Ces Bretons fabriquent des prothèses colorées qui ont enfin du style
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Ces Bretons fabriquent des prothèses colorées qui ont enfin du style
Par Véronique MOSSER
À la pointe de la technologie, la société Algo Orthopédie basée à Briec, dans le Finistère, propose des prothèses esthétiques. Depuis quelques années, jambes et bras de substitution se montrent et sont devenus des accessoires de mode colorés.
Fini les membres inertes et les prothèses couleur « vieux bas » de grand-mère. Chez Algo Orthopédie, entreprise basée dans la zone artisanale de Lumunoc’h à Briec (Finistère), Alain Le Guen et son équipe conçoivent des appareillages fun, colorés, fonctionnels et légers. De véritables œuvres d’art que l’on prend plaisir à montrer, un peu comme un tatouage.
Redonner une autonomie
Si l’appareillage a pour but de soulager la douleur et de redonner une autonomie, il y a toujours une phase d’acceptation. Le patient pense à ce membre rigide en fibre de carbone, en résine ou en fibre de verre qu’il va falloir intégrer. Au regard qu’il va devoir affronter. Et c’est souvent la mine renfrognée et poussé par des proches qu’il se rend chez un prothésiste.
Les amputations ne sont pas toutes dues à des accidents. 90 % sont des conséquences de pathologies vasculaires. « Les évolutions technologiques permettent de concevoir des prothèses discrètes, explique Alain Le Guen. Mais nous avons un tiers de demandes d’objets customisés. Le prix d’un appareillage va de 2 500 € à 130 000 € pour une prothèse bionique. »
Une partie de l’équipe d’Algo Orthopédie, autour d’Alain le Guen (deuxième à droite). (Photo : Vincent Mouchel / Ouest-France)
Olivier Colleoc, spécialiste de la « mise en beauté » des prothèses. (Photo : Vincent Mouchel / Ouest-France)
C’est grâce à la chanteuse Viktoria Modesta, en 2014, que la prothèse est devenue un atout esthétique. La jeune Anglaise a osé mettre en avant son appareillage en forme de pic dans un clip qui a fait le buzz.
Stickers unijambistes
Chez Algo, pas de locaux aseptisés ni de murs blancs. On oublie le milieu médical. L’espace a été peint en vert, la couleur de l’espoir. Bénédicte Vedel, la secrétaire, est aussi équipée d’une jambe de substitution. Et on ne peut se retenir d’esquisser un sourire en découvrant les stickers unijambistes des portes des toilettes. Ici la prothèse règne en maître.
L’équipe a toujours mis l’humain au cœur de son métier, essayé de répondre aux attentes des blessés de la vie. « Nous sommes en bout de chaîne après le médecin. Les patients viennent souvent pour des réglages alors, forcément, des liens se créent. On les appelle par leur prénom. Ils prennent le café avec nous. »
Façon marinière Armor-lux
Évelyne Briand est appareillée d’un genou C-Leg. Grâce aux microprocesseurs, le genou sait sa position en temps réel. Son choix ? Une jambe rayée bleu et blanc façon marinière Armor-lux.
« Je l’ai montrée à Jean-Guy Le Floch, le PDG de la société, l’espacement des rayures est le même, annonce-t-elle avec fierté. Les gens ne détournent plus le regard. C’est même devenu un moyen d’engager une conversation. »
Evelyne Briand prend la pose avec sa prothèse rayée façon Armor-lux. (Photo : Vincent Mouchel / Ouest-France)
Tout commence par un moule en bande plâtrée pour former l’emboîture. Un travail précis. « Il permet de déterminer la hauteur, le diamètre », explique Mathieu Prouille, prothésiste-orthésiste et orthoprothésiste. La pièce ressemble à un atelier de bricoleur. Au mur, tournevis, limes, pinces, clé Allen côtoient visseuses et scie à métaux.
Une plaque thermoplastique transparente chauffée est posée sur la coque. Fondue, elle devient malléable. Elle permet de fabriquer une coque d’essai qui épousera le moignon. Le patient la teste une semaine, avant que ne soit fabriquée la prothèse définitive.
Mise en beauté
La partie finition appartient à Olivier Colleoc, le spécialiste de la mise en beauté. « Nous avons un nuancier de 250 motifs lycra différents : pois, rayures, imitation bois, bambou, noyer, treillis, cuir… Le patient peut aussi venir avec un dessin. »
« Le soutien psychologique est important. L’acceptation de la prothèse est un long cheminement », confie la secrétaire. Ici ce n’est pas le rendement qui compte. « On essaie, on fait et refait, mais il y a aussi les retouches placebo : parfois c’est juste la non-acceptation. »
Prothèses customisées
« Nous réalisons un bon tiers de prothèses customisées et ce n’est pas une question d’âge, avance Alain Le Guen. Une de nos patientes de 75 ans, fan de foot, a choisi Kylian Mbappé pour le décor. Un autre a découpé le dessin d’un tee-shirt À l’Aise Breizh… »
Permettre à une personne amputée d’intervenir dans la conception de sa prothèse, cela bouscule les idées reçues. La couleur aide à accepter son état, suscite de la curiosité. Un bon moyen de repartir du bon pied.
