12 avril 1365 : traité de Guérande mettant fin à la première guerre de Succession de Bretagne
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12 avril 1365 : traité de Guérande mettant fin à la première guerre de Succession de Bretagne
(D’après « Victoires, conquêtes, revers et guerres civiles des Français
depuis les Gaulois jusqu’en 1792 » (Tome 4), paru en 1822)
Au terme des accords de Guérande, qui mettent fin à la guerre de Succession de Bretagne ayant éclaté en 1341 et se déroulant parallèlement à la guerre de Cent Ans, la Maison de Blois, soutenue par le roi de France, cède ses droits sur le duché breton qui revient à Jean IV, soutenu par le roi d’Angleterre, à condition qu’il prête hommage à Charles V
Après 23 ans de vicissitudes et de combats, la querelle des deux prétendants au duché de Bretagne, guerre que l’ambition de deux femmes et les intérêts du roi d’Angleterre alimentaient depuis trop longtemps, s’était achevée par la bataille d’Auray le 29 septembre 1364, qui avait vu la mort de Charles de Blois et la victoire de Jean de Bretagne.
La lutte pour s’emparer du duché de Bretagne, qui s’inscrivait dans la rivalité franco-anglaise de la guerre de Cent Ans et avait en effet débuté en 1341 à la mort du duc de Bretagne Jean III, fut appelée la guerre des deux Jeanne : Jeanne de Penthièvre et Jean IV de Bretagne — fils de Jean III, il était également appelé Jean de Montfort et avait prêté l’hommage lige au roi d’Angleterre Édouard III qui s’était proclamé roi de France — se disputèrent l’héritage, impliquant leurs conjoints respectifs, à savoir Charles de Blois — neveu du roi de France Philippe VI de Valois — et Jeanne de Flandre.
Bataille d’Auray, le 29 septembre 1364. Miniature extraite des Chroniques de Jean Froissart
Cette guerre pour la succession de Bretagne s’était achevée par la bataille d’Auray, le 29 septembre 1364, qui avait opposé l’armée anglo-bretonne de Jean de Montfort à l’armée franco-bretonne de Charles de Blois, et avait vu la mort de ce dernier. Le nouveau roi de France, Charles V — Philippe VI de Valois était mort en 1345 —, eut la sagesse de respecter l’arrêt que le sort venait de prononcer. Il enjoignit à l’inflexible Jeanne de Penthièvre de pleurer désormais dans la retraite son mari, ses fautes et sa disgrâce, et de se contenter du vain titre de duchesse de Bretagne, dont la réalité passait à la Maison rivale. Le roi sacrifiait ainsi au bien public les intérêts de son propre sang ; car le duc d’Anjou, son frère, étant le gendre de la comtesse de Blois, avait sur le duché de Bretagne des prétentions, auxquelles la décision du monarque le força de renoncer.
Un traité solennel, conclu à Guérande, assura au comte de Montfort le duché de Bretagne, moyennant quelques dédommagements pour la veuve de Charles de Blois. Il était ainsi stipulé que Jeanne aurait le comté de Penthièvre, le vicomté de Limoges et quelques autres terres ; en outre que, si Jean de Montfort décédait sans enfants mâles, le duché retournerait au fils de Charles de Blois, Jean Ier de Châtillon (1345-1404).
Charles V, roi de France. Gravure de 1845 d’Auguste Blanchard
d’après un dessin de François-Louis Dejuinne (1786–1844)
Nous ne devons pas omettre de rapporter que la longueur et l’incertitude des négociations entamées pour ce traité, jetèrent l’alarme parmi les peuples de Bretagne, pour qui la paix était devenue un besoin impérieux. Pendant les conférences de Guérande, une foule immense environnait la salle où elles se tenaient. « Donnez-nous la paix, en l’honneur de Dieu », s’écriaient les paysans et les gentilshommes bretons, en joignant les mains et levant les yeux au ciel. « Il n’y avait cœur si serré, dit l’historien d’Argentré, qui ne pleurât avec eux ». Montfort, à qui l’on rendit compte de cette scène, voulut en être témoin, et il en fut si pénétré, qu’il jura, les larmes aux yeux, de conclure le traité à quelques conditions que ce pût être.
