À quoi ça sert de stocker toutes les graines du monde en Arctique ?
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À quoi ça sert de stocker toutes les graines du monde en Arctique ?
Par Laura DANIEL
La plus grande collection de graines du monde est conservée dans un hangar frigorifique hautement sécurisé, sur une île entre la Norvège continentale et le pôle Nord. La Réserve mondiale de semences du Svalbard vise à protéger la biodiversité végétale de la Terre des guerres, des catastrophes et du dérèglement climatique. 60 000 nouvelles semences devaient y être stockées ce mardi.
C’est une enceinte fortifiée, taillée dans la roche glacée et enfouie à plus de 120 mètres de profondeur à l’intérieur d’une montagne. Au Svalbard, archipel de la Norvège situé dans l’océan Arctique, se trouve un bunker abritant la réserve de graine la plus variée au monde. Dont la collection vient encore de s’agrandir : 60 000 semences devaient y être ajoutées ce mardi 25 février.
Propriété de 36 banques génétiques régionales et internationales, et provenant notamment d’institutions du Brésil, des États-Unis, d’Allemagne, du Maroc, du Mali, d’Israël et de Mongolie, ces graines sont celles de variétés peu utilisées mais aussi de cultures de bases courantes.https://www.ouest-france.fr/environnement/dans-l-arctique-60-000-semences-rejoignent-l-arche-de-noe-vegetale-6752083
On y trouve par exemple 27 espèces de plantes sauvages provenant du jardin de Highgrove House, la résidence de campagne du Prince Charles, ou encore la courge candy roaster, qui avait été déposée aux États-Unis par la communauté autochtone Cherokee Nation, rapporte le quotidien britannique The Guardian.
Re: À quoi ça sert de stocker toutes les graines du monde en Arctique ?
1 050 000 variétés de cultures de 5 000 espèces sont stockées à Svalbard. (Photo : ministère de l’Agriculture norvégien)
Les deux cinquièmes des variétés mondiales
« Arche de Noé végétale », « chambre forte du jugement dernier », « grenier de la planète »… Les métaphores ne manquent pas pour qualifier ce lieu singulier situé à un millier de kilomètres du pôle Nord, au Spitzberg.
Créé en 2008, ce bunker porte en lui une ambition immense : sauvegarder la biodiversité mondiale, en constituant une réserve de graines, de manière à éviter leur possible disparition à cause d’une catastrophe, d’une maladie ou sous l’effet du changement climatique. Cet espace doit aussi servir de laboratoire, où l’on peut observer les modifications génétiques de ces espèces.
En 2018, le cap du million d’échantillons a été franchi dans la forteresse du Svalbard, un chiffre qui grimpe ce mardi 25 février à 1 050 000 variétés de cultures de 5 000 espèces. Cela représente les deux cinquièmes de toutes les variétés estimées dans le monde. L’entrepôt est la propriété de la Norvège mais les graines appartiennent aux États et institutions dépositaires, lesquels peuvent les récupérer à leur convenance.
Largement saluée, la démarche a aussi fait grincer quelques dents lors de sa création. Certains craignaient en effet qu’elle entraîne la privatisation et l’uniformisation des semences par de grands groupes internationaux à des fins commerciales. En effet, au moins trois d’entre eux (Monsanto via la fondation Bill Gates, Syngenta, DuPont-Pioneer Hibred) participent à son financement.
Gardé, le lieu est ouvert seulement quelques fois dans l’année. (Photo : ministère de l’Agriculture norvégien)
Des graines sauvées du conflit syrien
Hautement gardé, ce hangar frigorifique n’accueille aucune équipe scientifique en son sein, et n’ouvre ses portes que quelques fois par an, lorsque de nouvelles semences sont ajoutées à sa précieuse collection. Une seule fois, des graines en sont ressorties : c’était en 2015, au cœur du conflit syrien, lorsque des chercheurs en ont récupérées après la destruction de la banque de gènes de la ville d’Alep.
Car un peu partout à travers le monde, au niveau national comme international, d’autres établissements veillent à protéger la variété de la biodiversité en collectionnant ces graines. Mais « le Svalbard a l’avantage de se trouver très loin des GenBanks », les banques de gènes, situées presque toutes sous les tropiques, à proximité de la ressource en plantes, expliquait à l’Edition du soir d’Ouest-France en 2015 Grethe Helene Evjen, du ministère de l’Agriculture norvégien. Une assurance supplémentaire pour faire face aux inondations, séismes, guerre…
En 2016, une fuite d’eau a eu lieu à l’entrée du tunnel. (Photo : ministère de l’Agriculture norvégien)
Mais ce lieu conçu comme un coffre-fort inviolable n’est pas exempt de toute menace. D’abord car les graines ne sont pas éternelles : « Personne ne sait vraiment combien de temps elles peuvent durer, affirmait en 2015 à Ouest-France Grethe Helene Evjen. Le blé est la plante qui peut être stockée le plus longtemps, sans doute mille ans. D’autres, comme les oignons, ne durent qu’une quinzaine d’années. »
Ensuite, car l’Arctique subit de plein fouet les conséquences du réchauffement climatique : il se réchaufferait deux fois plus vite que le reste de la planète. Si bien qu’en 2016, l’augmentation des températures a entraîné une fonte du pergélisol (le sol censé être gelé en permanence) et provoqué une fuite d’eau à l’entrée du tunnel, sans qu’aucune graine ne soit par chance endommagée. 100 millions de couronnes (environ 10 millions d’euros) avaient ensuite été débloquées en 2018 par Oslo pour réaliser des travaux
De nombreuses espèces sont en voie de disparition
Un incident qui avait posé la question de la réelle sécurité entourant ce bunker de la biodiversité mondiale, à l’heure où de nombreuses espèces végétales sont en voie de disparition. Selon l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), en un siècle, 75 % de la diversité génétique des plantes cultivées a été perdue.
