22 août 1914: le jour le plus meurtrier de l'histoire de l'armée française
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22 août 1914: le jour le plus meurtrier de l'histoire de l'armée française
Que s’est-il passé ce samedi 22 août 1914, dans la commune de Tintigny, à Rossignol dans les Ardennes Belges ?
Ce jour est tout simplement le pire désastre militaire française de toute son histoire ! Jamais la France n’a eu autant de morts en un seul jour !
Pas même avec Waterloo ou les campagnes Napoléoniennes ! C’est le pire jour de l’armée française qui, ce jour là, enterre 27.000 de ses fils en terre Ardennaise !
Pourquoi ce fait militaire n’est-il jamais expliqué ou même cité dans les cours d’Histoire ? Tout d’abord, il est peu élogieux de se souvenir d’une pareille défaite et d’un tel carnage et ensuite, il est gênant pour un pays victorieux, après conflit, de se dire que les principales erreurs étaient dûes au commandants de l’époque…à savoir Joffre et son état-major, qui vivaient la guerre encore comme en 1870.
Le résultat ? Une perte irremplaçable de jeunes soldats âgés de 20-25 ans, à peine, et qui sont morts inutilement et en masse par la bêtise d’un autre âge de leurs chefs.
Beaucoup n’auraient jamais imaginé un tel carnage sur les plaines Belges. Pas même les Allemands, qui perdirent 1.000 hommes dans l’affaire.
Ce soir, je vous propose ce récit avec le concours des sites Médecins de la Grande Guerre, Sambre-Marne-Yser et L’OBS, la terrible bataille de Rossignol.
Avec 27.000 soldats français tués par la mitraille allemande, le 22 août 1914 fut la journée la plus sanglante de l'histoire de France. Moins de trois semaines après le début du conflit, cette hécatombe balaie les illusions d'une supériorité française sur l'envahisseur allemand.
27.000 morts sur 400 km de front, de la Belgique à la Lorraine, et pratiquement aucune trace dans la mémoire collective. Une tragédie "oubliée", pour occulter les graves lacunes de l'état-major français et une stratégie offensive irresponsable qui poussa les hommes à l'abattoir.
Durant les cinq journées tragiques du 20 au 25 août au cours desquelles se joue "la bataille des frontières"
perdue par la France, 40.000 soldats français perdront la vie, déchiquetés par la mitraille de l'artillerie ennemie, selon les estimations établies à partir des soldats manquant à l'appel.
Mais le 22 août fut à ce point sanglant qu'avec une dizaine de milliers de morts côté allemand, l'état-major du Kaiser se demanda en fin de journée s'il était bien vainqueur, tant les pertes paraissaient incroyables.
27.000 morts et disparus en un seul jour, dont environ 7.000 pour la seule bataille qui se déroula autour du village belge de Rossignol: c'est autant de soldats français tués en un jour que durant toute la guerre d'Algérie de 1954 à 1962.
Et sept fois plus que tous les morts alliés du "Jour-J", le débarquement en Normandie le 6 juin 1944.
- Un désastre passé aux oubliettes -
Des chiffres sans commune mesure avec les quelques dizaines de morts quotidiens que peuvent parfois déplorer aujourd'hui, dans le pire des cas, les armées occidentales en opérations extérieures de longue durée .
Il y a plusieurs explications à ce désastre passé aux oubliettes de l'histoire, selon l'historien Jean-Michel Steg, auteur d'un livre sur le sujet ("Le jour le plus meurtrier de l'histoire de France", Fayard).
Au premier rang desquelles la doctrine de l'"offensive à outrance" défendue par l'état-major, "une manière française de faire la guerre" qui conduisit à la catastrophe.
Croquis français sur la bataille avec sa situation de la bataille à midi.
"On attaquera l'ennemi partout où on le rencontrera":
c'est avec cette formule aussi vague qu'inefficace que le général Joffre, commandant en chef des armées françaises, ordonne l'offensive le 14 août.
C'est oublier que les progrès technologiques considérables dans le domaine de l'armement ont multiplié la capacité de destruction des armées, favorisant la défense contre l'attaque.
Les soldats français qui chargent à la baïonnette le 22 août au matin sont décimés par les mitrailleurs allemands en position défensive.
Et les officiers sommés d'affronter l'ennemi "corps redressé", sans chercher à s'abriter, pour donner l'exemple, sont les plus touchés.