Le roi de France avait interposé son autorité de suzerain pour la conclusion comme pour la garantie de ce traité ; à son exemple, Édouard III et le prince de Galles voulurent aussi en être les garants. Enfin la paix, prémices du règne d’un prince meilleur que ses prédécesseurs, fut rendue à la France et à l’Europe. Édouard vécut paisiblement a Londres, tandis que le prince Noir, son fils, continuait de gouverner ses états du continent.
Édouard III, roi d’Angleterre. Gravure anonyme de 1650
Bien que Charles V parut vouloir désormais respecter le traité de Brétigny — conclu le 8 mai 1360, il avait mis un terme à la captivité du roi Jean II le Bon, et s’était traduit par une trêve dans la guerre que se livraient l’Angleterre et la France —, dont Edouard n’avait pas rempli toutes les clauses, on pouvait croire cependant qu’il ne voyait pas sans quelque amertume le tiers de la France entre les mains des Anglais, et que, s’il ne cherchait pas il attendait du moins l’occasion de secouer ce joug odieux. Il fallait donc ne la lui pas fournir, il fallait que le roi d’Angleterre complétât enfin l’exécution du traité dont nous parlons, en renonçant, comme il s’y était engagé, au titre de roi de France.
Mais le prince de Galles, malgré sa loyauté naturelle, fournissait lui-même des prétextes de rupture. Trop ami de la guerre, trop sûr de la victoire, il contenait mal les forces qu’il avait à sa solde. Des bandes d’aventuriers, de brigands, couraient partout impunément sous les bannières anglaises. Si le roi de France en faisait ses plaintes, un froid désaveu tenait lieu de réparation ; quelquefois même le héros de Poitiers rebutait l’envoyé de Charles V, et repoussait la plainte par la menace ; mais le monarque français avait pris la résolution de souffrir, et d’attendre encore quelque temps, en réparant le mal autant qu’il était en lui.
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depuis les Gaulois jusqu’en 1792 » (Tome 4), paru en 1822)
Au terme des accords de Guérande, qui mettent fin à la guerre de Succession de Bretagne ayant éclaté en 1341 et se déroulant parallèlement à la guerre de Cent Ans, la Maison de Blois, soutenue par le roi de France, cède ses droits sur le duché breton qui revient à Jean IV, soutenu par le roi d’Angleterre, à condition qu’il prête hommage à Charles V
Après 23 ans de vicissitudes et de combats, la querelle des deux prétendants au duché de Bretagne, guerre que l’ambition de deux femmes et les intérêts du roi d’Angleterre alimentaient depuis trop longtemps, s’était achevée par la bataille d’Auray le 29 septembre 1364, qui avait vu la mort de Charles de Blois et la victoire de Jean de Bretagne.
La lutte pour s’emparer du duché de Bretagne, qui s’inscrivait dans la rivalité franco-anglaise de la guerre de Cent Ans et avait en effet débuté en 1341 à la mort du duc de Bretagne Jean III, fut appelée la guerre des deux Jeanne : Jeanne de Penthièvre et Jean IV de Bretagne — fils de Jean III, il était également appelé Jean de Montfort et avait prêté l’hommage lige au roi d’Angleterre Édouard III qui s’était proclamé roi de France — se disputèrent l’héritage, impliquant leurs conjoints respectifs, à savoir Charles de Blois — neveu du roi de France Philippe VI de Valois — et Jeanne de Flandre.
