétaux marins bretons valorisés par nos recherches. Elle a créé pour les
faire connaître un réseau de commercialisation étendu à tout le globe. Aujourd’hui, elle
apporte la caution de chefs prestigieux. À elle, comme à eux, vont mes félicitations et mes
remerciements.
Bruno Matignon
Chef cuisinier, spécialiste des végétaux marins alimentaires depuis 1996
Conseiller Culinaire Français Européen
Formateur
Médaille de Vermeil des Arts, Sciences et Lettres 2006.
Membre des Toques Blanches Internationales de l’Académie Nationale de Cuisine 2000.
http://www.algues.fr/files/livre_algues_gastronomie.pdf
PREFACE
C’était surtout une nouvelle approche alimentaire, légère et bénéfique, fondée sur la qualité
des végétaux marins récoltés dans nos zones côtières et leur valorisation par la recherche
de solutions culinaires novatrices, respectant la finesse de leur texture et la subtilité
de leurs saveurs.
Ce défi à la créativité de nos artistes culinaires a été bellement relevé. De grands noms
de la gastronomie bretonne ont ouvert leur carte aux charmes et vertus de la cuisine aux
algues et plantes marines “de chez nous”. Ils viennent vous confier leurs recettes pour qu’à
votre tour vous appreniez à les réaliser parfaitement et à les faire apprécier.
Nous avons souvent rêvé d’un tel ouvrage Christine Le Tennier et moi-même, à l’occasion
de nos nombreux voyages de démonstration en France comme à l’étranger. Cet espoir,
elle a su le réaliser, elle qui fit aussi partie des pionniers. Elle n’a jamais cessé d’oeuvrer
en faveur des végétaux marins bretons valorisés par nos recherches. Elle a créé pour les
faire connaître un réseau de commercialisation étendu à tout le globe. Aujourd’hui, elle
apporte la caution de chefs prestigieux. À elle, comme à eux, vont mes félicitations et mes
remerciements.
Bruno Matignon
Chef cuisinier, spécialiste des végétaux marins alimentaires depuis 1996
Conseiller Culinaire Français Européen
Formateur
Médaille de Vermeil des Arts, Sciences et Lettres 2006.
Membre des Toques Blanches Internationales de l’Académie Nationale de Cuisine 2000.
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