Un site exceptionnel de la Seconde Guerre mondiale découvert près de Caen

Par Clément MACHECOURT

Lieu hautement stratégique pendant la Seconde Guerre mondiale, l’aérodrome de Caen était défendu par plusieurs points d’appui. À Bretteville-sur-Odon (Calvados), l'un d'eux a fait l’objet d’importantes découvertes à la suite de fouilles archéologiques.

Stützpunkt Bretteville. Sous ce nom de code allemand, qu’on peut traduire par un sibyllin « point d’appui Bretteville », se cache un ensemble défensif antiaérien de la Seconde Guerre mondiale, aux portes de Caen. Sur un peu plus de deux hectares, une équipe d’archéologues de l’Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap) a mis au jour depuis le 8 juin 2020 un ensemble d’abris enterrés et collecté des objets militaires ou civils de l’époque.


Benoît Labbey, responsable des fouilles, détaille les fonctions des différents lieux découverts. (Photo : Ouest-France)

"« Il y avait une vingtaine de sites qui ceinturaient et protégeaient l’aérodrome de Carpiquet", détaille Benoît Labbey, responsable des fouilles. "Bretteville-sur-Odon était sans doute l’un des trois postes de commandement chargés de coordonner la défense antiaérienne de la zone. »" En garnison, environ 120 soldats allemands de la Luftwaffe (l’Armée de l’air du III Reich), servant une batterie d’au moins 6 canons FLAK de 20 mm.

Prenant un peu de hauteur sur un monticule de déblais, Benoît Labbey fait revivre les lieux. "« Dans le sud de la zone, on a quelques tranchées ainsi que l’emplacement des pièces antiaériennes, des abris rectangulaires enterrés sans toit, maçonnés avec des pierres de la carrière qui se situait à proximité. Au Nord, les baraquements des soldats, sans doute des cabanes en bois, elles aussi enterrées avec juste la toiture qui dépasse. On a découvert également des trous d’hommes pour la surveillance immédiate. »"

Un site inédit

Loin de l’image des bunkers de la côte, le point d’appui de Bretteville détone. "« C’est un site archéologique exceptionnel et inédit," selon Claude Le Potier, directeur interrégionale Grand Ouest de l’Inrap. "On a trouvé très peu de sites de Flak aussi bien conservé. Avec la destruction des archives de la Luftwaffe, on sait très peu de choses sur son organisation. »"

À l’aide des matériaux disponibles sur place, les soldats allemands ont donc aménagé le lieu, sans vraiment tenir compte des règlements techniques du génie. Ainsi, le toit des soutes à munitions n’est qu’une simple plaque de béton non armé, soutenu par des poutres en bois.

Préservé, le site n’a pas été le théâtre d’affrontements difficiles comme ailleurs : "« Le point d’appui de Bretteville n’a pas été bombardé, on a retrouvé très peu de signes de combats terrestres hormis quelques cartouches et chargeurs. »" Seuls témoins de la fonction antiaérienne du site, les restes d’un avion criblés d’impacts retrouvé non loin des baraquements, qui reste à identifier.

Au lendemain de sa libération le 17 juillet 1944, Bretteville doit désormais, à l’image de nombreuses villes normandes, se reconstruire. Les soutes à munitions, vides, servent de dépotoir pour les habitants, qui y jettent pêle-mêle gravats et autres objets du quotidien inutilisables : "« On a retrouvé plus d’effets de civils français que d’effets militaires allemands ou alliés »", note Benoît Labbey.

Horloge, enseignes de commerces ou assiettes vitrifiées qui viennent apporter un témoignage nouveau des suites immédiates du conflit. Après un mois de fouille, le site sera rendu au promoteur immobilier qui a financé l’opération. Tous les objets trouvés seront répertoriés par l’Inrap.

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