A Pôle emploi, “on se croirait parfois dans un western”
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A Pôle emploi, “on se croirait parfois dans un western”
le 27 avril 2015 11H05 | par Nathalie Samson
Conseillère à l’agence Pôle emploi de Vernon, dans l’Eure, Marie-Claire a de l’énergie à revendre. Ca tombe bien! “Certains jours, le lendemain d’un jour férié par exemple, on ne peut même pas traverser le hall tellement il est rempli, dépeint-elle. Il peut y avoir jusqu’à 600 personnes, alors qu’en moyenne, on accueille 350 demandeurs d’emploi. On a l’impression qu’un car vient de débarquer!” Pas de quoi l’effrayer pour autant. Bien au contraire. “Dans ce cas, explique-t-elle, l’équipe se redéploie. On essaie d’absorber les gens au fur et à mesure, même si l’organisation n’était pas prévue ainsi ce jour-là. On est solidaire.” Il arrive toutefois que “ça parte en live: le ton monte, on doit sortir les personnes. Il faut rester vigilant. On se croirait parfois dans un western: il ne manque plus que le pianiste et le French cancan.”
Même si, selon Marie-Claire, “les chiffres du chômage ne veulent pas dire grand-chose”, l’explosion du nombre de demandeurs d’emploi a bouleversé la mission des conseillers. “A l’agence, on est passé de 3000 à 5200 inscrits, tous confondus, en deux-trois ans.” Entrée à l’ANPE il y a dix-huit ans, Marie-Claire était loin d’imaginer son métier ainsi. Mais plus sa carrière avance, plus elle y “prend du plaisir. Avant, on était davantage dans la procédure et nettement moins impliqués”. “On fait la part belle à l’initiative, dit-elle. On nous donne la possibilité de créer des événements, des outils… On nous autorise à ne pas être dans la norme.”
Je cherche la lumière
Un souffle de liberté dont elle s’empare au quotidien. “Les gens ont besoin d’un vrai accueil à Pôle emploi”, revendique-t-elle. Au sens propre. Pour mettre à l’aise les chômeurs qu’elle accompagne, Marie-Claire leur offre des cafés “par convivialité”. Un moyen de faire tomber les barrières et de “trouver ce qui les anime”. La clef pour les remettre sur le chemin de l’emploi et la mission première qu’elle s’est donnée. “Je le dis sans fioriture: je cherche la lumière chez les gens. Parfois, cela prend du temps… Lors du premier entretien, la personne arrive avec tous ses problèmes. Il n’y a pas que ses compétences, il y a son histoire de vie: il faut comprendre ce qui lui pose souci, comme un licenciement mal digéré, ce qu’elle attend, lui donner une vision… Notre travail va au-delà d’un positionnement sur une offre: cela a toujours été vrai, mais ça l’est encore plus aujourd’hui. Avant, on affichait tous les matins des offres sur les murs de l’agence. Aujourd’hui, ça ne suffit plus.”
Marie-Claire en est consciente, dans un climat parfois tendu où les rendez-vous s’enchaînent, le temps manque parfois. “On ne peut pas tout dire en une heure… Au lieu de bassiner la personne avec tous les dispositifs, je les invite à aller voir le site qui est très complet. J’essaie de les rendre acteur. J’utilise le réseau: les liens que l’on crée avec les employeurs, les prestataires, les partenaires et les chômeurs aussi. Le créateur d’entreprise d’aujourd’hui sera l’employeur de demain!”
Faire tomber les préjugés
Quand un demandeur d’emploi lui dit que Pôle emploi est impersonnel et qu’il vient uniquement pour s’inscrire, pas question de terminer l’échange là-dessus. Marie-Claire s’évertue à faire tomber les images véhiculées sur le prestataire public, tantôt nommé le liquidateur, tantôt le radiateur. Sa botte secrète? Son rire que l’on entend résonner d’un bout à l’autre de l’agence, confirme une collègue.
“Plus le système déshumanisera, plus j’irai chercher l’humain. Si je réussis à détendre mon interlocuteur, à le faire sourire, c’est Versailles, s’enthousiasme-t-elle. Tout s’allume! Je peux alors ouvrir des portes. Il est possible qu’elle éteigne les lampes en sortant, mais quand elle se lève, me serre la main et me dit merci en souriant, c’est ma récompense. Je n’ai pas forcément trouvé la solution, mais c’est un bon début.” Marie-Claire reconnaît que ça ne marche pas à tous les coups. “Un jour, pendant une heure, j’ai ramé pour aller chercher cette satanée lumière et je n’y suis pas arrivée. Quand je suis sortie, j’étais morte!”
