La fabuleuse tombe de la Dame de Vix va bientôt livrer de nouveaux secrets

Correspondance, Nicolas Montard ouest france

En Côte-d’Or, la découverte de la tombe de la Dame de Vix a beau avoir 66 ans, elle reste l’une des plus belles de l’archéologie française. Une nouvelle campagne de fouilles est en cours pour percer les nombreux secrets de cette sépulture si fastueuse.

Pourquoi la tombe de la Dame de Vix fait-elle partie des découvertes majeures en archéologie ?

1953. Au cœur de l’hiver, une fouille est entreprise au pied du Mont Lassois, à Vix en Côte-d’Or. En effet, on a repéré une concentration anormale de pierres dans un champ.

En quelques semaines, les fouilleurs découvrent une tombe au mobilier extraordinaire : une femme, d’environ 40 ans, repose sur la caisse d’un char, à côté des quatre roues. De nombreux bijoux l’accompagnent dont un torque en or, des fibules en bronze décorées d’or, de corail et d’ambre.

Clou du spectacle : un cratère en bronze décoré d’hoplites, de chevaux, et de chars. Cet immense vase antique – 1,64 m de haut sur 1,27 de large, 208 kg ! – vient de Grande Grèce (soit le sud de l’Italie). Il reste encore le plus important jamais retrouvé depuis.
Ce cratère est le plus grand en bronze jamais retrouvé. Il a une contenance de 1 100 litres ! Il est exposé au musée du Pays Châtillonnais. (Photo : Christophe. Finot / Wikimedia Commons)

Le torque en or, retrouvé dans le tombeau. (Photo : Rosemania / Wikimedia Commons)

Cette tombe d’une princesse ou d’une prêtresse – cela reste difficile à déterminer en l’absence de sources écrites – de la période du Hallstat, soit vers la fin du VIe siècle avant Jésus-Christ, est la plus grande découverte celtique du siècle en France. Celle à qui toutes les découvertes ultérieures en Europe de l’Ouest ont été comparées. « Elle fait incontestablement partie des grandes références avec Hochdorf en Allemagne », juge Gérard Bataille, directeur adjoint de l’INRAP (Institut national de recherches archéologiques préventives) de Franche-Comté.

Pourquoi une nouvelle campagne de fouilles… seulement maintenant ?

À l’époque, la fouille est effectuée dans l’urgence. Si les objets sont mis au grand jour (et depuis exposés au Musée du Pays Châtillonnais à deux pas de là), les manques sont nombreux : absence de vue d’ensemble, de relevé stratigraphique, le contexte reste peu documenté…

Soixante-six ans d’attente auront été nécessaires pour que les archéologues réinvestissent les lieux, depuis ce mois d’août. Pourquoi un laps de temps aussi long ? « Parce qu’il n’y a pas eu de projet d’autoroute ou de zone commerciale », sourit Gérard Bataille. Comprenez que la tombe n’était pas menacée par les activités humaines. De plus, une fouille archéologique coûte cher.

Depuis août, une douzaine de fouilleurs sont à l’œuvre pour essayer de documenter l’architecture du tumulus – qui faisait six à huit mètres de hauteur à l’époque – et comprendre le contexte : comment la princesse a-t-elle été enterrée ? Y-a-t-il d’autres sépultures autour ? Existe-t-il des traces de la cérémonie funéraire d’il y a 2 500 ans ? Que peut-on apprendre plus généralement sur les sociétés celtes de l’époque ? Et de Vix, alors un lieu stratégique pour le commerce européen ?

Ces questions sont creusées avec des moyens autrement plus modernes que dans les années 1950 : drone, modélisation 3D, etc. Les archéologues pourront également comparer les nouvelles données avec les autres tombes retrouvées depuis.


les fouilles de la tombe de la Dame de Vix, et du tumulus, ont repris en août. (Photo : Denis Gliksman, Inrap)


Les archéologues souhaitent en apprendre plus sur cette civilisation celte. (Photo : Denis Gliksman, Inrap)


À l’époque de la découverte, les fouilleurs avaient laissé de nombreux éléments de côté. (Photo : Denis Gliksman, Inrap)

Quels sont les premiers résultats ?

La fouille 2019 prendra fin le 15 novembre. Des résultats précis devraient être communiqués ensuite. Les fouilleurs ont déjà découvert des clous d’ornementation du char non prélevés à l’époque, mais parmi les premières surprises, les archéologues se sont rendu compte que les pierres pour ériger le tumulus ont été amenées sur place. Ce qui renforce l’idée de la richesse, la puissance et l’importance de l’occupante de la tombe, ainsi que de sa capacité à mobiliser des moyens et une organisation.