Pourquoi tant de morts ?
Jamais dans l'histoire autant de soldats français - entre 400.000 et 600.000 - ne furent exposés en même temps au feu ennemi que ce 22 août.
Durant les premières semaines de la guerre, les soldats combattent par ailleurs à découvert, dans une guerre de mouvement: ils n'ont pas encore commencé à s'enterrer, pour se protéger des mitrailleuses et de l'artillerie, dans les fameuses tranchées qui symbolisent le premier conflit mondial.
Circonstance aggravante, rien n'est prêt pour faire face à des pertes massives. Le Service de santé des armées ne sera créé qu'en 1915, et beaucoup de blessés vont succomber faute de soins appropriés.
"Plus généralement, écrit Steg, l'armée française subit en août 1914 de lourdes pertes parce qu'elle ne cherche pas particulièrement à les minimiser".
L'état-major croit en effet à une guerre rapide et violente, et ne se préoccupe guère d'épargner les vies.
Pour expliquer le désastre, l'historien britannique Anthony Clayton pointe également "les faiblesses de l'organisation française", avec des généraux âgés, souvent incompétents, et des renseignements insuffisants qui ne permettent pas de repérer les positions ennemies.
Une Retraite interdite !
Les instructions d'offensive à outrance reçues du haut état-major avant le combat feront aussi qu'aucun officier n'osera organiser une retraite face à l'hécatombe qui désorganise les lignes françaises, ce qui était pourtant la seule solution pour limiter les dégâts.
Le corps du général Raffenel, qui commandait à Rossignol, sera retrouvé le lendemain du 22 août, sans que l'on sache s'il s'est suicidé où s'il est mort au combat.
Pourquoi un tel désastre, qui n'a été que récemment réexploré par les historiens, a-t-il laissé si peu de traces dans la mémoire nationale?
Le souvenir du "miracle de la Marne", la victoire française qui stoppera l'offensive allemande en septembre 1914, a occulté la sanglante défaite du mois précédent.
Rares seront également les témoins directs du carnage pour en entretenir le souvenir.
Les soldats d'août 1914 devront encore risquer leur vie pendant les 50 mois suivants et il ne restera guère de survivants, après le conflit, pour raconter ces journées terribles.
Source : L'Obs avec AFP
Médecins de la Grande Guerre / la bataille de Rossignol, il s'agit ici de l'église détruite lors des combats.
Source P.Loodts Medecins de la grande guerre. 2000-2020. Tout droit réservé.
Ce jour est tout simplement le pire désastre militaire française de toute son histoire ! Jamais la France n’a eu autant de morts en un seul jour !
Pas même avec Waterloo ou les campagnes Napoléoniennes ! C’est le pire jour de l’armée française qui, ce jour là, enterre 27.000 de ses fils en terre Ardennaise !
Pourquoi ce fait militaire n’est-il jamais expliqué ou même cité dans les cours d’Histoire ? Tout d’abord, il est peu élogieux de se souvenir d’une pareille défaite et d’un tel carnage et ensuite, il est gênant pour un pays victorieux, après conflit, de se dire que les principales erreurs étaient dûes au commandants de l’époque…à savoir Joffre et son état-major, qui vivaient la guerre encore comme en 1870.
Le résultat ? Une perte irremplaçable de jeunes soldats âgés de 20-25 ans, à peine, et qui sont morts inutilement et en masse par la bêtise d’un autre âge de leurs chefs.
Beaucoup n’auraient jamais imaginé un tel carnage sur les plaines Belges. Pas même les Allemands, qui perdirent 1.000 hommes dans l’affaire.
Ce soir, je vous propose ce récit avec le concours des sites Médecins de la Grande Guerre, Sambre-Marne-Yser et L’OBS, la terrible bataille de Rossignol.
Avec 27.000 soldats français tués par la mitraille allemande, le 22 août 1914 fut la journée la plus sanglante de l'histoire de France. Moins de trois semaines après le début du conflit, cette hécatombe balaie les illusions d'une supériorité française sur l'envahisseur allemand.
27.000 morts sur 400 km de front, de la Belgique à la Lorraine, et pratiquement aucune trace dans la mémoire collective. Une tragédie "oubliée", pour occulter les graves lacunes de l'état-major français et une stratégie offensive irresponsable qui poussa les hommes à l'abattoir.
