À l’aube du 8 mai 1945, alors que l’Allemagne capitule...

À l’aube du 8 mai 1945, alors que l’Allemagne capitule, la petite ville espagnole de San Sebastien est témoin d’un événement inhabituel. Un bombardier bimoteur allemand, un Heinkel 111, tente d’atterrir sur l’étroite bande de sable qui longe la mer. Comme le montre cette photo, la manœuvre est loin d’être réussie et les occupants de l’avion, blessés, sont conduits à l’hôpital. Parmi eux se trouve Léon Degrelle, chef du mouvement collaborationniste wallon REX. Quelques jours plus tôt, Degrelle avait quitté l’Allemagne pour rejoindre le Danemark puis la Norvège, deux pays toujours occupés par les nazis. À Oslo, il réquisitionne un Heinkel 111 pour se rendre dans l’Espagne de Franco.

Ayant subi quelques fractures, l’ancien chef de REX doit rester à l’hôpital un moment. Sa présence en Espagne embarrasse Franco, qui doit également gérer l’exil de Pierre Laval (ancien chef du gouvernement de Vichy). Des négociations commencent alors avec la Belgique pour extrader Degrelle en échange de concessions diplomatiques. Toutefois le ministre belge des Affaires étrangères Paul-Henri Spaak ne désire pas que le sort de Degrelle fasse l’objet d’un marchandage.

Les discussions s’enlisent et en août 1946, Degrelle disparaît de l’hôpital. Il reste caché pendant une dizaine d’années et refait surface à la fin des années 50. À partir de ce moment, les autorités belges ne cessent de demander son extradition. Leurs espoirs sont finalement anéantis par sa naturalisation espagnole. Degrelle meurt finalement mars 1994 à l’âge de 87 ans, sans jamais avoir été puni pour les crimes commis pendant la guerre.