Funér’Air, l’entreprise qui disperse les cendres au-dessus de la baie du Mont Saint-Michel

Jean de Montgolfier, gérant de pompes funèbres dans le Sud-Manche, propose un concept qui a de quoi intriguer : la dispersion de cendres par drone dans la baie du Mont Saint-Michel, depuis Courtils, juste en face. Ce service est une première en France.


Allier aéronautique et service funéraire. Un concept qui surprend mais qui sera bientôt mis en œuvre par Jean de Montgolfier, gérant de l’entreprise de pompes funèbres Envol Funér’Air. Ce Rennais d’origine est le premier en France à proposer un service de dispersion de cendres par drone, au-dessus de la baie du Mont-Saint-Michel.

« Je n’ai jamais imaginé que je travaillerais un jour dans le funéraire », confie-t-il. Cet ancien pilote de chasse cumule une belle carrière de trente ans dans l’aéronautique, sa passion de toujours. Mais il y a environ cinq ans, il traverse une période difficile : « J’étais au chômage longue durée », explique-t-il. Dans le même temps, il perd sa sœur, emportée par une leucémie.

Un déclic s’opère. Il accepte un emploi dans une entreprise de pompes funèbres, qu’il occupera pendant deux ans.

Un système de dispersion sur-mesure

Jean de Montgolfier est connu dans l’entreprise pour ses activités de pilote, alors on lui suggère un jour de disperser des cendres funéraires par avion. Pour des raisons techniques et financières, l’utilisation d’un avion, même léger, n’est pas envisageable. L’idée d’utiliser un drone germe alors dans son esprit.

Aidé d’un ingénieur, qu’il présente comme son « mécène », il développe le Système d’aéro-dispersion funéraire (SADF). Contrairement à la dispersion par trappe qui peut paraître brutale, ce concept permet « une dispersion douce, sur un temps défini » via un système de sablier. Le SADF en est déjà à sa troisième version, avec une quatrième en préparation.

S’il est permis de disperser des cendres funéraires en pleine nature (hors voie publique), la pratique est cependant strictement encadrée. « Il faut que cela soit fait à au moins 300 mètres des côtes », explique-t-il. N’ayant pas obtenu l’autorisation de faire décoller son appareil directement depuis la baie, Jean de Montgolfier a acquis un terrain à Courtils (Manche), face au Mont-Saint-Michel. « Tout est fait pour trouver le calme et la sérénité. »

Un cadre d’exception, mais qui a aussi ses désavantages. Le drone de Jean de Montgolfier est tributaire de la météo. « Il suffit que le temps soit humide ou qu’il y ait trop de vent pour qu’il ne décolle pas », explique-t-il.

Si le concept intrigue, l’agent funéraire insiste : la dispersion est « un acte ultime ». Alors, pour s’assurer que la famille n’ait pas de regrets, il propose des démonstrations avec de la poudre de marbre. Sa première prestation aura lieu dans le courant du mois de mai. Une première qu’il envisage sereinement, même s’il y a toujours « une part d’inconnu ».