Bataille d’Auray, le 29 septembre 1364. Miniature extraite des Chroniques de Jean Froissart
Cette guerre pour la succession de Bretagne s’était achevée par la bataille d’Auray, le 29 septembre 1364, qui avait opposé l’armée anglo-bretonne de Jean de Montfort à l’armée franco-bretonne de Charles de Blois, et avait vu la mort de ce dernier. Le nouveau roi de France, Charles V — Philippe VI de Valois était mort en 1345 —, eut la sagesse de respecter l’arrêt que le sort venait de prononcer. Il enjoignit à l’inflexible Jeanne de Penthièvre de pleurer désormais dans la retraite son mari, ses fautes et sa disgrâce, et de se contenter du vain titre de duchesse de Bretagne, dont la réalité passait à la Maison rivale. Le roi sacrifiait ainsi au bien public les intérêts de son propre sang ; car le duc d’Anjou, son frère, étant le gendre de la comtesse de Blois, avait sur le duché de Bretagne des prétentions, auxquelles la décision du monarque le força de renoncer.
Un traité solennel, conclu à Guérande, assura au comte de Montfort le duché de Bretagne, moyennant quelques dédommagements pour la veuve de Charles de Blois. Il était ainsi stipulé que Jeanne aurait le comté de Penthièvre, le vicomté de Limoges et quelques autres terres ; en outre que, si Jean de Montfort décédait sans enfants mâles, le duché retournerait au fils de Charles de Blois, Jean Ier de Châtillon (1345-1404).
Charles V, roi de France. Gravure de 1845 d’Auguste Blanchard
d’après un dessin de François-Louis Dejuinne (1786–1844)
Nous ne devons pas omettre de rapporter que la longueur et l’incertitude des négociations entamées pour ce traité, jetèrent l’alarme parmi les peuples de Bretagne, pour qui la paix était devenue un besoin impérieux. Pendant les conférences de Guérande, une foule immense environnait la salle où elles se tenaient. « Donnez-nous la paix, en l’honneur de Dieu », s’écriaient les paysans et les gentilshommes bretons, en joignant les mains et levant les yeux au ciel. « Il n’y avait cœur si serré, dit l’historien d’Argentré, qui ne pleurât avec eux ». Montfort, à qui l’on rendit compte de cette scène, voulut en être témoin, et il en fut si pénétré, qu’il jura, les larmes aux yeux, de conclure le traité à quelques conditions que ce pût être.
Le roi de France avait interposé son autorité de suzerain pour la conclusion comme pour la garantie de ce traité ; à son exemple, Édouard III et le prince de Galles voulurent aussi en être les garants. Enfin la paix, prémices du règne d’un prince meilleur que ses prédécesseurs, fut rendue à la France et à l’Europe. Édouard vécut paisiblement a Londres, tandis que le prince Noir, son fils, continuait de gouverner ses états du continent.
Édouard III, roi d’Angleterre. Gravure anonyme de 1650
Bien que Charles V parut vouloir désormais respecter le traité de Brétigny — conclu le 8 mai 1360, il avait mis un terme à la captivité du roi Jean II le Bon, et s’était traduit par une trêve dans la guerre que se livraient l’Angleterre et la France —, dont Edouard n’avait pas rempli toutes les clauses, on pouvait croire cependant qu’il ne voyait pas sans quelque amertume le tiers de la France entre les mains des Anglais, et que, s’il ne cherchait pas il attendait du moins l’occasion de secouer ce joug odieux. Il fallait donc ne la lui pas fournir, il fallait que le roi d’Angleterre complétât enfin l’exécution du traité dont nous parlons, en renonçant, comme il s’y était engagé, au titre de roi de France.
Mais le prince de Galles, malgré sa loyauté naturelle, fournissait lui-même des prétextes de rupture. Trop ami de la guerre, trop sûr de la victoire, il contenait mal les forces qu’il avait à sa solde. Des bandes d’aventuriers, de brigands, couraient partout impunément sous les bannières anglaises. Si le roi de France en faisait ses plaintes, un froid désaveu tenait lieu de réparation ; quelquefois même le héros de Poitiers rebutait l’envoyé de Charles V, et repoussait la plainte par la menace ; mais le monarque français avait pris la résolution de souffrir, et d’attendre encore quelque temps, en réparant le mal autant qu’il était en lui.
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