À la pointe de la technologie, la société Algo Orthopédie basée à Briec, dans le Finistère, propose des prothèses esthétiques. Depuis quelques années, jambes et bras de substitution se montrent et sont devenus des accessoires de mode colorés.
Fini les membres inertes et les prothèses couleur « vieux bas » de grand-mère. Chez Algo Orthopédie, entreprise basée dans la zone artisanale de Lumunoc’h à Briec (Finistère), Alain Le Guen et son équipe conçoivent des appareillages fun, colorés, fonctionnels et légers. De véritables œuvres d’art que l’on prend plaisir à montrer, un peu comme un tatouage.
Redonner une autonomie
Si l’appareillage a pour but de soulager la douleur et de redonner une autonomie, il y a toujours une phase d’acceptation. Le patient pense à ce membre rigide en fibre de carbone, en résine ou en fibre de verre qu’il va falloir intégrer. Au regard qu’il va devoir affronter. Et c’est souvent la mine renfrognée et poussé par des proches qu’il se rend chez un prothésiste.
Les amputations ne sont pas toutes dues à des accidents. 90 % sont des conséquences de pathologies vasculaires. « Les évolutions technologiques permettent de concevoir des prothèses discrètes, explique Alain Le Guen. Mais nous avons un tiers de demandes d’objets customisés. Le prix d’un appareillage va de 2 500 € à 130 000 € pour une prothèse bionique. »
Une partie de l’équipe d’Algo Orthopédie, autour d’Alain le Guen (deuxième à droite). (Photo : Vincent Mouchel / Ouest-France)
Olivier Colleoc, spécialiste de la « mise en beauté » des prothèses. (Photo : Vincent Mouchel / Ouest-France)
C’est grâce à la chanteuse Viktoria Modesta, en 2014, que la prothèse est devenue un atout esthétique. La jeune Anglaise a osé mettre en avant son appareillage en forme de pic dans un clip qui a fait le buzz.
Stickers unijambistes
Chez Algo, pas de locaux aseptisés ni de murs blancs. On oublie le milieu médical. L’espace a été peint en vert, la couleur de l’espoir. Bénédicte Vedel, la secrétaire, est aussi équipée d’une jambe de substitution. Et on ne peut se retenir d’esquisser un sourire en découvrant les stickers unijambistes des portes des toilettes. Ici la prothèse règne en maître.
L’équipe a toujours mis l’humain au cœur de son métier, essayé de répondre aux attentes des blessés de la vie. « Nous sommes en bout de chaîne après le médecin. Les patients viennent souvent pour des réglages alors, forcément, des liens se créent. On les appelle par leur prénom. Ils prennent le café avec nous. »
Façon marinière Armor-lux
Évelyne Briand est appareillée d’un genou C-Leg. Grâce aux microprocesseurs, le genou sait sa position en temps réel. Son choix ? Une jambe rayée bleu et blanc façon marinière Armor-lux.
« Je l’ai montrée à Jean-Guy Le Floch, le PDG de la société, l’espacement des rayures est le même, annonce-t-elle avec fierté. Les gens ne détournent plus le regard. C’est même devenu un moyen d’engager une conversation. »
Evelyne Briand prend la pose avec sa prothèse rayée façon Armor-lux. (Photo : Vincent Mouchel / Ouest-France)
Tout commence par un moule en bande plâtrée pour former l’emboîture. Un travail précis. « Il permet de déterminer la hauteur, le diamètre », explique Mathieu Prouille, prothésiste-orthésiste et orthoprothésiste. La pièce ressemble à un atelier de bricoleur. Au mur, tournevis, limes, pinces, clé Allen côtoient visseuses et scie à métaux.
Une plaque thermoplastique transparente chauffée est posée sur la coque. Fondue, elle devient malléable. Elle permet de fabriquer une coque d’essai qui épousera le moignon. Le patient la teste une semaine, avant que ne soit fabriquée la prothèse définitive.
Mise en beauté
La partie finition appartient à Olivier Colleoc, le spécialiste de la mise en beauté. « Nous avons un nuancier de 250 motifs lycra différents : pois, rayures, imitation bois, bambou, noyer, treillis, cuir… Le patient peut aussi venir avec un dessin. »
« Le soutien psychologique est important. L’acceptation de la prothèse est un long cheminement », confie la secrétaire. Ici ce n’est pas le rendement qui compte. « On essaie, on fait et refait, mais il y a aussi les retouches placebo : parfois c’est juste la non-acceptation. »
Prothèses customisées
« Nous réalisons un bon tiers de prothèses customisées et ce n’est pas une question d’âge, avance Alain Le Guen. Une de nos patientes de 75 ans, fan de foot, a choisi Kylian Mbappé pour le décor. Un autre a découpé le dessin d’un tee-shirt À l’Aise Breizh… »
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