Centenaire de la Grande Guerre. L'autre guerre, celle des femmes restées en Bretagne
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Centenaire de la Grande Guerre. L'autre guerre, celle des femmes restées en Bretagne
mardi 6 novembre 2018 à 12:37 Par Pauline Kerscaven, France Bleu Breizh Izel et France Bleu Armorique
Après le départ des soldats, les femmes remplacent les hommes dans les champs comme dans les usines, en Bretagne. Cela ammorce un changement dans la société bretonne. Mais à la fin de la guerre, elles sont sommées de reprendre "leur place".
Les femmes remplacent les hommes partis au front, dans les champs comme à l'usine. - Inconnu
"Les femmes devaient travailler à la place des hommes, c'était obligé." La trégorroise Maria Prat se souvenait, il y a plusieurs années, du départ des soldats vers le front et du rôle qu'ont pris les femmes dans l'économie. "Pendant les moissons, dans les fermes, on nous envoyait aussi des groupes de prisonniers allemands", témoignait-elle dans un enregistrement.
Plus par nécessité que par choix, les femmes, les enfants et les personnes âgées se résolvent à travailler aux champs. Mais Daniel Carré, spécialiste de la Grande Guerre veut mettre un terme à des idées reçues : "Ils ne sont pas partis travailler dès 1914 car ils recevaient de l'argent de la part de l'Etat. Ces allocations avaient été pensées avant même le début de la guerre. Jamais les femmes n'avaient vu autant d'argent dans les campagnes !"
Quand les prix flambent et que les matières premières sont rares, les femmes partent travailler au champ. - Pathé Gaumont
Ma grand-mère est allée travailler à treize ans dans l'usine de Douarnenez
Mais à partir de 1917, les prix enflent et les matières premières sont de plus en plus difficiles à trouver. "Il n'y avait plus de pain, plus de cuir pour faire les chaussures." A Lorient, par exemple, des tickets de rationnement sont mis en place.
Les femmes et les enfants, eux, prennent le chemin des champs. "Mais il n'y avait plus personne pour réparer les machines !" Certains soldats, mécaniciens, sont alors renvoyés en Bretagne.
Parallèlement, après les paysans, ce sont les ouvriers qui sont mobilisés. Les femmes et les jeunes les remplacent dans les usines. Gwendal Denez, professeur à l'Université de Rennes 2. "Ma grand-mère, par exemple, à 13 ans, est allée travailler dans l'usine de poissons de Douarnenez." Dans un livre, Anna ur vuhez e Douarnenez, l'universitaire raconte l'histoire de son aïeule.
Le début du féminisme
Avant la fin de la guerre, les femmes se mobilisent pour leurs droits. "Elles étaient très en colère. Elles manifestaient pour améliorer leurs salaires trop bas et leurs conditions de travail", explique Daniel Carré, qui voit là le début du féminisme.
Mais deux jours seulement après le début de l'Armistice, le gouvernement demande aux ouvrières de "quitter les usines pour retrouver leurs anciennes activités". Une indemnité est versée à celles qui partent. L'Etat rappelle aussi aux femmes que leur priorité doit être de faire des enfants pour "repeupler la France".
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Aterset e oa bet Daniel Carré ha Gwendal Denez, e brezhoneg. Selaouit ouzh ar reportaj savet gant Pauline Kerscaven.
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Pauline Kerscaven
France Bleu Breizh Izel
Après le départ des soldats, les femmes remplacent les hommes dans les champs comme dans les usines, en Bretagne. Cela ammorce un changement dans la société bretonne. Mais à la fin de la guerre, elles sont sommées de reprendre "leur place".
Les femmes remplacent les hommes partis au front, dans les champs comme à l'usine. - Inconnu
"Les femmes devaient travailler à la place des hommes, c'était obligé." La trégorroise Maria Prat se souvenait, il y a plusieurs années, du départ des soldats vers le front et du rôle qu'ont pris les femmes dans l'économie. "Pendant les moissons, dans les fermes, on nous envoyait aussi des groupes de prisonniers allemands", témoignait-elle dans un enregistrement.
Plus par nécessité que par choix, les femmes, les enfants et les personnes âgées se résolvent à travailler aux champs. Mais Daniel Carré, spécialiste de la Grande Guerre veut mettre un terme à des idées reçues : "Ils ne sont pas partis travailler dès 1914 car ils recevaient de l'argent de la part de l'Etat. Ces allocations avaient été pensées avant même le début de la guerre. Jamais les femmes n'avaient vu autant d'argent dans les campagnes !"
Quand les prix flambent et que les matières premières sont rares, les femmes partent travailler au champ. - Pathé Gaumont
Ma grand-mère est allée travailler à treize ans dans l'usine de Douarnenez
Mais à partir de 1917, les prix enflent et les matières premières sont de plus en plus difficiles à trouver. "Il n'y avait plus de pain, plus de cuir pour faire les chaussures." A Lorient, par exemple, des tickets de rationnement sont mis en place.
Les femmes et les enfants, eux, prennent le chemin des champs. "Mais il n'y avait plus personne pour réparer les machines !" Certains soldats, mécaniciens, sont alors renvoyés en Bretagne.
Parallèlement, après les paysans, ce sont les ouvriers qui sont mobilisés. Les femmes et les jeunes les remplacent dans les usines. Gwendal Denez, professeur à l'Université de Rennes 2. "Ma grand-mère, par exemple, à 13 ans, est allée travailler dans l'usine de poissons de Douarnenez." Dans un livre, Anna ur vuhez e Douarnenez, l'universitaire raconte l'histoire de son aïeule.
Le début du féminisme
Avant la fin de la guerre, les femmes se mobilisent pour leurs droits. "Elles étaient très en colère. Elles manifestaient pour améliorer leurs salaires trop bas et leurs conditions de travail", explique Daniel Carré, qui voit là le début du féminisme.
Mais deux jours seulement après le début de l'Armistice, le gouvernement demande aux ouvrières de "quitter les usines pour retrouver leurs anciennes activités". Une indemnité est versée à celles qui partent. L'Etat rappelle aussi aux femmes que leur priorité doit être de faire des enfants pour "repeupler la France".
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