« À mesure que le rythme du changement climatique et que la perte de biodiversité augmentent, émerge une nouvelle urgence dans les efforts pour sauver les cultures vivrières menacées d’extinction », a déclaré Stefan Schmitz, directeur de la fondation Crop Trust, chargée de gérer la réserve, à l’AFP, à l’occasion de ce nouvel arrivage de semences.
« L’ampleur du dépôt de semences d’aujourd’hui démontre un engagement mondial croissant pour la conservation et l’utilisation de la diversité des cultures cruciale pour les agriculteurs dans leurs efforts d’adaptation à l’évolution des conditions de culture », a-t-il assuré dans un communiqué
ouest france
Les deux cinquièmes des variétés mondiales
« Arche de Noé végétale », « chambre forte du jugement dernier », « grenier de la planète »… Les métaphores ne manquent pas pour qualifier ce lieu singulier situé à un millier de kilomètres du pôle Nord, au Spitzberg.
Créé en 2008, ce bunker porte en lui une ambition immense : sauvegarder la biodiversité mondiale, en constituant une réserve de graines, de manière à éviter leur possible disparition à cause d’une catastrophe, d’une maladie ou sous l’effet du changement climatique. Cet espace doit aussi servir de laboratoire, où l’on peut observer les modifications génétiques de ces espèces.
En 2018, le cap du million d’échantillons a été franchi dans la forteresse du Svalbard, un chiffre qui grimpe ce mardi 25 février à 1 050 000 variétés de cultures de 5 000 espèces. Cela représente les deux cinquièmes de toutes les variétés estimées dans le monde. L’entrepôt est la propriété de la Norvège mais les graines appartiennent aux États et institutions dépositaires, lesquels peuvent les récupérer à leur convenance.
Largement saluée, la démarche a aussi fait grincer quelques dents lors de sa création. Certains craignaient en effet qu’elle entraîne la privatisation et l’uniformisation des semences par de grands groupes internationaux à des fins commerciales. En effet, au moins trois d’entre eux (Monsanto via la fondation Bill Gates, Syngenta, DuPont-Pioneer Hibred) participent à son financement.
Gardé, le lieu est ouvert seulement quelques fois dans l’année. (Photo : ministère de l’Agriculture norvégien)
Des graines sauvées du conflit syrien
Hautement gardé, ce hangar frigorifique n’accueille aucune équipe scientifique en son sein, et n’ouvre ses portes que quelques fois par an, lorsque de nouvelles semences sont ajoutées à sa précieuse collection. Une seule fois, des graines en sont ressorties : c’était en 2015, au cœur du conflit syrien, lorsque des chercheurs en ont récupérées après la destruction de la banque de gènes de la ville d’Alep.
Car un peu partout à travers le monde, au niveau national comme international, d’autres établissements veillent à protéger la variété de la biodiversité en collectionnant ces graines. Mais « le Svalbard a l’avantage de se trouver très loin des GenBanks », les banques de gènes, situées presque toutes sous les tropiques, à proximité de la ressource en plantes, expliquait à l’Edition du soir d’Ouest-France en 2015 Grethe Helene Evjen, du ministère de l’Agriculture norvégien. Une assurance supplémentaire pour faire face aux inondations, séismes, guerre…
En 2016, une fuite d’eau a eu lieu à l’entrée du tunnel. (Photo : ministère de l’Agriculture norvégien)
Mais ce lieu conçu comme un coffre-fort inviolable n’est pas exempt de toute menace. D’abord car les graines ne sont pas éternelles : « Personne ne sait vraiment combien de temps elles peuvent durer, affirmait en 2015 à Ouest-France Grethe Helene Evjen. Le blé est la plante qui peut être stockée le plus longtemps, sans doute mille ans. D’autres, comme les oignons, ne durent qu’une quinzaine d’années. »
Ensuite, car l’Arctique subit de plein fouet les conséquences du réchauffement climatique : il se réchaufferait deux fois plus vite que le reste de la planète. Si bien qu’en 2016, l’augmentation des températures a entraîné une fonte du pergélisol (le sol censé être gelé en permanence) et provoqué une fuite d’eau à l’entrée du tunnel, sans qu’aucune graine ne soit par chance endommagée. 100 millions de couronnes (environ 10 millions d’euros) avaient ensuite été débloquées en 2018 par Oslo pour réaliser des travaux
De nombreuses espèces sont en voie de disparition
Un incident qui avait posé la question de la réelle sécurité entourant ce bunker de la biodiversité mondiale, à l’heure où de nombreuses espèces végétales sont en voie de disparition. Selon l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), en un siècle, 75 % de la diversité génétique des plantes cultivées a été perdue.
« À mesure que le rythme du changement climatique et que la perte de biodiversité augmentent, émerge une nouvelle urgence dans les efforts pour sauver les cultures vivrières menacées d’extinction », a déclaré Stefan Schmitz, directeur de la fondation Crop Trust, chargée de gérer la réserve, à l’AFP, à l’occasion de ce nouvel arrivage de semences.
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