Réchauffement de l’Arctique et fonte des glaces : un phénomène observé depuis le milieu du XVIIIe siècle
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Réchauffement de l’Arctique et fonte des glaces : un phénomène observé depuis le milieu du XVIIIe siècle
(D’après « La Nature », paru en 1949)
En 1949, le monde scientifique, s’il s’émeut d’un réchauffement persistant de l’Arctique quantifié depuis 20 ans, observe toutefois que la récession des glaces s’opère depuis déjà... deux siècles
Depuis une vingtaine d’années, explique un chroniqueur de La Nature, on observe dans les régions arctiques et boréales une singulière élévation de la température. En 1931, puis en 1939, Helland-Hansen a noté au large du Sognefjord une extension de l’arrivée des eaux tempérées de l’Atlantique ; l’hiver de 1929-1930 a été très doux en Norvège et deux ans plus tard, la fonte des glaces a été considérable dans la mer de Barents.
Scherhag, puis Loewe ont observé pendant l’hiver un relèvement de la température moyenne de l’air qui a atteint 5°1 en baie de Disco ; les glaces polaires ont reculé jusqu’au Scoresby Sound et en août 1933, un navire a pu atteindre en mer libre 79° N. En Islande, les glaces ont disparu et les hivers sont devenus particulièrement doux. A Jan Mayen, la glace resta rare de 1924 à 1933. Dans la Mer Blanche, en Nouvelle-Zemble (archipel de l’océan Arctique russe), dans la mer de Kara, à l’île aux Ours (74°26 N), à la terre de François-Joseph (80°34 N), on a constaté un pareil échauffement. Au Spitzberg (78°54 N), Sherhag a vu la température moyenne de l’hiver monter de -17°6 en 1911-1920 à -8°6 en 1931-1935, soit un échauffement de 9°, « le plus grand changement climatique connu ».
Paysage montagneux de l’intérieur de Spitzberg, île de l’océan Arctique
Crédit photo : Jerzy Strzelecki
Un tel phénomène a eu des conséquences diverses. Les espèces marines arctiques ont reculé vers le nord ; elles ont été remplacées par des espèces boréales ; c’est ainsi qu’on pêche depuis 1926 au Groenland la morue, le lieu noir, l’églefin, le haddock, la lingue et même le hareng. Les glaciers ont largement diminué ainsi que les toundras glacées ; les glaces flottantes ont disparu jusqu’à des latitudes élevées ; le niveau de la mer s’est légèrement élevé. On a même été jusqu’à entreprendre la culture des céréales en Islande.
Ce réchauffement persiste, comme vient de le signaler le professeur H.W. Ahlmann dans les Research Series de la Royal Geographical Society de Londres. Il y voit une lente récession des glaces qui se poursuit depuis environ deux siècles qu’eut lieu le maximum d’extension des glaciers aux temps historiques et même peut-être depuis les temps post-glaciaires.
On a pensé, pour l’expliquer, à une augmentation de la radiation, à une plus active circulation atmosphérique amenant les couches d’air chaud de l’Atlantique tropical et tempéré vers la zone arctique, à un déplacement vers le nord des aires de basses pressions de l’Atlantique Nord, à une augmentation du volume des eaux chaudes transportées par le Gulf Stream, ce qui diminuerait l’étendue de la couche froide superficielle des eaux arctiques. L’effet semble surtout marqué aux basses altitudes, puisque la couche de glace qui couvre le Groenland ne semble pas avoir diminué d’épaisseur.
Ce grand changement météorologique est limité aux régions polaires et ne se manifeste pas sous nos latitudes.
LA FRANCE PITTORESQUE
En 1949, le monde scientifique, s’il s’émeut d’un réchauffement persistant de l’Arctique quantifié depuis 20 ans, observe toutefois que la récession des glaces s’opère depuis déjà... deux siècles
Depuis une vingtaine d’années, explique un chroniqueur de La Nature, on observe dans les régions arctiques et boréales une singulière élévation de la température. En 1931, puis en 1939, Helland-Hansen a noté au large du Sognefjord une extension de l’arrivée des eaux tempérées de l’Atlantique ; l’hiver de 1929-1930 a été très doux en Norvège et deux ans plus tard, la fonte des glaces a été considérable dans la mer de Barents.
Scherhag, puis Loewe ont observé pendant l’hiver un relèvement de la température moyenne de l’air qui a atteint 5°1 en baie de Disco ; les glaces polaires ont reculé jusqu’au Scoresby Sound et en août 1933, un navire a pu atteindre en mer libre 79° N. En Islande, les glaces ont disparu et les hivers sont devenus particulièrement doux. A Jan Mayen, la glace resta rare de 1924 à 1933. Dans la Mer Blanche, en Nouvelle-Zemble (archipel de l’océan Arctique russe), dans la mer de Kara, à l’île aux Ours (74°26 N), à la terre de François-Joseph (80°34 N), on a constaté un pareil échauffement. Au Spitzberg (78°54 N), Sherhag a vu la température moyenne de l’hiver monter de -17°6 en 1911-1920 à -8°6 en 1931-1935, soit un échauffement de 9°, « le plus grand changement climatique connu ».
Paysage montagneux de l’intérieur de Spitzberg, île de l’océan Arctique
Crédit photo : Jerzy Strzelecki
Un tel phénomène a eu des conséquences diverses. Les espèces marines arctiques ont reculé vers le nord ; elles ont été remplacées par des espèces boréales ; c’est ainsi qu’on pêche depuis 1926 au Groenland la morue, le lieu noir, l’églefin, le haddock, la lingue et même le hareng. Les glaciers ont largement diminué ainsi que les toundras glacées ; les glaces flottantes ont disparu jusqu’à des latitudes élevées ; le niveau de la mer s’est légèrement élevé. On a même été jusqu’à entreprendre la culture des céréales en Islande.
Ce réchauffement persiste, comme vient de le signaler le professeur H.W. Ahlmann dans les Research Series de la Royal Geographical Society de Londres. Il y voit une lente récession des glaces qui se poursuit depuis environ deux siècles qu’eut lieu le maximum d’extension des glaciers aux temps historiques et même peut-être depuis les temps post-glaciaires.
On a pensé, pour l’expliquer, à une augmentation de la radiation, à une plus active circulation atmosphérique amenant les couches d’air chaud de l’Atlantique tropical et tempéré vers la zone arctique, à un déplacement vers le nord des aires de basses pressions de l’Atlantique Nord, à une augmentation du volume des eaux chaudes transportées par le Gulf Stream, ce qui diminuerait l’étendue de la couche froide superficielle des eaux arctiques. L’effet semble surtout marqué aux basses altitudes, puisque la couche de glace qui couvre le Groenland ne semble pas avoir diminué d’épaisseur.
Ce grand changement météorologique est limité aux régions polaires et ne se manifeste pas sous nos latitudes.
LA FRANCE PITTORESQUE
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