Comment un raton laveur a échappé à la casserole grâce au président des États-Unis
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Comment un raton laveur a échappé à la casserole grâce au président des États-Unis
En ce mois de novembre 1926, les États-Unis s’apprêtent à célébrer Thanksgiving. C’est l’une des fêtes les plus importantes du pays. Chaque quatrième jeudi du mois de novembre, les Américains commémorent, autour d’une table bien garnie, la récolte de la première moisson des colons européens en Amérique, à l’automne 1621.
À l’époque, il est de tradition d’envoyer des animaux au président des États-Unis, destinés à finir à la broche ou à la casserole pour le repas de Thanksgiving.
Habituellement, ce sont dindes, explique la journaliste Melanie Kirkpatrick, autrice d’un livre sur l’histoire de Thanksgiving, au site internet américain The Ringer.
Dans l’État du Mississippi, dans le sud du pays, une certaine Vinney Joyce décide, elle aussi, d’expédier un cadeau au chef d’État. Elle est une fervente admiratrice du président d’alors, le républicain Calvin Coolidge.
Un raton laveur pour le repas de Thanksgiving
Mais Vinney Joyce n’opte pas pour la dinde. Elle préfère envoyer un raton laveur ! La chair de l’animal à fourrure grise a longtemps été « un incontournable de la gastronomie américaine », raconte le site internet américain Atlas Obscura. L’idée de manger de la viande de raton laveur à Thanksgiving ne choque en tout cas pas grand-monde à l’époque.
L’animal arrive à la Maison-Blanche, le bâtiment de la capitale Washington qui abrite les bureaux et la résidence du président américain, le 25 novembre 1926, dans une imposante caisse de bois.
Seulement voilà : « M. Coolidge n’est pas connu comme étant un amateur de viande de raton laveur », relève à l’époque le quotidien The Boston Herald, dans un entrefilet consacré à ce cadeau. Le Président ne mange donc pas l’animal. Mais il ne renvoie pas le raton laveur dans le sud du pays. Son épouse Grace et lui aiment les animaux, ils décident de l’adopter, et de le transformer en animal domestique.
Le raton laveur, une femelle, va rapidement devenir une véritable célébrité, aux États-Unis. Et le quotidien de la petite bête va « passionner le grand public et les médias américains », note l’Association historique de la Maison-Blanche sur son site internet.
Une cabane à la Maison-Blanche
Rapidement, les Coolidge baptisent la boule de poils : elle s’appelle désormais Rebecca. Ils font construire une petite cabane et un enclos dans les jardins de la Maison-Blanche, rapporte le quotidien américain The Washington Post. Et le couple présidentiel s’attache. Le Président aime « la caresser, et jouer avec elle », relève alors l’agence de presse Associated Press.
À l’époque, les médias américains suivent de très près les aventures du raton laveur à la Maison-Blanche. Les journaux de l’époque regorgent d’anecdotes permettant de suivre en détail le parcours de la petite bête dans la maison du président américain.
Au milieu des enfants invités à la Maison-Blanche pour les fêtes de Pâques. (Photo : Library of Congress / Domaine public)
Un événement a été particulièrement médiatisé : les festivités de Pâques organisées à la Maison-Blanche, auxquelles ont été invités de nombreux enfants. C’était en avril 1927. Sur les images d’archives de l’événement, on voit Grace Coolidge, longue robe claire et chapeau à large bord, promener le raton laveur au milieu d’une foule compacte.
Parfois, elle tient l’animal au bout d’une laisse, sous les regards amusés des enfants. Sur d’autres images, la Première dame serre le raton laveur contre elle, comme elle le ferait avec un chat.
L’animal, lui, semble avoir peu apprécié. « Le raton laveur se tortillait sur lui-même et donnait des coups de griffe » en direction du public, rapporte encore le Washington Post.
Elle jouait dans la baignoire
Tout au long de cette année 1927, la presse américaine retrace les aventures de Rebecca : un voyage avec le couple présidentiel dans le nord des États-Unis, l’ascension d’un poteau, en plein Washington, qui nécessite l’intervention des pompiers pour faire redescendre l’animal…
Grace Coolidge et Rebecca en 1927. (Photo : Library of Congress / Domaine public)
Et le raton laveur s’adapte plutôt bien à la Maison-Blanche. « Nous aimions tous Rebecca, écrit Ellen Riley, gouvernante de la Maison-Blanche d’alors, dans un article publié dans le magazine américain The Home Magazine en 1937. Je la faisais souvent rentrer dans les appartements, l’après-midi. […] Ce qu’elle aimait le plus, c’était se tremper dans la baignoire et jouer avec un savon. Elle adorait la mousse. »
Envoyée au zoo
L’année suivante, Rebecca n’est plus seule. Un policier, en poste à la Maison-Blanche, a capturé un autre raton laveur, et l’a offert au couple présidentiel. L’animal est baptisé Reuben, mais s’échappe très rapidement.
Seulement le séjour de Calvin Coolidge (et de Rebecca) à la Maison-Blanche touche à sa fin. Le Président ne se présente pas à sa propre succession, lors de l’élection organisée cette année-là. Début 1929, il cède son fauteuil du Bureau Ovale à Herbert Hoover, candidat républicain et vainqueur du scrutin.
Les Coolidge étaient de grands amateurs d’animaux, qui possédaient des chiens, des chats, ou encore des canaris, rapporte la chaîne de télévision américaine History Channel. (Photo : Library of Congress / Domaine public)
Les Coolidge quittent Washington, mais Rebecca ne les suit pas. Ils veulent qu’elle vive avec ses congénères, et la confient au zoo de Rock Creek, à Washington, explique encore l’Association historique de la Maison-Blanche.
La transition se passe mal. « Elle ne s’est pas adaptée, reprend Ellen Riley. Rebecca est tombée malade et elle est morte. Elle était très exigeante sur la nourriture, et j’imagine que la vie au zoo ne lui convenait pas. »
ouest france
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