60 ans après, la Russie rouvre l’enquête sur le mystère du col Dyatlov
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60 ans après, la Russie rouvre l’enquête sur le mystère du col Dyatlov
Par Bruno Alvarez
En 1959, neuf randonneurs ont mystérieusement trouvé la mort dans l’Oural, en Sibérie. Les circonstances étranges de leur décès constituent l’une des plus grandes énigmes de la période soviétique. Soixante ans après, un procureur russe a décidé de rouvrir l’enquête.
L’un des plus grands mystères de l’histoire russe va-t-il être élucidé ? Un procureur a décidé de rouvrir l’enquête sur l’affaire classée sans suite, il y a soixante ans, de neuf randonneurs retrouvés morts dans l’Oural. Les circonstances de leur décès sont toujours restées étranges. La vérité va-t-elle enfin éclater ?
L’expédition
L’histoire remonte à janvier 1959. Dix randonneurs soviétiques s’organisent pour une expédition très risquée. Huit hommes et deux femmes, étudiants et diplômés de l’Institut polytechnique de l’Oural, entreprennent une randonnée pour rejoindre Otorten, une montagne située à 10 kilomètres du lieu du drame. Une expédition classée « catégorie III », soit la plus difficile qui puisse exister. Mais ce groupe de randonneurs est expérimenté, retrace la chaîne de télé américaine, CNN.
À cette époque de l’année, dans le nord de l’Oural et à cette altitude, la température flirte avec les -30°C. Après deux étapes dans des villages montagneux de la région (Ivdel et Vijaï), l’un des dix randonneurs, tombé malade, est contraint d’abandonner l’expédition et rebrousse chemin. Ils ne sont donc plus que neuf à entreprendre l’expédition, à ski de fond, vers l’Otorten.
Le 31 janvier, le groupe entame l’ascension, pensant à laisser en chemin quelques vivres et équipements dans une zone boisée, en prévision du retour. Le 1er février, les randonneurs commencent à traverser le col, qui a été renommé le « col Dyatlov », en référence au nom du chef du groupe, Igor Dyatlov.
Seulement voilà, les conditions météorologiques s’aggravent et le blizzard obstrue la visibilité du parcours. Le groupe dévie de sa trajectoire, jusqu’à s’égarer vers l’ouest, près du Kholat Syakhi, une montagne que les autochtones avaient surnommée « le mont de la mort ».
Le groupe s’arrête et décide de camper sur le flanc de la montagne pour s’abriter des intempéries. Igor Dyatlov avait prévu, avant de partir, d’envoyer un télégramme annonçant leur retour au village de Vijaï, aux alentours du 12 février. Mais, à partir de ce jour-là, ils ne donneront plus jamais signe de vie…
Les recherches
Le 20 février, des recherches sont entreprises pour tenter de retrouver trace des randonneurs. Des policiers et des militaires sont engagés. Des hélicoptères et avions sont également envoyés en soutien. Le 26 février, les secours trouvent enfin le campement des randonneurs sur le mont Kholat Syakhi. Il semble abandonné. Leur tente est très endommagée, coupée à l’intérieur, mais tient encore debout. Ce qu’il en reste laisse à penser que les randonneurs étaient en train de se préparer à manger.
En suivant des traces de pas, les secours trouvent les restes d’un feu de camp à la lisière d’un bois et deux premiers corps sans vie de randonneurs. Chose étrange : ils sont retrouvés déchaussés et en sous-vêtements… À quelques mètres de là, les secours retrouvent trois autres corps dont celui d’Igor Dyatlov, le meneur de l’expédition. Quatre autres randonneurs sont portés disparus.
les secours partis à leur recherche en février 1959 finissent par retrouver le campement abandonné. Puis les corps des randonneurs. Ils concluent d’abord à une hypothermie, mais les blessures présentées par certains remettent en cause l’hypothèse d’une mort naturelle. (Photo : Domaine public)
Le 4 mai 1959, leurs corps sont finalement retrouvés dans un ravin, sous quatre mètres de neige. Leurs corps sont vêtus mais, étrangement, certains semblent porter des vêtements des autres disparus retrouvés plus tôt… Un fait qui démontre que ces randonneurs ne sont pas morts en même temps. Après cette découverte, les premiers éléments de l’enquête évoquant une hypothermie des cinq premières victimes sont, à partir de ce moment-là, remis en cause.
L’enquête
Parmi ces quatre dernières victimes, trois présentent des blessures mortelles : l’un a le crâne fracturé, deux autres ont les côtes brisées. Mais le plus intrigant, c’est que les corps ne présentent pas de blessures externes correspondantes à ces fractures. Pour le médecin chargé de les autopsier, ces blessures ne peuvent pas être causées par un homme, mais par une forte pression semblable à celle provoquée par un accident de voiture, indique-t-il dans son rapport relayé par la presse de l’époque.