Durant les cinq journées tragiques du 20 au 25 août au cours desquelles se joue "la bataille des frontières"
perdue par la France, 40.000 soldats français perdront la vie, déchiquetés par la mitraille de l'artillerie ennemie, selon les estimations établies à partir des soldats manquant à l'appel.
Mais le 22 août fut à ce point sanglant qu'avec une dizaine de milliers de morts côté allemand, l'état-major du Kaiser se demanda en fin de journée s'il était bien vainqueur, tant les pertes paraissaient incroyables.
27.000 morts et disparus en un seul jour, dont environ 7.000 pour la seule bataille qui se déroula autour du village belge de Rossignol: c'est autant de soldats français tués en un jour que durant toute la guerre d'Algérie de 1954 à 1962.
Et sept fois plus que tous les morts alliés du "Jour-J", le débarquement en Normandie le 6 juin 1944.
- Un désastre passé aux oubliettes -
Des chiffres sans commune mesure avec les quelques dizaines de morts quotidiens que peuvent parfois déplorer aujourd'hui, dans le pire des cas, les armées occidentales en opérations extérieures de longue durée .
Il y a plusieurs explications à ce désastre passé aux oubliettes de l'histoire, selon l'historien Jean-Michel Steg, auteur d'un livre sur le sujet ("Le jour le plus meurtrier de l'histoire de France", Fayard).
Au premier rang desquelles la doctrine de l'"offensive à outrance" défendue par l'état-major, "une manière française de faire la guerre" qui conduisit à la catastrophe.
Croquis français sur la bataille avec sa situation de la bataille à midi.
"On attaquera l'ennemi partout où on le rencontrera":
c'est avec cette formule aussi vague qu'inefficace que le général Joffre, commandant en chef des armées françaises, ordonne l'offensive le 14 août.
C'est oublier que les progrès technologiques considérables dans le domaine de l'armement ont multiplié la capacité de destruction des armées, favorisant la défense contre l'attaque.
Les soldats français qui chargent à la baïonnette le 22 août au matin sont décimés par les mitrailleurs allemands en position défensive.
Et les officiers sommés d'affronter l'ennemi "corps redressé", sans chercher à s'abriter, pour donner l'exemple, sont les plus touchés.
Pourquoi tant de morts ?
Jamais dans l'histoire autant de soldats français - entre 400.000 et 600.000 - ne furent exposés en même temps au feu ennemi que ce 22 août.
Durant les premières semaines de la guerre, les soldats combattent par ailleurs à découvert, dans une guerre de mouvement: ils n'ont pas encore commencé à s'enterrer, pour se protéger des mitrailleuses et de l'artillerie, dans les fameuses tranchées qui symbolisent le premier conflit mondial.
Circonstance aggravante, rien n'est prêt pour faire face à des pertes massives. Le Service de santé des armées ne sera créé qu'en 1915, et beaucoup de blessés vont succomber faute de soins appropriés.
"Plus généralement, écrit Steg, l'armée française subit en août 1914 de lourdes pertes parce qu'elle ne cherche pas particulièrement à les minimiser".
L'état-major croit en effet à une guerre rapide et violente, et ne se préoccupe guère d'épargner les vies.
Pour expliquer le désastre, l'historien britannique Anthony Clayton pointe également "les faiblesses de l'organisation française", avec des généraux âgés, souvent incompétents, et des renseignements insuffisants qui ne permettent pas de repérer les positions ennemies.
Une Retraite interdite !
Les instructions d'offensive à outrance reçues du haut état-major avant le combat feront aussi qu'aucun officier n'osera organiser une retraite face à l'hécatombe qui désorganise les lignes françaises, ce qui était pourtant la seule solution pour limiter les dégâts.
Le corps du général Raffenel, qui commandait à Rossignol, sera retrouvé le lendemain du 22 août, sans que l'on sache s'il s'est suicidé où s'il est mort au combat.
Pourquoi un tel désastre, qui n'a été que récemment réexploré par les historiens, a-t-il laissé si peu de traces dans la mémoire nationale?
Le souvenir du "miracle de la Marne", la victoire française qui stoppera l'offensive allemande en septembre 1914, a occulté la sanglante défaite du mois précédent.
Rares seront également les témoins directs du carnage pour en entretenir le souvenir.
Les soldats d'août 1914 devront encore risquer leur vie pendant les 50 mois suivants et il ne restera guère de survivants, après le conflit, pour raconter ces journées terribles.
Source : L'Obs avec AFP
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