http://blogs.lexpress.fr/courbe-du-chomage/2015/04/27/a-pole-emploi-on-se-croirait-parfois-dans-un-western/
http://blogs.lexpress.fr/courbe-du-chomage/2015/04/24/emilie-au-chomage-et-pas-dans-la-bonne-case/#comment-391
Conseillère à l’agence Pôle emploi de Vernon, dans l’Eure, Marie-Claire a de l’énergie à revendre. Ca tombe bien! “Certains jours, le lendemain d’un jour férié par exemple, on ne peut même pas traverser le hall tellement il est rempli, dépeint-elle. Il peut y avoir jusqu’à 600 personnes, alors qu’en moyenne, on accueille 350 demandeurs d’emploi. On a l’impression qu’un car vient de débarquer!” Pas de quoi l’effrayer pour autant. Bien au contraire. “Dans ce cas, explique-t-elle, l’équipe se redéploie. On essaie d’absorber les gens au fur et à mesure, même si l’organisation n’était pas prévue ainsi ce jour-là. On est solidaire.” Il arrive toutefois que “ça parte en live: le ton monte, on doit sortir les personnes. Il faut rester vigilant. On se croirait parfois dans un western: il ne manque plus que le pianiste et le French cancan.”
Même si, selon Marie-Claire, “les chiffres du chômage ne veulent pas dire grand-chose”, l’explosion du nombre de demandeurs d’emploi a bouleversé la mission des conseillers. “A l’agence, on est passé de 3000 à 5200 inscrits, tous confondus, en deux-trois ans.” Entrée à l’ANPE il y a dix-huit ans, Marie-Claire était loin d’imaginer son métier ainsi. Mais plus sa carrière avance, plus elle y “prend du plaisir. Avant, on était davantage dans la procédure et nettement moins impliqués”. “On fait la part belle à l’initiative, dit-elle. On nous donne la possibilité de créer des événements, des outils… On nous autorise à ne pas être dans la norme.”
Je cherche la lumière
Un souffle de liberté dont elle s’empare au quotidien. “Les gens ont besoin d’un vrai accueil à Pôle emploi”, revendique-t-elle. Au sens propre. Pour mettre à l’aise les chômeurs qu’elle accompagne, Marie-Claire leur offre des cafés “par convivialité”. Un moyen de faire tomber les barrières et de “trouver ce qui les anime”. La clef pour les remettre sur le chemin de l’emploi et la mission première qu’elle s’est donnée. “Je le dis sans fioriture: je cherche la lumière chez les gens. Parfois, cela prend du temps… Lors du premier entretien, la personne arrive avec tous ses problèmes. Il n’y a pas que ses compétences, il y a son histoire de vie: il faut comprendre ce qui lui pose souci, comme un licenciement mal digéré, ce qu’elle attend, lui donner une vision… Notre travail va au-delà d’un positionnement sur une offre: cela a toujours été vrai, mais ça l’est encore plus aujourd’hui. Avant, on affichait tous les matins des offres sur les murs de l’agence. Aujourd’hui, ça ne suffit plus.”
Marie-Claire en est consciente, dans un climat parfois tendu où les rendez-vous s’enchaînent, le temps manque parfois. “On ne peut pas tout dire en une heure… Au lieu de bassiner la personne avec tous les dispositifs, je les invite à aller voir le site qui est très complet. J’essaie de les rendre acteur. J’utilise le réseau: les liens que l’on crée avec les employeurs, les prestataires, les partenaires et les chômeurs aussi. Le créateur d’entreprise d’aujourd’hui sera l’employeur de demain!”
Faire tomber les préjugés
Quand un demandeur d’emploi lui dit que Pôle emploi est impersonnel et qu’il vient uniquement pour s’inscrire, pas question de terminer l’échange là-dessus. Marie-Claire s’évertue à faire tomber les images véhiculées sur le prestataire public, tantôt nommé le liquidateur, tantôt le radiateur. Sa botte secrète? Son rire que l’on entend résonner d’un bout à l’autre de l’agence, confirme une collègue.
“Plus le système déshumanisera, plus j’irai chercher l’humain. Si je réussis à détendre mon interlocuteur, à le faire sourire, c’est Versailles, s’enthousiasme-t-elle. Tout s’allume! Je peux alors ouvrir des portes. Il est possible qu’elle éteigne les lampes en sortant, mais quand elle se lève, me serre la main et me dit merci en souriant, c’est ma récompense. Je n’ai pas forcément trouvé la solution, mais c’est un bon début.” Marie-Claire reconnaît que ça ne marche pas à tous les coups. “Un jour, pendant une heure, j’ai ramé pour aller chercher cette satanée lumière et je n’y suis pas arrivée. Quand je suis sortie, j’étais morte!”
http://blogs.lexpress.fr/courbe-du-chomage/2015/04/27/a-pole-emploi-on-se-croirait-parfois-dans-un-western/
http://blogs.lexpress.fr/courbe-du-chomage/2015/04/24/emilie-au-chomage-et-pas-dans-la-bonne-case/#comment-391
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