Encore plus étrange, le corps d’une des femmes présente d’autres blessures : elle a perdu sa langue, ses yeux et une partie de ses lèvres. Elle est en partie défigurée et une partie de son crâne a également disparu.
Au final, l’hypothèse la plus plausible qui persiste est que ces randonneurs ont quitté urgemment leur tente pour aller s’abriter vers le bois. Certains y sont parvenus et ont alors tenté de se réchauffer, d’autres ont rampé et succombé au froid glacial de l’Oural. Mais leurs blessures laissent les enquêteurs assez perplexes. L’affaire est néanmoins classée et archivée « top secret », la conclusion est que les randonneurs sont morts dans « des circonstances inconnues »… La zone est interdite au public pendant trois ans.
Les théories
Si la thèse de l’hypothermie est celle qui sera « officiellement » retenue, certains documents rendus publics en 1990 vont alimenter les rumeurs sur le sort réel qu’ont subi ces randonneurs. Le classement de l’affaire a forcément agacé les familles des victimes qui ont soupçonné l’État soviétique et l’armée d’étouffer la vérité.
En 2013, le journal britannique du Daily Mail révèle que le survivant de l’expédition Iuri Yudin a mené sa propre enquête durant quatre ans. Il aurait eu accès à des documents militaires. Lesquels indiquent que l’armée était présente sur le site le 6 février, soit vingt jours avant l’arrivée des équipes de recherche… De quoi semer le trouble.
Tout comme les propos de l’enquêteur principal, Lev Ivanov, qui livre, à son tour, de nouvelles révélations. Il assure que « les habits que portaient les randonneurs étaient radioactifs », et que son compteur Geiger « s’est affolé tout au long de [sa] présence sur le campement ». Or, à l’époque, les autorités ont toujours nié avoir mené des essais nucléaires dans le secteur.
Depuis 2000, Iuri Yudin a créé la fondation Dyatlov à Ekaterinbourg. Il milite pour la réouverture de l’enquête. Car de nombreuses zones d’ombre demeurent. Et il sait que certains documents de l’enquête de l’époque sont toujours classés secrets. Il souhaiterait lever la confidentialité de ces documents et tenter, enfin, d’établir la vérité sur ce drame qui alimente inévitablement les thèses les plus complotistes et fantaisistes.
ouest france
En 1959, neuf randonneurs ont mystérieusement trouvé la mort dans l’Oural, en Sibérie. Les circonstances étranges de leur décès constituent l’une des plus grandes énigmes de la période soviétique. Soixante ans après, un procureur russe a décidé de rouvrir l’enquête.
L’un des plus grands mystères de l’histoire russe va-t-il être élucidé ? Un procureur a décidé de rouvrir l’enquête sur l’affaire classée sans suite, il y a soixante ans, de neuf randonneurs retrouvés morts dans l’Oural. Les circonstances de leur décès sont toujours restées étranges. La vérité va-t-elle enfin éclater ?
L’expédition
L’histoire remonte à janvier 1959. Dix randonneurs soviétiques s’organisent pour une expédition très risquée. Huit hommes et deux femmes, étudiants et diplômés de l’Institut polytechnique de l’Oural, entreprennent une randonnée pour rejoindre Otorten, une montagne située à 10 kilomètres du lieu du drame. Une expédition classée « catégorie III », soit la plus difficile qui puisse exister. Mais ce groupe de randonneurs est expérimenté, retrace la chaîne de télé américaine, CNN.
À cette époque de l’année, dans le nord de l’Oural et à cette altitude, la température flirte avec les -30°C. Après deux étapes dans des villages montagneux de la région (Ivdel et Vijaï), l’un des dix randonneurs, tombé malade, est contraint d’abandonner l’expédition et rebrousse chemin. Ils ne sont donc plus que neuf à entreprendre l’expédition, à ski de fond, vers l’Otorten.
Le 31 janvier, le groupe entame l’ascension, pensant à laisser en chemin quelques vivres et équipements dans une zone boisée, en prévision du retour. Le 1er février, les randonneurs commencent à traverser le col, qui a été renommé le « col Dyatlov », en référence au nom du chef du groupe, Igor Dyatlov.
Seulement voilà, les conditions météorologiques s’aggravent et le blizzard obstrue la visibilité du parcours. Le groupe dévie de sa trajectoire, jusqu’à s’égarer vers l’ouest, près du Kholat Syakhi, une montagne que les autochtones avaient surnommée « le mont de la mort ».
Le groupe s’arrête et décide de camper sur le flanc de la montagne pour s’abriter des intempéries. Igor Dyatlov avait prévu, avant de partir, d’envoyer un télégramme annonçant leur retour au village de Vijaï, aux alentours du 12 février. Mais, à partir de ce jour-là, ils ne donneront plus jamais signe de vie…
Les recherches
Le 20 février, des recherches sont entreprises pour tenter de retrouver trace des randonneurs. Des policiers et des militaires sont engagés. Des hélicoptères et avions sont également envoyés en soutien. Le 26 février, les secours trouvent enfin le campement des randonneurs sur le mont Kholat Syakhi. Il semble abandonné. Leur tente est très endommagée, coupée à l’intérieur, mais tient encore debout. Ce qu’il en reste laisse à penser que les randonneurs étaient en train de se préparer à manger.
En suivant des traces de pas, les secours trouvent les restes d’un feu de camp à la lisière d’un bois et deux premiers corps sans vie de randonneurs. Chose étrange : ils sont retrouvés déchaussés et en sous-vêtements… À quelques mètres de là, les secours retrouvent trois autres corps dont celui d’Igor Dyatlov, le meneur de l’expédition. Quatre autres randonneurs sont portés disparus.
les secours partis à leur recherche en février 1959 finissent par retrouver le campement abandonné. Puis les corps des randonneurs. Ils concluent d’abord à une hypothermie, mais les blessures présentées par certains remettent en cause l’hypothèse d’une mort naturelle. (Photo : Domaine public)
Le 4 mai 1959, leurs corps sont finalement retrouvés dans un ravin, sous quatre mètres de neige. Leurs corps sont vêtus mais, étrangement, certains semblent porter des vêtements des autres disparus retrouvés plus tôt… Un fait qui démontre que ces randonneurs ne sont pas morts en même temps. Après cette découverte, les premiers éléments de l’enquête évoquant une hypothermie des cinq premières victimes sont, à partir de ce moment-là, remis en cause.
L’enquête
Parmi ces quatre dernières victimes, trois présentent des blessures mortelles : l’un a le crâne fracturé, deux autres ont les côtes brisées. Mais le plus intrigant, c’est que les corps ne présentent pas de blessures externes correspondantes à ces fractures. Pour le médecin chargé de les autopsier, ces blessures ne peuvent pas être causées par un homme, mais par une forte pression semblable à celle provoquée par un accident de voiture, indique-t-il dans son rapport relayé par la presse de l’époque.
Encore plus étrange, le corps d’une des femmes présente d’autres blessures : elle a perdu sa langue, ses yeux et une partie de ses lèvres. Elle est en partie défigurée et une partie de son crâne a également disparu.
Au final, l’hypothèse la plus plausible qui persiste est que ces randonneurs ont quitté urgemment leur tente pour aller s’abriter vers le bois. Certains y sont parvenus et ont alors tenté de se réchauffer, d’autres ont rampé et succombé au froid glacial de l’Oural. Mais leurs blessures laissent les enquêteurs assez perplexes. L’affaire est néanmoins classée et archivée « top secret », la conclusion est que les randonneurs sont morts dans « des circonstances inconnues »… La zone est interdite au public pendant trois ans.
Les théories
Si la thèse de l’hypothermie est celle qui sera « officiellement » retenue, certains documents rendus publics en 1990 vont alimenter les rumeurs sur le sort réel qu’ont subi ces randonneurs. Le classement de l’affaire a forcément agacé les familles des victimes qui ont soupçonné l’État soviétique et l’armée d’étouffer la vérité.
En 2013, le journal britannique du Daily Mail révèle que le survivant de l’expédition Iuri Yudin a mené sa propre enquête durant quatre ans. Il aurait eu accès à des documents militaires. Lesquels indiquent que l’armée était présente sur le site le 6 février, soit vingt jours avant l’arrivée des équipes de recherche… De quoi semer le trouble.
Tout comme les propos de l’enquêteur principal, Lev Ivanov, qui livre, à son tour, de nouvelles révélations. Il assure que « les habits que portaient les randonneurs étaient radioactifs », et que son compteur Geiger « s’est affolé tout au long de [sa] présence sur le campement ». Or, à l’époque, les autorités ont toujours nié avoir mené des essais nucléaires dans le secteur.
Depuis 2000, Iuri Yudin a créé la fondation Dyatlov à Ekaterinbourg. Il milite pour la réouverture de l’enquête. Car de nombreuses zones d’ombre demeurent. Et il sait que certains documents de l’enquête de l’époque sont toujours classés secrets. Il souhaiterait lever la confidentialité de ces documents et tenter, enfin, d’établir la vérité sur ce drame qui alimente inévitablement les thèses les plus complotistes et fantaisistes.
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